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accident, le blessé présente des troubles cardiaques, sont-ils bien le fait du traumatisme? N'existaient-ils pas auparavant?

Dans un cas qu'il a eu à observer il n'y eut aucun doute, le blessé avait été ausculté quinze jours avant l'accident par M. Dumontpalier qui n'avait pas trouvé de lésion. Cet individu, en descendant d'omnibus, est pressé contre une voiture. Rentré chez lui, on l'ausculte et on trouve une insuffisance aortique.

Comment, dans les cas qui ne sont pas aussi bien caractérisés, faire le diagnostic précis et affirmer que la maladie est bien d'origine traumatique?

M. Brouardel a observé qu'au cours de l'évolution d'une insuffisance aortique il y a des variations du tracé sphygmographique qui peuvent indiquer l'âge de la lésion.

Pendant la période d'évolution le tracé est irrégulier puis au moment de la cicatrisation le tracé reprend une allure régulière.

Il y aurait peut-être là un moyen de contrôle par le sphygmographe permettant de conclure à l'installation récente ou ancienne de l'insuffisance aortique.

Au point de vue du pronostic, même difficulté. Un homme politique bien connu reçut un coup de pistolet dans la région précordiale, il y avait à cet endroit une forte ecchymose de la paroi. M. Brouardel appelé à l'examiner constata, pendant le premier et le deuxième jour, des troubles de la contraction cardiaque, de la tachycardie. Aucune lésion valvulaire.

Cinq ou six mois après, cet homme qui était un grand marcheur, disait qu'il ne pouvait plus faire de courses. M. Brouardel constata un début d'affection mitrale qui finit plusieurs années après par la mort. L'évolution s'est faite en quatre ou cinq ans,

Il s'est donc produit à la suite du traumatisme une endocardite à évolution lente. Au moment de la constatation de la lésion, l'expert aurait été incapable de fixer un semblable pronostic.

M. LAUGIER fait remarquer que le cas de M. Brouardel est unique. Dans la revue qu'il a faite des observations publiées, il n'a pas trouvé signalé le fait d'un traumatisme par balle de revolver, déterminant une maladie du

cœur.

M. DUFOUR demande si on ne pourrait pas faire intervenir l'influence du système nerveux. La tachycardie primitive amenant progressivement une maladie organique du cœur. Il a observé des cas semblables à la suite d'une collision de voitures.

M. DESCOUST dit que dans les expériences qu'il a entreprises sur les animaux, il a observé qu'un traumatisme intense n'était pas nécessaire pour créer les lésions valvulaires.

Il n'a pas calculé en kilogrammes l'effort nécessaire à développer, mais il serait possible de l'établir expérimentalement.

M. BROUARDEL répond à M. Dufour qu'il ne connaît pas de cas de troubles nerveux cardiaques, sauf dans la maladie de Basedow, qui aient entraîné des altérations valvulaires.

DÉTERMINATION DU MOMENT DE PRODUCTION

DES ECCHYMOSES SOUS-PLEURALES DANS LES ASPHYXIES MÉCANIQUES

par le docteur F. SARDA,

de Montpellier.

L'année dernière, un de mes élèves, le docteur Jules Paraire, a réuni dans sa thèse inaugurale un certain nombre d'expériences faites à mon cours de médecine légale et quelques-unes qu'il avait pratiquées lui-même sous ma direction'. Le point de départ des unes et des autres, touchant la question particulière qui fait l'objet de la présente communication, est un fait médico-légal qui m'avait particulièrement frappé. Il s'agissait d'une autopsie au cours de laquelle j'avais trouvé des ecchymoses sous-pleurales produites certainement par une asphyxie mécanique (suffocation) qui avait été le point de départ d'une pneumonie traumatique à laquelle avait succombé le blessé.

Les expériences connues de mon éminent collègue et maître, M. le professeur Brouardel, l'ont conduit à cette affirmation que les ecchymoses sous-pleurales se forment immédiatement avant la mort. S'il en était toujours ainsi, j'aurais dû, dans le cas médico-légal en question, admettre que le traumatisme (compression du thorax) avait entraîné une asphyxic de longue durée, puisque la mort n'était survenue que quelques jours après. Je n'ai pas jugé ainsi. J'ai pensé, au contraire, me basant sur l'aspect des ecchymoses, qu'elles avaient suivi de très près le traumatisme. C'est pour vérifier le bien fondé de cette opinion, que j'ai réalisé les expériences dont le résumé et les résultats font l'objet de la présente communication.

Toutes ces expériences ont été faites par moi-même, ou sous mes yeux, par mon préparateur, le Dr Dusser, dont le concours m'a été précieux en cette circonstance.

A). Nous avons choisi le genre d'asphyxie qui donne le plus facilement et le plus régulièrement des ecchymoses sous-pleurales nombreuses la suffocation, et, parmi les moyens de la produire, le plus facile : l'oblitération des voies aériennes par un corps étranger (linges).

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Les animaux chez lesquels nous avons expérimenté sont des

1. Les ecchymoses sous-pleurales. Modes de production. Importance médicolégale.

cobayes, des lapins et des chiens, que nous avons sacrifiés par section du cou après ligature préalable des vaisseaux, pour éviter l'hémorragie.

Dans un premier groupe de faits, la section du cou a été opérée au moment des convulsions ultimes.

Dans un deuxième groupe, nous avons pratiqué cette section au moment des inspirations brusques et saccadées.

Dans un troisième groupe, la section a été faite au moment des inspirations rapides de la première minute, avant la mort apparente, Dans un quatrième groupe, enfin, les animaux étaient sacrifiés vers le milieu de la première minute, lorsqu il n'existait encore que de légères modifications des mouvements respiratoires.

Dans toutes ces expériences, l'autopsie a révélé la présence d'ecchymoses sous-pleurales.

Celles-ci peuvent done apparaître à tous les stades de la suffocation. Elles semblent être le résultat de la gêne respiratoire, lorsque celle-ci apparait avec intensité et brusquerie.

B). Nous avons modifié le mode opératoire de la façon suivante. Au lieu de sacrifier l'animal dans les divers stades de l'asphyxie, nous supprimions l'obstacle, pour permettre le rétablissement complet de la respiration et de la circulation; et nous attendions, pour sacrifier l'animal, le retour complet à la vie.

Les résultats ont été absolument identiques aux premiers.

Dans toutes ces expériences, des animaux témoins ont prouvé que le genre de mort était, par lui-même, incapable de produire les ecchymoses sous-pleurales.

Je dois ajouter que ces ecchymoses, rares à la fin du premier stade, augmentent en nombre et en évidence au fur et à mesure qu'on se rapproche de la mort.

C). Nous avons obtenu les mêmes résultats chez des cobayes en plaçant une ligature sur la trachée préalablement isolée des vaisseaux et des nerfs.

D). Il était intéressant, en présence de ces résultats, qui justifiaient mon opinion au sujet du cas médico-légal dont j'ai parlé, de recourir au procédé opératoire de M. le professeur Brouardel.

Nous avons donc repris nos expériences de suffocation par oblitération des voies aériennes et de ligature de la trachée sur des animaux dont la plèvre était rendue visible par une fenêtre pratiquée à la paroi antéro-latérale droite du thorax. Après avoir rabattu un lambeau musculo-cutané de 2 centimètres carrés, nous réséquions une côte. Nous avons eu soin, chaque fois, de protéger le poumon

MÉDECINE LÉGALE

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contre les traumatismes résultant de l'expansion brusque de l'organe et de son application contre une ouverture à parois tranchantes.

Comme dans les précédentes expériences et tout aussi nettement, nous avons vu se former les ecchymoses sous-pleurales au moment où se montrent les inspirations brusques et saccadées du début du second stade. Ces ecchymoses augmentent en nombre jusqu'à la fin de la vie.

C'est surtout chez le cobaye et le lapin que ces derniers résultats ont été obtenus. C'est peut-être la raison du désaccord entre mes résultats et ceux de M. Brouardel. Mais j'ai choisi ces animaux à cause de leur sensibilité expérimentale qui, pour le cas particulier, les rapproche des nouveau-nés.

LES ECCHYMQSES SOUS-PLEURALES DANS LA SUBMERSION EXPÉRIMENTALE par le docteur SARDA

Tous les médecins légistes admettent aujourd'hui que la mort par submersion s'accompagne parfois de production de taches ecchymotiques sous-pleurales. Mon intention n'est pas d'élucider le mécanisme qui préside à la formation de ces taches, mais de rechercher la raison des particularités que présentent sous ce rapport les poumons des noyés. On sait que ces ecchymoses, qui manquent souvent, sont, dans bien des cas, larges, irrégulières, pâles, bien différentes, en un mot de celles qu'on observe dans la mort par suffocation. D'autre part, l'observation a montré que dans certaines circonstances on se trouve en présence d'ecchymoses petites, régulières, d'un rouge plus ou moins foncé, véritables taches de Tardieu.

D'où vient cette différence?

Déjà, l'année dernière, à la suite de nombreuses expériences pratiquées dans mon laboratoire en présence des étudiants, j'ai pu conclure, avec M. le professeur Brouardel, que les ecchymoses petites, régulières, foncées, sont le fait de la mort rapide. J'ajoutais que l'absence d'ecchymoses appartenait à la catégorie des faits dans lesquels la survie est très longue.

J'ai repris récemment ces expériences. Elles ont servi aux démonstrations pratiques faites par mon préparateur le D' Dusser.

En voici quelques-unes, choisies dans six groupes, et qui résument très bien toutes les autres.

I. - Un chien adulte pesant 7 kilogrammes est plongé dans la cuve à eau. On lui avait, au préalable, lié les pattes de derrière. Un poids de 4 kilogrammes attaché aux pattes de devant rendait impossible la respiration à la surface du liquide. La mort survient en trois minutes et demie. A l'autopsie, nombreuses ecchymoses sous-pleurales, petites, rondes, régulières, de coloration foncée.

II. Un cobaye est plongé dans la cuve à eau et empêché de venir respirer à la surface du liquide. Il meurt au bout de trois minutes. A l'autopsie, nombreuscs taches ecchymotiques sous-pleurales, petites, régulières, rouge foncé.

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III. Un cobaye adulte est plongé dans la cuve à eau et maintenu au fond jusqu'au moment de la mort, survenue à la cinquième minute. Il n'a pas fait une seule inspiration hors de l'eau. A l'autopsie, nombreuses ecchymoses sous-pleurales, plus larges, plus pâles, moins régulières que celles de la suffocation.

IV. — Un cobaye adulte est plongé dans l'eau. Il a les pattes libres et vient souvent respirer à la surface. Au bout de six minutes, on le retire de l'eau; on laisse la respiration et la circulation se rétablir complètement; puis on sacrifie l'animal par section du cou. Ecchymoses sous-pleurales très nombreuses, grosses, pâles. irrégulières. V. Un chien adulte de petite taille, du poids de 5 kilogrammes, est plongé dans l'eau, les pattes de derrière liées. L'animal peut, par intervalles, venir faire quelques inspirations à la surface. Il meurt au bout de neuf minutes. Quelques taches ecchymotiques larges, irrégu lières, pâles.

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VI. Un chien adulte pesant 6 kilogrammes est plongé dans l'eau, les pattes de derrière liées par une corde au bout de laquelle est un poids d'un kilogramme. L'animal remonte souvent à la surface pour respirer. Il meurt pendant la dixième minute. Pas de taches ecchymotiques.

Tel est, je le répète, le tableau qui résume les expériences, au nombre de 52, que j'ai pratiquées.

Je dois ajouter que chez les animaux trachéotomisés au préalable, les ecchymoses sous-pleurales sont généralement absentes, même quand la mort survient rapidement. C'est là un fait particulier sur lequel je reviendrai plus tard.

L'interprétation de ces faits me paraît facile. Lorsque la mort est brusque, les phénomènes ressemblent à ceux de la suffocation. C'est. dans les deux cas, la privation d'oxygène qui entraîne la mort. Si l'animal survit quelque temps (quatre à six ou sept minutes) une quantité de plus en plus considérable d'eau pénètre dans les poumons;

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