Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

>> que si celles que je voyais dans le département » du Jura se trouvaient jamais en présence de Bo» naparte, plus de la moitié passerait de son côté, >>> officiers et soldats. >>

»

» M. de la Genetière : « Que plusieurs villes » du Jura avaient un mauvais esprit. La ville de >> Lons-le-Saulnier renfermait aussi une masse >> d'hommes dévoués à Bonaparte. >>

>> M. de Faverney: « Qu'il tient du général » Lecourbe ce propos expiatoire de l'assentiment qu'il avait donné à la journée du 14: « Que » voulez-vous que je fasse ( avec des juremens ), » si les soldats ne veulent pas se battre? »

.

>> M. de Bourmont lui-même : « Il y avait, » depuis Lyon jusqu'à la limite du Jura, une >> fureur révolutionnaire fort dangereuse. >>

» M. Passinges de Préchamp, colonel de l'étatmajor : « J'avais la presque certitude que tout » ce qui était sous-officiers et soldats, et la plus >> grande partie des officiers subalternes, étaient >> restés affectionnés à Bonaparte, et qu'on ne » pouvait rien en espérer pour le service du Roi.»> » M. le maréchal de camp Guy: «< On disait

[ocr errors]

publiquement que les troupes de l'armée du » maréchal Ney, qui étaient à Lons-le-Saulnier, >> manifestaient hautement et généralement une >> intention bien prononcée de se joindre à Bona

[merged small][ocr errors]

>> parte, plutôt que de se battre contre lui, en je

>> tant dans les rues les cocardes et leurs cartou>>ches, aux cris répétés de vive Napoléon! vive » l'empereur!

[ocr errors]

que

» M. le comte Heudelet : « L'opinion publique » et les dires des voyageurs s'accordaient à peindre >> la situation des esprits dans le Jura, comme » étant à peu près dans les mêmes dispositions que >> ceux de mon commandement ; la situation politide ceux-ci n'était rien moins que rassurante. » Les royalistes étaient en extrême minorité. La » masse du peuple était prononcée pour 'Bona» parte; elle comprimait les serviteurs du Roi, >>> elle les menaçait déjà hautement, et les compagnies manifestaient généralement l'intention de » grossir l'armée rebelle.

»

>>...... Je ne crois pas qu'alors le maréchal Ney eût pu s'opposer efficacement aux progrès de Bonaparte, et, à plus forte raison, si, comme j'en suis persuadé, il ne pouvait plus compter sur la fidélité de ses troupes. »

» M. le baron Mermet: « L'intention du ma» réchal était de concentrer ses forces, pour ne » pas livrer les corps isolés à eux-mêmes et éviter >> des points de contact avec Napoléon. »

» M. le général Bessières : « Les troupes tin >> rent une conduite disciplinée à la sortie de

Besançon; mais elles me parurent disposées

» en faveur de Bonaparte... Par cette raison, le » maréchal Ney n'était pas en mesure de s'op» poser aux progrès de Bonaparte; la masse des >> habitans du Doubs était en sa faveur. >>

[ocr errors]

» M. de Vaulchier: « (Avant l'arrivée du ma>> réchal ) la disposition des troupes était équivoque. Je parlai aux officiers de deux régimens » d'infanterie qui me parurent très-froids. »

» Enfin, M. de Capelle, dont les déclarations. atténuantes pour le maréchal sont si loin d'être suspectes: « J'avais précédemment observé à M. de » Bourmont que, n'ayant environ que quatre » à cinq mille hommes, il me paraissait impos»sible, avec cet esprit de vertige qui se développait parmi les soldats, il pût espérer au>> cune chance avantageuse en marchant sur les » troupes de Bonaparte.

[ocr errors]

» J'étais convaincu que les troupes du ma» réchal Ney, mal disposées et inférieures en >> nombre, n'auraient pas tenu devant celles de » Bonaparte, et auraient immédiatement grossi » le nombre des traîtres, etc., etc. »

» Dans quelle procédure, sur l'objet capital de l'accusation, a-t-on jamais rassemblé des instructions aussi concordantes, aussi positives? Que résulte-t-il de ces observations multipliées sur l'es

prit qui dominait à Lons-le-Saulnier, notamment parmi les troupes ? qu'elles étaient, avant le 14 mars, avant l'instant fatal où le maréchal Ney s'est prononcé, tout-à-fait décidées et d'elles-mêmes à aller au-devant de Bonaparte, à suivre l'exemple, de leurs camarades du 76., et s'assurer par les mêmes voies de la résignation du maréchal à les y conduire.

» Ceci à toujours restera pour démontré aux impartiaux; ceci l'était bien pertinemment en tout cas pour le maréchal, lorsqu'il a paru prendre une détermination, et que, dans le fait, il s'est résigné, afin d'éviter un plus grand mal, à concourir à une jonction qui se fût bien effectuée sans lui.

[ocr errors]

Jusqu'à présent vous êtes fixés, Messieurs, sur une foule de causes, tant générales que particulières, qui ont dû puissamment concourir à ébranler la constance du maréchal Ney; mais ce qui devait achever d'en triompher, vous ne le connaissez pas encore. Je suis ici forcé de rappeler toute votre

attention.

>> Sur les simples annonces de l'arrivée de Bonaparte, et plus il approchait des contrées voisines de Lons-le-Saulnier, le faux enthousiasme du soldat avait été croissant de minute en minute. Dans la nuit du 15 au 14 mars, il est tout à coup porté à son comble. De nombreux émissaires de Bona

parte pénètrent dans le camp du maréchal; ils l'inondent d'affiches et de proclamations imprimées, où sont distillés tous les poisons de la séduction. Le soldat y puise à longs traits l'ivresse et le délire. Les têtes fermentent, toutes se portent au plus haut degré d'effervescence. Bientôt le maréchal en est informé.

>> M. Passinges de Préchamp, sous-chef d'étatmajor, est affirmatif sur ce fait de la distribution des affiches et proclamations imprimées.

» C'était la tactique bien connue de Bonaparte ; il l'avait exactement pratiquée sur toute sa route, à mesure qu'il gagnait du terrain.

[ocr errors]

Que s'ensuivit-il ? qu'à partir de ces contagieuses distributions, le maréchal n'eut. plus d'ar'mée; que tous les principes d'action partirent des extrémités au lieu d'être imprimés par la tête du chef.

» A tous ces assauts livrés coup sur coup et de tous côtés à l'imagination du maréchal, vint s'en joindre un dernier, dans la même nuit du 13 au 14 mars, non pas par l'accès donné au fond de sa maison à de vils corrupteurs qui se présentassent avec l'abominable projet d'acheter sa foi; mais le tableau raisonné dans le sens le plus propre par à séduire l'ami fidèle de son pays, celui qui lui avait jusqu'alors tout sacrifié ; mais par une habile

1

« PreviousContinue »