fouffrances, qui font elles mêmes une veritable mifère, vous meriteront une grande récompenfe, qui vous eft refervée au ciel, & qui n'est autre que Dieu même. Voilà ce qu'on fait les Saints, aux Fêtes defquels l'Eglife fait lire cet Evangile. Ils ont mis tout le bonheur de cette vie à meriter le bonheur de la vie future. Ils ont bien voulu acheter le roiaume du ciel, par le mépris des biens & des grandeurs de la terre ; cctte plenitude de biens, qui raffafiera parfaitement tout l'homme, par la faim & la foif fpirituelle de la justice, & par la faim même du corps, qu'ils ont endurée volontiers pour la ju ftice; c'eft à-dire, pour obéir à la Loi de Dieu. Ils ont acheté par les larmes de l'humilité, de la penitence, & de la charité, ce torrent de délices dont ils font abreuvez maintenant par la poffeffion de Dieu. Ils ont été enfin perfecutez pour la caufe de Dieu; & la vûe de la couronne qui leur étoit preparée, les a remplis de force, & leur a fait fouffrir avec joie tout ce que la rage des hommes a pû inventer de fuplices pour les tourmenter. Pourquoi nous croions-nous malheureux lors que nous fommes pauvres, affligez, perfecutez, finon parce que nous avons peu de foi; & que ne confiderant point les biens de l'éternité, nous ne connoiffons que ceux de cette vie, nous mettons notre bonheur en ces biens, & par une fuite neceffaire, nous nous croions malheureux, lors qu'ils nous manquent? Réveillons donc notre foi; & pour avoir le courage des Martyrs, confiderons & aimons la gloire à laquelle ont afpiré les Martyrs. C'Eft vous, Seigneur, qui étes cette gloire que les Martyrs ont aimée; mais c'eft vous aun qui avez été leur forcé en tout ce qu'ils ont cu à fouffrir pour la meriter. Ils alloient à vous par vous même ; & en vous regardant comme le prix de leur victoire, ils vous invoquoient comme leur protecteur & leur foutien dans le combat. Animez-nous, Seigneur, par l'efperance de vos promeffes foutenez-nous par le fecours de votre grace, & faites-nous regarder comme ún fouverain bonheur les chofes les plus dures & les plus penibles, lors qu'elles nous conduifent à vous. LE XX. JOIN SAINT SILVERE PAPE. Simple. E Pape Agapet étant mort à Conftantinople, où il avoit été deputé par Theodat Roi des Gots en Italie, pour demander la paix à l'Empereur Juftinien, P'Imperatrice Theodore offrit à Vigile Diacre de l'Eglife Romaine, le Pontificat, avec une grofle fomme d'argent, s'il vouloit promettre de condanner le Concile de Chalcedoine, & de communiquer avec Anthime Patriarche de Conftantinople, qu'Agapet avoit dépofé, parce qu'il favorifoit l'herefie des Eutychicns. Vigile le promit,; mais quand il fut arrivé à Rome avec des lettres de l'Imperatrice pour Belifaire, à qui elle ordonnoit de le faire élire Pape, il trouva qu'on avoit déja élû le Soudiacre Silvere, natif de Campanie, & fils du Pape Hormifdas. Il ne laiffa pas de donnér à Belifaire les lettres de l'Imperatrice, & lui promit une fomme d'argent pour faire chaffer Silvere, afin qu'il pût être ordonné en fa place. I.. On fupofa donc de faufles lettres à Silvere comme s'il eût, voulu trahir le parti de l'Empereur, & livrer Rome aux Gots, qui l'affic geoient on le bannit fur cette calomnie à Patare ville de Lycie, & on plaça Vigile fur fon fiege. Cependant l'Evêque de Patare alla trouver l'Empereur, & lui parla avec tant de force en faveur de Silvere, que ce Prince le renvoia à Rome avec ordre d'examiner les lettres qu'on l'accufoit d'avoir écrites. Vigile craignant d'être chaf fé honteufement d'un fiege qu'il avoit fi indignement ufurpé, eut recours à Belifaire pour em pêcher le Pape de rentrer dans la ville: il obtint ce qu'il voulut, & fit conduire Silvere dans une Ifle deferte de la mer de Ligurie, nommée Palmatuola, où ce faint Pontife étant mort de faim & d'affliction le 20. Juin 540. merita les honneurs que l'Eglife lui rend comme à un Martyr. Vous permettez bien, Seigneur, que l'impieté s'empare du gouvernement de votre Eglife; mais vous ne fouffrirez jamais que votre Eglife revere l'impicté. L'ufurpateur peut bien y regner pour un tems;mais il n'y a que le Saint & que le Martyr qui puiffe s'y promettre, non plus qu'auprès de vous, une louange & une gloire immortelle. A LA MESSE. L'Introit, comme ci-devant, page 46. EP ITR Easy Leçon tirée de l'Epître du Souvenez-vous de ce Lectio Epiftola beati Jude Apoftoli. CHarimi, Memo res eftote verborum, que prædicta funt ab qui a été prédit par les nelle. Graduel. veni David fer ferviteur; je l'ai oint de; Ai trouvé David mom bra vum meum, oleo nocebit ei. mon huile fainte: il fera . L'ennemi ne gagnera L'Alleluia, ci-devant page 359. L'Offertoire, comme ci-devant page 34. Pf. 88. 21. La Secrette, comme ci-devant page 315. Communion. E l'ai juré une fois par la fainteté de mon nom: La race de David durera éter nellement: fon trône fubfiftera devant moi autant que le Soleil; il fubfiftera éternellement comme la Lune, qui fera dans le ciel un té moignage fidelle de mes promeffes. : SEmel juravi in fancto meo: Semen ejus in æternum manebit, & fedes ejus ficut fol in confpectu meo & ficut luna perfecta in æternum, & teftis in cœlo fidelis. La Poft-Communion page 336. EXPLICATION DE L'EPÎTRE. E l'Epitre du bienheureux Jude Apôtre. S. Jude qui s'apelloit encore Thadée, & Lebbée étoit frere de S. Jaque le Mineur, & par confcquent apellé comme lui, le frere du Seigneur, c'est-à-dire, parent de J. C. felon la chair. Il a écrit une Lettre pour combatre ceux qui fe contentant d'une foi fterile & fans œuvres, introduifoient dans l'Eglife le déreglement & le libertinage. Tels étoient les difciples de Simon le Magicien, & les Nicolaïtes, heretiques qui s'éleverent dès le tems des Apôtres. S. Jude après avoir fait la peinture de ces corrupteurs de la foi & des mœurs, donne aux fideles les avis qui compofent l'Epître de ce jour. Souvenez-vous de ce qui a été prédit par les Apô tres de notre Seigneur Jefus-Chrift. Ces paroles font voir que le Saint n'a écrit fa Lettre qu'après la mort de plufieurs Apôtres. Qui vous difoient qu'aux derniers tems il y ax◄ |