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partiellement leur action. Les rangées de pieux doivent être dirigées suivant une ligne horizontale de niveau, afin que la pression de la neige se répartisse autant que possible régulièrement sur chacun d'eux.

Les pieux sont placés là où une pente plus faible se transforme en une plus forte, c'est-à-dire au bord d'une margelle naturelle, car un méplat de terrain, bien que peu apparent, suffit pour que la neige s'y ramasse et puisse être plus facilement retenue. Les petites terrasses naturelles atténuent le poids de la neige sur les pieux; on les remplace artificiellement par de petites bernes de o m. 50 à o m. 60 de largeur, sur lesquelles sont plantés les pieux. Le déblai est rejeté au pied de ces dernières, et recouvert d'une motte de gazon. La terrasse occupe ainsi une largeur un peu plus grande.

L'intervalle entre les pieux doit être d'environ o m. 60. Un entrelacement n'est point habituellement nécessaire. La neige ne glisse pas entre les pieux. Cependant, si le sol est superficiel ou très meuble, si la pente est escarpée, il est bon d'établir une liaison entre les différentes pièces d'une rangée. On entrelace alors solidement avec des branches. Les deux pieux extrêmes d'une rangée doivent être tout particulièrement solides et bien enfoncés. Les longueurs des rangées de pieux, et surtout leur éloignement les unes des autres, sont commandés par le relief du sol et le degré d'inclinaison de la pente. On reviendra plus tard là-dessus. La figure suivante donne le profil exact d'unpieu placé sur une berne.

cm

06

60

cm

Un ouvrage palissadé de forme particulière est utilisé, à titre d'essai, à Weissenstein (Albulapass), pour assurer la protection contre une menée dangereuse de neige. Les pieux ordinaires étant insuffisants pour arrêter le glissement et le changement de forme de la menée, on a relié deux rangées avec de fortes lattes, longues d'environ 6 mètres, et l'on a cloué sur elles des palissades ordinaires. Cette construction a pour but de protéger le terrain tant qu'il ne sera pas suffisamment reboisé.

Les ponts de neige servent à retenir les avalanches dans les pentes abruptes et rocheuses, où les pieux ne peuvent être utilisés. Ils consistent en un cadre de bois, de modèle quelque peu différent.

Lorsqu'on se trouve en présence de ravins petits et rocheux, de gorges encaissées, on place transversalement des poutres qu'on fixe contre des

arbres ou des troncs, ou qu'on encadre avec des montants, suivant ce que porte le sol. La poussée exercée est si grande que cela ne suffit pas, On doit encore protéger la poutre au moyen d'arrêts que, pour plus de solidité, on pose sur une roche ou qu'on recouvre avec une lave. Si la poutre n'est pas consolidée de cette façon, elle glisse sur le sol. Des traverses en bois, sous forme de rondins, espacées de 20 à 30 centimètres et faiblement inclinées en sens contraire de la pente, sont couchées sur la poutre transversale, et reliées avec elle par des chevilles en bois.

On édifie de cette manière un pont treillissé, sur lequel la neige s'étale. L'inclinaison de chaque pont dépend essentiellement de la raideur de la pente. L'emploi de cet ouvrage se limite aux lieux où le reboisement du terrain est possible. M. Peterelli, forestier de district, l'a utilisé avec succès pour la correction d'une avalanche dans le Tieftobel, près Schmitten, au-dessus de Stein et vis-à-vis d'Alveneuer Bad. Les dessins suivants serviront à éclaircir le texte.

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Les ouvrages en maçonnerie sont les plus solides et les plus durables. On peut les exécuter presque partout. Leur seul inconvénient est de coûter un peu plus que les ouvrages en bois.

Les fondations s'exécutent sur une aire aplanie. La surface de cette aire doit être faiblement inclinée vers l'amont et suffisamment large

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pour permettre la construction du mur (voir le croquis ci-dessus). Il faut avoir soin que la base repose sur un terrain solide et en place. Il serait mauvais de coucher plus qu'il n'est nécessaire le mur contre la montagne, car, l'espace existant entre eux venant à diminuer, la quantité de neige retenue serait moins grande, et l'épaisseur de la maçonnerie serait augmentée sans profit.

← 60cm

- Fruit de

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10cm.

1:50

La terre du déblai est jetée au pied du mur; on la recouvre ensuite

35° (360)

Si le sol est de roche massive, on doit alors faire sauter cette dernière soit avec la mine, soit avec le pic, afin de provoquer la formation d'une aire de fondation. Pour que la fondation soit bien exécutée comme il vient d'être dit, on ne doit jamais laisser commencer l'élévation du mur avant que le chef de chantier en ait vérifié l'assise de base.

La largeur de la couronne des murs ne doit pas excéder ordinairement o m. 6o. Quant à la largeur de la fondation, on la règle d'après les observations suivantes.

Si le mur est bâti sur un replat ou sur une surface faiblement inclinée, on donne à la face supérieure une hauteur de 1 m. Au contraire, si la pente est plus escarpée, on noie la fondation dans le sol, et on fait saillir cette face de 1 m. au-dessus du terrain. L'épaisseur du mur est donc toujours d'autant plus forte que la pente est plus rapide.

On emploiera de simples murs en pierres sèches. Ils sont non seulement moins coûteux que les murs en mortier, mais ils offrent encore l'avantage de laisser facilement s'écouler la pluie et la neige qui se ramassent à la partie supérieure.

Il ne faut pas que l'espace situé derrière le mur soit rempli; la neige pourra s'y amonceler, et ainsi former un solide éperon, amortir la vitesse de chute et diminuer l'importance de l'avalanche supérieure, dont le point de départ sera reculé.

Les deux flancs du mur doivent être particulièrement solides. Dans les petits ouvrages mal situés, il sera bon de les cimenter.

L'assise supérieure du mur doit autant que possible se faire avec de grosses pierres plates. S'il ne s'en trouve pas, on conseille de recouvrir la couronne avec des plaques de gazon frais, qui ne doivent cependant pas compter dans la hauteur du mur.

La longueur à donner aux murs se détermine, comme celle des rangées de pieux, d'après la configuration du sol, et leur espacement d'après le degré d'inclinaison et la protection du sol. Cet espacement doit être. quelque peu plus grand que dans les ouvrages en bois, et c'est une considération utile à faire intervenir quand il s'agit d'évaluer la dépense. On emploie quelquefois encore, comme moyen de correction, des tringles en fer. Celles-ci sont encastrées dans la roche et enfoncées dans des trous ouverts à l'aide d'une barre. On les réunit ensuite avec du bois. Cette disposition, peu employée jusqu'ici, ne se trouve en Suisse qu'à Sommenstein.

Le choix de l'ouvrage et son adaptation à la nature du terrain sont choses essentielles; c'est pourquoi il faut consacrer une attention particulière à cet objet.

Lorsque la pente s'incline régulièrement en forme de toit, les rangées de murs et de pieux doivent être interrompues et alternées, de façon que la deuxième rangée couvre toujours les vides de la première. L'application mathématique de cette règle est pourtant impossible à cause de l'irrégularité du terrain. Cette disposition alternante contribue mieux et plus économiquement à fixer les neiges que les ouvrages longs et continus, qui n'offriraient aucun passage pour le bétail et nuiraient beaucoup à l'exercice du pâturage.

Dans les pentes irrégulières, on place les ouvrages de correction dans les replis du terrain où se tasse la neige. C'est là que cette dernière serait le plus facilement emportée et que se réunissent les eaux de fonte, de ruissellement et de source. Dans les auges naturelles, grandes et petites, les ouvrages sont placés sur les points où la pente change de sens, c'est-à-dire sur les bourrelets.

Si des rochers hérissent le sol, les constructions doivent être placées à leur pied, mais cependant pas trop près. Il faut, en effet, que la neige tombant de la paroi ait assez d'espace pour s'emmagasiner. C'est d'ailleurs sur ces têtes que très fréquemment sont situés les premiers décollements de l'avalanche, soit que les rochers, de couleur foncée, absorbent énergiquement les radiations calorifiques et provoquent dans l'amas neigeux de brusques et violentes déchirures, soit encore qu'il y ait formation de neiges rampantes.

La correction des gorges se fait au moyen d'ouvrages spéciaux. Lorsque l'avalanche est à redouter dans le haut, les pieux et les murs doivent être appuyés sur le sol et un peu plus élevés qu'on ne l'a indiqué précédemment. Les pieux seront également de dimensions plus fortes et autant que possible enfoncés à 1 m. dans le sol. D'ailleurs, le profil seul de la neige, comparable à une succession d'ondes, montre bien que l'on peut arrêter en grande partie le glissement de l'avalanche supérieure. De fait, on ne m'a jamais signalé de chutes d'avalanches dans les couloirs corrigés.

Les corniches de neige peuvent souvent occasionner par leur chute le départ d'une avalanche, et surtout d'une avalanche poudreuse. Pour prévenir cette formation, on emploie des murs hauts de 1 m. à 1 m. 30, ou encore des clayonnages disposés sur un ou deux rangs. Les ouvrages sont placés un peu en arrière du point où saute la corniche. On parvient ainsi à retenir la neige, ou à rendre sa chute inoffensive. Du côté du vent ou de la montagne, cette neige ainsi retenue ne s'amasse qu'en petites masses, car une partie est soufflée sur la face inférieure de la pente, et l'autre est emportée plus loin. Les ouvrages de correction cons

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