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dans les Pyrénées et partout où il est possible de se procurer cette chute naturellement, qu'on peut en faire usage.

Cette soufflerie n'a de commun avec les autres que son effet utile; car il n'y a ici ni rouages, ni leviers, ni pistons comme dans celles-là, et c'est en quoi elle se rapproche de la machine que je propose. Elle n'éprouve donc pas tous les frottemens auxquels sont sujettes les machines dont j'ai parlé précédemment. Mais, si dans celle-ci, par la suppression de toutes les parties auxiliaires, on évite les frottemens qu'elles entraînent, il existe un autre frottement qui n'est pas moins considérable, et une autre cause qui contribue à la perte d'une grande partie de la puissance.

Une trombe est composée de plusieurs tuyaux étroits et longs, de 18 à 20 et 24 pieds, et quelquefois même beaucoup plus. Ces tuyaux descendent verticalement d'un réservoir d'eau dans une espèce de cuve fermée par-dessus : l'eau, en tombant avec une grande rapidité dans ces tuyaux, enveloppe et entraîne avec elle l'air qu'elle rencontre et qu'elle aspire continuellement par des soupiraux pratiqués latéralement à différentes.

hauteurs de ces tuyaux; elle le dépose dans la cuve inférieure, d'où il est porté au fourneau par le canal ou porte-vent, établi pour cet effet sur la partie supérieure de cette cuve.

Il ya, avons-nous dit, dans cette machine, un frottement considérable et une grande perte de forces. En effet, l'eau tombant avec une grande rapidité dans des tuyaux étroits dans lesquels elle est resserrée, éprouve par le frottement une forte résistance de la part des parois de ces tuyaux; en second lieu, l'eau qui les traverse n'entraîne pas toujours avec elle tout l'air qu'elle pourrait chasser dans la cuve. Enfin, la perte de forces la plus considérable, c'est la vitesse prodigieuse de ces colonnes d'eau qui viennent frapper inutilement une pierre immobile placée au fond de la cuve. Si cette vitesse est moitié de celle qu'aurait l'eau tombant librement, ce qu'on peut admettre, ce sera la moitié de l'action qu'elle pourrait produire, de détruite ; joignons à cela le frottement dont nous avons parlé, il ne restera peut-être pas un quart du moteur employé utilement.

J'ai eu pour but dans les nouveaux soufflets, dont je vais maintenant faire l'analyse, de parer, autant que faire se peut, à tous ces

inconvéniens, et de mettre à profit la plus grande partie possible de la puissance du moteur; ainsi, pour éviter les frottemens auxquels sont sujets les soufflets et les cylindres, j'ai supprimé entièrement tous les rouages et les pistons pour laisser agir directement le moteur; pour remédier au double inconvénient des trombes où le frottement empêche que l'eau ne prenne toute la vitesse que sa chute lui imprimerait, et dans lesquelles la plus grande partie de cette vitesse lutte continuellement contre un corps immobile qui en détruit entièrement l'action sans produire aucun effet, je donne à cette eau moteur une voie large qu'elle parcourt lentement, et dans laquelle, après sa propre inertie, elle ne trouve presque d'autre résistance à vaincre que celle de l'air qu'elle chasse devant elle.

Je suis loin de prétendre cependant que la machine soufflante que je propose de substituer à celles-là, rende en entier la quantité de mouvement qu'elle dépense; il n'existe et ne peut exister aucune machine qui jouisse de cette propriété, et les plus parfaites sont celles dans lesquelles la différence entre la dépense de forces et l'effet produit est la moins

grande possible. Si je ne me trompe, je me suis beaucoup approché de ce terme, dans la solution du problème que je m'étais proposé. En effet, les frottemens, si considérables dans les machines puissantes, sont presque nuls dans celle que j'analyse ici; car ils consistent seulement dans le jeu de quelques clapets, et il est aisé de voir que ceux-ci n'éprouvent dans leur mouvement qu'une très -faible résistance de la part des surfaces qui glissent les unes sur les autres. Je ne m'arrêterai pas à calculer cette résistance à l'égard des soupapes à air g, g', parce qu'elle est si peu de chose en comparaison de la puissance, qu'on peut la négliger, surtout dans cette machine où des contre-poids balancent leur pesan teur. D'ailleurs je n'en ai pas tenu compte dans les autres machines que j'ai analysées, où ces soupapes existent également et où elles opposent cependant une assez forte résistance à la rentrée de l'air, qui est obligé d'en soulever tout le poids. Je me bornerai donc à calculer cette résistance à l'égard des clapets qui sont particuliers à l'espèce de soufflets qui m'occupe maintenant. C'est le choc dont j'ai parlé qui est employé à vaincre cette résistance, et ce choc peut s'évaluer dans la

quantité de mouvement qui le produit. En effet, la colonne d'eau h qui lui donne naissance a, comme nous l'avons indiqué, 6 pieds 1/2 cubes de capacité, et 5 pieds 4 pouces de vitesse par seconde. Cette vitesse correspondant à 5 pouces 8 lignes 4/15 de chute, la portion du moteur dépensée pour ce choc sera donc = 6 pieds 1/2 cubes d'eau tombant de 5 pouces 8 lignes 4/15. Cette quantité comparée à la totalité de la dépense du moteur, d'un choc à l'autre, sera donc :: 6 1/2 5 pouces 8 lignes 4/15: 36 × 4, :: 3 77/360: 144, ou enfin, à très-peu de chose près 1:44, c'est-à-dire, que cette perte de :: forces ne sera que 1/44 de la puissance entière du moteur.

Une seconde perte de forces consiste dans l'évacuation de l'eau par l'ouverture de la caisse inférieure; en supposant que cette ouverture soit au niveau de la surface du ruisseau d'écoulement, cette perte sera le 1/16 de la force totale du moteur, comme il est aisé de le voir d'après la hauteur indiquée des caisses.

Il faut ajouter encore à cette déperdition de forces, celle qui résulte de la vitesse que l'eau est obligée de prendre pour produire

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