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ART. 3. La répartition des crédits sera faite sur l'ensemble des sommes disponibles après les prélèvements mentionnés à l'article 1er cidessus. Elle aura lieu au marc le franc de la valeur en capital des rentes à majorer, d'après l'âge des bénéficiaires à la date de l'entrée en jouissance des rentes supplémentaires et suivant les tarifs en vigueur pour la Caisse nationale des retraites, de telle façon que toutes les rentes à majorer se trouvent augmentées dans la même proportion.

ART. 4. — Les rentes supplémentaires seront émises, savoir :

Pour les rentiers âgés de soixante-dix ans au moins au 31 mars 1895, avec jouissance du 1er janvier 1896;

Pour les rentiers qui devront atteindre soixante-dix ans pendant les trois derniers trimestres de l'année 1896, avec jouissance du premier jour du trimestre dans lequel ils atteindront soixante-dix ans.

Dans ce dernier cas, il devra être justifié de l'existence du postulant à la date d'entrée en jouissance.

ART. 5. Les demandes de majoration et les justifications à l'appui devront avoir été produites par les intéressés le 30 juin 1896 1, au plus tard, sous peine d'exclusion de la répartition.

ART. 6. Le ministre du commerce, de l'industrie, des postes et télégraphes et le ministre des finances sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera inséré au Bulletin des lois et promulgué au Journal officiel de la République française. Fait à Paris, le 9 juin 1896.

Félix FAURE.

Par le Président de la République :

Le Ministre du commerce, de l'industrie, des postes et des télégraphes,

Henri BOUCHER.

Le Ministre des finances,

G. COCHERY.

1. L'intervalle laissé entre cette date et la publication du décret ayant été extrêmement court, il est probable qu'un certain nombre d'intéressés n'auront pas pu se faire admettre à jouir des bonifications de retraite en 1896. Mais la procédure à suivre sera la même les années suivantes, et les pauvres vieux gardes forestiers communaux qui rempliront les conditions requises pourront obtenir un léger appoint à leur misérable retraite.

N. D. L. R.

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Le ban est un vieux mot d'origine germanique, radical, ou dérivé du verbe bannan, qui signifiait, non pas bannir, comme fait actuellement bannen, mais ordonner, publier. Le ban était la proclamation, ordre ou défense, faite au nom du seigneur dans l'étendue de sa juridiction; tel encore le ban des vendanges annoncé par le crieur public. Le four banal était «< à ban donné »; de là l'origine de notre verbe abandonner et du mot abandon. Par extension de l'idée, le ban désigne aussi tout le territoire sur lequel le crieur public « fait assavoir ». De là le sens de bannir, abréviation de forbannir, et aussi le nom des forêts ou territoires groupés sous le vocable commun: du Ban d'Escles, d'Uxeguey, des Cinq de la Roche, et autres. De là encore le nom de divers cantons forestiers le ban du Bez, le ban de la Chalp, etc., appartenant aux sections communales de ce nom et qu'il ne faut pas confondre avec un banc de bois ou de rochers, sur lequel on peut s'asseoir et banqueter.

communes,

:

Bar est une forme française de mots divers. Venant du celte, il signifie rempart, retranchement; ainsi dans Bar-le-duc, Bar-sur-Aube. De là aussi le sens d'enceinte réservée, comme le barreau, en terme du palais. Dans le Dauphiné barri et dans le Nord barle et barlet signifient rempart; de là encore les noms de Barlet, Barlot, conservés pour certains cantons de forêts fermés autrefois. La barre, de fer ou de bois, et les Barres ont même origine, mais nous sont arrivés par le latin barræ.

Bar est quelquefois pour ber, forme de bis (berlue, berrouette), ainsi dans barlong, et il devient comme eux péjoratif. C'est peut-être pour cela que bois barau signifie bois rasé, baraigne, d'où bréhaigne, stérile.

barattier, trompeur, et bara,

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Enfin bar, pour bal, est synonyme de bau, baou, montagne. Bau vient, dit-on, du kymrique et signifie montagne avec précipice. Tels sont, en effet, les baus de Provence. Bal serait le radical des ballons des Vosges, qui ont une falaise, un abîme de quelque côté, regardez bien. Ce serait peut-être aussi, par corruption, celui de Beldonne et de Pelvoux, bien que le sens actuel du premier nom serait : belle dame, et que le second signifie en patois: poil levé, hérissé, nom qui conviendrait parfaitement au massif; mais les noms de nos chaînes de montagnes sont très vieux.

1. - V. Revue des Eaux et Forêts du 25 avril 1896.

1..

Bar semble bien le vrai nom de la Barre des Écrins et de la Barre du

Cengle.

En Dauphiné, certains cantons sont désignés sous les noms de Barbières, Barbarais, Barbaras, Barbairoux ;ils dérivent de barbarus, sauvage, qu'on retrouve dans barbarica sylva et barbarellum, bois très épais, broussailles, et aussi, paraît-il, dans l'île Barbe, Barbara, en Saône, audessus de Lyon. (D. Mourral, Journal le Dauphiné. Recherches toponomastiques.)

Les Battées et les Batties dérivent de batta, buisson en langue d'oc. (Lorédan-Larchey.) Ce sont donc, ou tout au moins c'étaient, des cantons moins garnis d'arbres que de broussailles, comme autrefois les corées et tant de forêts aujourd'hui bien peuplées. Ces heureuses transformations, généralement dues soit à l'ordonnance de 1669, soit au Code de 1827, et aux hommes qui les ont appliqués, ne sont pas même soupçonnées du public, porté à croire que les bois et forêts ont toujours été tels... qu'il les voit.

Le vieux nom celte de la poire, bési, qui a donné bésier, poirier sauvage, et dénommé les bézerayes de l'ouest et divers cantons, est bien un autochtone. Il ne faut pas le confondre avec bèze, pour biez, bief, de bedum, lit d'un canal.

La bétoire, ou boitard, boitout, gouffre en entonnoir, assez fréquente sur les plateaux calcaires en certains cantons, est dite aussi : goux, de gurges (Franche-Comté), — endousier, endousy, de inducere (HauteSaône), garagais, vore aquas, et pou, poset, puiset (Doubs), emposieu (Jura), - soubis en Poitou, embue et embuc, de emboire, imbibere, et tendouls (Midi), - cloup, cleup, sur les Causses, scialet, pour crevasse (Drôme), caune et lacaune, de lacuna, caverne, barrenc, de barrique (Languedoc), - dolline en Carniole, toumple katavothra en grec et tomple, de tompio (italien), tombaret (Ain),

moderne, et Chasmata en grec ancien, - swallow holes, en anglais. Le phénomène est de tous pays; mais bétoire, bibitorium, est bien français. Aven, du bas-latin afenus, dérivé de ava, eau, désigne, dit M. de Sailly, la sortie des eaux, la fontaine vauclusienne.

Si vous trouvez quelque canton appelé le bichet, bosbichet, c'est le petit, le petit bois, car bichet vient de bischen, en Alsace bissele. Ainsi en est-il du pont bichet, passerelle étroite ou pont tremblant, comme on en fait sur les ruisseaux en forêt avec une seule pièce de bois et une perchette en main courante.

Une blache ou blachère est un terrain portant des blacas, chênes blancs, sur cultures ou herbages, des pédonculés sûrement, au fond de la vallée, en sol aquatique.

Boille vient de bælea, bois taillis, comme Bohas, la Bohaille, Boulot, Boult, et a donné Montboillon, Bomboillon, Crébillon, etc.

Bois est le français du latin boscus, provenant du même radical que l'allemand busch, que bosquet, buisson, que le latin pascuum, pâture, et le grec Boxw, faire paître. de même encore en roumain padura, qui est pâture, signifie forêt. C'est donc l'idée de pâture qui est à l'origine du mot bois, et c'est par une extension du sens postérieur de forêt que le mot bois a été employé pour matière ligneuse. Boc, bos, boche, bauche, beauge, sont en patois des formes de bois, forêt, de même que bouze, bouzet et bouzule disent petit bois, et que bosse, bosson, boisse, boissier, boissière, bouchon, bouchet, bouchiet, bouchot, etc., traduisent buisson; de là le nom du glacier des Bossons et celui de la forêt de Bousson (Meurthe), pour buisson, spécialisé à hêtre dans un pays de sapin et hêtre. Les noms de lieux dérivés de bois, comme Bouquet, Bouconne, Bougey, Boujeailles, Bosquentin, Boscodon, sont innombrables.

Il ne faut pas confondre avec buisson, en patois, beuchon, le lorrain bohon, avec aspiration, qui signifie hêtre, comme l'allemand buche, tandis que bûcheron, autrefois baucheron et boscheron, est proprement l'ouvrier du bois, et que buche, venu de boscæ, féminin de boscus, a pris le sens spécial de morceau de bois.

Sait-on d'où vient le nom de la Braconne, sur le plateau d'Angoulême. Il ne paraît pas se rapporter à brac, qui signifie bourbier dans le Midi, de même que bray, c'était boue en vieux français.

Du scandinave brak, goudron, est venu brai, résidu de distillation de la résine, ainsi que barras, résine impure.

La branche est un joli mot; c'est en effet le bras de l'arbre, brachium. Jugez du mal qu'on lui fait quand on le débranche. Elle a donné le brancard et la Brancade, canton s'écartant de la masse de la forêt du Ban d'Escles.

Le breuil, expression populaire du latin brolium, formé de brogilum, du haut allemand brog-il, parc planté, aurait une histoire longue et intéressante. Elle est à faire. Le sens du mot a varié avec les temps et probablement aussi avec les lieux. Dans une foule de villages on a un canton dit le breuil. C'était en France au moyen âge une pâture boisée, un bois clair servant de pâturage, clos, attenant à l'habitation, une sorte de pré seigneurial. « Lucos nostros quos vulgus brogilos vocant »> (De villis; capit. carlov.). Ordinairement le breuil est un bois, ou un pré, bas et humide, un bon canton. De là aussi brelle, bois marécageux, champbrèle, champbrelent, le Brellemont.

Ce nom, dans les campagnes, a pris des formes très variées : breuille, breuillot, briolle, briel, hruel, brolet, broil, broye, brou, brée, bray, bréau, bren, bru, braux, brange, etc., etc.; il a passé à certains hommes Broglie, Brolles, Broilliard, Breuille; il a fait des verbes : embrouiller, de in broglio, imbroglio, brouiller,brioler, chanter pour exciter les boeufs dont le breuil était le séjour par destination. Le canton de la brévière ou bréviaire n'est autre que celui de la bruyère, de brugaria; le brug celte nous a donné bruyère.

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Brin, dont les étymologistes disent l'origine inconnue, doit avoir la même source que le grec ßpuw, jaillir, pousser, produire. C'est une contraction du vieux bruin, pousse; il a donné brindille, usité partout, bronde, pousse, dans Bernard Palissy, bourgeons, pousses naissantes, et brandes, broussailles, d'où brandon.

Broca, brossa et brixa, du bas latin, avec le sens de buisson, broussailles, dérivent du même radical que brogilum. Ils ont donné: broc, la Broque, le brochot, Brochon, bronche, de l'italien bronco, buisson, d'où broncher, heurter contre une branche, la brosse, la brostelle, la brousse, les broussailles, le bruchet, Breuche, Breucherot, en patois Preugerot et Purgerot, et probablement Bresse, brette, Brettenière, Brotte et Brotonne, le brouchy, les brouachets, etc.

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Bruler vient de perustulare, fréquentatif de perurere, tandis que braise et brasier dérivent du haut allemand bras, feu, radical de braten, et ont dénommé le braisil ou brésil, viande fumée du haut Jura.

Le nom du canton des Bucleys m'intriguait depuis 25 ans. Que peut bien signifier ce nom aux environs de Pontarlier, derrière les Dames des Entreportes? Ami lecteur, le savez-vous?

Dans le même département se trouve Bouclans, qui peut être le bois. penché, le clos des bœufs, le hameau de la boucle, ou ce que vous voudrez; mais il n'y a là aucune analogie avec le versant très rapide et rocailleux des Bucleys. Et ce nom de forêt se retrouve encore aux environs de Buclet des Fourgs, celui de Remoray. Certainement on peut vivre sans avoir vu Carcassonne ou le sens de Bucleys; cela vous manque néanmoins. Eh bien! Suzanne m'a donné le mot. Cette brave fille, qui attisait assez mal le feu de sa cuisine avec du sapin, me demanda un jour: «Comment ce bois..... Strasbourg... appelle buclé?... Le hêtre!» Merci, Suzanne. Les Bucleys sont les buchlein. C'est simple; mais il fallait le trouver.

....

?...

C. B.

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