Page images
PDF
EPUB

clandestine. Plusieurs s'étaient présentées comme malades, et avaient réclamé elles-mêmes des soins. 24 d'entre elles ont demandé à être inscrites.

[merged small][graphic][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][ocr errors][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed][subsumed]

De ces 477 filles malades, si l'on déduit 55 non inscrites, il reste 422 filles inscrites reconnues malades,

[blocks in formation]

Sur 150 filles inscrites en 1846, environ 4/5 sont entrées à l'hôpital.

Au tableau que nous venons de tracer des mœurs de la ville de Hambourg mérite d'être comparé le règlement de la police municipale de la ville d'Ulm (1430), dont nous donnerons ici les points les plus importants.

Les mœurs du moyen âge, telles que nous les voyons reflétées

dans ce document historique, ont pour nous d'autant plus d'intérêt que la pièce remonte à l'époque antésyphilitique, et que le climat, la situation commerciale et le nombre peu considérable des habitants de la ville d'Ulm, alors libre, nous permettent d'en tirer des conclusions analogues sur les institutions pareilles que devait posséder toute l'Allemagne du moyen âge.

Par cette ordonnance de police de l'an 1430, la municipalité d'Ulm établit des hôtes particuliers des filles. Ces hôtes étaient au service de la ville, qui les obligeait par serment « à augmenter l'honneur et les ressources de la ville, » à empécher la contrebande et les jeux défendus, à se procurer des femmes saines et convenables dont le moindre nombre devait être de quatorze pour chaque maison. Comme signe de distinction de leurs charges, ils portaient le couteau et autres armes.

Les filles payaient 6 deniers pour chaque repas, composé de deux plats de viande, de soupe et de légumes, avec du pain blanc. Pendant le carême, on faisait maigre, la ville étant alors catholique. L'hôte devait fournir du vin aux filles à leurs frais, quand et autant qu'elles en demandaient. Une fille enceinte devait être immédiatement renvoyée de la maison.

Les prix des visites des hommes étaient variables; ils étaient fixés par des femmes nommées ad hoc. Tout ce qu'une fille gagnait pendant le jour était déposé dans la caisse particulière de la ville; le soir, l'homme qui venait pour elles payait un kreutzer (4 centimes) dans la caisse et un autre kreutzer au bénéfice de l'hôte. Ce qu'il donnait en outre à la fille était à celle-ci, sans qu'on pût en rien retenir; les présents particuliers, rubans, etc., restaient également leur propriété.

Toute vente d'habits, etc., de la part de l'hôte était interdite.

Les parents et les maris pouvaient engager pour dettes leurs filles ou leurs femmes chez les hôtes, mais avec le consentement des filles; les parents pouvaient les reprendre quand ils le voulaient sans être obligés de rembourser à l'hôte les sommes avancées sur ces nantissements.

La fille avait le droit de quitter la maison et d'emporter ses économies; l'hôte ne pouvait rien lui réclamer tant qu'elle ne rentrait pas dans une maison publique.

Dans la maison existait, outre la caisse dont nous avons parlé, une autre caisse où chaque fille devait, tous les lundis, verser un denier et l'hôte deux. Cet argent servait à l'achat d'un cierge qu'on brûlait le dimanche soir, en l'honneur de la sainte Vierge et pour le salut de toutes les âmes chrétiennes, dans une église consacrée à Notre-Dame. L'hôte et le conseiller municipal chargé du département des filles et des mendiants avaient chacun une clef de cette caisse particulière, qui paraît avoir été aussi une sorte de caisse de secours mutuels, puisque la fille, hors d'état de gagner sa vie, avait le droit d'en tirer ce qu'il lui fallait pour vivre.

Les filles étaient tenues de filer une certaine quantité de fuseaux au

bénéfice de l'hôte; à certains jours, la maison était fermée, les samedis par exemple, le jour de Notre-Dame après vêpres, etc.

Le conseil municipal pouvait renvoyer les hôtes quand il le voulait; tous les trimestres, les conseillers de la ville devaient visiter les maisons publiques, lire aux filles l'ordonnance de police citée et faire un rapport au conseil municipal sur l'état des choses.

Tel est le résumé de ce règlement important; on n'y a remarqué aucune trace de prescriptions relatives à la santé des filles, et cette absence de mesures sanitaires est fort caractéristique.

DE LA PROSTITUTION EN HOLLANDE,

PAR MM.

Le docteur G.-E.-V. SCHNEEVOOGT,
Premier médecin de l'hôpital à Amsterdam (dit Buiten Gasthuis),

Le docteur A -G. Van TRIGT,

Médecin adjoint du même hôpital et du dispensaire pour les syphilitiques,

ET

H. Van OORDT,

Élève des hôpitaux de Paris (1).

On s'étonnera tout d'abord que dans un pays dont la législation répond aux exigences modernes, chez un peuple signalé par son génie pratique, une administration éclairée n'ait adopté que bien tard les seules mesures propres à atténuer le fléau de la prostitution. Depuis peu d'années seulement, la Hollande a, sous ce rapport, renoncé à la désastreuse théorie du laisser-faire.

Mais l'exagération des scrupules religieux, qui maintient encore ce régime en d'autres contrées, a dû céder en Hollande devant des considérations d'un ordre supérieur. Le gouvernement néerlandais s'est enfin décidé à laisser aux communes la faculté de prévenir par la réglementation les funestes conséquences de la prostitution libre. La surveillance, indépendamment des services qu'elle rend à la santé publique, aide encore aux efforts de la charité chrétienne pour prévenir le mal que nous décrivons. La philanthropie privée seconde la vigilance de l'autorité à combattre la misère et l'ignorance, ces deux sources principales de l'immoralité populaire. Comme chez toutes les nations protestantes, l'initiative individuelle et laïque est active dans les œuvres de la charité en Hollande. Tout en cherchant à restreindre à l'avance par les bienfaits du travail et de l'instruction le tribut payé à la prostitution par les classes laborieuses, le zèle des particuliers s'attache à arracher à leur dégradation les malheureuses victimes du vice.

Parmi les tentatives faites dans ce sens et couronnées de succès, nous signalerons l'asile Steenbeek. Situé dans les campagnes de la Gueldre, dans toutes les conditions désirables de salubrité et d'isolement, cette institution donne déjà les plus heureux ré

(1) Les pages 829 à 838 sont de M. Van Oordt, et les pages 838 à 847 sont de MM. Schneevoogt et Van Trigt.

sultats. Dès 1851, cet asile, établi sur les bases les plus larges, puisqu'il reçoit les repenties de tout culte, et dont l'idée première appartient à l'honorable pasteur 0.-G. Heldring, ne suffisait plus à sa destination. Il a fallu l'agrandir. Ces résultats sont dus a une direction à la fois sévère et bienveillante.

La directrice de Steenbeek, mademoiselle P. Voute, diaconesse, est une personne aussi distinguée par sa piété tolérante que par sa position sociale et ses lumières. La liberté, le respect des convictions religieuses, tels sont les principes qui l'inspirent. Toute idée de claustration est bien loin de la pensée des fondateurs de l'œuvre; ils ont rendu facile la sortie de leurs pensionnaires, au cas où celles-ci voudraient quitter la maison avant l'expiration du délai de deux ans fixé pour leur séjour normal. Dans ce cas même, elles reçoivent un secours en argent (1). Pareille disposition existe, du reste, dans le règlement antérieurement adopté par l'abbé Coural de Montpellier, pour sa Solitude de Nazareth. Malgré ses louables efforts, la communauté catholique hollandaise n'a pu encore établir de couvents de repenties.

Il semble, au premier abord, que le fléau qui nous occupe doit exercer parmi les populations hollandaises des ravages modérés. Dans un pays où l'aisance est générale, où prévaut la vie de famille, la sévérité habituelle des mœurs paraît un obstacle à la propagation du désordre. L'influence climatérique porte plutôt à l'ivrognerie qu'au libertinage. Qu'on me passe l'expression, l'offre, en cette matière, semble devoir être peu considérable, parce que la demande paraît moins abondante qu'ailleurs.

Mais, devant les causes d'excitation factice que développent les grandes cités, il faut aussi peu tenir compte de l'action du climat que de la pureté souvent tout extérieure des mœurs. Sous ce dernier rapport, on découvre trop fréquemment ce qu'il y a de désordre caché dans la vie, en apparence si régulière, des hommes appartenant à la classe aisée. N'osant commettre leur réputation dans des relations trop difficiles à cacher avec les femmes galantes, ils fréquentent les maisons de tolérance.

Ce que nous disons ici des classes supérieures s'applique aux hommes du peuple. En Hollande, le respect du foyer commande au pauvre comme au riche; on peut le dire, ici l'hypocrisie est un hommage que l'un et l'autre croient devoir, dans leur désordre, à la vertu de leurs femmes et de leurs filles.

(1) Lés repenties apprennent un état qui leur permet, à leur sortie, de pourvoir honnêtement à leur subsistance.

« PreviousContinue »