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vérité du dessin, avec ce que l'antiquité nous a légué de plus magnifique, si l'on y retrouvait cette noblesse de formes que l'artiste ne doit jamais oublier, même lorsqu'il ne veut repré

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senter que la force matérielle. Le puissant athlète, treize fois couronné par la Grèce entière, devait montrer sur ses traits contractés par la douleur le souvenir de tant de victoires. On sent que le grand artiste jouait avec le marbre, et comme il

le dit lui-même « nourri aux grands ouvrages, il nageait lorsqu'il travaillait, et le marbre tremblait devant lui, pour grosse que fût la pièce. » Puget avait le caractère trop indépendant pour réussir à Versailles. Il y vint, fut bien accueilli, mais reçut à peine, pour son Milon, la somme que le marbre lui avait coûté. Son bas-relief d'Alexandre et de Diogène est, malgré la science qu'il y montra, une preuve de l'impuissance de la statuaire à rivaliser avec la peinture. Combien sont lourds ces nuages et ces drapeaux de marbre qui flotteraient si bien dans l'air libre d'un tableau! Et où est le principal

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acteur de cette scène, le rayon de soleil qu'Alexandre intercepte?

Puget ne laissa pas d'élèves. Coysevox, les deux Coustou, Girardon, procèdent d'un autre système: ce sont plutôt les sculpteurs de la grâce, les maîtres du style brillant et facile sans élévation. Les Tuileries ont du premier les Chevaux ailés qui décorent l'entrée du côté de la place de la Concorde; le Flûteur, la Flore et l'Hamadryade qui sont devant le château; de Nicolas Coustou, la Seine, la Marne, un Berger chasseur et Jules César; de Guillaume Coustou, Hippomène et Atalante; les Chevaux indomptés qu'on voit à l'entrée des Champs-Élysées sont du même artiste. Girardon a peuplé Versailles de

ses ouvrages; le mausolée du cardinal de Richelieu à la Sorbonne est son chef-d'œuvre. Les estampes de Callot, Nanteuil, Audran, Edelinck, ornent dans l'Europe les cabinets de ceux qui ne peuvent avoir des tableaux.

Architecture. François Mansart oublia l'élégance et la grâce de la Renaissance pour un style qu'il croyait majestueux, et qui n'était que lourd. Il commença le Val-de-Grâce, bâtit le château de Maisons, près de Saint-Germain en Laye, et inventa les mansardes qui coupent quelquefois heureusement la surface trop nue des combles, mais quelquefois

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aussi leur ôtent de la légèreté. Son neveu, Jules-Hardouin Mansart, est un génie froid, régulier, qui atteignit presque au grandiose, parce que Louis XIV ne lui ménagea ni la place, ni l'argent, mais qui semble manquer d'inspiration et d'élégance, si ce n'est dans sa belle coupole des Invalides. Claude Perrault (1628-1688) fut médecin, physicien, grand architecte, et eut de la réputation, malgré Boileau. Un autre artiste de génie, le Nôtre (1613-1700), créa l'art des jardins il savait en faire la plus belle décoration des châteaux. A l'agréable,

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1. Ce château, à 3 lieues de Paris, qui coûta, dit-on, 4 500 000 livres à son propriétaire, fut démoli pendant la Révolution; son parc subsiste en

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l'agronome la Quintinie joignit l'utile. Louis XIV les employa tous deux et leurs noms ont mérité d'être joints à ceux des illustres personnages de ce grand siècle.

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Musique. Le Florentin Lulli vint à treize ans à Paris, et fut, avec Quinault, le vrai fondateur de l'opéra en France. Sa musique nous paraît froide et sans caractère, même celle d'église où il excellait. Les contemporains en jugeaient autrement. « Je ne crois point, écrivait Mme de Sévigné, au

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sortir du service pour le chancelier Séguier, qu'il y ait une autre musique dans le ciel (6 mai 1672). »

Monuments et fondations. Les principaux monuments du règne de Louis XIV sont le Val-de-Grâce, dont le dôme, d'une coupe élégante, fut décoré à l'intérieur par Mignard d'une composition qui rappelle de loin les grandes peintures murales de l'Italie; l'Observatoire, élevé sur les dessins de l'astronome Picard et Cl. Perrault (1666), les portes SaintDenis et Saint-Martin, par Blondel et son élève Bullet; les

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