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Un patron de province faisant venir des ouvriers de Paris paie le prix de province, à moins de conventions contraires; un patron de la banlieue ne doit point d'indemnité à l'ouvrier embauché à Paris, lorsque cet ouvrier travaille dans ses ateliers ou dans un chantier situé près de chez lui; s'il l'éloigne, il lui en doit une. Du reste, toutes ces règles ne sont que des généralités; chaque profession en a de spéciales qui sont énoncées à leur place.

CANNEURS.-Ouvriers qui façonnent et entrelacent la canne de jonc sur les siéges; il n'y a que vingt patrons environ, peu d'ouvriers; ce sont des femmes qui sont occupées à ce travail; elles peuvent gagner de 1 fr. 50 à 1 fr. 75 par journée de 12 heures. Aux pièces, pour la chaise ordinaire, on paie 45 à 50 c.; pour le fauteuil avec le dossier, 2 à 4 fr.

CANNIERS.-Fabricants de cannes. Les apprentissages se font dans les conditions ordinaires; les ouvriers sont ou aux pièces ou à la journée, d'après les usages des boutiques; les façonneurs et les vernisseurs à la journée de douze heures reçoivent 3 à 4 fr.; ils traitent de gré à gré pour les pièces, par douzaine ou par grosse, et dans ce cas ils fournissent leurs outils, le prix du tourneur est de 3 fr. 50 à 4 fr.; du sculpteur, de 5 à 7 fr. Cette profession ne donne pas lieu à beaucoup de contestations, parce que tous les prix sont discutés d'avance et sur modèle entre le patron et l'ouvrier (Voy. Apprentis et Articles de Paris).

CARRELEURS.-Posent les carreaux des appartements. A la journée de dix heures, 4 fr. 50; l'aide, 2 fr. 50, et 2 fr. 75, quand il faut monter un ou plusieurs escaliers; en campagne, le carreleur a 5 fr. 25; l'aide, 3 fr.

Ordinairement la pose des carreaux se donne à façon; l'entrepreneur fournit le plâtre et le carreau et fait venir à pied-d'œuvre les poussières nécessaires pour faire la forme ; l'ouvrier fournit la truelle, un crible ou panier, une règle et un niveau. La pose du carreau ordinaire se paie 40 c. le mètre superficiel; gros carreau bâtard, 55 c.; carreau de Bourgogne, 60 c. Les

prix diminuent pour les pièces d'une grande étendue où les coupes et raccordements sont plus rares; ils augmentent pour la pose des petits carreaux.-Carreaux vieux, décarrelage, 7 c.; décrottage, 18 c.

CARRIERS.-Ouvriers occupés à extraire des carrières la pierre, le marbre, le grès et toutes les matières minérales propres à la construction et à la décoration des bâtiments.

Le personnel d'une carrière est ordinairement composé d'un soucheveur, d'un trancheur et d'un équarrisseur qui sont à la tâche, de deux hommes à l'atelier (à la masse), et de trois hommes à pousser, qui sont à la journée de dix heures; les premiers reçoivent 3 fr.; les seconds 2 fr. 50.- Le soucheveur est salarié d'après la dureté du travail; le trancheur, par mètre superficiel, est payé 6 fr. dans le banc-royal; 9 fr., dans la roche; l'équarrisseur, par mètre cube, reçoit 1 fr. 25 pour la lambourde, 1 fr. 75 pour le banc-royal, 2 fr. 25 pour la roche. Le coudesse varie de prix suivant sa nature et sa dureté, de 1 fr. à 3 fr. par mètre superficiel.

Dans les carrières à découvert, pour extraire et charger, pierre dure, 10 fr.; pierre tendre, 6 fr. le mètre ; moellons durs, 10 fr.; moellons tendres, 8 fr. la toise, ou 8 m. 64 c. Le mètre de moellons durs extraits de la carrière et appropriés, 2 fr.

CASSEURS DE PIERRES. Sont payés à 2 fr. 75 pour dix heures de travail. Le prix de façon varie d'après la dureté de la pierre et la grandeur du diamètre de l'anneau donné pour indiquer la grosseur de la pierre cassée. Ce prix varie de 2 fr. & 3 fr. 50. La meulière et la caillasse valent 3 fr. 25 le mètre cube; dans l'anneau de 6 centimètres, 5 fr.

La pierre doit être nettoyée et amenée sur le tas avant le cassage; l'ouvrier fournit la masse, la pelle et le rateau; le patron fournit l'anneau.

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ment de patrons, elles ont été constituées pour servir de centre à leurs corporations respectives et veiller à leurs intérêts. Elles sont souvent appelées par le tribunal de commerce et par les parties à intervenir comme rapporteurs ou arbitres dans les contestations qui ont rapport à la profession exercée par leurs membres; si l'on porte devant elles des différends entre patrons et ouvriers, elles peuvent donner leur avis, qui doit être pris en grande considération; mais elles ne peuvent le convertir en jugement, et par conséquent le revêtir de la formule exécutoire. Les Conseils de prud'hommes seuls donnent à leurs actes la sanction légale.

CHARPENTIERS.

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Ouvriers occupés à tailler et à lever les bois de charpente; c'est une des plus importantes corporations du bâtiment et une des mieux organisées.

Apprentis (dans les chantiers, lapins).-L'usage est de prendre pour apprentis des jeunes gens bien constitués de 16 à 20 ans ; tout en apprenant leur métier, ils sont obligés de conduire la voiture à bras dans les différents ateliers du patron (du singe), balaient le chantier, font des chevilles, ramassent les copeaux, les rognures, affûtent les outils, tournent la meule, aident le compagnon à scier, à ligner, à tailler et enfin à établir la charpente. Ils vendent aux ménages les débris de bois et la sciure, en profitant d'une petite retenue sur chaque vente. Il n'y a point de contrat d'apprentissage, point de temps fixé pour sa durée; l'apprenti et le patron sont en quelque sorte libres de se donner congé, comme s'il s'agissait d'un compagnon.

Comme l'apprenti est immédiatement utile au patron, il gagne dès son entrée de 1 fr. 50 à 3 fr. par jour suivant son âge et sa force, et peu à peu il arrive au salaire de compagnon.

Embauchage.-Les ouvriers charpentiers se divisent en deux compagnonnages, celui du devoir (compagnons roulants) pour la rive droite de la Seine, ayant pour centre le faubourg Saint-Martin et la mère établie rue d'Allemagne, à la Villette; celui de liberté pour la rive gauche, ayant pour centre le faubourg Saint-Germain et la mère établie rue des Boucheries-Saint-Germain. Ces ouvriers ne travaillent que sur la rive où

est situé leur centre. Il y a de plus des ouvriers appelés renards, qui n'ont point de mère et qui travaillent indistinctement sur l'une ou l'autre rive.

Les compagnons ne se mêlent jamais dans les chantiers; ils conservent leurs positions respectives dans les différents établissements des maîtres charpentiers, situés soit sur la rive droite soit sur la rive gauche. Il y a cependant des chantiers où l'on embauche indistinctement et qu'on appelle mixtes, tels que ceux du faubourg Saint-Antoine, de la Râpée, de la gare d'Ivry, du quai d'Austerlitz.

Salaires. Outre les employés aux écritures et aux épures de charpente qui ont des conventions particulières avec le patron pour les appointements, il y a plusieurs catégories d'ouvriers; ceux qui travaillent principalement aux escaliers, les compagnons de remplissage taillant la charpente, et les levageurs pour poser la charpente et faire les corvées.

Le prix de la journée de dix heures est de 5 fr,; cependant les vieux charpentiers qui ne peuvent plus aller au levage et remplir la tâche ordinaire subissent une réduction sur le salaire suivant conventions entre cux et le patron. Une heure en plus de la journée faite exceptionnellement se compte comme un dixième ; deux heures en plus se comptent comme trois; une nuit est comptée comme double journée. Quant à l'indemnité de campagne, il n'y a rien de fixe; quelques patrons donnent 5 c. en plus par heure; d'autres ne donnent que le prix ordinaire, mais tous paient le voyage et tiennent compte à l'ouvrier de ses journées, depuis l'heure du départ jusqu'à l'heure de l'arrivée.

Le gâcheur (chef d'atelier) est payé au mois, 180 fr. ; ou à la journée 6 fr. ; les garçons de chantiers ont 100 fr. par mois ou 3 fr. à 3 fr. 50 par jour; le charretier suit les conditions ordinaires (Voy. Charretiers).

Travail à la tâche.-Il n'y a point de marchandage ni de travail à la tâche dans la charpente depuis la grève de 1833, où les ouvriers se sont imposé cette condition; à très-peu d'exceptions près, ils sont restés fidèles à cette consigne. Du reste on conçoit le travail à la tâche pour un ouvrage déterminé et qui peut être estimé d'avance; mais dans la charpente où le travail ne peut s'exécuter que par le concours momentané d'un

nombre variable de bras, et où aucun contrôle n'a été Jusqu'à présent établi pour indiquer l'ouvrage fait par chaque ouvrier, il est dificile d'estimer l'ouvrage avant qu'il ne soit fait.

Outils. Le patron fournit tous les outils; les ouvriers ne doivent se munir que des outils de poche, un plomb, un cordeau, une renette, un compas, une règle, une jauge; ils doivent se cotiser à chaque paye de 5 c. chacun pour acheter le blanc nécessaire à faire les épures.

Police des chantiers. - 11 est défendu aux compagnons charpentiers d'emporter aucunes fouées, copeaux, bouts de bois et billots (Ord. de police, 7 déc. 1808).

CHARPENTIERS DE BATEAUX.-Ils reçoivent le même salaire que les charpentiers de bâtiment; couchés et nourris dans le bateau, ils ont trois francs par jour.

CHARRETIERS.

Ne rentrent dans la compétence des Conseils de prud'hommes qu'autant qu'ils sont attachés à un établissement dont le patron est justiciable de ces Conseils.

En règle générale, le charretier reçoit 100 fr. par mois ou 3 fr. 50 par jour; mais il existe soit pour les salaires, soit pour les autres conditions du louage d'ouvrage, des usages presque aussi nombreux que les professions qui emploient des charretiers.-S'il est logé et nourri, il reçoit 45 fr. par mois; quelquefois même seulement 30 fr. si en outre il a des pour-boire, comme le charretier du briquetier qui reçoit du glaisier, une deux ou trois mottes de glaise qu'il revend 10 c. pièce; il y a d'autres charretiers qui ont 18 fr. par semaine, d'autres 80 fr. par mois et sont logés.

Les charretiers de pierres ont 70 fr. par mois de leur patron et 2 fr. de l'entrepreneur, par voie de 2 mètres å 2 mètres 20; hors des fortifications ils reçoivent 3 fr. par voie, et s'ils ne font qu'un voyage, 4 fr.; s'ils sont célibataires, ils couchent chez le patron. Les charretiers de moellons rentrent dans les conditions ordinaires. Le garçon d'écurie a 90 fr.

Il existe un grand nombre d'ordonnances de police

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