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-Les journaux annoncerent, il y a quelque temps, la onversion du rabbin en chef à Maestricht. Les circonstances le cet évènement font admirer le pouvoir de la grâce. Nous uiserons notre récit abrégé dans un écrit qui a paru cette année i Dusseldorf. M. Emmanuel-Paul-Nicolas-Servais Weil, c'est e nom qu'il porte actuellement, exerçoit les fonctions d'insituteur pour la communauté juive à Ratingen, petite ville à Jeux lieues de Dusseldorf. Ses talens et ses connoissances lui avoient concilié l'estime du rabbin de Dusseldorf, Scheur, homme très-instruit et considéré lui-même. Ce fut celui-ci qui l'engagea à se présenter au concours qui alloit s'ouvrir à La Haye pour la nouvelle place de rabbin en chef à Maestricht. Weil, qui n'avoit pas encore alors 30 ans, hésitoit à s'offrir pour une place dont sa jeunesse sembloit l'exclure. Cependant, cédant aux instances de son ami, il se rendit à La Haye, où il trouva 120 rabbins qui venoient aussi concourir. A leur grand étonnement, après deux jours d'un examen soutenu de la manière la plus satisfaisante, M. Weil fut jugé le plus digne, et nommé à la place. Il s'en retourna aussitôt à Ratingen pour régler ses affaires. En se rendant ensuite à Maestricht par Aix-la-Chapelle, où le congrès se tenoit alors, il se trouva dans une voiture publique avec un prêtre catholique, dont les entretiens et les prévenances le touchèrent. Cet ecclésiastique lui parla de religion, et eut occasion de lui rendre quelque service. Ils se séparerent. M. Weil fut bien à Maestricht, et y remplit ses fonctions de rabbin pendant les années 1818 et 1819, lorsque Dieu l'appela d'une manière inattendue. Le jour où l'on faisoit à Maestricht la procession solennelle pour la fête de saint Servais, évêque de Tongres (1), M. Weil se trouva dans une des rues de la ville, et vit la procession venir à lui. Son premier dessein fut d'éviter cette rencontre; mais un mouvement involontaire le força d'avancer. Il vit la procession passer sous ses yeux, et, lorsque le saint Sacrement fut près de lui, il essaya vainement de se retirer, et se trouva comme contraint de tomber à genoux. Il se sentit, en ce moment, éclairé d'une lumière soudaine, et disposé à reconnoître Jésus-Christ pour le Messie; et il l'adora en cette qualité. S'étant rendu à la syna

reçu

(1) Saint Servais (en latin Servatius) mourut en 384; la plus grande partie de ses reliques se gardoit dans la collégiale de Maestricht..

gogue, et ayant fait assembler la communauté, il raconta franchement ce qui lui étoit arrivé. J'étois appelé, dit-il, d vous montrer le chemin du salut, mais moi-même je ne le connoissois pas. Dieu vient de me le montrer. Jésus, que nos pères ont rejeté, est le vrai Messie, en lui seul est le salut; je m'attache à lui ; si vous voulez me suivre, vous trouveres aussi le salut. Aussitôt après, il alla chez un curé catholique, lui raconta ce qui venoit de se passer, et le pria de l'instruire. Le nouveau Saul a été fidèle à la grâce, a reçu le baptême, et s'est vu avec joie agrégé à la grande société des fideles. Nous avons vu une lettre datée de Maestricht, le 16 janvier dernier, où il témoigne toute sa reconnoissance à Dieu. Il se felicite d'être dans une situation où il pourra faire son salut, et remplir les vues de la Providence. On a l'espérance que cet homme si manifestement touché par la grâce, honorera et servira l'Eglise d'une manière éclatante. Il s'est appliqué à l'étude du latin, et y a fait de grands progrès. Au mois de janvier der níer, il étoit en rhétorique, et se disposoit à entrer, vers le printemps, au séminaire de Liége, où il doit être par conséquent en ce moment. Le 4 novembre dernier, une autre conversion a eu lieu à Chemery, près Sedan. Un juif nommé Lazare, âgé de 27 ans, a fait abjuration entre les mains de M. Fay, doyen de Mouzon et curé de Raucourt; il a reçu le baptême des mains de M. le curé de Chemery. On lui a donné les noms de Charles-Louis-Théodore; le maire de Chemery et sa femme ont été parrain et marraine.

La condamnation faite à Rome de quelques ouvrages espagnols favorables au nouveau système, vient de donner lieu à une sortie très-vive qui a eu lieu dans les cortès. Le 22 août dernier, un décret de la congrégation de l'Index a con damné, entr'autres, l'Histoire critique de l'Inquisition espa gnole, par D. Jean-Antoine Llorente; Discours sur une constitution religieuse, Défense de ce Discours, et Apologie catholique du projet de constitution religieuse, tous ouvrages du même Llorente; l'Histoire politique du pontificat romain, par Don T. I. Dev.; le Système de la morale, Théorie des devoirs, par Prudence-Marie Pascual; Histoire des revenus ecclésiastiques d'Espagne, par D. Jean Sempere; la Collection diplomatique sur les dispenses matrimoniales, et autres points de discipline ecclésiastique; le Traité histo rique et canonique des curés, par D. Antoine Mendizabal;

brégé de l'Histoire de l'Inquisition; Cornélie, ou la Victime l'inquisition; les Dialogues sarrasins (argelinos), ou Consation entre un ecclésiastique et un Arabe sur la loi et le vœu célibat; la Dissertation légale, historique et politique sur le libat ecclésiastique; la Société des francs-maçons défendue nire les faux préjugés, par F. R.; et enfin la Question impor me: les députés de nos cortès sont-ils inviolables par raprt à la cour de Rome? L'esprit de tous ces ouvrages pait tendre d'une manière plus ou moins directe à renverser la ligion; on peut en juger par ce que nous avons dit, no. 623, projet de constitution religieuse de D. Llorente, ouvrage 'il a publié à Paris en 1820, et que la Chronique elle-même put s'empêcher de critiquer, comme hardi, dangereux, et nversant entièrement l'autorité de l'Eglise : mais c'est par même que de semblables écrits plaisent aux révolutionaires. Dans la séance des cortès du 14 novembre, M. Canga, éputé patriote, dont nous avons déjà remarqué l'énergie, énonça le décret ci-dessus, qui paroît avoir été envoyé en spagne avec un Bref du 26 septembre. L'ardent député arla de cette condamnation comme d'un attentat à la soueraineté nationale: ce qui l'indigne surtout, c'est qu'on ait ondamné la Question sur l'inviolabilité des députés des cors. Se pourroit-il, s'est-il écrié, qu'on osât contester l'invioabilité des députés des cortès? M. Canga demanda donc que es mesures fussent prises pour empêcher la circulation du Bref, et pour que l'on fit les sommations les plus énergiques la cour de Rome, afin qu'elle comprit bien, une fois pour outes, qu'elle ne doit point sortir de ses attributions avec une nation qui connoît ses droits et qui saura les soutenir, Plusieurs membres ont appuyé cette proposition, entr'autres, le docteur Villanueva, et on l'a renvoyée aux commissions de diplomatie et des affaires ecclésiastiques. Le 25 novembre, tes commissions ont fait leur rapport, et on a voté, à une grande majorité, pour les deux propositions de M. Canga. Ainsi, le gouvernement est invité à prendre des mesures pour empêcher la circulation du Bref, et on notifiera au nonce, à Madrid, et même au souverain Pontife, que ce seroit en vain que Rome tenteroit quelque entreprise contre l'honneur de la nation espagnole. Il est permis de craindre les suites de ces dispositions hostiles. Il y a aussi, en Espagne,

des gens qui ne seroient pas fâchés de se ménager les do ceurs d'un schisme, qui ajouteroit pourtant aux malheurs ca pays.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le village de Rosny n'est jamais honoré de la présence de duchesse de Berri, sans être redevable d'un nouveau bienfait à ce auguste Princesse. Cent enfans des Ecoles chrétiennes, dont elle la fondatrice, viennent d'etre habillés à neuf. Monsiɛun, qui aveit passer deux jours avec son auguste fille, a visité les écoles, et a moigné aux respectables Frères toute sa satisfaction pour la bonn tenue, et l'instruction chrétienne et monarchique qu'on donne au élèves. Mme, la duchesse de Berri occupe environ deux cents ouvrie dans son pare, et prodigue toutes sortes de secours dans cet heures village qui lui porte un dévoùment sans bornes.

-M. le duc de Wellington est arrivé à Paris, le 9 au soir. S. G. descendue à l'ambassade angloise. Lord Clan-William, son aide-d camp, étoit arrivé la veille.

-M. Fauchet, chef de la division des arts, des manufactures, commerce et des subsistances, a été mis à la retraite, et sa division été réunie à celle de M. de Castelbajac.

-M. de Bois-Bertrand vient d'ètre nommé chef de division du crétariat général au ministère de l'intérieur.

- Par ordonnance du 27 novembre dernier, le Roi vient de récon penser le dévoùment et les services du sieur Arvengas, sergent-maj au quarante-troisième régiment d'infanterie de ligne, en l'admettr dans les gardes de S. A. R. MONSIEUR, avec le titre de sous-lieutenar.

M. Sylvestre de Sacy, conseiller au conseil royal d'instructi publique, vient de donner sa démission.

-La baisse des fonds n'a pas eu à Paris les suites fâcheuses qu'el a entrainées à Londres. Notre place n'a éprouvé aucune faillite. compagnie des agens de change est venue au secours d'un de « confrères malheureux, et a versé pour lui une somme de 250,000 £ Par ce moyen les créanciers n'éprouveront aucune perte.

- La cour de cassation s'est occupée, le 6, de l'opposition fo mée par les sieurs Roger, Jaussan et Forel, à son arrêt qui re voie les prévenus devant la cour d'assises de Metz, pour cause suspicion légitime et de sûreté publique. La cour a accordé le surs demandé par le défenseur, et continué la cause au 13 de ce mc La cour a ensuite entendu un long rapport fait par M. le consei Aumont dans le pourvoi interjeté par le Constitutionnel, le Courna le Journal du Commerce et le Pilote, contre le jugement rendu på la cour d'assises de Paris, qui avoit prononcé que ces journaux avoien rapporté, avec infidélité et mauvaise foi, les débats de l'affaire e La Rochelle. Après la plaidoicrie de M2. Isambert, la cause est con tinuée au lendemain."

Le 7, MM. Roger et Nicod, avocats des journalistes, ayant è entendu, M. l'avocat-général, Freteau de Peny, a la parole; se livre d'abord à des considérations générales sur les motifs i ont engagé le législateur à établir des formes particulières de pression, pour remédier aux maux que peut entraîner la rapide rculation des journaux. Il discute ensuite, l'un après l'autre, tous s griefs de cassation. Il termine en rappelant l'esprit qui a dicté a législateur la loi du 25. mars. La cour, entrée à une heure et emic dans la chambre du conseil, n'en est sortie qu'à quatre heures n quart. Les arrêts rendus par la cour d'assises de Paris, les 12, 3 et 26 septembre dernier, ont été cassés, attendu que le minisére public n'avoit pas dans sa citation, articulé les faits sur lesquels il Jasoit son accusation, et que la loi du 25 mars n'avoit pas privé les révenus du droit de faire défaut et de former opposition. En conséence de cet arrét, les éditeurs responsables du Constitutionnel, du Courrier et du Pilote, ont été remis en liberté, et la cause a été renvoyée devant la cour d'assises d'Amiens. On n'a pas statué sur le pourvoi de l'éditeur du Journal du Commerce, parce qu'il ne s'étoit as constitué prisonnier.

-Le sieur Dardouville, auteur d'une brochure intitulée : quelques Réflexions sur la trahison, avoit été acquitté par le tribunal de poice correctionnelle. Sur l'appel du ministère public, la cour royale, n audience solennelle, a condamné Dardouville à un mois d'emrisonnement et à 500 fr. d'amende.

— La cour royale a prononcé, le 7, sur l'appel du ministère pulic, contre le jugement de la police correctionnelle qui avoit renoyé le Miroir des poursuites dirigées contre lui à raison des deux rticles intitulés : Paris en 5839 (songe); Spectacles ambulans. La our, reconnoissant que ces articles contenoient des offenses envers la personne du Roi, et des outrages envers la dignité royale et la relipon, a condamné le sieur Michelot, éditeur, à trois mois de prison t1000 fr. d'amende.

la cause - Le tribunal de police correctionnelle a appelé, le 6, de M. Kocklin, député du Haut-Rhin, et auteur de la brochure sur les évènemens de Colmar. L'honorable membre a fait connoître que des affaires l'avoient appelé à Mulhausen. L'avocat, de son côté, a annoncé qu'il avoit des engagemens qui l'empêchoient de plaider, quoiqu'il eût donné sa parole d'honneur qu'il plaideroit en ce jour. En conséquence, le tribunal, sans donner défaut, a remis la cause au premier jour. Ce jugement entrainera de longs délais, nécessités par l'envoi d'une assignation nouvelle à Mulhausen.

Le tribunal de police correctionnelle a condamné, le 7, à cinq jours de prison et 1000 fr. d'amende le sieur Michelot, éditeur du Miroir, au sujet d'un article renfermant des expressions injurieuse's Contre les censeurs dramatiques.

-

On a arrêté, le 6, dans le jardin des Tuileries, un individu ivre qui proféroit des cris séditieux. Il a été conduit à la Préfecture.

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