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et débloqua cette ville (15 et 16 octobre). Ainsi de ce côté nous n'avancions pas, mais deux places importantes étaient sauvées.

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Dans les Vosges, les armées du Rhin et de la Moselle perdirent d'abord la bataille de Pirmasens (14 sept.) et les lignes de Wissembourg, que Wurmser força (13 oct.); Landau fut bombardé. Mais Hoche, qui venait de se distinguer à la défense de Dunkerque, fut mis à la tête de l'armée de la Moselle, Pichegru à la tête de l'armée du Rhin, et les représentants Saint Just et Lebas vinrent animer de leur énergie les troupes et les populations. Carnot avait arrêté que l'armée de la Moselle essayerait de reprendre la chaîne des Vosges, pour être maîtresse des passages sur les deux versants, et libre de se réunir à l'armée du Rhin. Brunswick aida au succès de ce plan, en reculant après une vaine tentative sur Bitche, jusqu'à Kayserlautern, à la hauteur de Manheim, tandis que Wurmser, de l'autre côté des Vosges, restait presque en vue de Strasbourg. Hoche échoua d'abord à Kayserlautern contre les Prussiens (17 nov.); mais se rejetant tout à coup à travers les Vosges, sur le flanc droit des Autrichiens que Pichegru attaquait de front, il leur reprit les lignes de Wissembourg (27 déc.), et les obligea de repasser le Rhin, tandis que les Prussiens, découverts sur leur gauche, reculaient jusque sous le canon de Mayence. Hoche hiverna en pays ennemi, dans le Palatinat.

En Italie, Français et Piémontais se disputaient la chaîne des Alpes; les premiers étaient à Nice, les seconds étaient à Saorgio, et nous avions été battus en voulant les en chasser. Vers les Pyrénées, les Espagnols, sous Ricardos, gardaient aussi l'offensive; l'armée républicaine, après plusieurs rencontres où le succès fut souvent balancé, se retira sous Perpignan (décembre).

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Succès et défaite des Vendéens (1793). Mais à ce moment la guerre civile finissait. Les républicains avaient repris Lyon (9 oct.) et Toulon (19 déc.): J'un à demi ruiné; l'autre pillé par les Anglais, qui mirent le feu à l'arsenal, aux chantiers et aux vaisseaux qu'ils ne purent emmener. La Vendée résista plus longtemps. En Bretagne et dans le Maine, les chouans ne faisaient qu'une guerre de partisans et d'embuscades; les paysans du bas Poitou firent la grande guerre. Le mouvement commença à Saint-Florent, petite ville bâtie au bord de la Loire, sur la rive gauche de ce fleuve, au des

sous d'Angers. Le 10 mars 1793, les jeunes gens de ce canton y furent appelés pour satisfaire à la loi qui exigeait une levée de 300 000 hommes. Ils vinrent, mais décidés à ne pas obéir, se mutinèrent, chassèrent les gendarmes et pillèrent l'hôtel de ville. Le coup fait, ils retournaient tranquillement chez eux, quand un voiturier, Cathelineau, leur représenta que la Convention tirerait d'eux une éclatante vengeance. Il les décide à le suivre, court de village en village, sonne le

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tócsin, ramasse les hommes de bonne volonté, et à leur tête enlève quelques postes, des armes, du canon, même la petite ville de Chemillé. Un garde-chasse du comte de Maulevrier, Stofflet, qui a fait comme lui, vient le rejoindre avec ceux qui le suivent, et tous deux s'emparent de Chollet. Ce n'est plus une bande de paysans soulevés, c'est une armée; les gentilshommes accourent à sa tête. Guidés par Lescure, Bonchamps, d'Elbée, la Rochejaquelein et Charette, qui ne dédaignent pas de s'associer les deux chefs populaires, les Ven

déens prennent encore Saumur (29 juin), et pour se faire jour par deux points, vers la mer, c'est-à-dire vers l'émigration et les Anglais, ils attaquent les Sables et Nantes. Boulard sauve la première; Canclaux sauve la seconde, et Cathelineau est tué dans cette dernière attaque (9 juin); mais les Vendéens restent maîtres de leur pays et en chassent les répu blicains par deux victoires gagnées sur les troupes qui les attaquent à la fois par le sud et par le nord, celle de Châtillon (3 juillet), remportée sur Westermann, qui, sorti de Parthenay, s'était trop aventuré au milieu de l'insurrection, celle de Vihiers (18 juillet), sur l'armée partie d'Angers.

et

La colonne de l'ouest restait seule menaçante, 40 000 Vendéens marchent sur Luçon, où le général Tuncq n'avait que 6000 hommes. Mais les Vendéens acceptent la bataille en plaine et sont complétement défaits (14 août). Le 5 septembre, ils prennent leur revanche à Chantonnay, malgré le courage de Marceau. Alors les Mayençais, qui d'un an ne pouvaient servir contre la révolution, arrivent en Vendée, et avec eux Kléber, qui à lui seul valait une armée. Les forces républicaines sont divisées en 4 corps, et on décide de partir le même jour de Saumur, de Nantes, de Sables et de Niort, pour séparer les Vendéens de la mer, où venait de se montrer une flotte anglaise, et les rejeter du Marais sur le Bocage. Mais la division du commandement entre Canclaux (armée de Brest) et Rossignol (armée de la Rochelle) empêche l'unité de direction; des contre-ordres imprudemment donnés suspendent la marche de trois divisions et laissent quelque temps celle de Canclaux exposée seule aux coups de l'ennemi. 20 000 Vendéens attaquent son avant-garde à Torfou. C'étaient 2000 Mayençais et Kléber; ils plient d'abord sous la supériorité du nombre et reculent. Kléber, pour arrêter l'ennemi au passage d'un pont, y place un officier et quelques soldats auxquels il dit : « Mes amis, vous vous ferez tuer ici, » et la consigne est exécutée. Le même jour la colonne d'Angers avait perdu les Ponts-de-Cé; la veille, Santerre, avec la colonne de Saumur, avait été battu à Coron. Autre revers en même temps à Montaigu, qui oblige Canclaux à se replier sur Nantes.

La Convention ordonne à ses généraux de terminer la guerre avant le 20 octobre. En onze jours, les Vendéens éprouvent quatre échecs à Saint-Symphorien, le 6 octobre, par les Mayençais; à Châtillon, le 9, par Westermann; à Mortagne,

où Lescure fut mortellement blessé, et à Saint-Christophe, le 15, par Marceau et Kléber. Enfin Kléber les écrase en avant de Chollet (17 oct.). D'Elbé, Bonchamp sont frappés à mort; mais Bonchamp, avant d'expirer, obtint la grâce de 4000 prisonniers républicains que les siens voulaient fusiller. Acculés à la Loire par ce grand désastre, 80 000 Vendéens, hommes, femmes, enfants, vieillards, passent ce fleuve, à Varades, pour soulever l'Anjou, le Maine et la Bretagne; ils battent les bleus près de Laval (27 oct.) et pénètrent jusqu'à Granville, d'où ils espèrent tendre la main aux Anglais. Mais Granville les repousse; ils retournent alors sur Angers (3 déc.), pour rentrer dans le Bocage vendéen, La Loire leur est fermée; ils sont rejetés sur le Mans, écrasés dans cette ville (13 déc.), achevés dans Savenay (27 déc.). Ce fut la fin de la grande guerre. Les colonnes infernales n'eurent plus que quelques combats isolés à livrer dans la Vendée, où Charette, la Rochejaquelein et Stofflet tenaient encore, et attaquer les chouans de la Bretagne'.

L'honneur des

Campagne d'été de 1794; Fleurus. succès remportés en Alsace, à la fin de 1793, revenait à Hoche; Pichegru se les attribua et le persuada à Saint-Just. Hoche fut destitué, jeté en prison, et Pichegru reçut le commandement de l'armée du Nord. 11 perdit deux mois en efforts infructueux et sanglants sur l'Escaut et la Sambre, ne sachant pas tirer parti des deux victoires de Moucroën, près de Menin (29 avril), et de Turcoing (18 mai), gagnées par l'impétueux élan de nos jeunes réquisitionnaires, bien plus que par l'habileté de leur chef. Heureusement Carnot renonça à temps à l'idée d'attaquer de front l'ennemi, qui nous avait pris Landrecies, et imagina de menacer sa communication et sa ligne de retraite en amenant Jourdan, avec 45 000 hommes, de la Moselle sur la Sambre. Quatre fois les représentants Saint-Just et Lebas franchirent la Sambre à travers les colonnes républicaines; quatre fois ils furent repoussés. Cependant il fallait à tout prix emporter Charleroi. Ils décidèrent Jourdan à tenter un cinquième passage. Celui-là réussit; Charleroi capitula, et le prince de Cobourg, accouru trop tard au secours de la place, perdit la bataille de Fleurus (28 juin), qui rouvrit les Pays

1. Mort de la Rochejaquelein (4 mars 1794). Incendie de Chollet par Stofflet (10 mars). - Traité de la Jaulnais avec Charette (19 février 1795). Soumission de Stofflet à Saint-Florentin (2 mai). L'année suivante, l'un et l'autre, soulevés de nouveau, furent pris et fusillés.

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