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1899

JANVIER

Réception du corps diplomatique à l'Élysée. Allocution du Président Félix Faure.

Affaire Dreyfus. Situation respective des partis politiques à ce sujet à la fin de 1898 et au début de l'année 1899. Fondation de la Ligue de la Patrie française. Appel à l'Union. Incidents soulevés au cours de l'enquête criminelle de la Cour de cassation. Démission de M. Quesnay de Beaurepaire, président de la chambre civile de la Cour de cassation. Campagne de presse. Ouverture de la session parlementaire ordinaire de 1899. - Constitution du bureau du Sénat et du bureau de la Chambre; discours d'installation du président de la Chambre, M. Paul Deschanel. CHAMBRE : Interpellation de M. Millevoye sur les causes de la đẻmission de M. Quesnay de Beaurepaire. Interpellation de M. Breton sur le dossier « ultra-secret » de l'affaire Dreyfus.

Brochure de l'ex-commandant Esterhazy sur « les dessous de l'affaire Dreyfus ».

SÉNAT: Discours d'installation du Président Loubet. Interpellations de MM. de Chamaillard et Le Provost de Launay sur le retard de la Cour de cassation à statuer sur la demande en règlement de juges déposée par le lieutenant-colonel Picquart. CHAMBRE: Ajournement de la proposition Gerville-Réache tendant à faire juger les demandes en revision des procès criminels par toutes les chambres réunies de la Cour de cassation.

Décision du Conseil des ministres de déposer un projet de loi faisant juger les demandes en revision des procès criminels par toutes les chambres réunies de la Cour de cassation.

CHAMBRE : Dépôt de ce projet et discussion sur le renvoi de ce projet à la commission. Vote.

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SENAT Question de M. Jacques Hébrard sur les colis postaux en Corse. Question de M. Viscur sur les conserves alimentaires dans l'armée.

Adoption, en première lecture, du budget de loi réprimant les fraudes dans la vente des marchandises et les falsifications de denrées alimentaires. Adoption du projet de loi relevant les droits d'entrée sur les vins. Discussion et vote du projet d'accord commercial

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franco-italien. CHAMBRE Discussion générale du projet de 1899. Importante dis: cussion générale du budget des affaires étrangères. Vote de ce budget. Question de M. Chassaing sur les conserves alimentaires. Discussion et vote du budget de l'intérieur. Discussion du budget

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des cultes. Vote. - Discussion du budget des services pénitentiaires. Question de M. Paschal Grousset à M. Lockroy, ministre de la marine. sur les bateaux sous-marins.

Interpellation de M. Charles Bernard sur les actes électoraux du préfet de la Gironde. - Interpellation de M. Poulain sur « les mauvais traitements infligés à quelques-uns de nos soldats et les mauvais soins qui leur sont donnés. » Interpellation de M. Albert

Gallot, sur certains cas d'empoisonnement par les conserves ali-
mentaires survenus dans un corps de troupes.

Nouvelle circulaire du comie Mouravier sur le désarmement.
Elections sénatoriales et législatives partielles.

Les préoccupations nées des incidents francoanglais à Fachoda n'étaient pas encore calmées quand s'ouvrit l'année 1899. Le discours prononcé le 1er janvier à la réception du corps diplomatique à l'Elysée par M. le président Félix Faure en porta la trace. Répondant à Mer Clari, nonce apostolique, et en cette qualité, doyen du corps diplomatique, qui avait exprimé en faveur du maintien de la paix pendant l'année 1899 les vœux d'usage, M. le Président de la Répub'ique prononça les paroles sui

vantes :

La France a toujours placé au premier rang de ses préoccupations l'affermissement de la paix, ce bien si précieux pour le bonheur des peuples, et ce n'est pas au cours de l'année qui vient de s'écouler qu'on a pu mettre en doute la sincérité de nos efforts et la valeur de notre concours.

Il n'était pas inutile devant les représentants de

l'Europe de marquer les véritables mobiles auxquels la France avait obéi en ne poussant pas à ses extrêmes limites la querelle que l'Angleterre lui avait cherchée dans le Haut-Nil.

Ce n'était pas de la part de notre pays une politique d'abdication, mais un juste souci de ses responsabilités et des conséquences d'une résolution violente, qui l'avait poussé, de propos délibéré, à faire à sa propre sécurité tous les sacrifices compatibles avec l'honneur national.

L'année 1899 devait être, comme l'année 1898 l'avait été elle-même, l'année de « l'affaire Dreyfus. » Commencée dans les derniers jours de 1897 comme pourrait l'être toute campagne publique pour la revision d'une erreur judiciaire quelconque, la demande en revision de l'affaire Dreyfus n'avait pas tardé à devenir le champ de bataille des partis politiques, champ de bataille à transformations, les partis politiques ne s'étant pas d'abord nettement groupés comme il était logique qu'ils se groupassent par la suite.

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C'est ainsi que dès les premiers débats soulevés dans les Chambres sur ce sujet, les partis avancés, radicaux et même quelques socialistes, avaient reproché au cabinet Méline de mettre de la mollesse dans la défense de l'autorité de la chose jugée et dans la protection de l'armée et de ses chefs contre les polémiques de presse et de réunion.

Devant le suffrage universel, un grand nombre de radicaux avaient presque accusé le ministère Méline d'être, par son attitude, complice plus ou moins inconscient de la revision du procès Dreytus.

Le ministère Brisson s'était constitué en juin 1898 avec M. Cavaignac pour ministre de la guerre.

Celui-ci garantissait au cabinet radical l'appoint, nécessaire à sa majorité, des députés nationalistes qui avaient la plus absolue confiance dans les sentiments << antirevisionnistes >> du ministre de la guerre, partagés à ce moment d'une manière publique et officielle par tous ses collègues du cabinet. Seuls, les socialistes, ou plutôt quelques-uns d'entre eux, formaient la poignée de parlementaires acquis à ce moment à l'idée de la revision. Encore était-ce leur état d'esprit antimilitariste qui les y avait conduits, plus que toute autre considération. Le fameux discours du 7 juillet 1898, dans lequel M. Cavaignac, ministre de la guerre, donna à la Chambre les prétendues preuves de la culpabilité de Dreyfus, commença à faire naître quelques anxiétés dans un très petit nombre d'esprits. Mais les situations respectives des partis politiques par rapport à l'affaire Dreyfus n'en furent point modifiées.

Il fallut le coup de tonnerre de la révélation du faux du lieutenant-colonel Henry pour modifier, de fond en comble, les positions prises.

Le parti socialiste devint tout entier et violemment revisionniste. Le parti radical suivit, une fraction avec enthousiasme, une autre avec résignation, la politique revisionniste de M. Henri Brisson.

Le parti républicain progressiste se trouva assez désorienté. Un certain nombre de ses membres avaient été convaincus par la révélation du faux Henry de la nécessité de la revision. M. Barthou, ancien ministre de l'intérieur du cabinet Méline, n'avait pas hésité, dès la première séance que tint le groupe républicain progressiste, à la rentrée d'octobre, à faire connaître que telle était son opinion. M. Poincaré était d'un même sentiment. Mais la grande majorité des

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