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ché. Il est impossible de lire sans une profonde indignation, pour ne pas dire exécration, le rapport insidieux et de la plus inique mauvaise foi, que ce dernier fit le 29 mars 1815, au conseil des ministres, sur la déclaration du congrès de Vienne, du 13 du même mois, ainsi conçue:

« Les puissances qui ont signé le traité de Paris, réunies en congrès à Vienne, informées de l'évasion de Napoléon Bonaparte, et de son entrée à main armée en France, doivent à leur propre dignité et à l'intérêt de l'état social une déclaration solennelle des sentimens que cet évènement leur a fait éprouver.

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«En rompant ainsi la convention qui l'avait établi à l'île d'Elbe, Bonaparte détruit le seul titre légal auquel son existence se trouvait atta

chée. En reparaissant en France avec des projets de troubles et de bouleversemens, il s'est privé lui-même de la protection des lois, et a manifesté à la face de l'univers qu'il ne saurait y avoir ni paix ni trève avec lui.

Les puissances déclarent en conséquence, que Napoléon Bonaparte s'est placé hors des relations civiles et sociales, et que, comme ennemi et perturbateur du repos du monde, il s'est livré à la vindicte publique.

. Elles déclarent en même tems, que, fermement résolues de maintenir intact le traité de Paris, du 30 mai 1814, et les dispositions sanctionnées par ce traité, et qu'elles ont arrêtées ou arrêteront comme

pour le completter ou le consolider,

elles emploieront tous leurs moyens et réuniront tous leurs efforts pour que la paix générale, objet des vœux de l'Europe et but constant de leurs travaux, ne soit pas troublée de nouveau, et pour la garantir de tout attentat qui menacerait de replonger les peuples dans les désordres et les malheurs des révolutions.

«Et quoique intimement persuadés que la France entière se ralliant autour de son souverain légitime, fera incessamment rentrer dans le néant cette dernière tentative d'un délire criminel et impuissant, tous les souverains de l'Europe, animés des mêmes sentimens, et guidés par les mêmes principes, déclarent que si contre tout calcul, il pouvait résulter de cet évènement un danger réel quelils seraient prêts à donner

conque,

au roi de France et à la nation française, ou à tout autre gouvernement attaqué, dès que la demande en serait formée, les secours nécessaires pour rétablir la tranquillité publique, et à faire cause commune contre tous ceux qui entreprendraient de la compromettre.

« La présente déclaration, insérée au protocole du congrès réuni à Vienne, dans sa séance du 13 mai 1815, sera rendue publique.

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Fait et certifié véritable par les plénipotentiaires des huit puissances signataires du traité de Paris. »

A Vienne, le 13 mars 1815. ** Suivent les signatures dans l'ordre alphabétique des cours:

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Autriche, le prince Metternich, le baron de Wessenberg; "Espagne, P. Gomez Salvador.

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France, le prince de Talleyran le duc d'Alberg, la Tour-du-Pin, le comte Alexis de Noailles ; Grande-Bretagne, Wellington, Clancarty, Cathcart, Stewart; Portugal, le comte de Palmella Saldanha, Lobo;

Prusse, le prince de Hardenberg, le baron de Humbolt;

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Russie, le comte de Rasumowski, le comte de Stavelberg, le comte de Nesselróde;

Suède, Lawenhielm.

Croirait-on que, malgré toutes ces signatures, au mépris de l'évidence la plus incontestable, M. Fouché osa, en plein conseil des minis

tres aussi instruits et convaincus que lui-même de cette évidence; osa, dis-je, non-seulement révoquer cette déclaration en doute, mais encore la

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