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>> elle trouve de nombreux imitateurs. Vous bornerez-vous sans » cesse à ordonner l'exécution de vos décrets? Que ferez-vous de plus » que vous ne faites chaque jour? Ceux qui les négligent ne sont>> ils pas aussi des conspirateurs? ne veulent-ils pas aussi avilir la représentation nationale?

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Citoyens collègues, soyez en garde contre les fausses attaques . des factions, elles en veulent à votre gouvernement: elles s'atta>> cheront à vous présenter comme des tyrans et des oppresseurs » féroces, ceux de vos collègues qui dans les départements mon» treront une volonté ferme, une résolution forte de l'établir et qui puniront sévèrement tous les prévaricateurs. Eloignez de vous » leurs insinuations perfides, de quelques couleurs qu'elles soient » enluminées. Les préventions sont de mauvais conseillers; le re» cueillement et la méditation sont les premières puissances de celui qui gouverne. Que vos collègues courageux et énergiques » trouvent dans votre justice sévère, mais éclairée, une garantie, » une sauve-garde contre les passions, contre les faiblesses individuelles et contre les atteintes de l'hypocrite et féroce calomnie. » Donnez au peuple et à ses réprésentants une grande force. Qu'ils soient inséparables; c'est un moyen puissant, une mesure efficace, » un ressort qui est en proportion avec les obstacles que nous avons à surmonter; un ressort qui a la trempe indestructible de la liberté. Que votre comité de salut public, profondément pénétré de » cette vérité, saisisse ce ressort énergique; qu'il lui donne un développement rapide et vigoureux; qu'il ne redoute point les couleurs

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» de la dictature dont on voudrait le couvrir; les effets de son dé>> vouement vertueux seront bientôt imprimés sur les ruines des trônes ensanglantés, vous les voyez déjà marqués sur les fronts » des méchants consternés. Vous lisez : Le crime finit, la vertu com

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» mence, la république est immortelle. Je propose à la Convention le projet de décret suivant :

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» 1° La Convention nationale approuve toutes les mesures prises à >> Commune-Affranchie par les représentants du peuple.

» 2o Les informations ordonnées par l'arrêté du 6 germinal, et qui » ont été suspendues par le comité de salut public, seront continuées. » 3o Les représentants du peuple sont autorisés à partager entre » tous les patriotes indigents les maisons de Commune-Affranchie qui appartenaient aux rebelles condamnés à mort. »

A peine l'orateur eut-il achevé les dernières paroles de ce discours impatiemment écouté, qu'un jacobin lyonnais, faisant partie de la société, demanda la parole contre lui; mais Robespierre, jugeant avec sa prudence ordinaire, que le moment d'éclater n'était point encore venu, fit ajourner la réponse demandée; puis, feignant, par un mouvement habile, d'apprécier à sa juste valeur le patriotisme de Fouché de Nantes, il contredit aussitôt cette espèce d'amende honorable, en rendant hommage à la probité politique du citoyen lyonnais qui s'était déclaré spontanément l'adversaire du rapporteur. Enfin, par une manœuvre qui lui était familière, il revint indirectement à la charge contre Fouché, blåmant avec beaucoup de vigueur les commissions révolutionnaires qu'il dirigeait à Lyon. « Les patriotes lyonnais, dit-il » en terminant, les vrais amis de Challier et les compagnons de ses » souffrances, ont été trop modestes envers les intrigants qui se sont >> introduits parmi les patriotes envoyés de Paris, et se sont mis à la place de ceux de Lyon. Ceux-ci auraient eu déjà plongé la conspiration dans le néant, si ces intrigants ne les avaient pas opprimés. » Au surplus, le comité de salut public a connaissance des faits, et il reprend des mesures pour fonder la liberté dans ces malheureuses >> contrées. »

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Ceci se passait à Paris, dans les premiers jours d'avril, tandis que la chose publique se trouvait exposée à Lyon, sur le terrain brûlant des passions. L'anarchie était au camp des patriotes, toujours divisés en deux catégories bien distinctes, les indigènes et les étrangers. La position des représentants du peuple devenait de plus en plus critique; les dénonciations contre eux se succédaient sans relâche, alors que leurs personnes mêmes n'étaient pas à l'abri de tout danger. Pour bien faire apprécier à nos lecteurs les difficultés de leur mission et les angoisses qui y étaient attachées, il nous suffira de reproduire les cris de détresse que Delaporte confia en forme de lettre à son collègue Méaulle, partant le 13 avril pour Paris. C'est à Couthon qu'il s'adressait :

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J'ignore, cher et digne ami, lui disait-il, si tu as reçu mes précéden»tes lettres, puisque tu ne m'en as pas même accusé la réception ; je » ne comprends pas ce qu'on veut faire de nous; j'entends de tous cô»tés qu'on nous dénonce sans savoir pourquoi. Des courriers partent chaque jour, des émissaires sont à Paris depuis long-temps, et nous » sommes à cent lieues, et le comité du salut public ne répond point à

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» nos lettres; et il n'approuve ni n'improuve nos arrêtés ; je t'en envoie » une collection, elle est le miroir de notre conduite. Nous avons » cherché à faire le bien : si nous nous sommes trompés, qu'on nous le » dise. Si nos arrêtés sont bons, qu'on les confirme, s'ils sont mauvais, qu'on les casse: je ne tiens pas à des mesures que j'ai crues bonnes, quand ceux qui voient plus clair que moi me disent qu'elles sont » mauvaises. Mais si on ne me dit rien !.... Une lutte s'est établie entre » les fonctionnaires de cette commune et les Parisiens de la commission temporaire; ces Parisiens, envoyés par la société des jacobins, du >> consentement du comité de salut public, m'étaient tous inconnus quand ils sont arrivés à Commune-Affranchie; je ne les connais en» core que par les rapports des fonctions qu'ils ont exercées: mais je dois dire que je les ai toujours vus patriotes et que je les crois encore >>tels, malgré la calomnie qui semble les poursuivre. Je ne puis que >> rendre le même témoignage en faveur des patriotes envoyés par les » sociétés populaires de plusieurs départements, quoique je ne les aie pas connus davantage : je les ai vus en masse vouloir le bien et cher» cher à le faire. Je ne sais par quelle fatalité les patriotes d'ici ne » peuvent souffrir des frères qu'ils appellent étrangers, comme si la >> république était dans Commune-Affranchie seulement. Ils nous ont » déclaré qu'ils n'en souffriraient aucun dans les places. Je crois que »> nous avons eu un tort; c'est d'avoir établi une autorité à part, composée d'étrangers, pour surveiller les autres autorités composées des citoyens de la ville. Ces autorités ne marchaient pas, tu le sais bien, » puisque tu l'as vu toi-même, et que toi-même tu avais demandé des >> jacobins à la société de Paris, pour que les mesures qui étaient à prendre par les représentants du peuple fussent exécutées ponctuel>>lement et sans entraves. Je pensais qu'il était meilleur de répartir les » Parisiens dans les diverses autorités, pour y donner le mouvement >> révolutionnaire. Collot-d'Herbois crut qu'il valait mieux en compo>> ser une autorité surveillante des autres autorités. Il ne supposait pas » alors que la jalousie d'abord, et ensuite la haine et la calomnie, vien>> draient attaquer des hommes qui quittaient leurs foyers pour se » dévouer à des fonctions pénibles autant que rebutantes.

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» Il est possible que cette commission ait commis quelques erreurs

» dans le grand mouvement de la révolution et la grande confusion des

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» affaires; mais en masse, son existence a produit le plus grand bien. ⚫ Jamais les patriotes d'ici ne nous ont rien dénoncé contre cette com

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>> mission. Si elle a prévariqué, si elle a opprimé les patriotes de Commune-Affranchie, ceux-ci auraient dù nous les dénoncer, nous de

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» mander justice; car nous devions être au moins juges de première instance, sauf l'appel au comité de salut public ou à la Convention, » en cas de déni de justice de notre part. Eh bien! jamais, non jamais » les patriotes d'ici ne nous ont fait la moindre dénonciation contre la >> commission, ni verbalement, ni par écrit ; et sans nous demander justice, à nous qui étions sur les lieux pour la rendre, ils sont allés >> furtivement ou plutôt clandestinement à Paris, répandre l'alarme » dans le comité et lui faire croire que les patriotes étaient ici sous le » couteau. Je ne puis m'empêcher de voir dans cette conduite la vio»lation de tous les procédés entre des frères, et le mépris le plus for>> mel pour notre caractère et pour la mission qui nous est déléguée. » Je ne sais si je me trompe, mais je suis fortement convaincu qu'on >> ne veut ici d'aucune espèce de surveillance, pas même de la nôtre. >> Nous insistons pour notre rappel. Des successeurs seront sans doute plus heureux que nous. Mais si le comité du salut public ne leur » donne une grande confiance, une grande force morale, et qu'il veuille > mettre la volonté réguliere du gouvernement à la place des passions » qui agitent les têtes, des vengeances qu'on a à exercer, et des mouve»ments désordonnés par lesquels on voudrait continuellemeut agiter >> cette masse infortunée qui fait la population de cette ville; ils n'y >> seront pas deux décades, que déjà les dénonciations pleuvront sur » leur tête; c'est ce qui me paraît aussi clair que le jour. Ce qui est » encore pour moi de toute évidence, c'est qu'il s'est commis ici d'hor» ribles dilapidations. Autant que je puis entrevoir, on en accuse les » Parisiens, mais prends garde que ce sont les comités révolutionnai>> res qui ont apposé les scellés. Ce sont ces comités lyonnais qui ont » les clés des magasins et maisons séquestrés, qui ont mis dans ces » maisons et magasins des gardiateurs à leur dévotion; qui n'ont point >> fait d'inventaires; qui n'ont point fait appeler les intéressés à leurs » opérations; qui ont chassé de leur domicile les femmes, enfants et domestiques, pour n'avoir pas de témoins; qui, par conséquent, ont » pu faire tout ce qu'ils ont voulu.

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» Prends garde que la commission temporaire n'a pu agir que par réquisition; que le montant des réquisitions qu'elle a faites peut être

» établi dans un compte, et que ce compte, elle vient de vous le soumettre, tandis qu'aucun comité n'a présenté les siens. Où sont donc

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» les dilapidateurs? Est-ce parmi ceux qui ont tout mis à leur discrétion, ou parmi ceux qui n'ont pu toucher à rien sans des réquisitions, des procès-verbaux et des quittances? Lorsque la voix publique est venue nous informer que les magasins se dilapidaient, > nous avons pris un arrêté qui a défendu à toute autorité de » faire lever les scellés sans notre autorisation. Eh bien! croiras» tu qu'après même cette défense, on est venu enfoncer un maga» sin séquestré jusque dans notre maison? Nous avons pris les di>> lapidateurs sur le fait. Et qui étaient ces dilapidateurs? C'était précisément deux commissaires du comité: ils vidaient le magasin sans autorisation de nous, ni même sans être munis de pou» voirs par le comité. Je les ai fait arrêter et conduire à la Com>> mission pour y être interrogés; mais c'était malheureusement » des patriotes. La femme est venue se jeter à nos genoux pour de>mander pardon; la section les a réclamés comme patriotes; et » ils ont été relâchés de notre consentement par la Commission temporaire. Je te demande si c'est là persécuter les patriotes; » mais je te demande en même temps, si les séquestres étaient bien ⚫ gardés dans toute la ville quand on avait l'audace de venir forcer » les serrures et piller jusque sous nos yeux et dans notre propre » maison? Les deux seuls patriotes contre lesquels nous ayons dé

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» cerné un mandat d'arrêt, sont 1° le nommé Gastaing, confiseur, >> que tu connais; c'est celui que le général Achon est venu nous dé»> noncer comme ayant abusé de sa qualité de commissaire aux séquestres pour s'installer dans la maison d'un millionnaire séquestré, » pour s'être mis en possession de la maison sans inventaire, pour y avoir fait des orgies avec des filles et d'autres commissaires comme lui..... Ce fait doit te rappeler l'homme, eh bien! il est encore un » de ceux qui ont prêché l'insurrection au peuple dans la société populaire, au moment où l'on est venu nous demander des armes. » Il est maintenant à Paris à nous calomnier. Ainsi, tu vois que ce » n'est pas nous qui l'opprimons, mais bien lui qui nous opprime, » car il nous calomnie impunément. L'autre est un nommé Jacob, » officier municipal, chargé de l'atelier des habits militaires. Il a » abusé d'une réquisition émanée de nous, pour prendre des draps à » discrétion dans les magasins séquestrés; et il a fait usage de notre >> arrêté ancien, lorsqu'il y en avait un nouveau qui ne permettait pas de réquérir indéfiniment, mais d'une manière déterminée et en

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