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chambre qui fabriquent sur commande; les ouvriers boisseliers sont au plus au nombre de dix travaillant chez les patrons; un nombre un peu plus grand travaille en chambre. Ceux en boutique ont 3 francs pour onze heures, lorsqu'ils sont occupés toute l'année; pour des corvées, ils ont 3 fr. 50 ou 3 fr. 75.

Les bois arrivent de la province façonnés et tournés en cercles; l'ouvrier de Paris n'a plus qu'à leur donner la forme voulue pour en faire des mesures, des tamis et autres ustensiles; les objets d'une seule pièce arrivent tout faits.

BOUCHONNIERS. La plupart des bouchons sont confectionnés sur place, dans les pays qui produisent l'arbre à liége. Le liége est d'abord découpé en bandes, puis en carrés; le bouchon est fini par le tourneur. Arrivés à Paris, lès bouchons sont soumis à un tri fait par un ouvrier appelé tricur et qui est toujours à la journée; cette journée est ordinairement de dix heures ; le trieur a de 20 à 24 fr. par semaine. Les bouchons jugés défectueux par le trieur sont retouchés par le tourneur qui est toujours aux pièces, à moins qu'il ne soit occupé à tout faire dans le magasin; dans ce cas, il a 24 fr. par semaine et ne sort pas en ville.

Outre les bouchonniers en neuf, il y a les bouchonniers en vieux, qui dégrossissent, rognent et retournent les bouchons qui ont déjà servi. Ceux-ci font presque seuls des apprentis; ils les prennent vers l'âge de douze ans, pour trois années, les couchent et nourrissent, et leur donnent, par semaine, la première année, 50 c; la deuxième, 1 fr. ou 1 fr. 50; la troisième, 2 fr.: ensuite on les met aux pièces ou bien ils restent à la journée pour faire le courant et servir de garçons de magasin; ils reçoivent 15 à 18 fr. par semaine, et travaillent au moins onze heures, ayant des intervalles moins longs pour faire leurs repas que les autres ouvriers, et devant être arrivés avant eux.

La paye se fait toutes les semaines; le jour de la paye on donne le congé de huitaine aux hommes de journée; après la pièce finie on remercie le piéceur.

Les ouvriers fournissent leurs outils dont l'usure et le repassage peuvent être évalués à 20 cent. par jour; le patron fournit la meule.

Prix de façon, par mille, bouchons vieux : pour dégrossir, retourner et rogner, le champagne, 2 fr. ; le vieux ordinaire, 1 fr. 50; le demi-bouteille, en vieux, 1 fr. 25.-Bouchons neufs, pour retoucher, le champagne, 3 fr. 50; le bordeaux, 3 fr.; le surchoix, 2 fr. 50 ; les broches (pots à moutardes et bocaux), 2 fr. 50. Le bouchon ordinaire ne se retouche pas à Paris; pour les dégrossir, 2 fr. Les petits bouchons surchoix ou ordinaires sont payés le même prix que les gros. Les bondes et les bouchons de fantaisie se traitent de gré à gré. Les bouchons pour bocaux, de 7 à 13 centimètres, de 5 à 6 fr; au-dessus de 13 centimètres, 10 fr. Les semelles de liége, les planches à insectes ne se font pas à Paris, ou se traitent de gré à gré.

Le liége pour veilleuse se fait à l'emporte-pièces et se mesure ensuite par litre; les femmes qui font ce travail gagnent à peine de quoi vivre.

Quand les bouchons sont faits à la mécanique, l'ouvrier aux pièces est payé comme suit: par mille, pour débiter, ordinaires, 70 c.; bordeaux, 1 fr.; pour tourner, ordinaires, 75 c.; pour rogner les bouts, 30 c. Le bordeaux se tourne à la main, 3 fr.

BOUTONNIERS-Rien n'est soumis dans la profession de boutonnier à des règles qui puissent servir de base; les prix de façon sont aussi variés que les sortes mêmes; le prix le moins élevé est de 11 cent. la grosse de boutons de chemise. Quant au prix de journée, voyez les mots Façonneurs, Sculpteurs, Tourneurs.

Voici une série de prix à peu près générale pour les boutons en corne: on compte, par cent grosses et par lignes; découpeur sur le tour, 6 lignes, à 6 fr.; 8 lignes à 7 fr.; 9 lignes à 8 fr.; 10 lignes à 10 fr.; 11 lignes à 12 fr.; 12 lignes à 14 fr.; arrondisseur, par grosse, 2 fr. 75, sans distinction de grosseur, mais les boutons bombés se paient plus cher; mouleur, 6 lig. à 11 fr. 50: 8 lig. à 13 fr.; 9 lig. à 14 fr.; 10 lig. à 16 fr.; 11 lig. à 18 fr.; 12 lig. à 21 fr.

BRIQUETEURS.-Posent la brique, montent les cheminées des fabriques, les chaudières à vapeur. Il n'existe aucun prix de façon déterminé; les gros ouvrages se traitent de gré à gré. Le prix de la journée est de 4 fr.

à Paris; 50 cent. en plus en campagne, si l'on découche; 1 fr. en plus à 10 lieues de Paris.

BRIQUETIERS.-Façonnent la brique et le carreau. Ils sont tous à leurs pièces qui se comptent par mille, à l'exception du charretier (voyez ce mot), des aides (2 fr. 50 par jour), et quelquefois du cuiseur; celui-ci a 4 fr. par jour et autant la nuit; il n'est pas rare de voir le patron lui-même présider à cette opération.

Prix de façon, brique ordinaire : marcheur; prépare la terre et la charge sur la table, prête à être mise dans le moule, 4 fr.; mouleur, 4 fr. 50; porteur, enfant qui porte la brique sur les perches, 1 fr.; rebatteur, bat la brique sur toutes les faces, quand elle est légèrement sèche, 3 fr.; soigneur, prend la brique sur les perches pour la donner au rebatteur et la reporte en place, 1 fr. 50. Ces cinq opérations se marchandent à 12 fr. et même à 10 fr.

Carreau ordinaire: marcheur et mouleur, 5 fr.; porteur et soigneur, 1 fr. 50; rebatteur, 2 fr. 50. Ces opérations se marchandent à 8 fr. et à 7 fr. Carreau de four pour marcher, mouler, soigner et tenir prêt à être employé sans être cuit, 10 fr.

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Le cuiseur aux pièces est payé 4 fr.; les aides, 2 fr. ; charge sur la voiture (mettre sur l'essieu), 50 c.

BROCHEURS.-Font partie des nombreuses professions qui participent à la confection des livres ; ils reçoivent la feuille au sortir de la presse et ne l'abandonnent que pour la remettre entre les mains, soit du libraire, soit du relieur. Différents ouvriers sont chargés d'une ou de plusieurs des opérations du brochage : des hommes de peine cherchent, étendent, mettent en ballots et reportent; des ouvriers assemblent, ébarbent, rognent et mettent sous presse; ils reçoivent, les uns 3 fr. et les autres 3 fr. 50 par journée de douze heures, ou 100 fr. par mois; ils n'ont aucun outil à fournir.

Les brocheuses plient, piquent, cousent, et quelquefois couvrent; elles sont aux pièces; les collationneuses, les passeuses et les placeuses de figures, cartes ou gravures, reçoivent 20 centimes l'heure.

Toutes ces ouvrières n'ont besoin que d'aiguilles et d'un couteau à papier ou plioir; les apprenties, au

bout d'un an ou de dix-huit mois, connaissent l'état; pendant le temps d'apprentissage elles sont aux pièces, quelquefois aux demi-pièces, mais elles sont obligées de faire les courses. Quand les brocheuses passent la nuit ou une partie de la nuit, elles continuent les pièces, mais reçoivent du café ou du vin, sans autre gratification.

Prix de façon. On compte par cent, rarement par douzaine ou par pièce; les prix suivants sont comptés par cent, et le format in-8° sert de base.

Pliure. In-8°, 5 c.; in-12, compte pour deux; in-18, pour quatre ou six, selon l'imposition; in-32, pour quatre; pour les formats extraordinaires, il y a un supplément de prix; les feuilles doubles sont comptées doubles: quelquefois il y a un supplément de 5 c. pour la coupure de l'in-32.

Piqure. S'il n'y a qu'une feuille piquée en dessus, 7 c. 1/2 à 10 cent.; piquée en dedans, 15 c.; deux ou trois feuilles, 15 c.; quatre ou cinq feuilles, 20 c.; six ou sept feuilles, 25 c.; huit feuilles, 30 c.; piqûre des almanachs, de gré à gré.

Couture. Le prix est basé sur le nombre de cabiers à coudre et non sur l'encartement; le prix du cent de cahiers est le même que celui de la pliure.

Couvrure. Ordinaire in-32, in-18 ou in-12, 30 c.; in-8°, 40 c.; in 4o, 50 c.; on augmente de 5 c. pour les formats plus grands. A l'anglaise, in-32 et in- 18, 10 c.; in-12, 15 c.; in-8o, 20 c.

BROSSIERS.-Ou plutôt monteurs en brosses; les autres ouvriers occupés à la brosse ont des dénominations différentes; il en sera parlé plus bas. La plupart des brossiers travaillent en chambre et vendent aux marchands en boutique ou aux commissionnaires la brosse confectionnée. Ils prennent des apprentis pour deux ou trois ans, qu'ils ne couchent ni ne nourrissent, que l'on met au fait de la brosse commune, et comme ils sont bientôt de quelque utilité, ils reçoivent par semaine une gratification proportionnée à leur force, 50 c. à 2 fr. Devenus ouvriers, ils sont mis à leurs pièces et sont payés par pièce ou par douzaine, d'après des conventions particulières ou d'après le tarif fait en commun entre les patrons et les ouvriers et qui est encore en

vigueur. L'ouvrier brossier n'est jamais à la journée ; il fournit tous les petits outils. Le congé est de huitaine. A la confection de la brosse sont attachées diverses spécialités :

Faiseur de bois et perceur de trous. A la journée de 3 fr. pour douze heures. La plupart des bois arrivent à Paris faits et percés; on ne façonne guère sur place que les bois de commande, des modèles nouveaux, ou des bois de fantaisie. Le prix des pièces s'évalue par douzaines et par le nombre de trous, et se traite de gré à gré.

Tireur de soie. Est aux pièces; il est payé par demikilo et selon les sortes de soie, 25 c. la soie forte, 30 c. la soie commune, 10 ou 15 c. le mélange. La soie donnée au monteur doit être apprêtée.

Plaqueur. Dans cette partie on compte environ quinze patrons et cent ouvriers; ceux-ci sont tantôt aux pièces, tantôt à la journée de 2 fr. 50 à 3 fr. pour douze heures; les pièces se comptent par douzaine; la brosse commune pour habit est payée de 70 à 90 c. Le plaqueur taille le bois, l'applique à la brosse, ponce et vernit. Le patron fournit tous les outils.

On appelle vergetier l'ouvrier qui fait la brosse fine, dont toutes les parties s'exécutent à Paris; l'ouvrier vergetier suit toutes les conditions du monteur en brosses.

CAMPAGNE (Indemnité de). Cette indemnité est fondée en équité sur les frais de dérangement qu'occasionne à l'ouvrier l'éloignement de son domicile; elle ne peut être considérée comme gratification, mais comme supplément de salaire. Elle est due à l'ouvrier qui est envoyé faire un travail hors Paris, qu'il découche ou qu'il ne découche pas, pourvu que ce travail lui ait occasionné un temps plus long ou des dépenses plus fortes que le temps et les dépenses ordinaires. Pour la déterminer on a'égard à l'état de célibataire ou d'homme marié de l'ouvrier, à l'obligation de découcher, à l'éloignement et à la durée des travaux, à la cherté des vivres et des logements, etc.

On paie les frais de voyage et le transport des outils pour l'aller et le retour; cependant si l'ouvrier quitte sans motif avant la fin des travaux, il revient à ses frais.

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