On comprend, d'après ces prémisses, comment M. de Montlosier devait juger, non-seulement les discours de la gauche, mais ceux du centre gauche. Ainsi, le discours de M. RoyerCollard, dans la séance du 22 janvier, était, selon lui, « le plus audacieux et en même temps le plus abominable discours qui eût jamais été prononcé dans une assemblée monarchique. Et d'abord, ajoutait-il, je dois dire qu'il me parait tout à fait inconvenant, de la part d'un ministre du roi, de s'arrêter à discuter un tel discours. Il doit monter à la tribune pour annoncer qu'il va prendre les ordres du roi à l'effet de présenter, séance tenante, ou au plus tard, le lendemain, un projet de loi pour prévenir le retour d'un pareil scandale. » Ni le président, ni l'assemblée même n'échappaient à sa censure. Le président, par son extrême indulgence, avait manqué à son devoir. Quant à l'assemblée, « elle devait se lever tout entière avec indignation, et envoyer l'orateur cuver, pendant un bon mois, dans la solitude d'un château fort, son admirable révolution, son admirable démocratie, son admirable classe moyenne... J'en vois qui s'extasient sur la beauté des phrases. Je n'ai jamais vu le poignard de Louvel; peut-être était-il d'une belle forme. » Dans un moment où les ennemis de la Restauration s'efforçaient de prouver qu'il s'agissait, non pas d'obtenir plus ou moins de liberté, mais d'empêcher le retour de l'ancien régime tout entier, nul écrit ne pouvait venir plus à propos, et les journaux libéraux ne manquèrent pas d'en citer à plusieurs reprises les passages les plus offensants. Quant aux journaux royalistes, ils prirent pour la plupart, le parti de n'en rien dire. Le Journal des Débats seul n'hésita pas à déclarer, par la plume de M. Fiévée, qu'un livre, comme celui de M. de Montlosier, était plus dangereux pour la monarchie que toutes les brochures libérales et tous les discours des orateurs de l'opposition. M. de Montlosier, dit-il, place le débat précisément où les ennemis de la Restauration aiment à le placer eux-mêmes, et la preuve, c'est qu'ils lui ont déjà répondu en faisant réimprimer le fameux « Qu'est-ce que le tiers état? » de l'abbé Siéyès. C'est ainsi que chacun des deux partis extrêmes semblait prendre à tâche de travailler au succès de ses adversaires. On verra, dans les prochains chapitres, de quel côté les opinions moyennes, encore flottantes, se portèrent à la fin, et à qui resta la victoire. FIN DU TOME SIXIÈME. M. Madier de Montjau. Procès de presse. - Lettre de M. Royer-Collard. M. Clausel de Coussergues contre M. Decazes. État de l'opinion publique. Sociétés secrètes. Comité directeur. Conspiration militaire du 19 août. politiques. M. Kératry. M. Benjamin Constant. M. Guizot. M. Fiévée. Bordeaux. M. Donnadieu. toraux. Emeute à Saumur. - - - - M. de Saint-Simon. - Naissance du duc de - Projet de dis- soudre la Chambre définitivement écarté. Convocation des colléges élec- M. de Richelieu offre à MM. de Villèle et Corbière l'entrée 1 XXIII Le Congrès et les Chambres, État de l'Europe au commencement de 1820. - 1820-21. Effet produit sur les divers par la Russie, malgré l'opposition de l'Angleterre et de l'Autriche. - Graves évé- position de conciliation rejetée. Départ du roi pour Laybach. débats dans la chambre des députés. Divisions dans le parti royaliste. Loi des douzièmes provisoires. - Procès d'août. - Explosion d'un' pétard dans les appartements du roi. Violences des journaux royalistes. -Dernier discours de M. Camille Jordan. Découverte pénible pour les barras des plénipotentiaires français et du ministère. Les plénipotentiaires signent les actes du congrès, et le ministère ne les désavoue pas. Le duc de Gallo devant le congrès. Exclusion de toute constitution libérale à Naples. - M. de la Ferronnays, M. de Metternich et l'empereur Alexandre. - Naples re- fuse de se soumettre. Clôture du congrès. Protestation de la France sous forme de note verbale. Mécontentement des trois cours absolues. - Triste résultat des incertitudes de la France. Ecrits de MM. de Pradt et Bignon. Interpellations dans la Chambre. - M. Pasquier refuse de s'expliquer. — Violents Circonscriptions électorales. - Pétitions. - Brochures de MM. Fiévée et Kératry. - Débat sur le congrès dans le parlement listes. Discussions orageuses. Défaite des Napolitains. Défection du prince de Carignan. Joie des royalistes. - Règlement. Incident. — MM. Ben- jamin Constant, de Bonald, Lainé, de la Bourdonnaie, de Villèle. MM. Royer- tions électorales. - Pétitions. Loi des évêchés. Dissentiment entre la commission et le ministère. deaux. M. de Châteaubriand ministre M. Royer-Collard. - Discussion sur la loi des Kératry, Bignon et Benjamin Constant. gauche. - Mécontentement de la droite. - Embarras du ministère. - MM. Cor- bière, Pasquier, Royer-Collard, de la Bourdonnaie, Manuel. Commencement la crise ministérielle. Transaction secrète avec la commission. - Violents débats. Soumission du ministère. Loi des donataires. - Violents discours de MM. Clausel de Coussergues et Duplessis-Grenedan. Réponse de MM. Pas- quier, Manuel et de Sainte-Aulaire. Défense éloquente de la vieille armée par Nouvelle transaction. Désordre. Manifestation de la jeunesse libérale. — Violence des journaux royalistes.- Procès d'août.— Insurrection de Grèce. - Clôture du congrès. — Ďéclaration La commission propose le rejet. Violents débats. MM. de Castelbajac - -- - Réponse de M. Pasquier. Longues négociations. Retraite de MM. de Villèle et - de la Charbonnerie. M. de Lafayette et M. Manuel. Congrégations. Missions. Mécontentement des royalistes. Procès Cauchois-Lemaire et Paul-Louis Courier. Écrits politiques. Élections. Intrigues de cour. Madame du Cayla et Louis XVIII. · Insurrection grecque. l'empereur Alexandre.- Ouverture importante de l'empereur à M. de la Ferron- nays. Entente de lord Castlereagh et de M. de Metternich en faveur de la Turquie. Perplexité du ministère et des royalistes en France. Nouveau livre de M. Guizot. Grand succès de ce livre. Approches de la session. Nouvelles intrigues. Exaltation du parti royaliste. Ouverture de la session. - Arrivée de M. de Villèle à Paris. - Confusion. - Composition du bureau. Négociation avec la gauche. - Coalition. Adresse. Phrase hostile au mi- Richelieu et Lainé. - Intrigues contre MM. Pasquier, Portal et Siméon. - M. de Richelieu refuse de sacrifier ses collègues. Réponse du roi à l'adresse. Inquiétude du parti royaliste. - Présentation de la loi de censure. - La coali- tion refaite.- Vif débat.- MM. Delalot et de Serre.. Affaissement du roi. — Nouveau débat à propos des pétitions. Violente attaque de M. de Castelbajac. - Faible réponse de M. de Serre. - Entrevue de M. de Richelieu avec Monsieur. - Retraite des ministres. MM. de Villèle et Corbière appelés aux Tuileries.— Nouveau ministère. Retrait de la loi de censure. Procès et condamnation Complot de Béfort. - MM. de Lafayette et Voyer d'Argenson. Embarras inté- rieurs du ministère. Présentation d'une nouvelle loi des journaux. - Rap- port de M. Chifflet sur la loi de la presse. Indignation du parti libéral. Rapport de M. de Martignac sur la loi des journaux. Discussion de la loi de la presse. Discours de M. Royer-Collard. tion contre les fonctionnaires. - - - - Rassemblements tumultueux à l'occasion des missionnaires.— |