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posant une main caressante sur la tête de son fils, pendant que l'autre allait chercher celle de son mari pour la serrer, eh bien, nous irons le choisir demain.

Le jeune garçon releva son front, qu'un nuage soudain obscurcissait :

- Vous ne voulez donc pas de mon argent? dit-il... moi qui étais si content de vous l'apporter...

Allons! allons! pas de discussion ce soir, interrompit gaiement Pierre... Victor aura son paletot une autre fois et demain ce sera Mme Régnier qui choisira la belle robe de mérinos dont elle a depuis si longtemps envie. L'enfant fournira la première mise de fonds, et j'ajouterai le reste... Ça va-t-il à tout le monde?

Bravo! bravo! s'écria Victor.

Mm Régnier voulut faire observer... on ne la laissa pas achever: de bons gros baisers étouffèrent sa parole. Alors, à défaut des lèvres qui ne pouvaient exprimer le trop-plein du cœur, ce trop-plein monta jusqu'aux yeux et s'en échappa sous forme de grosses larmes brillantes.

Laissez, laissez-les couler, sans chercher à les tarir ces pleurs maternels; la joie en est la source, et quelle joie! le plus saint, le meilleur de tous les bonheurs terrestres, celui de voir grandir un bon fils à ses côtés, et de penser que, viennent les infirmités de la vieillesse, on pourra s'appuyer sur lui avec la même sécurité que lui-même s'est appuyé sur la force protectrice de la famillle pour essayer ses premiers pas dans le monde.

Quant à vous, jeunes amis, qui lisez ces lignes, puissiez-vous puiser dans ce simple récit la noble et féconde ambition de faire éprouver au foyer paternel de semblables joies. Puissiez-vous, souvent, provoquer d'aussi douces et bonnes larmes.

VIII

Le cœur maternel ne saurait, mes amis, demeurer froid et indifférent; il faut, ou qu'il se resserre sous le poids de vos défauts, ou qu'il se dilate au radieux éclat de vos vertus. Mais souvenez-vous que dans l'un, comme dans l'autre cas, l'émotion d'une mèrë së traduit par des larmes.

Ces larmes seront les gouttes amères, les gouttes de fiel de la crainte et de l'angoisse, ou elles seront ce que j'ai déjà appelé les perles du cœur.

Choisissez entre elles, mes bons petits amis. Voulez-vous porter la douleur, la honte peut-être au foyer de la famille; dans ces yeux si chers et qui ont dérobé tant d'heures au repos pour veiller sur votre berceau, faites monter les larmes de la douleur?... Voulez-vous, au contraire, faire briller à ce même foyer riche ou pauvrè un brillant rayon de bonheur, faites ah! faites à toutes occasions resplendir sur le cher visage de vos mères ces perles précieuses entre toutes.

Je le répète, telle est la vie! Depuis le jour où elle recueille le premier cri de son enfant, jusqu'à celui où son cœur se brise en disant adieu; jusqu'au revoir dans ce monde, où l'on ne se sépare plus et qu'on appelle l'éternité, il faut que la femme verse des larmes de douleur ou de joie... A vous, mes enfants, de choisir pour vos mères!

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LES ŒUFS

DE PAQUES

I

A part même son-caractère chrétien, dont je n'ai pas, mes chers enfants, à vous entretenir ici, Pâques est bien vraiment la fête par excellence, la fête de la résurrection et de la vie; ce n'est pas seulement l'homme, c'est la nature entière qui la célèbre de telle sorte, que l'Alleluia qui fait résonner les voûtes de nos vieilles basiliques trouve un écho dans tout ce qui existe. Et quel concert sublime que celui où chaque être de la création fait ainsi entendre sa note harmonieuse! La sève bouillonne dans l'arbre dont elle déchire les bourgeons, l'insecte essaie ses ailes frémissantes à travers les sillons qui reverdissent, les petits oiseaux gazouillent dans les haies et le soleil répand sur ces splendeurs printanières des rayons qui, en aucun autre temps de l'année, n'ont autant de puissance pour pénétrer la terre et la vivifier.

Dans chaque famille, Pâques donne le même signal joyeux. A son approche, l'active ménagère

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