XIII Alors même que l'espace ne me ferait pas défaut, pourrais-je ajouter quelque chose aux lignes qui pré cèdent. Les faits ici parlent un langage bien autrement persuasif que le feraient les plus éloquentes paroles. Je vous laisse donc, mes bons petits amis, sous l'influence de toutes ces belles et bonnes actions. Ne me donnez pas un démenti, mais faites bien en sorte que l'exemple soit pour vous et autour de vous le plus contagieux possible!... 6 PROTECTION AUX ANIMAUX I 1 Au moment où, embarrassée par l'abondance des matières que je voudrais traiter dans nos trop rapides causeries, je flottais indécise entre plusieurs sujets, une carte d'invitation est venue mettre fin à toutes mes hésitations. Il s'agissait de la séance solennelle qui, tous les ans, le lundi de la Pentecôte, réunit un public d'élite autour des membres du conseil de la Société protectrice des animaux et de leurs lauréats. La séance aura lieu cette année au Châtelet, et je ne doute pas que l'enceinte de ce théâtre, le plus vaste de Paris (il contient 3,500 places), ne soit encore trop étroite pour recevoir les sympathiques invités de cette œuvre si essentiellement moralisatrice (1). (1) Cette prévision a été largement justifiée. Comme aux jours des plus intéressantes représentations, la salle était comble. Pas une place n'a été perdue, de telle sorte que plusieurs milliers de personnes, après avoir pris part à cette intéressante Ce mot moralisatrice, appliqué à une société qui se déclare elle-même protectrice des animaux, c'està-dire d'êtres pour lesquels, jusqu'à ce jour du moins, on ne s'est inquiété ni de traités ni de cours de morale, vous étonne, et je gage qu'il a fait sourire plus d'un parmi vous. Et cependant il serait difficile, je crois, de le mieux appliquer, car il ne faut pas s'y tromper, mes enfants: se dévouer à la protection des animaux, c'est bien moins plaider la cause de ceux-ci que travailler à redresser les intelligences, à élargir les cœurs, à améliorer les masses; c'est se faire les champions de cet esprit de justice, de compassion, de respect, sans lequel l'ordre moral ne saurait exister. Grands et petits, tous nous oublions trop souvent que Dieu n'a rien créé d'inutile. Nous ne nous rendons pas assez compte avec quelle harmonie admirable tout s'enchaîne, se complète ici-bas, et comment les plus infimes des insectes, les plus frêles des plantes ont leur importance et leur utilité dans cet ensemble merveilleux qu'on appelle l'univers. En se réservant, d'ailleurs, le droit exclusif de communiquer la vie et le mouvement, Dieu ne nous montre-t-il pas la grandeur de ce précieux bienfait. Le plus faible des hommes peut détruire des milliers de créatures vivantes, mais rendra-t-il l'existence à une seule de ses victimes? Non! car c'est là un privilége souverain auquel ne saurait aspirer ni le plus grand des monarques, ni le plus populaire des héros. fête, ont pu en apporter l'écho et en étendre le rayonnement, si l'on peut ainsi parler, à des milliers de foyers où, dès le soir même, s'introduisaient victorieusement les principes de a protection si bien exposés par l'éminent jurisconsulte qui est le Président actuel de la Société. |