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court, Batardy, le duc de Mailhé, le baron Passinges de Préchamp, le baron Mermet, le baron Gauthier, le marquis de Sauran, Régnault de Saint-Amour, Cayrol, le duc d'Albuféra, de Langue de Bourcin, le baron de Montgenet, Boulouze, le baron Capelle, le marquis de Vaulchier, Bessières, Guy, le chevalier Durand, le comte Heudelet, madame Maury.

A la requête de l'accusé.

MM. Le prince d'Eckmulh, le comte de Bondy, le général Guilleminot, Bignon.

Après la lecture de cette llste, le maréchal a pris la parole: « Je vais répondre, a-t-il dit, à toutes les inculpations, sauf la réserve de faire valoir, par mes défenseurs, les moyens tirés de l'art. 12 de la convention du 3 juillet, et des dispositions de celle du 20 novembre 1815. »

M. le président a ensuite fait subir au maréchal l'interrogatoire suivant,

D. Où étiez-vous à l'époque du débarquement, de Bonaparte ?

R. A ma terre des Coudraux.

D. Pourquoi l'avez-vous quittée ?

R. Pour me rendre à mon gouvernement, d'après un ordre du ministre de la guerre, qui est ici dans mes papiers ou qui a été remis, à V. E.

D Quel est l'officier qui vous l'a transmis ? R. Je ne me le rappelle pas; il doit être ici. D. Ne vous a-t-il rien appris du débarquem ent de Bonaparte?

R. Non il m'a remis la lettre, et ne m'a rien dit autre chose. Il était parti de Paris le 5 mars en sortant d'un bal. Je lui ai proposé à dîner chez moi; il a dîné, il a fait ses préparatifs et est parti. D. Il ne vous a donc rien dit du débarquement de Bonaparte?

R. Rien. Il ne le savait pas. Demandez-le à M. le duc de Montmorenci : personne ne le savait, pas même à Paris.

D. Quand êtes-vous arrivé à Paris?

R. Le 7 au soir. J'étais parti dans la nuit du 6. Il y a treize heures de poste.

D. Comment l'avez-vous appris à Paris ?

R. Je l'ai su par mon notaire; étant chez lui pour mes affaires particulières, il me dit: Savezvous la grande nouvelle?-Quelle nouvelle ? — Celle du débarquement de Bonaparte.

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D. Avez-vous vu le ministre de la guerre?
R. Oui, après avoir fait ma visite au duc de Berri.
D. Que vous a dit le ministre ?

R. Il n'a pas voulu s'expliquer sur ma mission. Il m'a dit : vous trouverez à Besançon des ordres. D'ailleurs Bourmont est instruit.

D. Avez-vous vu le Roi ?

R. Je l'ai vu. On m'a dit d'abord que S. M.
était souffrante, que je ne pouvais pas la voir. J'ai
insisté; enfin je lui ai été présenté. Je lui ai de-
mandé si elle n'avait rien de particulier à m'ordon-
ner; elle ne se rappelait en aucune manière d'au-
cune disposition militaire. Sur ce que je suis censé
lui avoir dit que je ramenerais Bonaparte dans une
cage de fer, dussé-je être fusillé, lacéré en mille
morceaux, je ne me rappelle pas l'avoir dit. J'ai
dit
que son entreprise était si extravagante que, si
on le prenait, il méritait d'être mis dans une cage
de fer. Cependant, si je l'avais dit, ce serait une
sottise impardonnable; mais ce serait une preuve
que j'avais le désir de servir le Roi.

D. Quand êtes-vous parti de Paris?
R. Le 8 mars.

D. Par quel ordre ?

R. Sur la lettre du ministre de la guerre.

D. Reconnaissez-vous les ordres ?

R. Oui....., la lettre du 5 mars.

(Le greffier donne lecture de cette lettre.)

D. Avez-vous fait exécuter ces ordres?

R. On peut voir, à la simple lecture, qu'il n'y avait rien à faire. Je ne commandais que des dépôts. Bourmont avait le commandement.

D. Quel jour arrivâtes-vous à Lons-le-Saulnier?

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R. Le 12.

D. Qu'avez-vous fait le 12?

R. J'ai réuni les officiers et les ai rappelés à leurs devoirs et à leur serment. A mesure que je trouvais des soldats, je les réunissais et leur parlais de leurs devoirs et de leurs sermens.

D. Qu'avez-vous fait dans la nuit du 13 au 14?
R. J'ai reçu plusieurs agens de Bonapartė.
D. A quelle heure les avez-vous reçus ?

R. A une heure', deux heures ou trois heures.
D. Quels étaient ces émissaires?

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R. Plusieurs individus': des officiers de la garde déguisés; un d'eux Blessé à la main. Dans le premier interrogatoire du ministre de la police, je m'en suis expliqué.

On a dit que lorsque 'S. M. m'avait tendu la main, j'avais hésité à la baiser; je n'ai jamais hé

sité.

D. Que vous ont dit ces émissaires ?

R. Ils m'apportaient une lettre de Bertrand, qui me disait que tout était arrangé ; qu'un envoyé d'Autriche était allé à l'île d'Elbe ; que le Roi devait quitter la France; que c'était convenu avec l'Angleterre et l'Autriche ; qu'ils me rendaient responsable du sang français inutilement versé, et une infinité de choses qui m'ont circonvenu; je défie

qu'avant on puisse dire que j'aie jamais tergiversé. D. Où est cette lettre de Bertrand ?

R. Je n'ai pas été le maître de la conserver. Je suis arrivé le jour même qu'on fusillait Labédoyère. La maréchale avait ordonné de la brûler avec une infinité d'autres papiers qui pourraient en ce moment éclairer la religion de la chambre, particulièrement des lettres de Bonaparte. Il est pardonnable à une femme malheureuse, dans la crainte de compromettre son mari, de faire brûler ses papiers.

D. Vous avez donc reçu des lettres de Bona- · parte?

R. Des lettres postérieures, depuis le 14 mars jusqu'à la bataille de Waterloo.

D: Est-il vrai que vous ayez fait imprimer une proclamation ?

R. Cette proclamation est datée du 13, et n'est pas signée. La signature est fausse. Je ne signe jamais le prince de la Moscowa. Elle était affichée avant que je ne la lusse; je n'en ai lu une que le 14.

(On lui a présenté la proclamation; il a fait observer qu'elle n'avait pas été imprimée à Lons-leSaulnier. On a lu la proclamation.)

Le maréchal. Je crois que c'est celle que j'ai lue.

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