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Fouché, attaché comme un tigrè à la proie qu'il dévorait, continua son œuvre de destruction, autant que dura sa mission, ou qu'il resta de victimes (1). Le 25 février 1794, il écrivait :

« Nous rendons compte chaque jour au comité de salut public de toutes nos opérations; elles ne cessent d'être la conséquence rigoureuse des principes qui vous ont dicté le décret énergique que vous avez rendu contre Lyon; elles sont dans une correspondance intime avec la réso

(1) Le bruit courut dans le tems, qu'une seule victime eût le bonheur d'échapper, comme par miracle, à cette boucherie; ce fut M. de Fontanes, aujourd'hui pair de France. Il se sauva, dit-on, déguisé en portefaix, et le contrefaisant à merveille par ses gestes.

lution forte

que

le peuple a manifestée par votre organe, de faire servir cette ville rebelle d'exemple à toutes les communes qui voudraient imiter sa criminelle audace, et d'offrir à la postérité le tableau effrayant de ses vastes ruines comme le témoignage le plus terrible de la colère républicaine et du pouvoir démocratique. » Moniteur, 19 février 1794.)

Le 18 du même mois, lui et son collègue s'exprimaient ainsi, pour justifier le tribunal révolutionnaire qui commandait journellement à Lyon ces meurtes juridiques.

Les représentans du peuple envoyés dans Commune affranchie, pour y assurer le bonheur du peuple, etc.

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• Il nous est difficile de vous exprimer combien nos cœurs sont attristés de l'excessive indulgence avec laquelle vous souffrez qu'on vienne impunément à votre barre, enlever la confiance et le respect public aux hommes vertueux, qui servent avec le plus d'ardeur et de constance les principes et la marche de la révolution. C'est pour la seconde fois qu'on ose se présenter devant vous pour couvrir d'accusations impures la commission révolutionnaire de Commune affranchie. Ce tribunal, citoyens collègues, mérite

toute votre estime. Considérez les personnes qui le calomnient; interrogez à son égard celles en qui vous avez mis votre confiance ; elles vous diront avec quel dévoûment pur il remplit ses rigoureux devoirs, avec quelle religieuse méditation les accusés sont examinés, avec quelle courageuse impartialité le juge descend dans leur pensée la plus intime, dans leur conscience, pour en suivre tous les mouvemens. Les jugemens de ce tribunal peuvent effrayer le crime, mais rassurent et consolent le peuple qui les entend et qui les applaudit. C'est à tort qu'on pense nous faire les honneurs d'un sursis, nous n'en avons point accordé. Notre confiance est sans bornes et sans réserve dans l'austère probité du tribunal, et nous n'oublierons ja

mais les principes à ce point de croire que nous ayons le droit de suspendre le cours de la justice. On cherche en vain de toutes les manières à intéresser notre sensibilité, à affaiblir l'énergie de notre caractère nous nous enveloppons avec la patrie, nous restons forts et impassibles avec elle, etc. »

Signé FOUCHÉ, LAPORTE

MEAULE.

Commune affranchie, 30 pluviose an 2.

(Moniteur, 25 février 1794. )

Enfin nous touchons au terme de ces massacres ; Fouché l'annonce à la convention dans la lettre suivante, en date du 12 mars 1794, dont voici quelques passages : « La justice a bientôt achevé son cours ter

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