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fie, étoient remplies de dispositions qu'il faisoit pour de bonnes euvres. Simple, frugal, austere, il avoit toujours assez pour lui-même. Il mourut, comme on sait, le 25 mai 1813, et dans des sentimens de piété dignes de sa vie. La Notice que bous suivons donne des extraits de ses lettres, qui sont précieuses par l'esprit de ferveur, de pénitence et de courage qui les a dictées. (Mémoires de religion, de morale et de littérature, Modène, 1822, tome 1a., 3°. cahier; la Notice est da savant et pieux bibliothécaire M. l'abbé Joseph Baraldi).

AU RÉDACTEUR.

Monsieur, vous avez donné, dans votre numéro 849, un extrait des prolegomenes des Institutions hermeneutiques de l'ancien Testament, par le Père Alber, des écoles Pies, Pest, 1817, 1". vol. in-8°., et vous y dites, d'après cet auteur, que Luther est le premier qui ait donné une traduction allemande de la Bible. Permettez-moi de réclamer contre cette assertion, qui favorise trop les prétentions des protestans, et qui est loin d'être exacte, comme je vais le montrer. Il est vrai que Luther s'est vanté qu'il avoit tiré l'Ecriture sainte de l'obscurité. Je suis le premier, écrivoit-il à Georges de Saxe, à qui Dieu a révélé de vous précher sa parole: moi, Martin Luther, j'ai mis au jour l'Ecriture sainte, ce qu'on n'avoit pas vu depuis mille et méme depuis six mille ans; j'ai tiré la Bible, qu'on avoit cachée (sub scamno latitaverat). Les protestans n'ont pas manqué de répéter cette assertion, et de faire un mérite à Luther d'avoir remis en honneur la Bible, comme si on ne la connoissoit pas avant lui; et beaucoup de catholiques, n'examinant pas assez la chose, ont ajouté foi aux vanteries de Luther, et ont cru qu'effectivement il avoit pu contribuer à faire étudier l'Ecriture sainte avec plus d'ardeur, et qu'il étoit le premier qui eût publié une version alle. mande de la Bible.

Un examen attentif dissipera une prétention trop facilement adoptée par des écrivains catholiques. Il est certain qu'avant la traduction de Luther il existoit plusieurs versions allemandes de la Bible. Nous trouvons que, depuis l'origine de l'imprimerie jusqu'en 1525, que Luther publia l'édition com plète de sa version, il y a eu dix-huit traductions de la Bible

en haut-allemand, et huit en bas-saxon et patois. En voici l'indication exacte : la première traduction ne porte point de lieu d'impression, et parut avec les armes de l'empereur Fre déric III; la seconde est de l'année 1467, et fut publiée à Mayence; la troisième et la quatrième, de 1477, le furent à Nuremberg et à Augsbourg; la cinquième et la sixième, également dans ces deux villes, en 1480; la septième et la hur tième, à Augsbourg, en 1483; la neuvième, à Nuremberg, la même année; la dixième, de 1485, à Strasbourg. Toutes ces éditions sont in-folio. Les suivantes sont in-4°. : la onzieme, de 1487, à Augsbourg; la douzième, de 1490, dans la même ville; la treizième, de la même année, à Nuremberg; la quatorzième, de 1494, à Augsbourg; les quinzième, seizieme et dix-septième, également à Augsbourg, en 1507, 1518 et 1524; la dix-huitième est de Worms, et existoit déja en manuscrit. Les versions en bas-saxon parurent à Lubeck en 1493, et à Halberstadt en 1522. Celles en patois sont, la première, de 1475, à Cologne; la seconde, dans la même ville, sans indication d'année; la troisième, de 1477, à Delft, in-fol.; la quatrième, de 1479, à Delft, in-4°.; la cinquième, de 1479, à Goude; et la sixième, de 1518, à Louvain. On ne peut donc pas dire que l'Ecriture fût cachée quand Luther arriva. Il paroît même qu'il a connu plusieurs de ces versions, et qu'il en a profité pour la sienne, comme il a fait un grand usage des Commentaires latins de Nicolas de Lyra; ce qui donné lieu au proverbe des calvinistes: Nisi lyranus non ly rasset, Lutherus non saltasset. Ce mot est rapporté même par des auteurs protestans, tels que les éditeurs des Nouvelles innocentes, Leipsick, tom. III, p. 319, recueil qui a paru en forme de journal au commencement du dix-huitième siècle..

On peut consulter encore un petit écrit allemand, publié à Strasbourg sous le titre de Remarques sur le chant lyrique composé pour l'anniversaire de la réformation en 1817, par G. J. Schaller, in-8°, de 88 pages. L'auteur, M. Poinsignon, curé de Haguenau, y répond aux éloges exagérés que donnoit à Luther M. Schaller, pasteur et président du consistoire; mais ce que son écrit offre surtout de remarquable pour l'objet qui nous occupe, c'est une énumération très-détaillée d'édi tions de Bibles ou de parties de la Bible, imprimées depuis 1457 jusqu'en 1522. Cette énumération, qui occupe depuis la

page 71 jusqu'à la fin de la brochure, comprend trois cent quarante-quatre articles différens d'éditions latines, italiennes, allemandes, françoises, hollandoises, etc., de la Bible ou de différentes parties des livres saints. Cette liste, fort curieuse, distingue l'auteur, la date et le format de chaque édition, et offre la meilleure et la plus irrécusable réfutation des préten tions des protestans. L'Eglise et la bonne littérature ont beau coup d'obligations à M. le curé de Haguenau d'avoir dissipé un préjugé trop commun.

J'ai l'honneur d'être. . . . . .

RAESS, Rédacteur du Catholique.

Mayence, 19 novembre 1822.

Nous avons offert nos services à nos abonnés qui souhaiteroient faire passer des lettres au prince de Hohenlohe, et nous avons envoyé successivement et sans aucun frais toutes celles que nous avons reçues. Nous sommes bien aise d'avoir pu rendre ce léger service à nos lec-. teurs ou aux personnes qui les intéressoient; mais en nous chargeant de faire parvenir les lettres au prince, nous n'avons pu prendre les soins de les écrire nous-mêmes. Cette correspondance ne pourroit se concilier avec nos occupations ; d'ailleurs, c'est à ceux qui connoissent mieux l'état et les besoins des malades, qu'il appartient de les exposer. Ils s'en acquitteront mieux que nous, et nous nous ferons seulement un plaisir de faire passer leurs lettres. Nous recevons en ce moment une lettre d'un abonné qui nous prie d'écrire au prince; il semble qu'il ne lui en eût pas coûté davantage de faire lui-même la lettre pour demander les prières de l'illustre étranger.

Nous n'avons pas cru non plus qu'on attendit de nous une réponse à toutes les lettres qu'on nous a écrites pour recommander des lettres au prince. Depuis deux mois seulement nous avons reçu environ soixante lettres pour ce seul objet ; nous les avons fait partir toutes avec exactitude. Nous en prévenons entr'autres M. F., qui paroit avoir quelques inquiétudes à cet égard.

Nous ajouterons ici que nous ne nous chargeons pas de recevoir les réponses du prince. Il est plus simple qu'elles soient adressées à ceux qu'elles concernent; ils les recevront plus promptement. Nous n'avons donc jamais donné notre adresse au prince, et nous pensons que les personnes qui lui ont écrit ne la lui ont pas donné non plus. Une fois seulement nous avons consenti, pour des raisons particulières, que la réponse du prince nous fut adressée. Quoi qu'il en soit, nous n'avons reçu de sa part aucune lettre pour personne, et nous en prévenons ici en général. Les lettres qui nous parviendroient par hasard seront surle-champ transmises à leur adresse.

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Sermons de M. l'abbé Richard (1).

SECOND ARTICLE.

Le recueil de ces Sermons se compose de vingtnenf discours, que l'éditeur a distribués pour les dimanches de l'Avent et du Carême, et pour les prin cipales fêtes de l'année. Ces discours ne roulent point, comme il arrive quelquefois aujourd'hui, sur des sujets vagues et généraux; mais sur le fond des dogmes et des préceptes de la religion, et sur les devoirs de la vie chrétienne. M. l'abbé Richard n'étoit point de çes orateurs délicats qui craignent d'effaroucher leur siècle en prêchant sur la mort, sur le jugement dernier, sur l'enfer, et il se faisoit un devoir d'exposer les vérités de la foi dans toute leur sévérité, comme de prêcher la morale de l'Evangile dans toute son étendue. Nous ne pouvons sans doute donner une idée plus juste du genre de ses Sermons et du style qui y règne qu'en citant quelques passages que nous pren. drons presque au hasard."

Dans le Sermon pour le quatrième dimanche de l'Avent, sur la foi, l'orateur établit le double empire que la foi a droit d'exercer sur nos esprits et sur nos cœurs; dans le premier point nous remar quons ce morceau :

« Il est venu, chrétiens, il luit à nos yeux, ce flambeau allumé aux rayons de la Divinité même; il a chassé devant lui toutes les ombres, il a dissipé tous les prestiges de l'erreur et du mensonge. Par ses divines lumières, la foi nous établit

(1)4 vol. in-12; prix, 14 fr. ct 18 fr. franc de port. A Paris, chez Adrien Le Clere, au bureau de ce journal.

Tome XXXIV, L'Ami de la Relig, ot du Ro1. M

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dans la possession tranquille des vérités le plus étroitement liées avec nos devoirs, et les plus nécessaires à notre bonheur. ~~» Lumières de la foi, lumières à la portée de tous les esprits; elles se communiquent à tous les âges et à tous les états. Elles viennent s'offrir à nous des notre enfance, et nous accompagnent jusqu'au tombeau. Il ne faut point les acheter par de pénibles discussions, des recherches Jaborieuses. Elles ne demandent que des ames attentives et dociles à la voix du ciel, qui les instruit; de sorte que les connoissances les plus précieuses à l'hommie sont encore les plus faciles à acquérir : avantage de la foi chrétienne qui est une des preuves les plus sensibles qu'elle vient de Dieu, puisque si, d'une part, Dieu veut, selon le grand Apótre, que tous les hommes parviennent à la connoissance de la vérité et au terme du salut, et si, de l'autre, la plupart des homines n'ont ni la capacité ni le loisir de se livrer à de longues études pour découvrir les vérités qu'il leur importe le plus de connoître, il étoit de la sagesse de Dieu de leur donner un moyen de s'instruire proportionné et convenable à tous, aux petits comme aux grands, aux pauvres comme aux riches, aux esprits bornés comme aux génies sublimes; et ce moyen ne peut être que la foi fondée sur la révélation, La voie de la discussion et du raisonnement n'est point faite pour la multitude: elle ne feroit que s'y égarer et se perdre. La voie de l'autorité et du précepte est plus abrégée, et la seule qui réponde à sa situation et à ses besoins. L'incrédule en convient, et avoue que notre religion est bonne pour le peuple; donc selle est la véritable religion, celle que Dieu a donnée aux hommes, puisque le peuple est la totalité morale du genre humain, et que d'ailleurs tout homme est peuple dans la acience de la religion.

Lumières de la foi, lumières uniformes et invariables. Allez, parcourez toutes les contrées qu'elles éclairent, écoutez la voix de toutes les églises du monde chrétien, elles vous diront qu'elles ont le même Evangile, qu'elles chantent le même Symbole, qu'elles font profession de la même foi que nous. Remontez de siècle en siècle jusqu'aux apôtres; nous croyons ce qu'ils ont cru et enseigné, ce qu'ont cru et enseigné après eux les Irénée, les Cyrille, les Ambroise, les Augustin, les Chrysostôme, les Jérôme, les plus beaux génies de l'univers; ce qu'ont eru tant d'autres personnages révérés, princes,

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