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pas en Angleterre de législation tendant à utiliser le concours de la science médicale pour l'administration de la justice.

Au commencement du XIXe siècle, la science de la jurisprudence médicale en Amérique ne jouissait, ni dans la profession légale, ni dans la profession médicale du rôle auquel lui donne droit son importance.

On peut bien dire qu'à cette époque-là, la jurisprudence médicale était en décadence parmi les nations et les peuples parlant la langue anglaise.

En Angleterre les écrits de Farre, Dease, Male et Haslem réfléchissaient le progrès et la condition de la science. Si les États-Unis n'ont pas fait de grands et palpables progrès dans le domaine de la médecine légale, c'est qu'ils étaient au lendemain de la guerre révolutionnaire, cette lutte pour l'émancipation et la liberté qui a posé les fondations de la nation américaine sur les principes des droits de l'homme tels qu'ils sont énoncés dans la déclaration de l'indépendance américaine.

Parmi ceux qui cultivèrent la science à cette époque, il faut citer le plus illustre, D' Benjamin Rush, de Philadelphie, un des signataires de la déclaration précitée; il était professeur de chimie à l'École de médecine de Philadelphie et à l'Université de Pensylvanie, ses travaux couvrent une longue période commençant en 1769 et se terminant par sa mort qui survint en 1813. Il occupait la chaire de médecine théorique et pratique, ainsi que celle de physique expérimentale ; il a laissé seize conférences, dont la dernière traitait de la jurisprudence médicale et fut donnée en 1810 à l'Université de Pensylvanie. L'aliénation mentale, la capacité testamentaire et la responsabilité légale des criminels, tels sont les principaux points développés dans ladite conférence.

Le D' Thomas Cooper, qui avait siégé comme juge dans les tribunaux de la Pensylvanie, était professeur de chimie et de minéralogie à l'Université de Pensylvanie: il est l'auteur d'un « Traité de Jurisprudence médicale ».

En 1829, le Dr J. Bell, de Philadelphie, publia un discours sur le même sujet, et il fit à l'Institut médical de Philadelphie, une série de conférences sur la Jurisprudence médicale dont il publia plus tard un résumé.

Le professeur Robert Eglesfield Griffith, M. D. de l'Université de Maryland et maître de conférences à l'Université de la Virginie en 1832, publia avec des notes et des commentaires la première édition américaine du livre de Michael Ryan sur la « Jurisprudence

médicale », qui fut éditée par Caree et Ley, à Philadelphie, où résidait alors le professeur Griffith et où il mourut en 1850, à la fin de la première moitié du siècle.

Mais il n'y a pas de savant américain auquel la science de Jurisprudence médicale soit plus redevable qu'au professeur Théodoric Romeyn Beck, M. D., L. L. D.

Né à Schenectady, N. Y., le 11 août 1791, il mourut le 19 novembre 1855; il finit ses études secondaires à Union College, à l'âge de 16 ans, et passa son doctorat à l'École de médecine et de chirurgie de New-York, en 1811. Le collège de Mercersburg, en Pensylvanie, et le collège Butgers, de New-Jersey, lui conférèrent le grade de Docteur en droit.

En 1815, il fut nommé maître des conférences de Jurisprudence médicale à l'Ecole de médecine et de chirurgie de New-York, et en 1826, il fut nommé professeur de Jurisprudence médicale de la même Ecole et il occupa cette chaire jusqu'en 1840.

En 1823, il publia son « Traité de Jurisprudence médicale », qui fut traduit tour à tour en français et en allemand et eut plusieurs éditions; de l'aveu de tous, c'était le meilleur ouvrage de l'époque sur cette branche de la science; on le trouvait souvent dans la bibliothèque des avocats, ainsi que des médecins.

Cet homme illustre consacra quarante années de sa vie à l'avancement et au progrès de la science; la période de son activité couvre la première moitié du siècle.

En 1863, à Albanie, capitale de l'Etat de New-York, en parlant à l'Assemblée législative de son Etat natal sur le projet de l'établissement d'une Université, il demanda la création d'une chaire de jurisprudence, en médecine légale, et à l'appui de sa demande il dit : « Il y a un homme encore vivant (Orfila) qui a une telle connaissance de la nature et de l'action des poisons, qu'on l'appelle pour examiner des cas non seulement par toute la France, mais aussi en Belgique ; il n'y a pas longtemps, il fut appelé en Belgique, et ce fait attira alors l'attention de toute l'Europe. Je maintiens qu'il doit y avoir deux ou trois personnes de cette nature, nommées et payées par le Gouvernement pour remplir cette importante position. >>

En considérant le progrès de la Jurisprudence médicale au XIXe siècle, il est bon, pour en faciliter la comparaison, de diviser le siècle en trois périodes : la première comme nous l'avons déjà fait; la seconde commençant par les travaux du professeur Beck et s'étendant à quelques années au delà de la première moitié du siècle.

Après Beck, le plus illustre savant en médecine légale, surtout

dans la branche spéciale de l'aliénation mentale, c'est le D' Isaac Ray, M. D.

Il est sans contredit le premier aliéniste de l'Amérique; son traité de « la Jurisprudence médicale de la Folie » n'a jamais été surpassé : dans le siècle où il vécut et écrivit, aucun ouvrage n'a fait une impression aussi profonde et aussi durable sur l'esprit humain.

ll fit des conférences sur l'aliénation mentale à l'Ecole de médecine <«< Jefferson »; ses écrits sur la pathologie mentale publiés en 1873, vinrent enrichir cette branche de la médecine légale.

En considérant la Jurisprudence médicale au point de vue de la pathologie mentale, nous devons la classifier en plusieurs subdivisions générales une de ces subdivisions serait : « La médecine légale dans ses rapports avec la folie »; dans cette branche de la science, le D' Ray occupe le premier rang.

A côté du nom du Dr Ray nous devons mentionner quelques-uns des premiers aliénistes: Pliny Earle; Allan McLane Hamilton; Henri P. Stearns; D John, P. Gray, d'Utica, N.Y.; professeur Chas. H. Hughes; William A. Hammond; professeur Charles K. Mills, de Philadelphie; D W. W. Godding; D' George M. Beard; D' Nichols, de l'asile des aliénés « Bloomingdale », à New-York; et un grand nombre de savants et d'érudits parmi les surintendants et les directeurs des asiles d'aliénés de l'Amérique; il faut mentionner spécialement ceux d'entre eux qui se sont consacrés à la névrologie et à la psychiatrie et dont les noms illustres ornent la brillante galerie des savants aliénistes américains.

Aucun ouvrage contemporain n'exerça peut-être une influence plus grande au dix-neuvième siècle que le traité du D' Alfred S. Taylor, sur la Jurisprudence médicale; l'influence de ce livre dépasse même celle des écrits de John C. Bucknill et du D' Hack Tuke, ouvrages qui à leur tour avaient une grande valeur et méritaient des éloges.

C'est à cette époque que parurent les écrits splendides de Chaudé et Briant, mais étant en français, ils ne purent rivaliser avec ceux de Bucknill.

<< La Jurisprudence médicale » de Taylor fut reconnue universellement comme un traité modèle, et Beck lui-même, qui occupa longtemps le premier rang, dût cependant céder la place à Taylor; cet ouvrage eut plusieurs éditions dont la douzième et la dernière fut complétée en 1897.

Parmi les juristes qui se sont adonnés à l'étude de la médecine légale et qui se sont distingués dans le dernier tiers du xixe siècle, il faut mentionner tout d'abord le président Doe de la Cour suprême

:

de New Hampshire; à lui, plus qu'à tous les autres juristes américains, nous sommes redevables pour l'abolition dans plusieurs États, de l'innovation faite dans la loi anglaise par les juges subséquemment au procès McNaughton, innovation qui faisait de la connaissance du bien et du mal le critérium de la responsabilité criminelle des aliénés. Ses collègues, le juge Ladd, de la Cour suprême de New Hampshire et le juge H. M. Somerville, de la Cour suprême d'Alabama, qui rédigea la décision de la Cour de l'Etat affirmant ce qui a été connu depuis lors sous le nom de « Doctrine du New Hampshire », ces deux collègues du juge Doe, disons-nous, ont droit à des éloges et à la reconnaissance publique.

Prenez en considération les opinions du Chief Justice Doe de la Cour suprême de New Hampshire, de l'Associate Justice Ladd de la même Cour, du juge H. M. Somerville de la Cour suprême d'Alabama ; du juge Montgomery de la Cour suprême du district de Columbia et du juge Dillon d'Iowa, tous membres de la Société de Médecine légale; examinez aussi les opinions de M. Shaw, de Massachusetts; d'Edmonds, de New York; de Bell et Perley, de New Hampshire; comparez ensuite ces opinions avec le langage du Lord Chancellor d'Angleterre à une période aussi avancée que 1862; en parlant de la folie à la Chambre des Lords il déclara que : « l'introduction des opinions et des théories des médecins dans cette question a été basée sur un principe erroné qui consiste à considérer la folie comme une maladie », et il se prononça contre « le progrès de cette mauvaise habitude de supposer que c'était une infirmité physique ».

C'était moins de cent ans avant cette déclaration (1769) que le Lord Chancellor Blackstone disait : « Renier la possibilité, que dis-je, l'existence actuelle de la sorcellerie et de la magie, c'est contredire en même temps la révélation divine », et il ajoutait : « la chose en soi est une vérité attestée par toutes les nations du monde. »

Parmi les membres illustres du barreau qui ont pris part aux travaux de la Société et contribué à son progrès, nous devons mentionner particulièrement : l'hon. David Dudley Field; l'hon. E. A. Stoughton ; le juge A. L. Palmer, de la Cour suprême du Nouveau-Brunswick ; Sir John C. Allan, premier président de la même Cour; le juge W. D. Ilardin, de Savannah, Georgie; le juge Charles P. Daly et M. Austin Abbott; cette liste ne contient pas les noms illustres de ceux qui sont encore en vie; et parmi les médecins : D' Carnochan; D' S. B. W. McLeod, et D Fordyes Barker.

Parmi les éminents collaborateurs français qui ont participé aux travaux et labeurs de la Société de Médecine légale, nous relevons les

noms suivants : D' T. Gallard, ancien secrétaire de la Société de Médecine légale de France; D' Louis Penard, ancien président de la Société de Médecine légale de France; M. Devergie, ancien président de la Société de Médecine légale de France; M. Ernest Chaudé, ancien Président de la Société de Médecine légale de France; D' Devilliers, ancien président de la Société de Médecine légale de France; D' Benjamin Ball, auteur et écrivain; D' Emile Horteloup; Dr Lunier; D' Brière de Boismont; Dr Chevalier; D' Legrand du Saulle; M. Hemar, ancien président de la Société de Médecine légale de France; D' Auguste Voisin; D Charpentier; professeur D' Luys; Marcel Briand; Dr Foville.

Les éminents savants contemporains qui ont contribué au progrès de la Jurisprudence médicale en Amérique sont: M. le professeur Brouardel; D Motet; Dr Lutaud; D' A. Leblond; D' Magnan; DTM Ritti; D' Christian; D' Bertillon; D' Forel.

Les membres honoraires décédés de la Société de médecine légale sont les suivants : le professeur Francis Warton, qui écrivit des ouvrages sur le Droit international; D' Devergie, président de la Société de Médecine légale de France; D' Louis Pénard, ancien président de la Société de Médecine légale de France; le professeur Charcot, de Paris; Sir James Fitz Stephen, de Londres, Angleterre; D' Frank H. Hamilton, de New-York; l'hon. Chas. P. Daly, de New-York; D' John C. Bucknill, Chancellor's Visitor in Lunacy, de Londres; Dr D. Hack Tuke, de Londres; D' Fordyce Barker, de New-York.

TOXICOLOGIE

Les plus illustres chimistes dont le peuple américain peut se glorifier sont le professeur Wormley, de Philadelphie; le professeur John J. Reese, de Philadelphie; le professeur R. Ogden Doremus, ancien président de la Société de Médecine légale de New-York; le professeur Victor C. Vaugha, de l'Université d'Ann Harbor, Michigan, et le Dr Henry Luffmann, de Philadelphie.

Le professeur Théodore G. Wormley succéda au professeur R. R. Rogers comme titulaire de la chaire de Toxicologie du département de médecine de l'Université de Pensylvanie, en 1877; il occupa cette chaire avec distinction jusqu'à sa mort, qui survint en 1897; son ouvrage sur l'Analyse chimique des Poisons à l'aide du microscope est un monument d'érudition; la profession médicale, le barreau et la magistrature le reconnaissent comme un modèle dans son genre et une autorité; il prit part aux travaux du Congrès international de

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