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si au

veraineté, considérant que, moment où la république vient de déclarer solennellement qu'elle ac. corde une protection égale à l'exercice des cultes de toutes les religions (1), il était permis à tous les sectaires (2) d'établir sur les places publiques, sur les routes, les enseignes de leurs sectes particulières et d'y célébrer leurs cérémonies religieuses, il s'ensuivrait de la confusion

(1) Trois lignes plus haut, il vient d'affirmer que le peuple Français ne peut reconnaître d'autre culte que celui de la morale. Où sera donc la protection pour les autres cultes ?

(2) Il est évident que par ce mot, il n'entend que les fidèles attachés à l'église catholique, apostolique et romaine.

et du désordre dans la société (1), arrête

Art. ler. « Tous les cultes des différentes religious ne pourront être exercés que dans leurs temples respectifs (2).

11. « La république ne reconnaissant point de secte (3) dominante ou

(1) La confusion et le désordre naîtraient de la célébration des cérémonies religieuses! Peut-on tromper le peuple et trahir sa propre conscience avec tant d'impudeur et de mauvaise foi! Ne voit-on pas qu'il ne tient ce langage que pour s'emparer des cloches, et de tous les ornemens des églises ?

(2) Encore une fois : comment concilier tous ces cultes avec ce passage du considérant qui porte, que le peuple français ne peut reconnaître d'autre culte que celui de la morale ?

(3) Il revient au mot de secte, et l'applique de manière à ne laisser aucun doute sur la religion dont il parle.

privilégiée, toutes les enseignes rcJigieuses qui se trouvent sur les routes, sur les places, et généralement sur tous les lieux publics; seront anéanties.

III. Il est défendu à tous les ministres, à tous les prêtres, de paraître publiquement avec leurs habits de religion, sous peine d'être mis én état d'arrestation.

IV. «Dans chaque municipalité, tous les morts seront portés et conduits à un cimetière commun, isolé de toute habitation, couverts d'un voile funèbre, sur lequel sera peint le sommeil.

sous

V. « Le lieu commun de la sépulJure sera planté d'arbres l'ombre desquels s'élevera une statue représentant le Sommeil. Tous les autres signes seront abattus.

VI. « On lira sur la porte de ce champ des morts cette inscription: La mort est un sommeil éternel (1). »

Fouché termina la séance au milieu des applaudissemens et de la conviction dans laquelle resta le peuple de la sagesse de ses mesures, et qu'enfin on travaillait pour son bonheur (2).

Les habitans de Moulins ne fu-,

(1) Peut-on inventer une doctrine plus rassurante pour les brigands, les assassins, et généralement les plus grands criminels? Ils en seront quittes, si on leur ôte la vie, pour goûter paisiblement un sommeil éternel.

(2) Les Bourbonnais durent en effet être bien contens de la sagesse de ces mesures, qui les débarrassaient de toute entrave religieuse, et de toute crainte pour l'avenir de l'éternité ! Ajoutez à cela leur conviction, qu'on travaillait pour leur bonheur.

rent point ingrats envers leur bienfaiteur: il fut proposé, dans la même séance, de donner le nom de Fouché à la rue du faubourg où les pauvres habitaient en plus grand nombre; le modeste représentant rejeta avec véhémence cette proposition et dit : « Après ma mort, vous honorerez mon nom, si j'ai bien merité pendant ma vie (1). »

Cet arrêté, fleau de toutes les religions, émana de Fouché seul, et c'est lui seul qui le signa, s'arrogeant un pouvoir qui excéda't celui

(1) Il est à regretter que ce nouvel apôtre, né pour faire tant d'heureux, après avoir si bien mérité, se trouve maintenant éloigné des bords de l'Allier! les habitans de ce pays se seraient empressés de lui élever une statue à côté de celle du Sommeil, son dieu favori.

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