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de la reine se contentaient de répondre qu'ils étaient étrangers à toutes ces regrettables affaires. Ne doutant pas cependant que l'inertie du Gouvernement français pût avoir prochainement une fin, ils tentèrent de gagner du temps en envoyant une ambassade en Europe. Quand elle arriva, le 18 octobre, à Paris, elle y trouva le Cabinet Duclerc qui ne se laissa point intimider par elle. Alors elle se rendit en Angleterre.

§ VIII. AFFAIRE DE PANAMA. Le montant du premier quart du montant des actions de Panama versé au début de 1881, se trouvait déjà grevé par avance et fut bien vite épuisé. Un deuxième quart fut versé en juin 18821.

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§ IX. EXTÉRIEUR. La question d'Orient donna lieu en 1882 à divers conflits d'importance secondaire, spécialement entre l'Autriche et la Bosnie et l'Herzégovine. Une commission relative à la navigation du Danube régla cette question en conformité avec la proposition du délégué français, M. Barrère. En Allemagne, Bismarck prit, vis-à-vis du Parlement, des allures autoritaires qui lui attirèrent une vive opposition. Il faisait voter des lois qui avaient pour but de mettre fin à la situation très tendue créée par les lois de mai et le kulturkampf; en même temps, il inaugurait sa politique des lois ouvrières. En Russie, le tzar transporta à l'Etat les dettes des paysans émancipés envers les anciens seigneurs et en facilita l'extinction. Des persécutions contre les juifs russes nèrent une exode considérable de ceux-ci vers l'Europe libérale et l'Amérique. De Giers ayant succédé à Gortschekoff, démissionnaire, visita les cours européennes, et reçut, notamment en Allemagne, un accueil des plus froids. En Angleterre, la question irlandaise restait toujours grave. Gladstone allait essayer des mesures d'adoucissement, lorsque l'assassinat de lord Cavendish, secrétaire pour l'Irlande, lui fit faire volteface. Il réclama un bill de coercition qui fut trouvé trop sévère sur certains points. La Chambre des lords aida à l'apaisement sur la question des fermages et la Ligue agraire se trouva dissoute A la fin de 1882, Gladstone, fatigué, abandonna ses fonctions de premier lord de la Trésorerie pour rester uniquement << Premier ».

1 Comme même, après ce versement, il ne restait plus que 41 millions disponibles 'assemblée générale des actionnaires autorisa une émission d'obligations. Il lui avait été déclaré qu'on arriverait à un trafic de 9 à 10 millions de tonnes au lieu de 5 1/4 à 7 millions prévus par la commission d'études.

A l'heure où l'on parlait ainsi, il n'avait encore été exécuté que pour 1.481.000 francs de travaux. Bientôt l'actif disponible descendait au-dessous de 18 millions.

VII

15*

La Serbie fut érigée en royaume sous le gouvernement de Milan Ier. Son avènement fut le début d'agitations parlementaires et politiques dans ce pays.

§ X. ARTS. LETTres. Sciences. — En 1882, parut une Histoire sans nom, de Barbey d'Aurevilly. Jean-Paul Laurens acheva les peintures du Panthéon. Représentation de Françoise de Rimini, d'Ambroise Thomas. Inauguration du Musée ethnographique et du Musée de sculpture comparée, au Trocadéro. Inauguration de l'Hôtel de Ville de Paris, reconstruit, mais non encore achevé.

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§ XI. NÉCROLogie. En 1882 sont morts: le poète Auguste Barbier, Garibaldi, l'ingénieur Henry Giffard, le critique d'art Charles Blanc et son frère Louis Blanc, Darwin, Quicherat, le peintre Jadin, le sculpteur Jouffroy, le compositeur Edmond Membrée, l'avocat Lachaud.

§ XII. MORT DE GAMBETTA. Pour quiconque avait l'âge d'homme, la matinée du 1er janvier 1883 est demeurée à jamais inoubliable. Une nouvelle se répandit : « Gambetta est mort! » Et dans la France entière, des plus hautes cimes sociales jusqu'aux couches profondes de la nation, et dans toute l'Europe il y eut comme un coup de stupeur. Gambetta mourait en pleine jeunesse, à quarante-quatre ans, en pleine force, en plein épanouissement intellectuel. Une blessure banale et sans gravité avait produit des désordres graves dans tout son organisme, et les médecins qui l'entouraient n'avaient point osé risquer l'application de traitements audacieux qui l'eussent peut-être sauvé. De taille un peu supérieure à la moyenne, de très forte corpulence, le teint coloré, Gambetta, grâce à cette admirable bonne humeur qui était l'une des forces de son génie, donnait, au premier abord, l'impression de la vigueur et de la santé, mais ceux qui le connaissaient mieux, n'ignoraient pas qu'il était épuisé par quinze années d'un labeur excessif, auquel il s'était donné tout entier corps et âme. Il mourait dans cette humble maisonnette des Jardies, à Ville-d'Avray, qu'il avait récemment acquise pour y trouver de temps en temps le repos dont, sans l'avouer, il ressentait l'impérieuse nécessité.

La douleur nationale ne s'y trompait pas, la mort de Gambetta était un malheur public à jamais irréparable.

En 1883, l'avenir était encore gros de menaces, on avait toujours compté sur Gambetta pour le jour des luttes suprêmes, soit au dehors, soit au dedans. Qui donc pourrait le remplacer? Et

l'inquiétude était profonde, autant parmi ses amis que parmi ses adversaires de la veille.

Les Chambres décidèrent qu'il lui serait fait des funérailles nationales. Son corps fut ramené de Ville-d'Avray à Paris et exposé à la présidence de la Chambre des députés. Sans distinction de partis, dans une communion de tristesse universelle, les assistants par centaine de mille suivirent respectueusement son convoi en tête duquel marchaient le corps diplomatique au complet et les grands corps judiciaires et politiques. Tous les généraux français, alignés et marchant au pas comme un bataillon de simples fantassins, témoignaient de leur reconnaissance et de leur admiration pour celui, qui, après avoir été le chef de l'armée pendant la guerre, avait voué sa vie au relèvement des forces militaires de la nation.

Grévy, s'en tenant aux lois de l'étiquette, se fit représenter strictement selon les règles protocolaires. On compta jusqu'à trois millle délégations et onze cents couronnes.

Le père de Gambetta voulut absolument que le corps de son fils reposât dans le tombeau de famille, qui est à Nice.

Pour la plupart, ceux qui l'avaient le plus violemment, le plus cruellement combattu tinrent à l'honneur d'apporter au grand patriote le témoignage de leur admiration, et d'aucuns, l'expression de leur repentir.

La plupart des villes et des villages de France donnèrent sans délai le nom de Gambetta à l'une de leurs voies les plus importantes. Le Conseil municipal en exercice de Paris ne lui rendit pas ce suprême hommage.

Le 5 janvier, au moment où se préparaient les funérailles de Gambetta l'un de ses glorieux collaborateurs, le général Chanzy, expirait subitement à Châlons-sur-Marne, siège de son commandement.

§ XIII. TROISIÈME DÉCLARATION DU CABINET. Les Chambres reprirent leurs travaux le 9 janvier. M. Brisson fut réélu président de la Chambre et Le Royer président du Sénat à une importante majorité. A noter parmi les vice-présidents: Sadi Carnot.

Une troisième déclaration, assez étendue et qui n'était qu'une sorte d'historique de la question d'Egypte et la constatation de l'état de choses existant fut apportée. Le ministère Duclerc établissait qu'il avait fait de son mieux pour ne pas «< accepter une situation trop amoindrie », et pour sauvegarder la dignité de la France en refusant de ratifier les actes de l'Angleterre.

§ XIV. MANIFESTE DU PRINCE NAPOLÉON. Le 16 janvier furent placardées des affiches signées : Napoléon. Fort longuement, elles développaient en une série de phrases courtes, pastiches du style militaire de Napoléon Ier, les griefs les plus vifs contre le Gouvernement républicain. Le prince Jérôme-Napoléon Bonaparte se présentait comme le successeur légitime de Napoléon III et réclamait un plébiscite, sans toutefois articuler formellement sa propre candidature.

Le Gouvernement fit lacérer les affiches, le prince Napoléon fut arrêté et incarcéré à la Conciergerie. Interpellé, le Gouvernement avait répondu que l'arrestation étant du fait d'un juge inamovible, il n'avait rien à y voir. La Chambre lui donna raison. Une motion fut présentée sur l'heure par Floquet, qui interdisait le territoire français aux membres des familles ayant régné sur la France.

A quelques jours de là, le prince Napoléon était remis en liberté, le Parquet ayant constaté l'absence totale de délit; la loi de 1881 sur la presse comportant le droit d'affichage.

§ XV. LOIS D'EXPULSION. DÉSAGRÉGATION DU CABINET. Le Gouvernement fit sienne la proposition Floquet, et, la modifiant, il déposa un projet de loi autorisant le Gouvernement à expulser les membres des familles ayant régné sur la France, quand leurs actes seraient de nature à compromettre la sûreté de l'Etat. Une nouvelle proposition fut présentée par deux députés, ayant pour objet de rayer des cadres de l'armée les membres des familles royales.

Au cours de la discussion en commission, le président du Conseil tomba malade et fut contraint d'abandonner les affaires, il dut bientôt démissionner. De même, l'amiral Jauréguiberry et le général Billot, en désaccord avec leurs collègues sur la question d'expulsion et sur celle de retrait des grades, se retirèrent.

M. Fallières, devint président du Conseil, joignant au portefeuille de l'Intérieur, dont il restait titulaire, celui des Affaires étrangères. La question d'expulsion passionnait très vivement l'opinion publique à ce moment; elle vint en discussion le 30 janvier. Mais M. Fallières fut frappé d'une syncope qui interrompit le débat. Il dut à son tour quitter le pouvoir, et ce fut le Garde des Sceaux, Devès, qui passa à la présidence du Conseil. Le lendemain, le général Billot, dont le poste était resté vacant, était remplacé par le général Thibaudin. Il apportait en ce qui concerne le retrait des grades, un argument jusqu'alors négligé celui de la loi de 1834, qui autorisait, selon lui,

la mise hors de l'armée des princes officiers. En fin de compte, le Chambre vota un projet autorisant le Gouvernement à expulser les princes et repoussa celui qui lui en imposait l'obligation.

Ainsi amendée, la loi ne trouva pas grâce devant le Sénat qui, après deux jours d'une discussion très ardente mais aussi des plus confuses, aboutit non sans peine, à l'adoption d'un contreprojet sensiblement contraire à la loi votée par la Chambre. La Chambre repoussa ce contre-projet et reprit le projet Floquet. Grâce à l'intervention de Floquet même, on arriva à une solution transactionnelle. Le Sénat, à une majorité d'une seule voix, refusa de l'adopter.

Le 18 février, les débris du Cabinet Duclerc-Fallières-Devès remettaient leur démission au Président de la République.

Le 23, le ministère suivant, faisant application de la loi de 1834, mettait en non-activité, par retrait d'emploi, le général duc d'Aumale, le duc de Chartres, colonel de chasseurs à cheval, et le duc d'Alençon, capitaine d'artillerie.

alliance.

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CHAPITRE VIII

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Préten

Le deuxième Cabinet Ferry. Rejet de la revision. Travaux parlementaires. Réforme judiciaire. Affaires de Panama. La triple Mort du comte de Chambord. Visite d'Alphonse XII. Changements ministériels. Les conventions des chemins de fer. Elections départementales. Budget de 1884. Conversion du 5 0/0. Affaires de Madagascar. -Ouest africain. - Prise de Nam-Dinh. - Mort du commandant Rivière. - Opérations militaires au Tonkin. tions de la Chine. Nouvelles attaques des Pavillons Noirs. Le Tonkin devant les Chambres. Vote de crédits pour le Tonkin. Prise de Son-Tay. Extérieur. Arts, Lettres, Sciences. Nécrologie. Session parlementaire. Loi sur les syndicats professionnels. - Loi du divorce. Loi municipale. Budget de 1884 au Sénat. Revision de la Loi constitutionnelle. Congrès d'août 1884. Loi électorale du Sénat. Madagascar. Budget de 1885. Emprunt tunisien. Tonkin, prise de Bac-Ninh et de Hung Hoa. Traité de Tien-Tsin. Modifications au traité de Hué. Guet-apens de Bac-Lé. Bombardement de Kelung. Bombardement de Fou-Tchéou. Opérations dans Négociations avortées. Affaire de Panama.

le Delta.

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Nécrologie.

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Extérieur. Lettres, Arts, Sciences. Renouvellement du Sénat. Budget extraordinaire de 1885. Lois protectionnistes. Les missions Brazza. Création de l'Etat indépendant du Congo. La conférence de Berlin. Situation militaire au Tonkin. Combat de Sheï-Poo.

Délivrance de Tuyen-Quan. Occupation des iles Pescadores. Premières dépêches de Lang-Son. - Evacuation de Lang-Son. - Affaires d'Egypte. Chute du Cabinet Ferry. Nouvelles dépêches de Lang-Son. Signature de la paix avec la Chine.

§ I. LE DEUXIÈME CABINET JULES FERRY. Les familliers de l'Elysée propagèrent le bruit de la constitution d'un nouveau

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