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lité de capitaine-adjoint. Le 13 il m'envoya en mission à Dôle; le 15, en revenant, je rencontrai le corps d'armée qui portait la cocarde tricolore ; en conséquence je n'ai point été témoin de ce qui s'est passé à Besançon.

Dix-neuvième témoin, M. Grison, capitaine d'infanterie. «Il a déposé qu'étant à Landau dans le 37. régiment d'infanterie, le maréchal était venu inspecter les troupes. It a rassemblé les officiers au Mouton-d'Or, et, ayant fermé la porte à clef, il a demandé au colonel's'il y avait parmi nous des intrus. Le colonel ne répondit rien; le maréchal ayant interprété son silence d'une manière négative, répondit: A la bonne heure! Il se répandit de suite en invectives contre la famille royale, La majeure partie des troupes était pour le Roi, mais la défection du maréchal fit tout changer. »

Le maréchal. Le témoin se trompe. Quand un maréchal reçoit des officiers, il ne va pas fermer la porte à clef; cela ne serait pas convenable. J'ai vu dans ma tournée de 50 à 80 mille individus, Je ne sais pas si vous avez été envoyé en députation pour me dénoncer. Le fait est que j'ai dû agir d'après la lettre dont j'étais porteur; que je n'ai rien dit d'insultant contre le Roi; que la lettre même me le défendait, puisqu'elle ordonnait de respecter le malheur, et, dans le cas où un membre de la

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famille tomberait entre mes mains, de lui donner toute facilité pour gagner les frontières.

Le témoin. Je le dis en homme d'honneur. C'est au baron Menu que vous avez parlé. Vous avez dit tant d'outrages de la famille royale, que les bonapartistes eux-mêmes en ont été indignés. Vous avez dit que c'était une famille pourie. Ne nous avez-vous pas dit aussi que plusieurs maréchaux voulaient la république? L'avez-vous dit, oui ou non? Avant votre arrivée le drapeau blanc flottait encore à Landau, quoique toutes les communes des environs eussent arboré le drapeau tricolore. Aussitôt après votre arrivée, on le prit à Landau, et le général Girard, quand il vous a vu, a fait crier vive l'empereur!

Me. Berryer. Précisez l'époque.

Le témoin. C'est dans le courant d'avril. Vingtième témoin. M. de Balincourt, colonel du régiment de cuirassiers de Condé, a déposé

« Je n'ai aucune connaissance des faits imputé au maréchal. J'ai été appelé le 20 novembre pour déposer d'un ouï-dire que j'ai répété.

» L'un de mes parens, capitaine au 75o. régiment, m'a rapporté que le maréchal avait dit à Philippeville qu'en partant de Paris, il avait dans sa voiture une proclamation qu'il a lue à ses troupes, avant de passer à l'ennemi. >>

M. Bellart a interpellé le témoin Grison de déclarer s'il ne connaissait pas quelqu'un qui pût déposer dans le même sens que lui.

Oui, a répondu M. Grison, un capitaine qui est ici. >>

On l'a introduit. Il se nomme Casse, capitaine au 42°. régiment (vingt-unième témoin.)

Sa déposition n'étant qu'un simple renseignement, il n'a pas prêté serment.

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Il a déposé qu'après l'arrivée de Bonaparte à Paris, le maréchal a dit, à Condé, mille horreurs du Roi; que sa cause était perdue, que c'était une famille pourie; que le Roi n'était ni Français ni légitime, que c'était à Bonaparte qu'il fallait obéir. M. le président. Avez-vous entendu ces paroles personnellement?

:

Le témoin. Oui, le 24 ou le 25 mars, dans la maison du gouverneur, avec tous les officiers du régiment. Vous avez dit davantage, vous avez dit Nous faisions notre cour au Roi, mais il n'avait pas nos cœurs; ils étaient toujours à l'empereur; le Roi nous aurait donné vingt fois la valeur des Tuileries, que jamais nous ne l'aurions eu dans nos cœurs.

Vingt-deuxième témoin, M. Cailsoué, bijoutier, au Palais-Royal.

Il a déposé que M. le maréchal Ney, arrivant

à Paris avec Bonaparte, lui envoya, par son valetde-chambre, toutes ses décorations à changer. C'est le 25 mars que M. le maréchal a eu ces objets, et c'est le 25 mars que je les ai inscrits sur mon livre que voici.

Le témoin a onvert alors le registre sommaire de sa maison.

Il y a lu le compte suivant : le 25 mars, doit M. le maréchal Ney, médaillon de deux croix grand-cordon, no..75, 50 francs; une croix no. 1, 12 francs; médaillon de la croix n°. 6, 6 francs; deux portraits or émaillé, 30 francs chacun, 60 francs.

L'accusé. Vous voyez, Monseigneur, que, d'a→ près ce compte, je ne pouvais pas avoir les décorations que les témoins prétendent m'avoir vues à Lons-le-Saulnier.

M. le président a demandé au témoin s'il n'avait point, à la même époque, arrangé pour l'accusé une plaque de la légion d'honneur.

Le témoin a répondu que non.

Il a répondu, sur les renseignemens qu'on lui demandait relativement à ces plaques, que le médaillon pouvait se changer à volonté, et que c'était dans ce médaillon qu'existait la seule différence qui distingue les plaques données par l'aucien gouvernement, de celles données par S. M.

M. Bellart a fait observer que le maréchal n'avait dû faire changer que les décorations royales; qu'à l'égard des décorations à l'aigle, s'il en avait il n'y avait rien à y faire; qu'ainsi la déposition avait bien peu d'importance.

Vingt-troisième témoin. M. Devaux, aide-decamp du maréchal. Il a dit :

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J'étais à Lons-le-Saulnier à l'époque du 14 mars; je n'ai remarqué aucun changement dans les décorations du maréchal, ni ce jour-là ni les jours suivans. Il portait une plaque et des rubans

rouges. »

Vingt-quatrième témoin. M. Batardy, notaire à Paris. Il a déposé :

« Au mois de février, M. le maréchal était dans sa terre des Coudreaux. Le 3 mars, il m'a fait écrire pour lui envoyer des renseignemens sur sa dotation et son traitement du mois de février. Il me chargea d'envoyer 3000 francs à M....... à Vienne, qui stipulait les intérêts des donataires devant le congrès. Je passai chez le beau-père de M. le maréchal, pour aviser aux moyens de lui faire passer aux Coudreaux le reste des fonds que j'avais touchés pour lui.

» On me dit que cela était inutile, parce qu'on venait d'expédier un courrier au maréchal, et qu'il allait arriver à Paris.

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