Page images
PDF
EPUB

La communauté des prêtres de la paroisse ne fleurit pas moins sous lui que sous ses deux prédécesseurs. Des ccclesiastiques distingués par leur naissance, leur zèle et leurs talens, vinrent successivement se former au ministère dans une si excellente école. M. Olier avoit voulu dès le commencement qu'il y eût un de ses prêtres à la tête des autres; et, quoiqu'il fût, comine fondateur et comme curé, le supérieur naturel de la communauté, il établit pour supérieur l'abbé du Ferrier, un de ses cinq premiers associés, et après lui l'abbé Desgardies de Parlage. Le troisième supérieur, Charles Picote, aussi un des cinq premiers compagnons de M. Olier, mérite une mention particuliere. C'étoit un prêtre pieux, intérieur et livré aux bonnes œuvres. Il étoit confesseur de M. Olier, de la duchesse d'Aiguillon et de beaucoup de personnes picuses. Ce fut lui qui en 1655 fit au duc de Liancourt ce refus d'absolution qui donna lieu aux deux lettres d'Arnauld, L'abbé Picoté étoit bien éloigné d'avoir cherché l'éclat que l'on donna à cette affaire; il avoit suivi avec simplicité les lumières de sa conscience, et il gémit de l'indiscrétion de ceux qui publierent ce qui eût dû rester dans le secret du tribunal sacré. Lors des troubles de la fronde en 1652, Anne d'Autriche, qui connoissoit la vertu du pieux ecclesiastique, le chargea, par l'intermédiaire de la comtesse de Brienne, de proposer tel vœu qu'il jugeroit convenable pour obtenir la paix du royaume, et promit qu'elle l'accompliroit. M. Picoté proposa l'établissement d'un monastère consacré à l'adoration perpétuelle du saint Sacrement. La reine approuva ce projet, et telle est l'origine du couvent des religieuses de l'Adoration perpétuelle, établi d'abord rue Férou, puis rue Cassette, et qui existoit encore au moment de la révolution. L'abbé Picoté mourut au séminaire le 1. décembre 1679, à 82 ans. M. Tronson succéda en 1676 à M. de Bretonvilliers, comme supérieur du séminaire et de la congrégation. Louis Tronson, né à Paris en 1622, étoit fils d'un intendant des finances et secrétaire du cabinet de Louis XIII; sa mère, Claude de Seve, étoit cette dame Tronson dont nous parlions il y a un instant. Le jeune Tronson embrassa l'état ecclesiastique, et fut nomme prieur de Champ-Dieu et aumônier du Roi; mais le désir de travailler à sa perfection le porta en 1655 à quitter cette place. Il entra l'année suivante au séminaire, et s'y distingua par sa piété, son zèle et sa prudence. Il exerça à plusieurs reprises

les fonctions de vicaire de la paroisse, et on lui offrit même - la cure; mais il répondit que la direction d'un séminaire et le gouvernement d'une paroisse étoient d'une assez grande importance l'une et l'autre pour occuperdenx personnes. Il donna un grand exemple de désintéressement à l'occasion du testament de M. de Bretonvilliers. Ce supérieur avoit légué au séminaire une somme de 34,000 liv., sa maison d'Issy, sa maison et terre d'Avron. et ce qui lui étoit dû de ses revenus, somme qui pouvoit aller à 50,000 écus. M. Tronson rendit en quelque sorte la famille Bretonvilliers arbitre dans cette affaire. Il renonça à la terre d'Avron, et se contenta de la noitié. des 50,000 écus. La famille Bretonvilliers fut touchée de ce procédé, et lui en témoigna sa reconnoissance.

[ocr errors]
[ocr errors]

M. Tronson jouissoit d'une grande considération dans le clergé. Il étoit consulté de toutes parts par les évêques comme par les gens du monde. Sa modération, sa sagesse, son habileté dans les affaires n'étoient pas moins connues que sa piété et son zèle. Il fut nommé en 1694 un des commissaires chargés d'examiner les écrits de Mme Guyon. L'honneur d'être associé dans les conférences d'Issy, à Bossuet, et à M. de Noailles, évêque de Châlons, prouve assez l'estime que l'on faisoit de lui. M. Tronson, pendant plus de quarante ans qu'il passa au séminaire, avoit vu se former les sujets les plus distingués du clergé. Fénélon avoit été un de ses élèves, et conserva loujours un respectueux attachement pour un homme si vertueux; quelques-unes de leurs lettres sont citées dans l'Histoire de Fénelon, par M. le cardinal de Beausset, et ne démentent point idée qu'on nous a laissée du mérite de M. Tronson. Celui-ci établit sa congrégation dans les séminaires de Bourges et d'Autun en 1680, de Tulles en 1684, et d'Angers en 1695.. envoya plusieurs de ses prêtres dans les missions du Languedoc après la révocation de l'édit de Nantes. Il mourut le 26 février 1700, avec la réputation d'un homme aussi modeste que capable, et après avoir affermi dans son corps l'esprit de sagesse, d'humilité et de zèle sacerdotal qu'y avoient établi ses prédécesseurs. (La suite à un ordinaire prochain).

[ocr errors]

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. La visite pastorale est terminée dans le sixième arrondissement. M. l'archevêque de Paris s'est rendu, di

manche au matin, à Saint-Nicolas-des-Champs. Le froid n'avoit pas empêché la réunion des fidèles d'être très-nombreuse. Le prélat a célébré la messe et a donné la communion; M. le curé de Saint-Nicolas-des-Champs a soulage le prélat dans cette fonction, qui a duré près d'une heure. Le soir, M. l'archevêque a donné le salut et la bénédiction. Nous pourrons revenir sur cette cérémonie, qui n'a pas été moins remarquable par la ferveur que par le nombre des assistans. La retraite de Sainte-Elisabeth a été close le même jour.

[ocr errors]

Le samedi 28,,Ms. le grand-aumônier est allé à Vincennes, comme nous l'avons annoncé. Il y a eu communion des militaires qui avoient suivi les exercices de la mission; deux d'entr'eux ont reçu le baptême. M. le prince de Croi a également administré aux militaires le sacrement de confirmation, et leur a adressé une exhortation digne de son zèle. Les missionnaires ont distribué le Manuel du Militaire chrétien (1) aux soldats qui se sont distingués par leur assiduité, qui leur a été donné au nom de Ms. le duc de Bordeaux.

La fête de Sainte-Geneviève, patronne de la capitale, sera célébrée avec une pompe extraordinaire dans l'église de ce nom. Le jeudi 2 janvier, veille de la fête, les premières vêpres seront chantées à quatre heures; M. l'abbé Desjardins, archidiacre de Sainte-Geneviève, officiera. Après complies, on descendra la châsse, et les reliques de la sainte seront exposées à la vénération des fidèles, sur l'autel préparé à cet effet sous le dome. Le 3 janvier, la grand messe à dix heures. Mr. l'archevêque de Paris officiera, et M. l'évêque de Troyes prononcera le discours. Les jours suivans, un évêque ouiciera pontificalement. Le samedi 4, ce sera Ms. l'archevêque d'Arles; le dimanche, Ms. l'évêque du Mans; le lundi, Ms. l'évêque d'Hermopolis; le mardi, Ms. l'évêque d'Halie, vicaire apostolique de Londres; le mercredi, Ms l'évêque de Cybistra, coadjuteur du vicaire apostolique d'Edimbourg. Le jeudi 9, la messe sera célébrée par M. l'abbé Desjardins; et le vendredi, par M. l'abbé Rauzan. Le samedi 11, dernier jour de la neuvaine, M. l'évêque de Troyes officiera pontificalement. Chaque jour, la messe commencera à dix heures, et vêpres, à quatre heures. Après vêpres, la glose et le sermon

(1) 1 vol. in-24, broché; prix, 75 c. et 1 fr. franc de port. A Paris, shez Adrien Le Clerc, au bureau de ce journal.

par les missionnaires, puis le salut, le tout entremêlé de caniques. Le samedi, il y aura la procession solennelle des reiques, qui seront replacées ensuite au lieu ordinaire. Pendant toute la neuvaine, il y aura à toute heure des messes basscs dans l'église. Une indulgence plénière est accordée à toutes les personnes qui, s'étant confessées, communieront un des jours de la neuvaine.

-M. l'abbé Fayet, inspecteur général de l'Université, qui a prêché l'Avent à la cour, a été présenté à S. M., qui lui a exprimé le regret de ne l'avoir point entendu, et lui a adressé des choses flatteuses sur son talent.

[ocr errors]

-Le vendredi 27, M. l'abbé de La Bourdonnaye a prononcé un discours dans une réunion des dames qui visitent l'HôtelDieu. Il a parlé du mérite des œuvres de charité et de l'esprit dont on devoit y être animé, et il en a trouvé un modèle dans le saint apôtre dont on célébroit ce jour la fête, et qui ne recommandoit rien tant que la charité à ses disciples. Ce discours, plein de pensées ingénieuses et ce qui vaut mieux encore de sentimens pieux, a touché tout l'auditoire, surtout quand l'orateur a payé un tribut de regrets à la mémoire d'une dame morte le matin même, et qui avoit été aussi un modèle de charité. Mme, la marquise de Croisy dirigeoit, à Paris, beaucoup de bonnes œuvres, et y apportoit autant d'intelligence que d'activité. Malade depuis plus d'une année, elle avoit été forcée de cesser l'exercice de son zèle. Elle est remplacée pour chaque œuvre par différentes dames; par Mme, la baronne de La Bouillerie pour la visite des malades de l'Hôtel-Dieu; par M. la duchesse de Duras pour les Sœurs de Saint-André ; par Mme. la présidente Hocquart pour les Filles repenties; par Mme, la comtesse Thibault de Montmorenci pour les missions. M. l'abbé de La Bourdonnaye a rappelé très-heureusement les vertus et les services de Mme, la marquise de Croisy, que le vertueux abbé Duval regardoit comme sa coopératrice la plus zélée dans les différentes œuvres entreprises par cet homme généreux.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême, vient d'accorder des secours à un jeune orphelin appartenant à une famille honorable du département de la Meuse qui, par son dévoùment à la cause royale, avoit tout perdu dans la révolution. Le bienfait de cette généreuse Princesse permettra à ce jeune homme de continuer ses études au col

Jége de Sint-Acheul-lès-Anciens, qu'il étoit sur le point de quitter faute de ressources pour son entretien.

-S.. R. Mgr. le duc d'Angoulême a fait remettre un secours de 200 fr. à un marin de Pleneuf, qui, après avoir échappé à un naufrage terrible, étoit plongé dans la plus grande détresse.

[ocr errors]

Une ordonnance du Roi, du 26 décembre, accepte la démission donnée par M. le duc de Montmorency, et charge, par interim, du porte-feuille des affaires étrangères M. le président du conseil des ministres.

Il a paru, le 26 décembre, dans la partie officielle du Moni teur, une pièce authentique envoyée le 25, par M. le président du conseil des ministres, à l'ambassadeur françois à Madrid. Après avoir parlé de l'insurrection militaire de Cadix, de la constitution imposée au roi par la force, des factions qui déchirent la péninsule, et du manifeste menaçant envoyé au gouvernement espagnol par l'Autriche, la Prusse et la Russie, M. le président du conseil des ministres ajoute: « Vous direz au cabinet de Madrid que le gouvernement du Roi est intimément uni avec ses alliés dans la ferme volonté de repousser par tous les moyens les principes et les mouvemens révolutionnaires; qu'il se joint également à ses alliés dans les vœux que ceux-ci forment pour que la noble nation espagnole trouve elle-même un remède à ses maux....... Vous déclarerez que la France ne se relâchera en rien des mesures préservatrices qu'elle a prises, tant que l'Espagne continuera d'être déchirée par les factions. Le gouvernement de S. M. ne balancera même pas à vous rappeler de Madrid; et à chercher ses garanties dans des dispositions plus efficaces, si ses intérêts essentiels continuent à être compromis, et s'il perd l'espoir d'une amélioration qu'il se plait à attendre des sentimens qui ont si long temps uni les Espagnols et les France is dans l'amour de leurs rois et d'une sage liberté ».

- Par une seconde ordonnance, du 28 décembre, M. le vicomte de Châteaubriand est nommé ministre des affaires étrangères, et M. le duc Matthieu de Montmorency-est nommé ministre d'Etat et membre du conseil privé.

M. le baron Sylvestre de Sacy vient d'être nommé commandeur de la Légion-d'Honneur.

-M. Herman, directeur des travaux politiques aux affaires étran gères, a denné sa démission. Il est nommé commandeur de l'ordre royal de la Legion-d'Honneur. On dit que M. le due de Rauzan est nommé directeur des travaux politiques aux affaires étrangères.

Les chambres sont définitivement convoquées pour le 28 janvier. Le prince de Saxe-Cobourg, gendre du roi d'Angleterre, est ar rivé, le 27 décembre, à Paris. Ce prince restera dix jours dans cette capitale, et partira ensuite pour Londres.

M. d'Hardivilliers, député de la Somme, est mort, le 25 décembre, à sa campagne de Fressenneville, près Abbeville.

M. le comte d'Escars, capitaine des gardes du corps de S. A. R.

MONSIEUR, est mort, le 30 décembre, au pavillon Marsan.

- La cour d'assises de Paris a condamné, par défaut, le 26 décembre, à six mois de prison et à 300 fr. d'amende, les sieurs Chaulin,

« PreviousContinue »