Page images
PDF
EPUB

rière de tous les excès démagogiques; en un mot, Fouché (de Nantes)?

quer ici une congrégation, qui a fourni tant d'hommes utiles à l'état, à l'église et à l'instruction publique ; mais on ne peut se dissimuler que quelques années avant la révolution, plusieurs de ses membres avaient donné prise à une juste censure. C'est ainsi que le cardinal Fleury écrivait, le 3 janvier 1741, au cardinal Tencin, ministre à Rome : « Les pères de l'Oratoire sont gâtés en tout genre; ils viennent de perdre un grand procès contre l'évêque de Langres, qui s'est enfin débarassé de cette maudite engeance. » Le 2 octobre de la même année, son éminence écrivait au même cardinal ce qui sait : « Si César de Bus est saint, comme il y a lieu de le croire, il a laissé des enfans qui ne le sont guère ; ils sont gâtés par les pères de l'Oratoire. »

(Extrait des dépêches inédites du cardinal de Fleury.)

11 naquit à Nantes, en mai 1763, de parens honnêtes et assez fortunés; c'était alors le règne philosophique de Voltaire et de Jean-Jacques; le jeune Fouché suça dès sa première jeunesse tout le poison de l'école de ces novateurs. Le trône et l'autel ne furent à ses yeux que des objets surannés d'idolatrie, consacrés à perpétuer l'enfance de nos pères. Ces sentimens prirent une si forte racine dans son âme, qu'il ne put s'empêcher d'en faire parade, même étant professeur au collége de Juilly; c'est une particularité que nous avons apprise de l'un des fesseurs, ses collègues, qui, plus d'une fois, fut scandalisé de son langage anti-religieux et démago

gique.

*

Eh! qui n'eût

pro

pas été scandalisé,

quand ce misérable ne craignait pas d'affliger sa mère par la jactance précoce d'une impiété dont elle était bien loin de lui avoir donné l'exem ple; sa mère, qui ne pouvant supporter une pareille absence de bon sens et de morale, dit un jour à table, au milieu d'une réunion nom

breuse de convives : « que je suis malheureuse d'avoir produit un tel être!» et il n'était encore que professeur.

Au commencement de la révolution, Fouché, échappé à la pous sière des classes de Juilly, où il avait enseigné la rhétorique, parut à la tribune des jacobins de Nantes, avec le maratisme qui lui valut une place à la convention nationale; là, assis à côte de son maître, si faussement appelé l'ami du

peuple, dont il était le bourreau il ne tarda pas à se montrer son digne élève, par l'application des leçons qu'il en avait reçues dans ses feuilles périodiques, et dont il ambitionnait le plus prompt salaire.

Hy avait à la convention deux moyens de se faire distinguer de ses collègues ; celui de tonner à la tribune contre les prêtres, les nobles et les émigrés, et celui d'être le rapporteur de quelque comité. Ce dernier était le plus sûr, parce qu'il donnait l'occasion de se populariser, en présentant des projets de décrets qui, presque toujours, étaient adoptés, et souvent avaient été amplement payés d'avance par des hommes intéressés (1). Fouché ne

(1) Tout le monde sait que la plupart des décrets sur les finances étaient mis à prix.

perora point comme Robespierre ; il tâcha de s'introduire dans les comités. Il fut d'abord admis à celui d'instruction publique, le seul peutêtre qui n'offrait aucune ressource pour l'ambition, étant destiné, par la nature de ses fonctions, à conserver plutôt qu'à détruire (1): aussi Fouché, dont le but était de s'avan

(1) On s'est déchaîné avec raison contre les membres des comités révolutionnaires, qui s'appropriaient les dépouilles des proscrits et des suppliciés; mais on ne peut faire ce reproche, ni au comité d'instruction publique, ni à la commission temporaire des arts, qui mirent un zèle et une fidélité à toute épreuve, pour conserver tout ce qui tenait à la bibliographie, à la peinture, et à tous les arts utiles ou d'agrément. Nos musées, nos bibliothèques, nos jardins publics en sont une preuve.

« PreviousContinue »