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On voit que les décès afférents à chaque catégorie de l'état civil demeurent entre eux dans un rapport à peu près constant, et qui se maintient avec des variations très-faibles, dans les années ordinaires comme dans les années de mortalité exceptionnelle on peut donc admettre que chaque année, sur 1,000 décédés il y a 280 garçons, 155 hommes mariés, 75 veufs, 240 filles, 140 femmes mariées et 110 veuves. Le nombre des décès des célibataires et des personnes mariées est plus grand pour le sexe masculin que pour le sexe féminin. Les décès des veuves dépassent au contraire assez notablement ceux des veufs mais il convient de rappeler que le nombre des veuves est d'une manière absolue de beaucoup supérieur à celui des veufs.

Si l'on rapproche séparément pour chaque sexe le nombre des décès par état civil du nombre total des décès constatés pour le sexe correspondant, on trouve encore que les rapports varient peu d'une année à l'autre.

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Pour les deux sexes, le nombre des décès de célibataires a été en décroissant, tandis que le nombre des décès des personnes mariées s'est accru dans la même proportion; pour les veufs des deux sexes, le nombre proportionnel est resté à peu près le même. D'après les chiffres ci-dessus, les décès masculins se décomposent à peu près ainsi : pour 100 décès: 55 célibataires, 30 hommes mariés et 15 veufs - Les décès féminins: 50 filles, 26 femmes mariées et 24 ve ives. Le nombre des décès est presque le même pour les femmes et les veuves, tandis que, pour les hommes mariés, le nombre des décès est double de celui

des veufs. En 1854, le nombre proportionnel des décès a augmenté pour les garçons, les hommes mariés et les femmes mariées, et a diminué pour les filles et les veufs. Les rapports des décès par état civil au nombre total s'établissent de la manière suivante pour les différentes classes de la population, pendant l'année 1853.

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Ces rapports, afférents à 1853, année considérée comme moyenne, ont peu varié en 1854 qui, sous plusieurs rapports, est une année exceptionnelle on peut donc les accepter comme se rapprochant beaucoup de ce qui se passe habituellement. On voit que, dans les campagnes, les décès de personnes mariées et veufs (hommes et femmes) sont proportionnellement plus nombreux que dans le département de la Seine et surtout que dans les villes au contraire, la mortalité sur les enfants (au-dessous de 15 ans pour les filles et 18 ans pour les garçons) sévit avec beaucoup moins d'intensité dans les populations rurales que dans le reste de la France. Ce fait est surtout remarquable pour les filles. Le résultat général que nous signalons s'explique par la supériorité que présentent les campagnes, pour les enfants, sous le rapport de la salubrité, et pour les filles spécialement, la moindre mortalité est attribuée à ce qu'elles se livrent à un travail moins pénible que celui des garçons et qu'elles y sont d'ailleurs employées à un âge plus avancé. Le relevé des décès pour chaque âge de la vie a une importance toute particulière; ils permettent d'établir les tables de mortalité, c'est-àdire de déterminer combien, sur un nombre donné de naissances, il reste de survivants à la fin de chaque année, et de déduire, des rapports ainsi constatés, la durée de la vie moyenne. La vie moyenne est représentée par le quotient que l'on obtient en additionnant l'âge de tous les décédés pendant la période que l'on considère, et en divisant ce total par le nombre des décédés: ce quotient indique la vie moyenne, à la naissance, c'est-à-dire le nombre d'années que chacun aurait vécu, si la durée de la vie avait été la même pour tous. Si au lieu d'avoir ce résultat d'une manière absolue, on veut connaître la durée moyenne de la vie, à un âge déterminé, on constate le nombre d'individus survivants à chacune des années à partir de cet âge, et on divise le total par le nombre d'individus vivants à l'âge donné.

Les tables de mortalité n'ont pas seulement de l'intérêt pour les sciences physiologique et politique, elles servent encore de base aux combinaisons de toutes les sociétés d'assurances sur la vie et des établissements tontiniers; pour éclairer les opérations de toutes ces institutions, on a dressé déjà un très-grand nombre de tables de mortalité. La plus ancienne est celle que l'astronome Halley construisit en 1693 (d'après les décès constatés pour la ville de Breslau en Silésie.) Les tables les plus estimées, établies dans les différents pays, sont: en Angleterre, celles construites par MM. Milne et Price, d'après la mortalité des villes de Carlisle et Northampton; celles de Smart, pour Londres, et celle de M. le Dr Farr, etc.; en France, celles de Deparcieux, Davillard, de Dupré de Saint-Maur, pour Paris, et M. de Montferrand (spéciale au sexe masculin); en Belgique, celles de M. Quételet; en Allemagne, les tables de Casper (Berlin), spéciale aux hommes, de Hüene (Leipzig), etc. Le bureau des longitudes publie, dans son Annuaire, une table de mortalité établie, avec quelques modifications, d'après celle de Deparcieux. Enfin, dans la statistique officielle de la France, il a élé donné des tables de mortalité, pour chaque sexe, et pour l'ensemble de la population: ces tables s'appliquent exclusivement à l'année 1853.

D'après ces tables, on a constaté que la vie moyenne était actuellement, en France, de 38 ans 2 mois : c'est à très peu près le même chiffre que l'on obtient en calculant la vie moyenne sur le nombre des naissances. Cette coïncidence tend à prouver que ce résultat se rapproche beaucoup de la vérité. Nous avons déjà dit que la durée de la vie moyenne, en France, avait notablement augmenté depuis le commencement du siècle; mais en calculant la vie moyenne à la naissance, on se trouve obligé de compter tous les enfants nés viables, et parmi ces enfants un grand nombre meurt avant d'avoir atteint un an : ainsi on a compté en 1853, sur 10,000 naissances, une moyenne pour chaque sexe de 1,777 décès avant un an (2,007 décès masculins et 1,548 décès féminins). L'influence de cette énorme mortalité, pendant la première année de la vie, est telle que si, au lieu de calculer la vie moyenne à la naissance, on la détermine pour l'âge d'un an, on trouve un chiffre de 45 ans 3 mois, au lieu de 38 ans 2 mois. C'est à 4 ans que la vie moyenne atteint son maximum; les enfants qui sont parvenus à cet âge après avoir échappé aux dangers du premier âge, ont encore, en moyenne, 48 ans et trois mois à vivre ainsi l'existence moyenne, pour ces individus, s'étend un peu au delà de 52 ans. A cet âge, la vie moyenne des survivants est encore de 18 ans ; au delà de 70 ans, la durée moyenne se réduit à 8 ans; en prenant pour base les divisions qui précèdent, on trouve que, sur 100 naissances, la mortalité se répartit ainsi :

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C'est à treize ans que le danger de mourir est e plus faible.

D'après les tableaux de la statistique officielle que nous analysons, la durée de la vie moyenne est moindre pour l'homme que pour la femme Elle est pour le prémier de 36 ans 3 mois seulement, pour la seconde de 40 ans.

Dans les populations agglomérées, la durée de la vie moyenne est beaucoup moindre que dans les campagnes : c'est ce qui résulte du tableau ci-après (1):

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Émigration.

Les mouvements de la population résultant du rapport qui s'établit entre les naissances et les décès, peuvent être, comme nous l'avons déjà dit, modifiés par le fait des immigrations et des émigrations; les émigrants sont ceux qui quittent un pays pour aller se fixer dans un autre; et les immigrants sont ceux qui viennent s'établir dans un État après avoir abandonné le lieu de leur origine.

L'émigration est assez généralement déterminée par la difficulté que les émigrants éprouvent à trouver, dans leur propre pays, des moyens d'existence ou de fortune, et dans l'espoir qu'ils conçoivent de rencontrer, dans les contrées vers lesquelles ils se dirigent, des ressources plus faciles et plus abondantes : c'est ainsi que, depuis dix ans, l'émigration a reçu une vive impulsion par suite des perspectives brillantes que la découverte de l'or en Californie a ouvertes aux populations européennes mais il faut bien dire que le désenchantement et la misère ont été souvent le triste dénoûment de ces entreprises commencées sous de si séduisants auspices. D'un autre côté, on sait qu'en Irlande, la crise alimentaire de 1846 a provoqué l'émigration de popu

(1) Pour les autres renseignements relatifs à la mortalité, nous ne pouvons que renvoyer à la statistique officielle (2a série, t. III et IV, 1re partie. Introduction), ou aux ouvrages spéciaux sur la population.

lations entières qui fuyaient la famine, et ont donné au monde le triste spectacle d'un nouvel Exode.

Les deux pays qui ont fourni à l'émigration le contingent le plus considérable sont la Grande-Bretagne et l'Allemagne. De 1815 à 1857, l'Angleterre a vu environ 4,600,000 de ses enfants s'expatrier, et sur ce nombre 2,750,000 ont quitté le pays depuis 1847. Depuis 10 ans, le nombre des émigrants allemands a été de 1,200,000. La Belgique envoie à l'étranger, chaque année, environ 8 à 9,000 individus. L'émigration a, du reste, dans ces dernières années, perdu beaucoup de son activité en Angleterre et en Allemagne. Dans ce dernier pays, les gouvernements ont pris des mesures assez sévères pour en arrêter le cours, et l'émigration est soumise actuellement à des conditions et formalités rigoureuses. En France, l'émigration a une importance relative trèsfaible le nombre des personnes auxquelles il a été délivré des passeports, avec projet d'établissement au dehors, a été :

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Dans ces chiffres sont compris les émigrants pour l'Algérie, dont le nombre a été de 8 à 9,000 pendant chacune des deux dernières

années (1).

Les départements qui ont fourni le plus d'émigrants en 1857, sont

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On voit qu'en France, la proportion des émigrants au chiffre total de la population est environ, par année, de 1 par 40,000 habitants.

Après la France, viennent par ordre d'importance : la Suisse, environ 6,000 par an; la Hollande, la Suède et la Norwége, environ 2,000 par an.

Les pays vers lesquels se dirigent plus particulièrement les émigrants européens sont l'Amérique du Nord, l'Australie et l'Amérique du Sud. On évalue à près de 6 millions le nombre des émigrants qui sont venus accroître la population des États-Unis depuis 1790 et dans ce chiffre plus de 5 millions ont immigré depuis 1847. Les sept huitièmes

(1) Voir le rapport du ministre de l'intérieur à l'Empereur, sur l'émigration (décembre 1858). - V. aussi l'article de M. Legoyt sur l'émigration.

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