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que les communes ont dû leur affranchisse ment à Louis-le-Gros, la confirmation et l'extension de leurs droits à saint Louis et à Philippe-le-Bel; que l'ordre judiciaire a été établi et développé par les lois de Louis XI, d'Henrill et de Charles IX; enfin, que Louis XIV a réglé presque toutes les parties de l'administration publique par différentes ordonnances dont rien encore n'avait surpassé la sagesse.

» Nous avons dû, à l'exemple des Rois nos prédécesseurs, apprécier les effets des progrès toujours croissans des lumières, les rapports nouveaux que ces progrès ont introduits dans la société, la direction imprimée aux esprits depuis un demi-siècle, et les graves altérations qui en sont résultées ; nous avons reconnu que le vœu de nos sujets pour une Charte constitutionnelle était l'expression d'un besoin réel; mais en cédant à ce vou, nous avons pris toutes les précautions pour que cette Charte fût digne de nous et du peuple auquel nous sommes fiers de commander: des hommes sages, pris dans les premiers corps de l'Etat, se sont réunis à des commissaires de notre conseil, pour tra vailler à cet important ouvrage.

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» En même temps que nous reconnaissions qu'une constitution libre et monarchique devait remplir l'attente de l'Europe éclairée, nous avons dû nous souvenir aussi que notre premier devoir envers nos peuples était de conserver pour leur propre intérêt les droits et les prérogatives de notre couronne. Nous avons espéré, qu'instruits par l'expérience, ils seraient convaincus que l'autorité suprême peut seule donner aux institutions qu'elle établit, la force, la permanence et la majesté dont elle est elle-même revêtue; qu'ainsi, lorsque la sagesse des Rois s'accorde librement avec le vœu des peuples, une Charte constitutionnelle peut être de longue durée; mais que quand la violence arrache des concessions à la faiblesse du gouvernement, la liberté publique n'est pas moins en danger que le trône même. Nous avons enfin cherché les principes de la Charte constitutionnelle dans le caractère français, et dans les monumens vénérables des siècles passés. Ainsi, nous avons vu dans le renouvellement de la pairie une institution vraiment nationale, et qui doit lier tous les souvenirs à toutes les espérances, en réu

nissant les temps anciens et les temps moder

nes.

» Nous avons remplacé, par la chambre des députés, ces anciennes assemblées des Champs-de-Mars et de Mai, et ces chambres du tiers-état, qui ont si souvent donné tout à la fois des preuves de zèle pour les intérêts du peuple, de fidélité et de respect pour l'autorité des Rois. En cherchant ainsi à renouer la chaîne des temps, que de funestes écarts avaient interrompue, nous avons effacé de notre souvenir, comme nous voudrions qu'on pût les effacer de l'histoire, tous les maux qui ont affligé la patrie durant notre absence. Heureux de nous retrouver au sein de la grande famille, nous n'avons su répondre à l'amour dont nous recevons tant de témoignages, qu'en prononçant des paroles de paix et de consolation. Le vœu le plus cher à notre cœur, c'est que tous les Français vivent en frères, et que jamais aucun souvenir amer ne trouble la sécurité qui doit suivre l'acte solennel que nous leur accordons aujourd'hui.

>> Sûrs de nos intentions, forts de notre cons

cience, nous nous engageons, devant l'assemblée qui nous écoute, à être fidèles à cette charte constitutionnelle, nous réservant d'en jurer le maintien, avec une nouvelle solennité, devant les autels de celui qui pèse dans la même balance les Rois et les nations. »

Tous les esprits justes, tous les bons Français applaudirent à cette constitution qui devenait le pacte de famille entre le Roi et son peuple. Depuis vingt ans on ne nous avait parlé que de constitutions, et depuis vingt ans nous n'avions vu s'établir parmi nous aucun régime constitutionnel : on a mis beaucoup de constitutions sur le papier, on n'en a mis aucune en pratique. L'ouvrage de l'assemblée constituante fut aussitôt détruit qu'achevé; l'assemblée législative ne travailla qu'à le miner et à le renverser; la convention rédigea une constitution qu'elle se hâta de renfermer dans une arche qui en devint le tombeau, et à laquelle elle substitua le despotisme de ses comités. La constitution dite de l'an III commençait à peine à nous faire entrevoir les avantages d'une espèce de gouvernement régulier,

qu'elle fut annulée par les violences tyranniques du directoire : Bonaparte ne sembla résumer toutes les constitutions précédentes, et ne parut vouloir s'appuyer sur l'espèce de faisceau qu'il en avait formé, que pour mieux les anéantir toutes ensemble; enfin, on n'avait cessé depuis la révolution d'entretenir la nation de ses droits; mais il avait été réservé à Louis XVIII de lui en accorder le libre exercice, de lui en procurer la pleine jouissance.

Depuis l'arrivée de Sa Majesté, la ville de Paris avait désiré offrir au Roi une fête pour célébrer son heureux retour, et les préparatifs se faisaient avec cet empressement que le cœur déploie quand il s'agit de recevoir ceux qui nous sont chers : le 29 août fut choisi pour cette fête. Tout ce que l'esprit le plus ingénieux peut inventer fut choisi pour décorer les différentes salles de l'Hôtel-de-Ville, et l'art et la nature rivalisèrent pour embellir la rẻception de la Famille Royale. M. le préfet, à la tête du corps municipal, adressa à Sa Majesté une harangue à laquelle Elle répondit dans des termes et avec un accent paternels qui ra

L

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