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1. L'empereur Napoléon III a établi, dans le palais de Saint-Germain, un musée gallo-romain, destiné à recueillir nos antiquités nationales.

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Château de Saint-Germain'.

vaient s'amuser à la guerre civile, sous un ministre qui ne savait plus faire tomber les têtes. C'étaient le prince de Conti, frère du grand Condé, le duc de Longueville qui avait épousé leur sœur, si célèbre sous le nom de duchesse de Longueville, le duc de Bouillon qui regrettait toujours Sedan, le duc de la Rochefoucault, qui accusait l'ingratitude de la

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reine et de Mazarin, et même le sage Turenne. L'âme du complot était le coadjuteur qui gouvernait Paris avec des sermons, des aumônes et des couplets. « Il me fallait, dit-il dans ses Mémoires, avec une franchise singulière, un fantôme que je pusse mettre devant moi, et par bonheur il se trouva que ce fantôme était le petit-fils de Henri le Grand; qui parlait comme on parle aux halles, ce qui n'est pas ordinaire aux enfants de Henri le Grand, et qu'il avait de grands che

veux bien longs et bien blonds. On ne saurait s'imaginer le poids de ces circonstances et concevoir l'effet qu'elles firent dans le peuple. Ce fantôme était le duc de Beaufort, prince de peu d'esprit, mais de beaucoup de courage, ce qui faisait de lui un excellent instrument en des mains habiles. Gondi essaya de gagner aussi Condé; mais le prince répondit à ses

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avances avec une fierté qu'il ne devait pas tarder à rejeter: Je m'appelle Louis de Bourbon, et ne veux point ébranler les couronnes. »

La lutte qui commença alors mérita le nom que l'histoire lui a conservé, celui d'un jeu d'enfant, la Fronde.

« La reine, les larmes aux yeux, pressa le prince de Condé de servir de protecte ir au roi. Le vainqueur de Rocroy, de Fribourg, de Nordlingen, de Lens ne put démentir tant de services passés: il fut flatté de l'honneur de défendre une

cour qu'il croyait ingrate, contre la Fronde qui cherchait son appui. Le parlement eut donc le grand Condé à combattre, et il osa soutenir la guerre.... On nomma, dans la grand'chambre, les généraux d'une armée qu'on n'avait pas. Chacun se taxa pour lever des troupes. Il y avait vingt conseillers pourvus de charges nouvelles, créées par le cardinal de Riche

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lieu : il fallut qu'ils donnassent chacun 15 000 livres pour les frais de la guerre, pour acheter la tolérance de leurs confrères. La grand'chambre, les enquêtes, les requêtes, la chambre des comptes, la cour des aides, qui avaient tant crié contre des impôts faibles et nécessaires, fournirent une somme de près de 10 millions pour la subversion de la patrie. On leva 12 000 hommes, par arrêt du parlement chaque porte cochère fournit un homme et un cheval. Cette cavalerie fut appelée la cavalerie des portes cochères. Le coadjuteur avait

un régiment qu'on nommait le régiment de Corinthe, parce que le coadjuteur était archevêque titulaire de Corinthe.

Sans les noms de roi de France, de grand Condé, de capitale du royaume, cette guerre de la Fronde eût été aussi ridicule que celle des Barberins. On ne savait pourquoi on était en armes. Le prince de Condé assiégea 100 000 bourgeois avec 8000 soldats. Les Parisiens sortaient en campagne, ornés de plumes et de rubans; leurs évolutions étaient le sujet des plaisanteries des gens du métier. Ils fuyaient dès qu'ils rencontraient 200 hommes de l'armée royale. Tout se tournait en raillerie; le régiment de Corinthe ayant été battu par un petit parti, on appela cet échec la première aux Corinthiens. Ces vingt conseillers, qui avaient fourni chacun 15000 livres, n'eurent d'autre honneur que d'être appelés les quinze-vingts.

« Les troupes parisiennes, qui sortaient de Paris, et revenaient toujours battues, étaient reçues avec des huées et des éclats de rire. On ne réparait tous ces petits échecs que par des couplets et par des épigrammes. Les cabarets étaient les tentes où l'on tenait les conseils de guerre, au milieu des plaisanteries, des chansons et de la gaieté la plus dissolue. Enfin, on vit le coadjuteur venir prendre séance au parlement avec un poignard dans sa poche, dont on apercevait la poignée, et on criait a Voilà le bréviaire de notre archevêque! » (Siècle de Louis XIV.)

Il ne faut pourtant pas faire la Fronde plus insignifiante qu'elle ne l'était. On savait parfaitement pourquoi on avait pris les armes. D'abord on était fort mal. Une banqueroute universelle venait de bouleverser les fortunes et les esprits, on voulait sortir d'une telle situation, et pour parler comme le régentle peuple en avait pardieu bien raison. >> Mais pour qu'une révolution s'accomplisse, il ne suffit pas qu'il y ait beaucoup de choses à changer, il faut qu'il y ait des hommes propres à faire ce changement; or, en 1648, personne ne se préoccupait de la chose publique. Les princes regrettaient leur place dans le conseil; les grands leur importance perdue; le parlement voulait jouer dans l'État le rôle que jouait de l'autre côté de la Manche le parlement d'Angleterre, et le peuple, qui ne voyait en tout cela qu'une diminution d'impôts, ce qui était alors son plus grand souci, allait à la suite des princes, des magistrats et de son archevêque. Pour celuici, il comptait bien que ce mouvement de réaction contre le

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