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épisodes du règne de Guillaume Ier (1). Tout récemment encore, dans son livre sur la révolution belge, M. Colenbrander signalait l'importance des correspondances et des rapports des diplomates accrédités par les puissances près la cour des Pays-Bas (2).

L'acquisition par le gouvernement hollandais de la partie la plus importante des papiers du ministre Van Maanen a ouvert aux travailleurs une mine nouvelle et un arrêté royal, tout récent, a ordonné la concentration aux archives générales du royaume, à La Haye, de tous les documents conservés dans les différents départements ministériels pour la période de 1814 à 1830 (3).

L'heure d'écrire une histoire du royaume des PaysBas complète, raisonnée et conforme aux règles de la méthode semblerait donc avoir sonné.

Mais, dans l'état actuel de la question, ce travail ne pourra pas être l'œuvre d'un seul. L'étude approfondie de l'histoire contemporaine nécessite l'examen de questions si nombreuses et si complexes, l'étude et la critique de sources si abondantes et si diverses, que

(1) Les premières années du royaume des Pays-Bas (1815-1818); La Sainte Alliance et le royaume des Pays-Bas; Relations inédites sur les débuts de la Révolution belge de 1850.

(2) De belgische ontwenteling; La Haye, 1905.

(3) Le classement n'est pas encore entièrement terminé, mais déjà une règle a été établie pour la consultation de ces documents : les archives de chacune des branches du Gouvernement ne peuvent être consultées que sur le vu d'une autorisation spéciale du chef de cette branche; toutefois les fonds pour lesquels une autorisation aura été accordée à un intéressé deviennent accessibles par le fait même, et sans nouvelle autorisation, à tous les autres intéressés. (Renseignement très obligeamment communiqué par M. Joseph Melot, secrétaire de la Légation de S. M. le Roi des Belges à La Haye.)

même pour une période aussi limitée que celle de 1814 à 1830, l'effort individuel reste impuissant.

Il faudra appliquer à cette matière le principe de la division du travail et, en apportant chacun sa part de matériaux, préparer ainsi l'œuvre de celui qui, un jour, pourra synthétiser les résultats individuels et couronner l'édifice en écrivant l'histoire du royaume des Pays-Bas.

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Parmi les causes de notre révolution, il en est une qui a spécialement fixé notre attention, c'est la cause religieuse.

A côté des facteurs économiques, dont une école aussi célèbre par le talent de ses chefs que par la sûreté de sa méthode voudrait faire la principale, si pas l'unique cause des grands événements de l'histoire, il y a intérêt à étudier la marche et le développement d'autres facteurs, d'ordre moral, qui, s'adressant aux facultés les plus nobles de l'homme, le portent à la poursuite d'un idéal, sans souci de ses intérêts matériels.

C'est cette considération qui nous détermine å examiner au seul point de vue de la religion catholique l'histoire du royaume des Pays-Bas.

Après avoir montré toutes les difficultés d'ordre religieux que rencontra l'établissement de la nouvelle monarchie et exposé les fautes multiples de la politique de Guillaume Ier envers le Saint-Siège et les catholiques, nous verrons cette politique avoir pour

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résultat immédiat l'alliance inattendue et surprenante des catholiques et des libéraux et aboutir ainsi à l'union patriotique qui assura le succès de la révolution belge.

Nous serons alors en droit de conclure que la question religieuse a été une des causes principales, si pas la principale, de la chute du royaume des PaysBas et du triomphe définitif de notre indépendance. Cette question était délicate à traiter.

Dans notre chère Belgique, peut-être plus qu'ailleurs, du moment que l'on touche, même rétrospectivement, à certains points de controverse religieuse, de droit civil ecclésiastique ou de politique, on s'expose à heurter des susceptibilités et à froisser des convictions qui, tant d'un côté que de l'autre, rendent malaisé tout jugement impartial.

Aussi, avons-nous hâte de proclamer que nous ne faisons pas une œuvre de polémique. Dans toutes les questions que nous allons exposer, nous avons constamment recouru aux documents les plus sûrs. Nous avons, évitant autant que possible tout commentaire, laissé parler les personnages; nous avons rapporté leurs négociations, leurs lettres, leurs discours, leurs notes, leurs récriminations.

Il nous restait à présenter et à mettre en ordre ces actes divers et nous nous sommes borné à ce rôle modeste, laissant le lecteur, mis à même de se prononcer en connaissance de cause, juger souveraine

ment.

Sur cette intéressante question des rapports entre Guillaume Ier et l'Eglise catholique, nous n'avons guère trouvé le terrain encombré.

Le P. Delplace, S. J., avait examiné l'histoire de la Belgique sous Guillaume I plus spécialement au point de vue religieux, mais ce travail ne reposait que sur des sources imprimées, spécialement sur de nombreuses brochures de l'époque, dont un bon appendice bibliographique donne la liste.

Plus important est l'ouvrage du P. Albers, S. J., Geschiedenis van het Herstel der Hierarchie in de Nederlanden. Au moyen de documents de la plus haute valeur, tirés principalement des papiers Van Maanen, récemment ouverts aux recherches, et des archives de l'internonciature de La Haye, le P. Albers a retracé les différentes péripéties qui, pendant un demi-siècle, marquèrent le rétablissement du régime épiscopal dans le royaume des Pays-Bas.

Bien que ce livre ait été conçu dans un but différent du nôtre, tous les chapitres relatifs à la négociation et à l'exécution du concordat de 1827 rentrent dans le cadre de notre travail et nous y avons fait de longs et multiples emprunts, d'autant plus que la langue hollandaise n'est pas familière à tous nos compatriotes et que, comme nous le dirons, les archives de l'internonciature de La Haye ne comportent que les copies de quelques-uns des documents qu'il nous a été donné de consulter nous-même à Rome.

Ajoutons aux renseignements tirés de ces deux ouvrages certains détails que nous ont fournis les travaux de Claessens, de Daris, d'Allart, de Poullet et

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d'autres livres traitant accessoirement de notre sujet et dont on trouvera ci-après la nomenclature détaillée.

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Notre ouvrage repose presque uniquement sur des sources d'archives, pour la plupart non encore explo

rées.

Par une faveur toute spéciale de Leurs Eminences les cardinaux Rampolla et Merry del Val, qui voudront bien trouver ici les expressions respectueuses de notre vive gratitude, il nous a été permis de pénétrer dans les archives, jusqu'alors strictement fermées, de la Secrétairerie d'Etat et de la Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires. Il serait superflu d'insister sur l'importance des découvertes qu'il nous a été donné de faire dans ces fonds précieux des archives vaticanes (1).

(1) Les archives de la secrétairerie d'Etat postérieures à 1815 sont strictement fermées et ne sont classées que d'une façon très sommaire. Elles se divisent pour le royaume des Pays-Bas en dossiers d'importance très variable contenant, par année, sous la rubrique : PAESI-BASSI, titolo IX, n' 256, la correspondance de M" Ciamberlani, vice-supérieur des missions de Hollande (1814-1828), celle du nonce extraordinaire Nasalli (18231824) et celle de l'internonce Capaccini (1828-1830), ainsi que toutes les pièces relatives à la négociation du concordat et un gros dossier de miscellanea. Sous la rubrique PAESI-BASSI, titolo IX, no 270, Ministro, est classée, par année, la correspondance échangée entre la Secrétairerie d'Etat et les ministres et ambassadeur du roi des Pays-Bas à Rome.

Les archives de la Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires sont mieux en ordre et possèdent un inventaire : Indice delle carte che si conservano nell' archivio della Sagra Congregazione sugli affari ecelesiastici straordinari del mondo cattolico fino dalla sua prima erezione seguita nel anno 1814, dans lequel sont classés, sous les rubriques Olanda et Belgio, tous les documents relatifs à l'ancien royaume des PaysBas.

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