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Rapport de M. Bouriat, sur la cheminée en grotte de M. de la Chabeaussière.

La cheminée de M. de la Chabeaussière a été établie cet hiver dans le local même de la société d'encouragement. L'examen particulier de cette construction a été confié au comité des arts économiques, qui m'a chargé de vous en faire un rapport.

Cette cheminée, que l'auteur nomme cheminée - grotte, est destinée à brûler de la houille. Elle est construite d'une seule pièce en terre crue malaxée avec de la bourre, de manière qu'en la posant dans une autre chemi née de construction ordinaire, elle peut servir sur-le-champ. La terre se cuit peu-à-peu par le feu qu'on y fait. Elle présente un vide parabolique de 21 pouces de hauteur sur 14 de large et 6 d'enfoncement. Les parois ont 3 pouces d'épaisseur.

La forme parabolique de cette grotte est très-propre à réverbérer en tous sens la chaleur qu'elle reçoit du combustible qu'on y brûle, et dont la fumée est aspirée par une ouverture de 3 à 4 pouces de diamètre, pratiquée à son sommet, sur le devant,

Le combustible se place sur une grille de fer isolée, dont le sol est cintré comme le vide de la cheminée; un grillage perpendiculaire à retour d'équerre est adhérent à la grille plate ce retour a 4 pouces de hauteur. Trois pieds de 5 pouces et demi de hauteur soutiennent cette grille, et forment un espace propre à recevoir un grand courant d'air, et à contenir les cendres qui peuvent être recueillies dans une capsule mobile posée sur l'âtre.

Un souffleur ordinaire en tôle est fixé près, la barre du manteau de la cheminée.

L'auteur n'a point présenté sa cheminée comme invention nouvelle, mais comme une heureuse application de la coquille à rôtir qui lui en a donné l'idée. Il est reconnu que de toutes les formes adoptées jusqu'à présent pour la construction des cheminées propres brûler le charbon de terre, celle-ci paraît une des meilleures.

Elle offre d'ailleurs un grand avantage par la facilité qu'on a de la placer et de l'ôter à volonté, sans avoir besoin d'un maçon pendant plus d'une heure, si l'on ne veut pas la placer soi-même. Dans tous les cas, les frais de construction ne peuvent pas dépasser 4 à 5 francs, non compris la grille qui coûte

6 francs en fer forgé, et un tiers de moins en fonte.

Il serait à désirer pour la commodité du public, et surtout pour les personnes qui cherchent l'économie, qu'il se formât un établissement où l'on fabriquerait ces sortes de grottes qui, avec 20 briquettes de houille, ou 15 à 16 livres de charbon de terre pur, peuvent procurer un très-bon feu pendant 12 à 15 heures.

En augmentant les proportions d'une semblable cheminée, en la construisant en briques cimentées avec de la terre argileuse, et en conservant la forme parabolique, on pourrait peut-être y brûler du bois mis sur des chenets, ou un mélange de bois, de houille et de briquettes, ainsi qu'on le fait dans plusieurs grandes maisons qui ont adopté ce mélange, comme procurant une chaleur plus forte.

Si la première idée de l'auteur a été de rendre service aux personnes obligées de recourir à une stricte économie, il a senti, d'après nos observations, qu'on pourrait en faire profiter aussi celles qui la recherchent moins, en faisant couler la grotte en fonte, et en y adaptant par des agrafes, deux plaques de

même métal, pour remplir la face antérieure des cheminées déjà établies, où l'on voudrait la poser. Un peu de terre argileuse colorée en noir par du molybdène (ou toute autre substance) fermerait les interstices qui pourraient exister entre ces plaques. Dans ce cas, et pour tirer un meilleur parti du calorique qui traverse si facilement les pores du fer, l'auteur propose de construire, derrière la grotte et les plaques, un massif en briques à 2 pouces de distance et de même forme, lequel, fermé à la partie supérieure, ne permettra pas au calorique dégagé dans cet intervalle de communiquer avec le tuyau de la cheminée. Ce calorique pourra être refoulé dans l'appartement à l'aide d'une ouverture pratiquée au bas d'une des plaques ou même des deux.

Cette nouvelle cheminée serait susceptible de recevoir des ornemens comme celle's qui sont employées en Belgique, et elle serait moins coûteuse (1).

(1) M. Machault a fait exécuter cette cheminée; mais, au lieu de faire construire la première grotte en fonte, il l'a fait exécuter en briques de Bourgogne ou demi-briques coupées sur leur longueur, et en terre à potier; il n'a laissé

188 Cheminée-grotte brûlant de la houille.

ouverture de 14 pouces de long sur 3 ou 4 de large, , pour le passage de la fumée; il a supprimé en même temps les deux ventouses. D'après cette modification, l'air de l'appartement entretient presque seul la combustion : aussi la houille devient-elle plus difficile à allumer, et peut répandre un peu d'odeur dans la pièce, si l'on n'apporte pas les plus grands soins dans l'arrangement du combustible..

Dans le premier cas, où le courant d'air froid est trop accéléré par les ventouses pour permettre l'expansion complète de l'air chaud dans l'appartement, il est facile de le modérer à l'aide d'un registre, ou en en supprimant une et en prolongeant celle qui resterait jusqu'à la base du foyer à l'aide d'un tube de fer. Ce moyen remédierait peut-être complètement au léger inconvénient qui résulte d'une trop grande quantité d'air froid.

Cette cheminée ne peut pas se ramoner : mais il en coûte si peu pour la démonter et pour déplacer quelques briques, qu'il en est d'elle comme d'un poêle dont on ôte presque toujours les tuyaux pendant l'été.

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