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pendance, et le remplacer par cet esprit qui doit nécessairement s'emparer d'un homme accoutumé à vivre aux dépens d'autrui par la force et la violence. Plus de cent mille Anglais apprennent le même métier dans les îles Ioniennes, à Malte, à Gibraltar, dans les Indes; et s'ils reviennent dans leur patrie, ils y apporteront un oubli entier de sa constitution, une grande dépravation et la soif insatiable des richesses. Ce sont autant d'ennemis de la nation anglaise, que ces soldats, instrumens dociles de l'oppression des autres peuples, prêts à servir également à celle de leurs compatriotes.

» La représentation est devenue, comme nous l'avons dit plus haut, un instrument puissant entre les mains dn ministère, et mieux vaudrait mille fois pour la nation anglaise, n'avoir point de parlement, que d'en avoir un composé, en majorité, d'hommes vendus.

» La responsabilité des ministres n'exista plus que de nom, dès que leurs créatures remplirent la chambre des communes.

La liberté individuelle a été suspendue si souvent, depuis 1790, que l'acte qui lui a servi long-temps de garantie, peut être regardé maintenant comme entièrement illusoire.

» Le droit de pétition est devenu de pulle valeur, puisque les pétitions restent sur le bureau, ou sont rejetées sans qu'aucune attention soit faite au vou du peuple.

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» Le droit de corporation a été toujours suspendu avec la liberté individuelle; il est devenu également illusoire, depuis que le ministère a à sa disposition des canons et des baïonnettes pour dissoudre les assemblées du peuple.

» La liberté de la presse même, consacrée en Angleterre par un long usage, a reçu une forte atteinte par une circulaire ministérielle. »

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On distinguera, dit enfin l'auteur, un peuple généreux, aimant la liberté, d'un gouvernement contre lequel il lutte sans cesse, et dont il tend à renverser le système. La nation anglaise entrera dans l'union des peuples. » On ne saurait trop louer l'indépendance d'esprit avec laquelle M. Scheffer proclame aux amis de la liberté dans toute l'Europe, ce que les Anglais ont fait pour eux, et aux amis de la liberté en Angleterre quel est maintenant leur devoir et leur destinée. C'est au sein de leur pays qu'est l'arsenal où se forgent les armes du despotisme uni versel: c'est du sein de leur pays que doivent sortir les armes qui briseront le despotisme; la coalition du pouvoir a son centre à Londres;

c'est là que doit se former la coalition de la liberté. Le nom anglais a été souillé en figurant à la tête de tous les pactes d'oppression; l'Europe attend, pour le relever de cet opprobre, qu'il signe le premier le grand pacte de la délivrance.

A. THIERRY.

QUESTIONS

SUR

LA LÉGISLATION ACTUELLE

DE LA PRESSE EN FRANCE,

ET

Sur la doctrine du ministère public, relativement à la saisie des écrits et à la responsabilité des auteurs et des imprimeurs. (Brochure in-8°. de 99 pages); (1)

PAR M. BENJAMIN DE CONSTANT.

Il n'est point de pays où, en voulant s'opposer à toute réforme partielle, on ne pût finir par exciter une révolution générale. Le gouvernement le mieux constitué ne saurait être exempt d'abus. Ces abus, s'il était défendu de les attaquer et d'en demander la répression, ne tarderaient pas à en engendrer de plus graves. Bientôt

(1) A Paris, chez les marchands de nouveautés : prix, 2 francs.

le désordre serait assez grand pour exciter des murmures; à ces murmures, il faudrait opposer des mesures de sûreté; ces mesures seraient un abus nouveau qui exciterait infailliblement de nouvelles plaintes, et qui rendrait, par conséquent, de nouvelles précautions nécessaires. Enfin, de plaintes en précautions, et de précautions en plaintes, on serait nécessairement conduit, pour n'avoir voulu souffrir aucune réforme, à prendre des mesures de conservation si tyranniques, et à soulever contre soi une telle masse d'ennemis, qu'on finirait par rendre sa chute inévitable. Tout gouvernement se trouve donc dans l'alternative forcée, de souffrir la réforme graduelle des vices qu'il peut avoir contractés, ou de finir par compromettre son existence.

Cette proposition, qui serait vraie dans l'ordre social le plus parfait, devra sur-tout paraître évidente dans l'état où se trouve l'Europe, par l'effet de nos révolutions. Cet état est précisément celui de sociétés, où, pour prévenir la réforme des abus, on aurait poussé beaucoup d'abus à l'extrême. Plus on a fait d'efforts pour modifier l'action du pouvoir, pour le réduire à son objet et à ses dimensions véritables, plus le pouvoir a fait d'efforts cn sens contraire, plus il a renforcé son action et donné de développement à

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