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MÉCANIQUE.

Description de quelques perfectionnemens ajoutés aux machines à vapeur; par

M. Moult.

L'idée de remplacer les cylindres et les pistons des machines à vapeur par un récipient fixé à l'extrémité du balancier, dans lequel on fait alternativement le vide et on introduit un fluide pesant quelconque, tel que du mercure ou des dissolutions salines, pour faire agir les leviers et produire ainsi le mouvement, n'est pas nouvelle. Elle paraît avoir pris naissance en France, où plusieurs artistes, et entre autres MM. Girard frères l'ont executée. Mais, quoique cette invention puisse donner quelques résultats utiles, il n'est pas notre connaissance qu'elle ait été appliquée en grand. Néanmoins, toute idée de ce genre nous semblant mériter d'être accueillie comme tendant à simplifier la construction des moteurs nous croyons devoir en faire mention et la recommander aux méditations des artistes.

à

L'auteur, M. Moult, a pris, pour cette invention, une patente en date du 23 mai 1814. Voici comment il la décrit dans le Repertory of arts, cahier de mars 1815.

<< Le perfectionnement que j'ai imaginé est applicable à toutes sortes de machines mues par la vapeur. Il consiste dans l'emploi de l'eau ou de quelque autre fluide pesant, en remplacement des cylindres et des pistons, les autres parties de la machine, telles que balanciers, bielles, volant, pompe à air, condenseur, etc., étant conservées.

Explication de la planche double 22 et 23.

Un récipient d'une capacité égale ou plus grande que le cylindre ordinaire, est fixé à l'une des extrémités du balancier, ou à toute autre partie mobile de la machine; il est ouvert par le fond, et plongé dans une bâche placée immédiatement au-dessous, et remplie d'eau ou de quelque autre fluide. Le tuyau à vapeur passe à travers la bâche et s'élève dans l'intérieur du récipient, au-dessus du niveau du liquide; il est muni d'une soupape, dont l'ouverture ou la clôture déterminée par une tringle communiquant au moteur, permet ou

interdit alternativement le passage de la vapeur dans le récipient. Un autre tuyau, placé au sommet du récipient, aboutit au condenseur et sert à y conduire la vapeur ; il est muni d'une soupape de sortie, au moyen de laquelle on peut interrompre à volonté la com

munication avec le condenseur. L'extrémité opposée du balancier doit être chargée d'un poids suffisant pour élever le récipient, lorsque le vide y est fait. Voici quel est l'effet de

la machine.

Aussitôt que la vapeur commence à pénétrer dans le tuyau, on ouvre la soupape g afin qu'elle puisse passer dans l'intérieur du récipient; alors celui-ci s'élève, et lorsqu'il est parvenu à son plus haut point d'élévation, et est par conséquent rempli de vapeur, on ferme

la soupape g, et on ouvre immédiatement celle de sortie h, qui conduit au condenseur. L'injection qui se fait dans cette dernière partie de la machine atténue la vapeur du récipient et y forme le vide. Alors le liquide pesant qui remplit la bâche, pressé par l'atmosphère, s'élancera dans le récipient à une hauteur proportionnée à sa pesanteur spécifique. De cette manière, le récipient se trouvera retenir une colonne de fluide d'une hau

teur telle que son poids le fera descendre avec une force proportionnée à sa pesanteur et à sa surface. La hauteur du récipient devra excéder celle de la colonne d'eau d'une quantité équivalente à la longueur du coup ou de l'impulsion qu'on doit donner à la machine, en sorte que, lorsqu'il aura atteint le maximum d'abaissement, le fluide remplira toute sa capacité.

On doit maintenant fermer la soupape het ouvrir en même temps la soupape g, qui permet qu'une nouvelle quantité de vapeur passe dans le récipient, et cause de nouveau son élévation, aidée par le contre-poids placé à l'autre extrémité du balancier ; et c'est ainsi ; que le mouvement continue par l'abaissement et l'élévation alternative du récipient.

Pour simplifier la machine, on peut omettre la pompe à air et le condenseur. Dans ce cas, on adapte un tuyau d'injection qui conduit l'eau froide d'un réservoir supérieur dans le récipient, lorsque la soupape est ouverte : cette eau condense la vapeur, ce qui produira le vide et les mêmes effets qu'on vient de décrire. Mais, pour cela, il faut pourvoir aux moyens de se débarrasser de l'eau d'injection, ce qui est facile lorsque le fluide employé

est de l'eau, puisqu'elle peut se mêler à celle qui est contenue dans la bâche; mais quand on se sert d'un autre fluide, il faut adapter un tuyau de décharge pareil à celui des machines à vapeur, qui descendra dans quelque réser voir inférieur, de manière que le fluide s'échappe aussitôt que la vapeur entre dans le récipient. Pour prévenir le retour de l'eau, lorsque le vide est formé, le bout du tuyau de décharge est muni d'une soupape de retour, ouvrant en dehors. Une pareille soupape est placée au sommet du récipient, pour évacuer l'air qu'il contient, quand la vapeur y est admise; la pression de l'atmosphère sur cette soupape empêche l'air extérieur de rentrer dès que le vide est formé. La condensation pourrait aussi s'opérer sans injection, par la chute d'un courant d'eau froide sur l'extérieur du récipient; mais ce moyen ne peut être employé que dans de petites machines à simple effet. Dans les machines à double effet on fixe un récipient à chaque extrémité du balancier, et on omet le contre-poids, comme nous le dirons ci-après.

Pour diminuer la quantité du fluide dans lequel le récipient est plongé, on peut placer au fond de la bâche un corps solide capable

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