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tence; elle se propose de publier deux autres volumes qui contiendront tous les travaux de la Société jusqu'au commencement de la publication du « Medico-Legal Journal ».

M. VLEMINCKX, président, remercie et félicite l'orateur; il fait l'éloge de la Société de médecine légale de New-York, qui s'est annexés, comme viceprésidents, des autorités médicales et judiciaires du monde entier.

DE L'INFLUENCE DE LA PUTRÉFACTION SUR LA DOCIMASIE
PULMONAIRE HYDROSTATIQUE

par le docteur DESCOUST,

Chef des Travaux de Médecine légale pratique à la Faculté de Médecine de Paris,

Membre de la Société de Médecine légale

et M. le docteur BORDAS,

Sous-Directeur du Laboratoire Municipal de Paris, Auditeur au Comité consultatif d'hygiène de France Membre de la Société de Médecine légale.

L'influence de la putréfaction sur le poids spécifique des poumons des nouveau-nés est une question très discutée et dont la solution intéresse au plus haut point la médecine légale.

Déjà au Congrès de médecine légale de Bruxelles, M. le professeur Dallemagne, dans un rapport très intéressant et très documenté, avait montré toute l'importance du sujet.

Le savant rapporteur avait relaté ses expériences personnelles, ainsi que celles de M. le professeur Malvoz, de Liège, et la conclusion était que la putréfaction gazeuse pouvait dans certains cas entacher d'erreur les résultats fournis par la méthode de la docimasie pulmonaire hydrostatique.

La discussion qui suivit la lecture du rapport de M. le professeur Dallemagne ne permit pas de tirer des conclusions bien positives, et d'un commun accord il fut décidé que la question serait à nouveau soumise à la discussion lors du prochain Congrès de médecine légale de Paris.

Les phénomènes de la putréfaction présentent une très grande variété d'aspect suivant les différents stades de la décomposition et suivant aussi les conditions dans lesquelles ont été placés les corps des nouveau-nés.

Le médecin-expert, lorsqu'il se trouve en présence de poumons

MÉDECINE LÉGALE

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plus légers que l'eau, est actuellement obligé de tenir compte de l'état de décomposition du petit cadavre. Mais comme il n'existe aucun moyen permettant de déterminer exactement le degré plus ou moins avancé de la putréfaction, il en résulte que, si le principe du rôle de la putréfaction dans la modification physique du poumon était admis sans conteste, la méthode hydrostatique se trouverait par ce seul fait toujours sujette à discussion.

Envisageons rapidement les grandes lignes du processus putride chez le nouveau-né en général, de façon à bien préciser l'objet de la discussion qui est soumise au Congrès.

La putréfaction chez le nouveau-né, mort peu de temps avant son expulsion, n'offre pas les mêmes caractères que chez l'enfant nouveauné qui a respiré ou chez celui qui a déjà absorbé des aliments.

Considérons d'abord le cas d'un enfant mort-né qui n'a pas respiré. Ici le petit cadavre aura une tendance à se momifier, surtout s'il a été placé dans un endroit où l'air est confiné et s'il se trouve à l'abri des insectes.

Ces phénomènes de momification sont généralement plus fréquents chez l'enfant que chez l'adulte, et cela tient à plusieurs causes.

L'enfant nouveau-né, mort quelque temps avant son expulsion, a un tube digestif privé de germes dans toute son étendue, et la décomposition microbienne, lorsqu'elle se fait, est centripète; il en résulte que, si le cadavre est placé dans les conditions que nous venons d'énumérer plus haut, il n'y a pas à proprement parler de décomposition cadavérique.

Le mécanisme de ce phénomène particulier mérite que nous nous y attachions, car il peut présenter un très grand intérêt dans certains

cas.

L'épiderme du nouveau-né abandonné à l'air libre ne tarde pas à se modifier profondément. Le corps perdant rapidement une très grande quantité d'eau, la peau se dessèche, se parchemine, se racornit; il se produit par ce fait une véritable barrière contre l'envahissement des germes provenant de l'air.

La matière organique n'est pas transformée en produits ultimes liquides ou gazeux; elle tend, au contraire, sous l'influence des conditions physico-chimiques ambiantes. à se changer en produits très complexes offrant une certaine stabilité pour ramener la matière organique de cette période d'arrêt en produits définitifs C. Az. H.; il faut l'assistance, non plus de micro-organismes, mais de diptères. coléoptères, acariens, bref de tous ces insectes que M. Mégnin a groupés sous le nom de « travailleurs de la mort ».

Il se produit là un phénomène de momification analogue à celui qui se produït chez l'enfant macéré; dans un cas le petit cadavre est protégé par son épiderme; dans l'autre, les membranes intactes le défendent contre l'envahissement microbien. Il n'y a donc pas à proprement parler de putréfaction dans le sens que nous y attachons en général.

On conçoit par ce qui précède que toutes les causes qui pourront ralentir l'évaporation du petit cadavre favorisent, au contraire, le développement des micro-organismes, des mucédinées, etc., qui, trouvant alors un milieu plus propice, ramèneront la matière organique à l'état d'éléments minéraux.

Quoi qu'il en soit, la marche de la putréfaction chez un nouveau-né n'ayant pas respiré sera toujours très lente, et les viscères conserveront leur aspect primitif pendant un temps très long.

Tout autre est le cas chez un enfant nouveau-né ayant respiré.

L'air, en pénétrant dans les alvéoles pulmonaires, dans l'estomac, entraîne les poussières de l'atmosphère en même temps que les microorganismes qui s'y trouvent en suspension.

Ces germes se développent plus ou moins rapidement, suivant la température, amènent la désagrégation des cellules et pénètrent ensuite dans le système circulatoire.

Ces micro-organismes produisent de grandes quantités de gaz qui favorisent la dissémination des germes dans toute l'étendue du pétit cadavre par une sorte de circulation nouvelle.

Chez l'enfant qui n'a respiré qu'imparfaitement, c'est-à-dire chez celui qui, pour une cause quelconque, n'a pu pratiquer des inspirations assez complètes pour permettre à l'air de pénétrer profondément dans toutes les alvéoles pulmonaires, on rencontre des phénomènes analogues à ceux que nous venons de décrire; la différence ne réside plus que dans la rapidité de la putréfaction, qui est moins grande et en quelque sorte localisée à certains endroits bien définis; la putréfaction, dans ces conditions, se trouve être en relation directe avec le plus ou moins d'intensité des actes respiratoires antérieurs.

Si nous envisageons d'abord les caractères extérieurs des poumons, nous remarquerons qu'ils n'offrent plus cette teinte uniformément rosée du poumon qui a respiré; on voit, au contraire, des ilots rosés, disséminés sur la partie superficielle et séparés les uns des autres par des masses relativement considérables de tissu hépatisé ne crépitant pas sous les doigts.

On trouve alors fréquemment dans ce cas des bulles de gaz qui soulèvent la plèvre, la décollent d'une façon irrégulière : ces bulles

de gaz sont produites par la putréfaction et se rencontrent toujours sur la partie du poumon qui a conservé l'aspect hépatisé et non pas sur les îlots rosés que nous signalons plus haut.

Ces poumons flottent plus ou moins bien lorsqu'on les jette dans l'eau; ils surnagent encore moins bien lorsqu'on a crevé ces bulles de gaz avec une épingle.

Chez le nouveau-né ayant respiré et absorbé des aliments, la putréfaction a pour point de départ l'intestin; la décomposition cadavérique. suit une marche identique à celle qui se produit chez l'adulte.

Des nombreuses expériences que nous avons faites, expériences qui ont été répétées par MM. le D' Malvoz et Dallemagne, il résulte que la putréfaction du poumon qui n'a pas respiré se caractérise surtout par des phénoménes de liquéfaction.

Les animaux placés en expérience soit dans la terre, soit abandonnés à l'air libre, ou plongés dans des liquides putrides, n'ont jamais présenté de caractères de la putréfaction gazeuse. M. le professeur Malvoz n'a obtenu de résultats différents que dans le cas où l'animal était suspendu par la tête, avec une bouillie composée de terre de jardin diluée dans de l'eau, et introduite dans la gorge.

Cette expérience pratiquée dans des conditions particulièrement favorables à l'introduction de micro-organismes dans l'arbre bronchique démontre, au contraire, la nécessité de l'introduction de germes appartenant au milieu extérieur pour amener la décomposition gazeuse du poumon qui n'a pas respiré.

Nous concluons donc en disant que la putréfaction chez le nouveauné qui n'a pas respiré ne peut pas provoquer de phénomènes susceptibles de modifier la densité des poumons, et que la putréfaction gazeuse pulmonaire est donc fonction de la respiration.

RECHERCHES EXPÉRIMENTALES RELATIVES A L'INFLUENCE

DE LA DÉCOMPOSITION DES GAZ SUR L'APTITUDE A SURNAGER DES POUMONS DES NOUVEAU-NÉS

par G. PUPPE et E. ZIEMKE,

Docent à l'Université de Berlin.

MESSIEURS,

J'ai l'honneur de vous rapporter les recherches faites en commun avec M. le D' Puppe, docent de l'Université de Berlin.

Nous nous sommes occupés de savoir s'il est possible que les poumons des nouveau-nés, qui n'ont pas encore respiré, deviennent flottants par la décomposition, de façon à s'illusionner sur un résultat positif de la docimasie pulmonaire.

Sans doute, cette question est d'un intérêt pratique.

Si vous prenez en considération, qu'au médecin légiste dans sa pratique journalière, on remet très souvent des nouveau-nés à fin d'autopsie, dans un état de décomposition plus ou moins avancé, et qu'il doit décider, sur cet objet peu approprié, la question si l'enfant a vécu et respiré ou non, s'il s'agit d'un meurtre, ou si l'enfant est mort-né, vous voudrez bien convenir avec moi, de l'importance pratique de la question, et combien il est nécessaire de savoir, si l'épreuve, c'est-à-dire la docimasie pulmonaire qui doit se décider en première ligne -par les modifications qui se produisent après la mort dans les poumons, peut être ébranlée dans sa force démonstrative.

Comme on le sait, parmi les objections qu'on soulève depuis longtemps contre la valeur de la docimasie pulmonaire, on rencontre aussi l'assertion, que les poumons des nouveau-nés qui n'ont pas encore respiré, deviennent flottants à la suite de la décomposition des gaz. Ainsi, E.-V. Hoffmann déclare, dans son fameux Manuel de médecine légale, que la propriété de flottaison des poumons par elle-même ne prouve rien autre chose, sinon que dans les poumons se trouve de l'air et qu'on n'est autorisé à tirer une conclusion ultérieure, à savoir, que cet air a pénétré par la respiration, que si d'autres circonstances sont exclues, par lesquelles l'air a pu pénétrer dans les poumons, comme par exemple, par la décomposition. Et dans son atlas, planche 6, est figuré un poumon devenu gazeux à la suite de la décomposition, complètement flottant, malgré sa provenance d'un enfant mort-né ou vivant, mais qui dans tous les cas ne pouvait pas encore respirer.

Strassmann se trouvait en présence de cas où les poumons des enfants mort-nés sont devenus flottants par la simple décomposition, et déclare comme faux, de supposer que les poumons des nouveaunés, ne peuvent pas en général devenir flottants à la suite de la décomposition.

Toute une série d'observateurs, à l'encontre, se sont tenus sur la réserve; déjà Jamassia, dans un travail de 1876, sur la décomposi tion du poumon, a contesté le fait, que les poumons des nouveau-nés peuvent devenir flottants seulement par les modifications de la décomposition. D'après lui, les poumons n'acquièrent la propriété de surnager que si l'air a pénétré dans les bronches par la respiration.

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