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s'est marié, et qui aujourd'hui est veuf; il pourroit rendre compte des faits. Aussi la chose étoit si notoire que le corps n'a point été présenté à l'église. La famille l'a fait enterrer sans aucune cérémonie. Il ne faut point confondre les Gayvernon, prêtres, dont nous avons parlé, avec un quatrième frère, M. Gay, baron de Vernon, homme estimable et plein de talens, qui étoit officier de génie, et n'a été d'aucune assemblée; celui-ci, qui est mort il y a quelques années, a été regretté de tous les gens de bien. Il est juste de dire que Léonard a , par son testament, fait plusieurs legs pieux. Nous profiterons de cette occasion pour faire remarquer une faute typographique qui s'est glissée à son sujet dans notre n°. 859. On dit qu'il étoit né à Saint-Lainard; il faut lire SaintLéonard.

NOUVELLES POLITIQUES.

Pants. S. A. R. MONSIEUR a chargé M. le duc de Fitz-James de remettre à M. le préfet de la Vendée 300 fr. pour la reconstruction de la chaumière récemment incendiée d'un bon et pauvre Vendéen,. nommé Cyprien Lesage.

Treize habitations de la commune de Patornay, département du Jura, ont été incendiées, le 13 septembre dernier. LL. AA. RR. MONSIEUR et Mgr. le duc d'Angoulême ont fait remettro, chacun séparément, une somme de 500 fr. pour être distribuée aux familles privées d'asile et de moyens d'existence.

S. A. R. M. le duc d'Angoulême, ayant été informé par M. le curé d'Auvers, des dégâts causés par la grêle, le 4 du mois dernier, a accordé une somme de 500 fr. pour servir aux réparations les plus urgentes.

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S. A. R. Mgr. le duc d'Angoulême, informé que le village de Saint-Sauves (Puy-de-Dôme) avoit été entièrement détruit par les flammes, vient d'accorder une somme de 1000 fr. pour le soulagement des victimes de l'incendie.

D'après une ordonnance royale, du 6 de ce mois, la portion de la haute-paye, acquittable à l'avance, pour les caporaux d'infanterie de la ligne, sera allouée aux soldats de toutes armes qui contracteront des réengagemens. Le ministre de la guerre a aussi arrêté le projet de donner un lit à chaque soldat, et de le lui donner en fer. C'est ainsi que le gouvernement du Roi répond à ceux qui le calomnient pour séduire les soldats.

Le tribunal de police correctionnelle a appelé, le 12, la cause de M. Benjamin Constant relativement à sa lettre à M. de Carrère sous-préfet de Saumur, et témoin aux assises de Poitiers. M. Benja min Constant a fait défaut. Les éditeurs responsables du Constitu.

tionnel, du Courrier françois, du Pilote et du Journal du Commerce, ont seuls comparu. L'avocat de M. Benjamin Constant a demandé un délai. Le tribunal, après une courte délibération, a remis la cause an 14, pour être statué en présence de M. Benjamin Constant, qui devra comparoitre en personne.

Le nommé Sarragosse, condamné deux fois pour propos séditieux, a été condamné, le 12, par le tribunal correctionnel, et pour le même délit, à sept mois d'emprisonnement et à 500 francs d'amende.

- Le meunier de Thouars, le jeune Fradin, et quatre autres des condamnés dans l'affaire de Berton, sont conduits à Riom et à Nimes, où ils vont sulir leur détention. Le colonel Ailix, Sénéchaux, Fradin et les autres, ont été dirigés vers la Charente.

Quoique les conférences soient très-actives à Vérone, on ne croit pas que les plénipotentiaires se séparent avant la fin de décembre. Le départ de M. le vicomte de Montmorency est fixé au 10 ou au 12 de ce mois. La réception du roi de Naples a été trèsbrillante, et jouit d'une bonne santé, quoique les libéraux l'aient fait mourir en route.

On a commencé à Naples, le 25 octobre, des prières d'actions de grâces pour remercier le ciel d'avoir préservé cette capitale du danger que pouvoit lui faire courir une des plus terribles éruptions du Vésuve dont on ait gardé la mémoire, et qui a duré plusieurs jours.

Le tribunal suprême de justice à Madrid a remis en liberté les personnes de distinction qui avoient été arrêtées pour des faits relatifs à la journée du 7 juillet. On n'a retenu que les officiers des gardes qui ont été pri les armes à la main, Cette sage mesure est due à des considérations d'une haute importance présentées par les ministres étrangers. Les cortès ont porté contre la liberté individuelle des lois qui feroient horreur aux libéraux en France, mais qu'ils décrètent eux-mêmes à Madrid.

Le docteur de Valenti avoit formé à Sulze, ville du grand-duché de Weymar, une société où on lisoit la Bible, et où l'on faisoit d'autres exercices religieux. Traduit plusieurs fois devant le grand consistoire de Weymar, il avoit été renvoyé des plaintes formées contre lui; mais le grand-duc vient de rendre un reserit qui défend désormais au docteur toute réunion religieuse. En même temps un Sons-officier a été chargé de le conduire en prison, en cas de contravention. Le docteur a annoncé qu'il alloit quitter le pays.

Les consuls d'Angleterre, des Etats-Unis et des villes anséatiques, ont donné à Bahia, le 31 août, une fort belle fête au baron Roussin, qui commande la division françoise envoyée au Brésil. Ils ont voulu lui témoigner leur reconnoissance de la protection qu'il leur a plusieurs fois offerte, au nom de son souverain', pendant l'absence de leurs stationnaires. La santé du Roi de France, proposée par le consul d'Angleterre, a été portée avec acclamation. Plus de soixante négocians anglois se trouvoient à cette fète.

Elections.

Département de Seine et Marne. — Collège de Melun. Le burean provisoire a cté maintenu, à l'exception d'un scrutateur, qui a été remplacé par M. le duc de Prastin. M. Rolland d'Erceville, président du college et député sortant, a été réélu à une majorité de 190 voix, contre 162, données à M. Baillot, candidat de Fopposition. College de Meaux. Un seul scrutateur a été maintenu. M. La Fayette a obtenu 169 suffrages, et son concurrent, M. le baron Mé nager, 136; 8 voix ont été perdues. Collège de Coulommiers. Le bureau provisoire a été muntēnu.

Departement du Nord. — Les bureaux provisoires des collèges d'arrondissement ont été confirmés à une forte majorité.

Affaire de M. Benjamin Constant.

Nous avons déjà annoncé que M. Benjamin Constant avoit comparn, le 6 de ce mois, an tribunal correctionnel, où le ministère pullie avoit pris des conclusions contre lui, en raison de sa lettre à M. Mangin, procureur-général de Poitiers. La cause du prévenu a été appelée de nouveau, le 13. Il a présenté deux moyens préju diciek. Le premier, tiré de l'appel qu'il a interjeté à la cour royale contre le jugement du tribunal, du 6 de ce mois; le second, de sa qualité de député. M. Benjamin Constant à lui-même défendu ce dernier moyen dans un long discours. Il a prétendu que ce n'étoit pas dans son intérêt, mais uniquement pour l'honneur et le droit de la chambre des députés, et pour la défense de la Charte, qu'il présentoit cette exception. Il a ensuite posé en principe qu'un député étoit inviolable, et pouvoit tout écrire impunément pour défendre les opinions manifestées à la tribune, et attaquées hors de J'enceinte de la chambre. Du reste, M. Benjamin Constant avoue naivement qu'il est très-content de lui-même, et qu'il n'a que des éloges à se donner. Il termine en disant que le tribunal correctionnel rendra un grand service à la France s'il se déclare incompétent. M. l'avocat du Roi écarte les moyens préjudiciels et d'incompétence proposés par le prévenu; les députés, dit-il, ne peuvent être poursuivis pour les discours prononcés à la tribune; mais dans cette occasion c'est l'écrivain que l'on attaque, et non pas le député. Le tribunal adopte les conclusions du ministère public. L'avocat de M. Benjamin Constant présente un autre moyen préjudiciel. Il demande qu'il soit sursis au jugement du tribunal correctionnel jusqu'à ce qu'il ait été statué sur la plainte formée par son client contre M. Mangin. Le défenseur arrive enfin au fond. Les accusations versées par le procureur-général sur M. Benjamin Constant sont si graves et si injustes, qu'il n'est pas étonnant que son client, que ces accusations avoient mis hors de lui-même, ait laissé échapper quelques expressions qui n'étoient pas bien pesées.

Le 14, le prévenu a prononcé un discours écrit de près de quatrevingt feuillets. Il a insisté principalement et presqu'uniquement sur

ce point, que M. le procureur-général n'auroit pas dû, dans sa plaidoirie, parler contre quelques députés, parce qu'il n'étoit pas compé tent pour les poursuivre. Si le prévenu a publié un écrit avant de porter plainte en justice contre M. Mangin, c'est uniquement parce que cette voie étoit plus rapide pour rectifier l'opinion publique. Il annonce qu'il montreroit beaucoup de courage et de générosité si jamais des conspirateurs à ses ordres tomboient sous la main de la justice. Les épithètes que l'on prodigue à une partie de la chambre qu'il affectionne lui navrent le cœur.

M. Billot, avocat du Roi, réplique sur-le-champ. Le prévenu a, dit-il, étendu la discussion pour détourner l'attention des magistrats des points qui doivent surtout les fixer; savoir, le libelle incriminé : cet écrit de vingt-quatre pages n'est qu'un tissu d'injures : le procureur, général de Poitiers y est assimilé aux juges assassins de 1793. Les fonctionnaires publics ne pourroient condamner hautement certaines doctrines, parce qu'elles auroient été proférées à la tribune? On ne pourroit done pas dénoncer à l'indignation de la France cet audacieux discours où l'on a parlé des répugnances, qui n'étoient que dans l'ame flétrie de celui qui se permettoit une pareille assertion? (Mouvement très-vif dans l'anditoire). M. le procureur-général de Poitiers n'a point attaqué M. B. Constant en sa qualité de député. Le procès ne demandoit-il pas par lui-même que l'on parlat de ce comité directeur, établi à Paris, et des personnes que les condamnés ont désignées comme composant le gouvernement provisoire! Si j'étois député, ajouté M. lè procureur du Roi, et que des conspirateurs me désignassent comme leur complice ou leur chef, je désavouerois, du haut de la tribune, cette odieuse imputation. Mais si je voulois renverser le gouvernement établi, alors, par un hasard, fàcheux sans doute, mais qu'il ne faut attribuer qu'à de malheureuses circonstances, je ferois précisé ment ce qui a été fait. (Nouveau mouvement dans l'auditoire).

L'avocat de M. B. Constant soutient que M. Mangin auroit dù imiter la cour des pairs, qui, en 1821, ordonna que les noms de plusieurs personnages éminens, que la rumeur publique désignoit comme les chefs de la conspiration, ne fussent point compris dans l'acte d'accusation. Le prévenu obtient de nouveau la parole pour la réplique. Les libellistes, dit-il, sont ceux qui attaquent le coté de la chambre où je siége. Le ministère public m'a dit que je ne devois pas répondre par des injures; mais quand je me suis vu attaqué, je n'étois pas maitre de moi. Il finit en disant qu'il a obéi, par sa conduite, aux lois de la morale et de l'honneur. M. le président annonce que le jugement sera prononcé à l'audience du 19.

Sur quelques Jésuites espagnols morts récemment, et qui se sont rendus célèbres par leurs connoissances, leurs travaux et leurs écrits.

D'Alembert a osé imprimer parmi nous, et d'autres ont répété après lui, que les Jésuites, à l'époque de leur destruc

tion, n'avoient point d'hommes d'un mérite distingué. Cette assertion, fausse et injuste, est démentie par de nombreux exemples. Il y avoit, à l'époque de la destruction de la société, des homines très-recommandables dans son sein : parmi nous, nous pourrions citer Berthier, Griffet, La Neuville, etc. Les Jésuites espagnols comptoient aussi des savans et des littérateurs d'un grand mérite. Nous voulons en citer quelquesuns qui ont joui d'une réputation plus distinguée : nous nous bornons à sept, qui out vécu jusqu'à ces derniers temps, et qui, à ce titre, méritent d'être connus d'une manière particulière.

Jean Andres, né dans le royaume de Valence, le 15 février 1740, entra dans la société en 1754, et professa avec succès. Aucun genre de littérature ne lui étoit étranger. On a de lui des ouvrages de mathématiques, de philosophie, de critique et d'érudition, des lettres, des voyages, etc.; mais il s'est illustré surtout par son grand ouvrage, De l'origine, des progrès et de l'état actuel de toute littérature, imprimé à Parme de 1782 à 1799, en 7 vol. in-4°., et réimprimé depuis à Venise et à Naples. On admire l'érudition, la sagacité et le goût de l'auteur, qui s'est montré le rival de Tiraboschi. En 1799, la cour de Vienne voulant reformer l'enseignement de l'Université de Pavie, y appela Andres, et le mit, quoique étranger, à la tête de toutes les écoles. Depuis, il fut fait préfet de la Bibliothèque royale à Naples, et sa haute réputation le protégea parmi toutes les vicissitudes de ce pays. Il y est mort le 13 janvier 1817.

Faustin Arevalo, né dans l'Estramadure, le 29 juillet 1747, entra dans la société en 1761, et profita du loisir qu'il avoit en Italie pour cultiver les fettres avec ardeur. Le fruit de ses études fut Hymnodia hispanica, Rome, 1786; une édition du poète Dracontius, 1791; une de l'Histoire évangélique d'Aquilinus Juvencus, prêtre espagnol, 1792; une de Prudence, 2 vol. in-4°.; une de Celius Sedulius, 1794, in-4°. ; une de saint Isidore de Séville, 1797-1803, 7 vol. in-4°. ; une du Missel gothique, 1804, in-fol. Arevalo jouissoit de toute la confiance du cardinal Lorenzana, qui paroît avoir fait les ́frais de ses éditions, et qui, en mourant, le nomma son exécateur testamentaire. En 1800, il fut décoré du titre d'hymnographe pontifical. Lorsque le cardinal di Pietro fut obligé de quitter Roue, en 1909, il nomma Arevalo theologien

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