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provinciaux, des parlemens, et de toutes les autres cours souveraines, enfin le juge suprême des plus célèbres procès du royaume continental et des colonies, tant en matière civile que criminelle ou ecclésiastique.

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M. Lanjuinais fait ici l'énumération des usurpations de pouvoir, commises par le conseil d'état sous Bonaparte, puis il continue :

« Les conseillers d'état, fixés au nombre de vingt et un sous Louis XIV, multipliés sous Louis XVIII, sont déjà, en comptant les vingtneuf ministres d'état et les maîtres des requêtes, aussi nombreux que la chambre même des représentans.

» Ceux qui, simultanément, sont membres du Conseil d'état et députés, après avoir préparé les projets de loi dans le conseil, entrent dans les commissions de la chambre, pour soutenir ces mêmes projets, et les défendent encore au banc des ministres, à la tribune, et les votent au scrutin en définitive (1).

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Déjà, le conseil d'état est redevenu, par le fait, tribunal des prises.

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Déjà, dans le projet rejeté sur la chambre

(1) En 1817, cinq ministres d'état sont de la commission du budget dans la chambre des pairs.

des comptes, on avait glissé et étendu la juridiction, très-irrégulière, du conseil d'état sur

cette cour.

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Déjà, on a mis en avant le projet de substituer le conseil d'état à la cour de cassation, l'une des précieuses institutions de 1791; déjà, les soixante avocats en cassation sont tous les avocats du conseil d'état, et le ministre amovible, président de ce conseil, va présider la cour de cassation.

>> Les deux chambres ayant, en 1814, approuvé un projet de loi, qui confirmait cette cour, et qui réservait au pouvoir législatif l'interprétation officielle et générale des lois, ce projet n'a pas eu la sanction.

» Enfin, dans la loi nouvelle sur les élections, art. 6, dans le projet comme dans la loi, se trouve insérée la compétence du conseil d'état sur les droits politiques des citoyens.

Un conseil d'état qui est aussi nombreux que la représentation nationale, qui ne jure que de garder les édits et les ordonnances, qui ne jouit d'aucune indépendance, puisque tous les membres dont il se compose peuvent être arbitrairement destitués, et qui est toujours en permanence, est un phénomène politique assez digne de remarque pour fixer l'attention des assemblées

législatives; et nous devons espérer que, si jamais elles ont le loisir de comparer ce qu'il coûte à ce qu'il produit, elles le feront disparaître de la loi qui doit fixer les dépenses publi

ques.

Ce conseil, largement salarié, et placé en quelque sorte en présence de la représentation nationale, qui ne jouit d'aucune indemnité, semblerait n'avoir pour objet que de faire déserter les défenseurs naturels de la nation sous les bannières du pouvoir ministériel, s'il était possible de supposer aux actes de l'autorité, un but autre que celui qui est indiqué par l'autorité elle-même.

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Sur la politique de la nation anglaise et du gouvernement britannique;

PAR C. A. SCHEFFER.

(Brochure in-8°. de 112 pages.)

De tous côtés, l'Europe est en rumeur. Il n'y a presque pas un coin de terre où l'on n'entende des voix qui s'écrient: sauvons, sauvons, tout périt. On croirait, à ce tumulte, que quelque plaie inconnue vient d'affliger notre espèce; que la nature se refuse au travail des hommes; que notre vie à tous est en péril.... Qu'est-il donc arrivé? Un bon nombre de gens qui croyaient, raisonnent; et voilà d'où provient le fracas.

C'est une chose malheureuse sans doute, mais, à ce qu'il paraît, inévitable, que chaque faculté nouvelle qui se développe dans une partie du genre humain soit, pour une autre partie, une cause de malheur et de ruine; qu'il y ait toujours des hommes dont toute l'existence soit fondée sur les vices de leurs semblables, qui vivent et jouissent de la méchanceté, de l'ignorance, de la stupidité humaines.

La masse du peuple européen croyait, depuis

long-temps, qu'elle était capable de travailler, de produire en travaillant, mais que, dans tout le reste de sa conduite, il lui fallait être guidée. Dans la crainte de nous tromper, en disposant de nous et de nos biens, nous nous laissions prendre en tutelle par quelques intelligences choisies qui se chargeaient de vouloir pour nous, d'agir pour nous, dans les occasions importantes, et de nous mettre en œuvre à leur manière. Nous payions chèrement pour cela, comme il était juste, et c'était un bon revenu que d'être sur la liste de nos tuteurs. Mais, voilà que beaucoup d'hommes se sont avisés qu'ils auraient bien le talent de s'employer eux-mêmes, et que ce serait une grande épargne. L'étoffe humaine devient plus rare; de quoi vivront ceux qui la taillaient?

Le peuple croyait, depuis long-temps, que l'Europe était infestée de voleurs; mais il croyait que ceux qui avaient à les craindre, n'étaient ni assez gens d'esprit, ni assez gens de cœur pour se défendre; qu'il fallait laisser prendre ce soin à des hommes dont ce serait le seul métier, et qui, pour cette raison, n'auraient pas un grand intérêt à le bien faire. Nous avons payé cher pour être défendus. Mais, voilà que nous commençons à voir qu'il n'y a point tant de voleurs; que les défenseurs reçoivent leur solde sans la gagner, ou,

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