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des assauts et à des rencontres les plus da monde; mais jamais je n'ai été étonné comme à personnage. »

Il y avait un roi de Paris et un roi de France encore, et on vit avec étonnement Henri III acco deux mois auparavant, il refusait en face des b consentit à disgracier d'Épernon, jura de ne armes qu'après la destruction des hérétiques, de de ses droits au trône tout prince non catholique duc de Guise lieutenant général, et convoqua les é Il semblait donc que tout ce qu'il avait gagné à c'était que les états ne s'y tinssent point. Mais il cela ses raisons.

Les états de Blois ne furent composés que de li plus violents ennemis du roi furent nommés pré trois ordres le cardinal de Lorraine, Brissac, le barricades, et le prévôt de Paris, nommé par Guis pelle-Marteau. Le roi, dans une harangue habile e comme il savait les faire, se plaignit « de l'ambitio rée de quelques-uns de ses sujets. » C'était quelque le clergé exigea que la phrase fût supprimée à l'i Puis on agita quelque temps la question de savoir s devaient procéder « par résolution ou par supplicati sées au roi, celui-ci n'étant que le président des e quels ont tout pouvoir. » Cette question écartée, on que les tailles fussent abaissées et que les courtisan sent gorge. « Le peuple, disait Brissac au roi lui-n grandement refroidi de l'amour qu'il portait à ses p cette assemblée est rendue illusoire, vous perdrez l la foi et de l'amour que le peuple a encore pour v dehors, c'était bien autre chose; les plus ardents des parlaient de faire Guise connétable, et d'enfermer le un couvent, s'il résistait. La duchesse de Montpens trait, pendus à son côté, des ciseaux d'or dont el « faire la couronne monacale de Henri'. »

1. Les états de 1588 demandèrent, comme ceux de 1576 et d rétablissement des élections ecclésiastiques et l'élection pour les judicature; la restitution du droit de justice civile aux corps m l'égalité des poids et mesures. Ils voulurent que les ordonnances requête des états fussent immuables et n'eussent pas besoin d'êtr en cour de parlement; qu'il y eût pour les autres édits toute libe

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trer; que toutes les provinces pussent élire des procureurs syndics auxquels les edits seraient communiqués avant d'être vérifies en parlement; qu'enfin il n'y eût jamais, pour quelque cause et sous quelque forme que ce soit, de levée d'argent, sans le consentement des états généraux. (A. Thierry, Histoire du tiers état, p 118.)

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1. Blois, dans l'ancienne province d'Orléanais, s'élève en amphithéâtre, au bord de la Loire. Louis XII y naquit, fit reconstruire l'ancien château

Château de Blois '.

Armada venait d'être détruite, on pouvait frappe Philippe II. Quelques-uns voulurent mettre le du en défiance : « Il n'oserait, » répondit-il. Le roi osa. lâches sont les plus audacieux pour le crime. «< temps, dit Henri à ses conseillers intimes, que je tutelle de messieurs de Guise, je suis résolu d'en ti qui a compagnon a maître. » Un d'eux proposa l'e ment légal et le procès en forme. Mettre le Guisa son, reprit le roi, ce serait mettre dans les filets 1 qui serait plus puissant que nos cordes. » Le moye cidé d'avance; le jour fut fixé au 23 décembre, avar Noël.

Le 22, on engageait encore le duc de Guise à s'é Blois. « Qui quitte la partie la perd, » dit l'arche Lyon, et Guise ajouta : « Mes affaires sont réduit termes, que quand je verrais entrer la mort par la je ne voudrais pas sortir par la porte pour la fuir l'avait averti que, se proposant d'aller passer la fêt à Notre-Dame de Cléry, le conseil privé se tiend heures du matin. A quatre, le roi appela les Quaran « Il n'y a aucun de vous, leur dit-il, qui ne soit oblig connaître combien est grand l'honneur qu'il a reçu ayant fait choix de vos personnes pour confier la votre valeur et fidélité. Vous avez été mes obligés, être le vôtre. Le duc de Guise est résolu de faire son effort sur ma personne, pour disposer après de ma c et de ma vie. Je suis réduit à telle extrémité, qu'il je meure ou qu'il meure, et que ce soit ce matin. Ne

des comtes de Blois « tout neuf, dit Jean d'Auton, et tant sompt bien sembloit œuvre de roi. » L'architecture du treizième siècle core représentée par la colonnade de la salle des états; le quatorzi s'élever la galerie des ducs d'Orléans, et Louis XII a fait bâtir orientale, où l'heureux mélange de la brique et de la pierre, l'origi l'ensemble, la délicatesse et la naïveté des détails laissent l'œil e indécis entre cette construction et celle qui l'avoisine du roi Fran Celle-ci, riche de tout ce que l'art avait emprunté à la Renaissa lienne, sans épudier pour cela l'ancien style français, mérite ce plus d'attention. La façade du côté de la cour a peut-être un peu deur, mais elle se distingue par son magnifique escalier extérieur qui est certainement une des pièces capitales de l'architecture d naissance. Gaston d'Orléans fit élever le quatrième corps de logis dessins de François Mansard. » (De la Saussaye, Histoire de Blois.) teau a été offert par la ville de Blois à l'empereur Napoléon III, qui cepté pour le prince Impérial.

1. Les Quarante-Cinq étaient la garde personnelle du roi ; Guise a

B

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vous pas me servir et me venger?» Tous s'écrièrent qu'ils étaient prêts à tuer

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le rebelle.

Cap de

Diou! dit un d'eux,
Gascon, nous vous le
donnerons mort. »
Le roi leur distribua
lui-même des poi-
gnards et les posta
dans son cabinet,
dans sa chambre, sur
l'escalier. En même
temps, avec cette dé-
votion tout italienne
qui mêle si aisément
le crime et la prière,
il faisait dire une
messe par un de ses
chapelains pour que
Dieu lui fit la grâce
de pouvoir exécuter
son entreprise. >

Le duc arriva plus
tard qu'on ne l'at-
tendait. Il reçut en-
core en route un bil-
let qui lui annonçait
son sort: « C'est le
neuvième, dit-il.
Arrivé dans la cham-
bre du conseil, il s'as-
sit quelque temps.
J'ai froid, dit-il, le
cœur me fait mal. >>
Quelques moments
après, un secrétaire
d'État vint le man-
der de la part du roi.
Il passa de la cham-
bre du conseil dans

Escalier du château de Blois.

ment où le duc soulevait la portière, un des assassins le saisit par le bras et lui enfonça son poignard dans le sein, en criant : Traître, tu en mourras!» Tous les poignards se levèrent aussitôt. «Eh! mes amis, mes amis! » s'écrie le duc; et, bien que frappé de tous côtés, il entraîne ses meurtriers d'un bout de la chambre à l'autre, les bras tendus, jusqu'au pied du lit du 1oi, où il tombe expirant. « Ah! s'écrie le cardinal en entendant le bruit, on tue mon frère. Le roi a affaire à vous, monsieur, répond le maréchal d'Aumont, ne bougez pas! »> Et il le fit emmener. Le lendemain, on le tua à coups de hallebardes.

L'affaire terminée, le roi sortit de son cabinet pour voir si son ennemi était bien mort, et le contempla longtemps; puis il courut dire à la vieille Catherine de Médicis, qui, alors àgée de soixante-dix ans, se mourait : « Je suis redevenu roi de France, madame, ayant fait tuer le roi de Paris. Ce n'est pas tout de tailler, mon fils, répondit-elle, il faut recoudre. »

Assassinat du roi Henri III (1589). Tuer le duc de Guise, en effet, ce n'était pas tuer la Ligue. Henri III avait cédé au désir de se venger, plutôt qu'il n'avait, par ce crime, accompli un dessein politique. « Morte la bête, disait-il, mort le venin! » Il se trompait; Guise tirait sa force de la Ligue, et non la Ligue de lui. A la nouvelle de sa mort, arrivée à Paris le jour de Noël, il y eut un moment de stupeur, puis la fureur éclata. Toutes les églises retentirent d'imprécations contre le perfide tyran, Henri de Valois, et de lamentations au sujet des « deux frères martyrs de Jésus-Christ et du public. Le fameux prédicateur Lincestre déclara qu'Hérode n'était plus roi de France, et il fit prêter à tous les auditeurs le serment de verser leur dernière goutte de sang pour venger la mort de Guise. « Levez la main, dit-il au président de Harlay, levez la main bien haut afin que le peuple la voie. Des processions de nuit et de jour sillonnèrent la capitale. Dans l'une d'elles, cent mille personnes portant des cierges les éteignirent tout d'un coup en criant: « Dieu, éteignez ainsi la race des Valois. >>

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Les Seize forcèrent le corseil de ville à donner le comman dement de Paris au duc d'Aumale, en attendant l'arrivée de Mayenne. La Sorbonne décréta « que le peuple français était délié du serment de fidélité prêté à Henri III. » Il était difficile d'ébranler la fidélité monarchique du parlement, on

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