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1617 et 1618, il prêcha le Carême à Grenoble, et y fut reçu avec de grands honneurs; plusieurs protestans vinrent l'entendre, et se convertirent; il y eut, entr'autres, un ministre qui fit abjuration. Le duc de, Lesdignières eut des conférences avec le saint évêque, et assista à plusieurs de ses sermons; on croit même que la conversion de ce seigneur étoit le principal objet des voyages du saint; mais Lesdiguières n'embrassa la religion catholique qu'en 1622.

En 1618, François fut chargé par le duc de Savoie d'accompagner à Paris le cardinal de Savoie, son fils, qui alloit demander Christine de France en mariage pour le prince de Piémont. Il arriva dans la capitale sur la fin de 1618, et prêcha, la veille de Noël, daus l'église des Capucins, devant la Reine. Le Carême suivant, il prêcha à Saint-André des Arts, et passa une

partic de l'année à Paris, occupé à la conclusion de

l'affaire qui l'y avoit amené. Il revit en cette circonstance plusieurs de ses anciens amis, et en fit de nouveaux. Il dirigcoit beaucoup de personnes, et entroit dans beaucoup de bonnes ceuvres. Il parle dans ses Lettres de M. de Marillac, depuis garde des sceaux; de la présidente de Ierse, de M. de Lamoignon; il étoit en relation étroite avec la famille Arnauld, chez laquelle il alla passer quelques jours à Andilly : on sait que la dispute du jansenisme ne commença que plus de vingt ans après. Le saint fit aussi un voyage à Mantes, et y fut même malade. Il suivit la cour à Fontainebleau. Il ne quitta Paris que le 13 septembre 1619, et prit son chemin par Tours, Bourges, Moulins, Roane et Lyon. Il se trouvoit à Annecy le 2 décembre. Nous remarquons cette date, parce que nous croyons qu'il y a erreur dans la Vie de Marsollier, qui dit que François prêcha, la veille de Noël 1619, à Paris; il semble que c'est en 1618 que cette prédication cut lieu. Il n'est pas probable que le saint soit retourné

à Paris après être allé à Tours et à Bourges. A la vérité la Lettre 492, où il est question de cette prédication, est datée de 1619; mais il est probable que c'est une date mise par les éditeurs, et non par le saint lui-même.

Quelques Lettres citées dans ce X. volume nous apprennent sur le saint évêque des particularités qui doivent nous être précieuses. Dans la Lettre 553, à M. de Marillac, il parle avec beaucoup d'estime et d'affection de Marie de l'Incarnation (Mme. Acarie); il avoit été, dit-il, presque son confesseur ordinaire pendant six mois, et l'entretenoit presque tous les jours. Dans la Lettre 601, la mère de Chantal lui parle d'un projet de l'attirer en France; «tous les plus pieux et les plus solides esprits d'ici, écrivoit-elle de Paris, le 16 mai 1622, sont en grand suspens pour savoir ce qui sera le plus à la gloire de Dieu. M. Vincent me le disoit hier, ajoutant qu'il sembloit que Dieu vous eût mis comme un boulevard contre Genève». Ce projet n'eut pas de suite. Au mois de novembre de cette année, François rentra en France, alla joindre la cour à Avignon, et revint ensuite à Lyon, où il mourut, le 28 décembre.

Parmi les personnes de notre nation auxquelles le saint évêque de Genève étoit le plus attaché, nous aurions pu citer Jean-Pierre Camus, évêque de Belley, si connu par la fécondité de sa plume. Ce fut François qui le sacra, le 31 août 1609, dans la cathédrale de Belley; il le visitoit souvent, et avoit en lui une grande confiance. On sait que M. Camus a fait l'Esprit de saint François de Sales. Nous trouvons une assez forte méprise, à l'occasion de ce prélat, dans un recueil qui s'imprime à Paris. Dans un cahier de ce recueil, quia paru il y a un mois, en rendant compte de cette même édition des OEuvres de saint François de Sales,-on 'dit que le cardinal Le Camus étoit son ami. Il faut

croire que c'est une distraction; Jean-Pierre Čamus, évêque de Belley et ami du saint, n'a jamais été cardinal, et mourut à Paris, le 26 avril 1652. On l'a con. fondu ici mal à propos avec Etienne Le Camus, évêque de Grenoble et cardinal; celui-ci n'a jamais pu connoître saint François de Sales, puisqu'il n'est venu au monde que le 24 novembre 1632, dix ans après la

mort du saint.

Nous avons déjà parlé de l'édition nouvelle, et nous en avons montré les avantages, L'éditeur commence à recueillir le prix de ses soins. Le souverain Pontife a agréé qu'il lui dédiât les OEuvres complètes du saint évêque de Genève, et le lui a fait connoître par la lettre suivante, qui est sans doute pour lui une récompense très-flatteuse, et un puissant encourage

ment:

« Monsieur, Sa Sainteté a reçu votre lettre, du 1er juillet dernier, dans laquelle vous avez témoigné le désir de lui dédier la nouvelle édition, entreprise par vous, des OEuvres complètes de saint François de Sales.

» Sa Sainteté n'a pas manqué d'être très-sensible à une telle idée, ainsi qu'au dévouùment dont vous vous montrez animé envers sa personne sacrée. Elle accepte volontiers la Dédicace que vous vous proposez de lui faire des ouvrages du saint évêque de Genève, qui ont répandu sur l'Eglise de Dieu une si grande lumière de vérité. »En vous faisant connoitre l'agrément du saint Père, je suis avec des sentimens d'estime, Monsieur, votre, etc.

Rome, 28 septembre 1822.

» E. Card. CONSALVI D.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Les dernières nouvelles de Rome portent que le souverain Pontife avoit éprouvé une légère indisposition; mais que S. S. est parfaitement rétablie, et a repris ses promenades accoutumées.

-Le mercredi 14, Mme, la duchesse de Berri a fait célébrer, à Rosny, une messe du Saint-Esprit, pour l'installation des Frères des écoles chrétiennes et des Filles de la charité,

que S. A. R. a établis sur cette paroisse. On sait que la princesse leur a fait construire des habitations. La population de Rosny a pris part à cette cérémonie, et ressent vivement le bienfait de deux institutions également précieuses. L'hospice que Mme. la duchesse de Berri a fait établir en ce lieu sert à recueillir les malades, les blessés et les passans infirmes. Ce monument de la charité de l'anguste veuve fera benir son nom, non-seulement à Rosny, mais dans tous les environs." La visite pastorale s'est ouverte dimanche dernier dans l'église Saint-Nicolas-des-Champs. M. l'archevêque de Paris s'étant rendu au presbytère, vers quatre heures, a été conduit sous le dais par l'extérieur au grand portail de l'église. M. le curé de la paroisse a complimenté le prélat, et l'a remercié de l'honneur et du bienfait de la visite pastorale. Après les vêpres, M. est monté en chaire, et a fait l'ouverture des exercices. Son texte étoit pris de ces paroles de l'Evangile : Sicut misit me Pater, et ego mitto vos. Le prélat a commenté ces paroles de Notre Seigneur, et, les appliquant à la circonstance, il a exhorté les fidèles à profiter des grâces qui leur étoient offertes, et a développé, avec autant de force que d'onction, les considérations et les motifs les plus propres à les toucher. Le discours de M. l'archevêque a été suivi du chant des cantiques. A six heures, M. l'abbé de Rauzan a prononcé un discours sur l'importance des missions. et sur les dispositions qu'on doit y apporter. M. l'archevêque a terminé les exercices par la bénédiction du saint Sacrement. La cérémonie n'a fini qu'à huit heures. Le grand nombre de fideles qui affluoit jusque dans les chapelles, n'a pas empêché qu'il ne régnât dans l'église le plus grand ordre et le plus parfait recueillement; et l'attention comme l'empressement du peuple pour ce premier exercice paroissoient d'un heureux augure pour les succès de la visite.

Le sacre de M. l'évêque de Nantes s'est fait dimanche dernier dans la chapelle du séminaire à Issy. M. l'évêque de Clermont étoit le prélat consécrateur, comme nous l'avons dit, et étoit assisté de MM. les évêques de Soissons et de Limoges.

Jeudi prochain, jour de la Présentation de la sainte Vierge, on fera au séminaire Saint-Sulpice le renouvellement des promesses clericales. C'est Ms. le uonce qui présidera cette année à la cérémonie. Les évêques qui se trouvent

à Paris se proposent, dit-on, d'y assister. M. l'évêque d'Hermopolis doit ce jour-là célébrer la messe au séminaire d'Issy, et y recevoir le renouvellement des promesses cléricales des ecclésiastiques de la maison.

-L'ancien séminaire du Saint-Esprit, rue des Postes, qui étoit occupé en dernier lieu par l'Ecole normale, va être rendu à sa destination. Cette Ecole normale est supprimée, comme on sait, et les maîtres qui occupoient encore le local, ont reçu ordre de l'évacuer pour le 15 de ce mois. M. le supérieur du séminaire du Saint-Esprit, qui habitoit provisoirement une maison, rue Notre-Dame des Champs, doit se transporter vers la fin du mois ou au commencement de l'autre, dans l'ancien chef-lieu de sa congrégation, qui avoit été bâti par elle quelques années avant la révolution, et qui convient parfaitement à un établissement de cette nature. On ne doute pas que lorsque ce séminaire sera rendu à sa destination primitive, il ne se présente un plus grand nombre de sujets pour s'y préparer au ministère dans les colonies..

— Les missionnaires du diocèse de Nanci viennent de terminer leur première mission de l'année, à Chambrey, paroisse assez considérable. Ils l'avoient commencée le 13 octobre, et l'ont finie le 10 novembre. Le succès a passé toutes leurs espé rances. Non-seulement toute la paroisse a été ébranlée dès les premiers exercices; mais on accouroit de tous les environs. De plusieurs lieues à la ronde, les hommes, les femmes, les vieillards et les enfans, venoient en foule prendre part aux exercices. On y arrivoit même de Vic et de Château-Salin. Peutêtre ces étrangers n'étoient-ils d'abord attirés que par la curiosité; on croit même que quelques-uns pouvoient avoir eu le projet de tourner en ridicule les missionnaires, et de paralyser l'effet de la mission. Mais ils ont été obligés de céder à l'enthousiasme général. Chambrey a été témoin, pendant ce temps, des scènes les plus touchantes de réconciliation, de repentir et de ferveur. Dix-neuf mariages ont été bénis; l'église étoit pleine depuis cinq heures du matin jusqu'à dix heures du soir, et beaucoup de personnes étoient obligées de rester dehors. Il a fallu partager la communion générale en deux fois, à cause du grand nombre; les hommes l'ont faite un jour et les femmes l'autre. Ces deux cérémonies se sont pass'es dans le plus grand recueillement. On peut assurer que tous les habitans de Chambrey ont fait leur mission. La plau

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