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tation de la croix a fait éclater encore leurs sentimens; c'étoit à qui porteroit la croix. L'affluence étoit prodigieuse. Le lendemain, samedi 9, on a célébré un service pour les morts, et le dimanche, les missionnaires ont fait l'exhortation sur la persévérance. Ils doivent ouvrir une mission, le 23 de ce mois, à Rosières aux Salines.

Quoique la ville de Tours ne possède plus la noble basilique érigée par nos pères en l'honneur de saint Martin, l'apôtre, le thaumaturge et le patron des François, son nom continue à y être invoqué, et sa fête s'y célèbre avec une dévotion particulière. Les pieux fideles demandent au ciel qu'il inspire à quelque ame généreuse le dessein de relever l'antique édifice que l'irréligion a détruit. A côté des ruines de ce temple si célèbre, on voit encore une étroite chapelle qui en faisoit partie; c'est-là que les religieuses de l'Adoration perpétuelle invoquent le saint évêque. Le 11 de ce mois, jour de la fête de saint Martin, l'office y fut célébré solennellement. Un chanoine de l'ancien chapitre de Saint-Martin officioit; c'étoit M. l'abbé Dumont, vieillard plus qu'octogénaire. Il conserve encore le surplis qui servit au roi régnant, lorsque ce prince visita l'église de Saint-Martin, et y fut reçu chanoine. M. l'archevêque de Tours assista au panégyrique du saint, et donna ensuite le salut et la bénédiction. Tout le diocèse fait des vœux pour la conservation des jours de ce prélat, qui, à l'âge de 88 ans, conserve encore une activité étonnante, et commande le respect pár son zèle comme par ses

vertus.

-Nous trouvons, dans un recueil périodique, plusieurs pièces relatives à une guérison qui paroît s'être opérée dans la personne de Joséphine Magnier, sœur de la congrégation de la Providence, à Louviers, diocèse d'Evreux. Cette sœur étoit attaquée d'un anevrisme; son état avoit été reconnu par plusieurs médecins de Louviers, de Rouen et d'Amiens. On avoit essayé divers remèdes, qui n'avoient servi qu'à pallier un mal jugé incurable. Dans les derniers temps, le danger étant devenu plus pressant, ou écrivit au prince de Hohenlobe, qui assigna le 25 juillet dernier pour prier en sa faveur. Quatre messes furent dites à Louviers, ce jour, à son inteution. Des la premiere, Joséphine Magnier se trouva mieux; à la dernière, elle étoit guérie. Depuis elle a continué d'aller de mieux en mieux. Il faut remarquer que sa lettre est du

17 septembre suivant, et par conséquent près de deux mois après la guérison. Trois curés de Louviers où des environs, trois vicaires et six sœurs de la Providence, ont confirmé la relation de leur témoignage. La soeur Magnier a fait une déclaration authentique devant le maire de la ville. Cette décla ration est suivie de certificats de médecins, qui ne sont pas cependant tous également concluans l'un n'a connu la maladie que par ouï dire; deux autres parlent de la maladie, sans parler de la guérison: un seul, M. Le Maître, médecin à Louviers, atteste à la fois la n.aladie et la guérison, et paroît attribuer celle-ci à la puissance divine. Il dit bien que la sœur a éprouvé de temps en temps quelque amélioration dans son état, mais pas d'aussi prolongée.

-L'abjuration de M. Paul Latour, ancien ministre protestant dans le département de l'Arriège, a causé quelque chagrin à ses confrères; ils ont craint que cette démarche n'eût pour eux un effet fâcheux dans le public, et ils ont essayé d'amortir le coup par quelques écrits et réponses qu'ils ont fait imprimer. M. Rosselloty, ancien administrateur de l'Arriège, a mis au jour une lettre où il trouve mauvais qu'on ait publié avec emphase l'abjuration de M. Latour; il n'y a eu aucune emphase dans la publication de ce fait. On a annoncé ce qui étoit; il n'y a là rien que de fort simple. Ce qui fâche surtout M. Rosselloty, c'est ce que M. Latour a dit dans son acte d'abjuration, que les doctrines du protestantisme avoient semé sur la terre l'esprit de vertige, de révolte et d'anarchie. Le consistoire du Mas d'Azil a réclamé aussi, le 11 octobre, contre cette assertion, et a fait insérer, dans le Constitutionnel du 7 novembre, sa déclaration à ce sujet. Il prétend que c'est outrager le Roi, que de dire que le protestantisme a semé l'esprit de révolte. Il semble que ce n'est pas à M. Latour que MM. du consistoire devroient en vouloir pour la proposition qui les offusque. L'histoire est là pour dire ce qui en est. Qui est-ce qui au 16o. siècle a attiré sur la France quarante ans de guerre, de troubles et de discordes? On n'a qu'à lire l'histoire de Bèze, dit Bossuet, pour y voir les réformés toujours prêts au moindre bruit à prendre les armes, à rompre les prisons, à occuper les églises. Le même prélat remarque que la conjuration d'Amboise, et les menées qui suivirent, avoient été conseillées par Bèze et les autres ministres; c'étoit, dit-il, un nouvel article qu'ils avoient ajouté

à l'Evangile. Il montre quelles furent la mollesse et la con=nivence de Calvin dans les premiers mouvemens, et il rappelle les décisions des synodes nationaux, qui prononçoient formellement qu'il étoit permis de prendre les armes. L'amiral de Coligni, qui passoit pour le plus sage et le plus modéré de tout le parti, connut et approuva le dessein de Pol=trot de tuer le duc de Guise; ce chef fut un des premiers à = prendre les armes, et les autres l'imitèrent. On les voit s'allier avec des étrangers, les attirer en France, et affecter l'indépendance dans leurs places de sûreté. Voilà comment le protestantisme s'annonça et s'établit parmi nous. Dès son origine, il souffla le feu de la guerre en France, pour ne parler que de ce royaume. Ce sont là probablement des faits que M. Latour pourroit citer pour appuyer ce qu'il a dit dans son acte d'abjuration. Son intention d'ailleurs n'a point été d'accuser les protestans actuels; il ne dit point qu'ils soient mauvais citoyens. Il se peut qu'ils valent mieux que leurs doctrines, et il est même à présumer que les enfans rougiroient d'avouer tout ce qu'ont enseigné et pratiqué leurs pères. M. Latour n'a parlé que du passé, et ce qu'il a dit est confirmé par des faits trop nombreux pour le contester.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. S. A. R. MONSIEUR a fait remettre une somme de 500 fr. à M. le sous-préfet de Nérac, pour être distribuée aux pauvres ouvriers incendiés dans la nuit du 17 au 18 octobre.

-S. A. R. MONSIEUR a fait adresser 1000 fr. à M. le préfet du Puy-de-Dôme, pour les incendiés de Saint-Sauve.

-Mer. l'évêque de Clermont-Ferrand, qui avoit donné une somme de 200 fr. pour les incendiés de Saint-Sauve, vient de recevoir une somme semblable de S. A. R. Mme. la duchesse de Berri pour contribuer au soulagement de ces malheureux.

- M. le chevalier Maguin, colonel au 13o. régiment de ligne, vient d'obtenir sa retraite, qu'il sollicitoit depuis long-temps, et a été promu au grade de maréchal de camp honoraire. Cet officier, connu par son dévoûment à la famille royale, a été remplacé par M. le vicomte Foullon de Doué.

M. Fourier a été nommé, le 18 de ce mois par l'adémie des seiences, secrétaire perpétuel pour les sciences mathématiques; il a obtenu 38 voix sur 48 votans.

On a appelé, le 16, à l'audience solennelle de la cour royale

Ja cause du sieur Lepage, l'un des propriétaires et rédacteurs du Courrier des Spectacles. Il étoit prévenu d'avoir, dans un article de sa composition, porté atteinte à l'honneur et à la considération de l'Académie françoise, qui, d'après lui, avoit signalé son ineptie dans un choix auquel la France entière a applaudi. Le sieur Lepage avoit déjà été condamné par le tribunal correctionnel à dix-huit jours de prison et 200 fr. d'amende. M. de Broé, avocat-général, après avoir réfuté le plaidoyer du défenseur, a terminé ainsi son discours; «Certains hommes s'efforcent de déverser le mépris sur tous les actes publies qui ont pour objet les défenseurs de la religion et de la légitimité. C'est ainsi que nous attaquons ici cet injuste jugement que l'on porte sur cet éloquent orateur de la chaire chrétienne dont on cherche repousser aussi le talent. Ah! Messieurs, si les efforts de ce pieux athlète eussent eu jamais pour but les renommées et les vaines gloires de ce monde, de quelles attaques ne seroit-il pas vengé par l'admiration et le respect dont il est depuis si long-temps l'objet? Mais, ne nous y méprenons pas, son incontestable et sublime talent qu'on attaque en lui, c'est la religion elle-même dont il est le ministre fidèle, et le défenseur toujours vigoureux. De telles attaques, au surplus, ne peuvent qu'honorer ceux contre lesquels elles sont dirigées, puisqu'elles attestent à la fois leurs services et leur gloire ». La cour a confirmé le premier jugement, et condamné le sicur Lepage en l'amende de son appel et aux frais de la procédure. La cour s'est ensuite occupée de l'appel interjeté par M. Rousseau, libraire, chez qui on a sai-i divers ouvrages licencieux. La procédure a été annulée pour défaut de formes; mais, conformément au réquisitoire de M. l'avocat-général, et du consentement de M. Rou:scau, la cour a ordonné la destruction des ouvrages licencieux.

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Le sicur François Pillet avoit été condamné par le tribunal de police correctionnelle à six mois d'emprisonnement et 500 Ir, d'amende, pour raison de la publication d'un écrit relatif au service anniversaire du jeune Lallemant, Sur l'appel interj té, la cour royale a réduit la peine à trois mois de prison et 100 fr. d'amende.

- La cour d'assises mettra en jugement, le 29, MM. Robinet de la Serve, avocat; Maurice, peintre-décorateur, et Marchand, clere de notaire, accusés d'avoir écrit des lettres portant menaces de la mort aux jurés qui avoient à prononcer dans l'affaire de la conspiration de La Rochelle.

Les colonels Fabvier et Dentzel seront traduits, le 19 de ce mois, devant le tribunal correctionnel, comme prévenus d'avoir tenté de faire évader de Bicêtre les quatre individus condamnés à mort dans l'affaire de La Rochelle.

Le sieur Faucillon, ancien éditeur responsable, et M. Huct, T'un des rédacteurs du Journal du Commerce, ont comparu, le 15 à la police correctionnelle, pour l'insertion d'un article dans lequel a été analysée la brochure de M. Kocklin, concernant les événemens de Colmar, et la criminelle tentative du colonel Caron. M. l'avocat du Roi a démontré que l'article inculpé avoit pour but, Don

seulement de critiquer la conduite des autorités locales, mais d'exciter les citoyens à la haine et au mépris du gouvernement du Roi, et de diffamer les autorités civiles et militaires. Il a conclu à ce que les sicurs Huet et Faucillon fussent condamnés; le premier, à six mois de prison; le second, à trois mois, et tous deux solidairement à 5000 fr. d'amende.

-

Le conseil municipal de Lyon a décidé qu'une somme de 25,000 fr., prise sur les revenus de la ville, sera affectée à l'achèvement du monument des Brotteaux, et a ajouté 2000 fr. aux 15,000 déjà offerts pour l'acquisition de Chambord.

- M. de Castries, colonel du 4. de chasseurs, en garnison à SaintMartory (Arriège), a remis la décoration de la Légion d'Honneur au maréchal-des-logis Duras, qui a coopéré à la découverte de la conspiration de Saumur.

Il vient de s'opérer quelques changemens dans la cour royale de Poitiers. M. Foucher, un des avocats-généraux, est remplacé par M. Guerry de Champneuf, procureur du Roi près le tribunal de première instance de cette ville. Ce dernier est remplacé à son tour dans ses fonctions par M. de Bernard, fils de M. le premier président de la cour, substitut au même tribunal.

On dit que M. d'Oliveyra, ancien ambassadeur de Portugal en France, au moment de s'embarquer pour Lisb nne, où il se rend pour “a sister aux séances des cortès, a reçu des autorités du Havre l'injonc tion de laisser visiter ses malles, quoiqu'elles eussent été douanées à Paris. On assure qu'il lui a été saisi un grand nombre de papiers et de manuscrits dont il avoit fait l'acquisition.

Baudrillet et Delalande, enfermés dans les prisons de Saumur, n'ayant pu s'évader au moyen d'effractions faites à une pierre d'une petite croisée, ont tenté de corrompre le concierge en lui proposant une somme de 10,000 fr. mais ce dernier est resté inébranlable. Le 14, les prévenus ont été transférés au château.

- Vingt-trois bâtimens de transport sont arrivés, le 6, à Bayonne, chargés d'effets de guerre. On attend encore quinze ou vingt autres bâtimens avec un pareil chargement. Les glacis de cette ville sont garnis d'artillerie de campagne, de siège, de charrois, bombes, boulets, etc. Cette ville est encombrée d'émigrés espagnols parmi lesquels se trouve un grand nombre de prêtres et de religieux.

Le 26 octobre dernier, le roi des Pays-Bas a rendu un arrêté qui ordonne que les actes publics seront rédigés en langue hollandoise dans les arrondissemens de Bruxelles et de Louvain, provinces du Brabant méridional. Les fonctionnaires qui ne connoissent pas la langue nationale seront remplacés. L'athénée d'Anvers et celui de Bruges ont reçu des ordres pour, qu'à compter de 1823, Finstruction soit donnée en langue du pays. Ces provinces, habituées à parler la langue françoise, ont reçu avec peine cet arrêté, et un journal de Bruxelles dit que cette ville et son barreau sont dans la stupeur,

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