Quatrième acte: « Le secrétaire en bois de rose », où le poète a enfermé des vers tout pleins d'elle; il l'ouvre un jour, et les élégies les plus troublantes qu'il ait écrites s'en échappent. Cinquième acte: « Le regret ». Elle est partie; détresse de l'abandonné ; souvenirs remâchés ; la vie a perdu sa joie. Jusqu'au jour où, dans un sursaut, le poète se reprend, recommence son labeur, essaie d'oublier, met sa douleur en poèmes... Mais l'amer regret continue ses morsures. Quelque chose est brisé dans l'âme de l'abandonné. Parmi les jeunes femmes à qui le succès de Mme de Noailles et la pauvreté des productions masculines a inspiré, en ces dernières années, le goût d'écrire, il n'en est pas, je crois, d'aussi éminemment douée que Mme Hélène Picard. L'Instant Eternel, publié il y a un an, a appris son nom au public; les Fresques (1), exposées cette année, le rediront avec plus de force. Ce qui frappe, dès l'abord, c'est l'épaisseur de ce volume: il y a là 336 pages de vers, bien remplies, sans plus de pages blanches qu'il n'était indispensable; il appert qu'on a ménagé le papier et gagné tout ce qu'on a pu. La librairie contemporaine ne nous a pas habitués à des volumes aussi denses. Mais aussi combien sont rares, chez la plupart de nos poètes, l'abondance, la fluidité, la facilité qui caractérisent le talent de Mme Hélène Picard ! Cette facilité, d'ailleurs, qui tient vraiment du prodige, n'est pas loin d'être un peu excessive. En lisant un poème de Mme Hélène Picard, on a l'impression que ça lui vient comme ça, couramment, constamment, en toute saison, à toutes les heures de la journée, et qu'elle ne corrige jamais et jamais ne supprime, mais plutôt en ajouterait lorsqu'elle se relit (si elle se relit !); et qu'elle est prête à écrire cinquante ou cent vers ou deux cents si vous voulez- avant son déjeuner, et autant avant son dîner, sur la beauté de la vie, ou sur la douceur de l'amour, ou sur la tristesse des remords, etc., etc. Et ce qu'il y a de prodigieux dans son cas, c'est que ces cent vers ne sont pas tous mauvais - il s'en faut ! et qu'il y en aura, sur cent, mettez bien vingt ou trente d'admirables. Évidemment il faut les chercher, mais on les trouve; on est presque toujours assuré de les trouver.- Beau défaut, n'est-ce pas? et préférable à la froide perfection, à la sèche correction... (1) Sansot éd.; in-18; 336 pages: 3 fr. 50. Ajoutez que, sur des thèmes usés, Mme Hélène Picard réussit sans effort avec, seulement, un peu de préciosité à moduler des variations neuves et personnelles, qu'elle a presque toujours un accent de sincérité, une émotion, une nervosité, une fébrilité bien à elle ; - et vous voyez qu'il s'agit là d'un poète qui sera peut-être un grand poète si elle apprend à donner une forme plus souveraine à la riche matière qui lui a été dispensée. L'embarras est grand de choisir une citation. Voici pourtant la fin d'un poème A une religieuse, où sont éloquemment comparées les béatitudes éternelles et les pauvres joies humaines, tant mêlées de douleur. — « Si vous m'aviez offert votre âme blanche et pure, et une éternité de bonheur, et tous les sourires du Paradis... etc., je vous aurais répondu : Non! » Je vous aurais dit non, ô bienheureuse sœur... O sœur, j'aime si fort mes pauvres mains créées, Je préfère rester la pauvre Eve qui meurt Allez, heureuse sœur, je préfère mon lot; Moi, je veux demeurer la femme que je suis... Et pourtant, et pourtant, je succombe de l'être !... Cet amour effréné et païen de la vie, cet amour païen de la joie et du bonheur, traversé de mélancolies toutes chrétiennes, assombri de remords et de la sensation toute chrétienne, presque puritaine, que la félicité est péché, mais tout de même quel exquis péché ! — voilà bien, si je ne me trompe, la nuance assez complexe de sensibilité particulière à Mme Hélène Picard, et qui la différencie très nettement du paganisme panthéiste de Mme de Noailles. Comme son illustre devancière, Mme Hélène Picard affectionne les légumes parce qu'ils sont beaux, somptueusement colorés, vivants; mais elle ne les divinise pas. Le divin, pour Mme Hélène Picard, c'est l'« instant éternel », la minute heureuse, le bonheur de vivre, - un peu honteux encore, mais déjà si épanoui, et si bienfaisant, et si plein de maternité attendrie et caressante... MAURICE KAHN. 73 DANIEL HALÉVY.. La « Crise » des services publics..... Couverture: Livres d'occasion (1oo liste). Tribunaux pour enfants; progrès récents.. ED. JULHIET.. Couverture: Livres d'occasion (4° liste). Lectures: Le travail à domicile. Couverture: Un questionnaire de M. Gache. - Livres d'occasion (5o liste). Couverture: Errata (nos 375 et 379). Dans une école des environs de Paris. • Bourgeois » et << manants » dans les an- 455 467 - A propos du recrutement des infirmières Récemment parus. Michel Bakounine (1814-1876)... Correspondance: Sur la magistrature en Les catégories de délinquants, à propos du procès des Douze; commentaires de...... JOSÉ THÉRY..... Couverture: La guerre et la paix dans le monde. - L'antidreyfusisme officiel. Notes politiques : Les élections municipales. Couverture: Deux documents électoraux. MARCEL BULOT.. ..... 529 |