Page images
PDF
EPUB

Villèle vécut huit mois encore; mais les élections générales qu'il provoqua imprudemment envoyèrent à la Chambre une majorité libérale devant laquelle il tomba.

[ocr errors]

Bataille de Navarin. Expédition de Morée. Tous les partis manifestaient leurs sympathies pour un peuple qui défendait avec héroïsme son indépendance, le peuple grec. Cette nation, si célèbre dans l'antiquité, venait de secouer le joug énervant des Turcs, mais elle allait succomber lorsque l'Angleterre, la France et la Russie s'unirent pour la sauver (5 juillet 1827). Les trois flottes alliées écrasèrent à Navarin la marine turque (20 septembre 1827).

[graphic][subsumed][merged small][subsumed][merged small][merged small]

La France envoya de plus en Morée un corps d'armée commandé par le général Maison qui reprit en peu de temps toutes les villes occupées par les Turcs. La Grèce était délivrée.

Modération de M. de Martignac. Le 4 janvier 1828, un nouveau cabinet avait été formé; il porta le nom du ministre le plus influent, M. de Martignac, et dura dix-huit mois, jusqu'au 8 août 1829. Ses intentions furent droites, libérales, et ses actes généralement approuvés. Il abolit la censure qui pesait sur les journaux, chercha à prévenir les fraudes électorales, et plaça sous le régime commun les établissements d'éducation dirigés par des ec

clésiastiques. Malheureusement Charles X, toujours livré aux funestes conseils de la congrégation, supportait son ministère sans l'aimer, et n'acceptait qu'à contre-cœur les ordonnances soumises à sa signature. Il se crut assez fort pour jeter le défi à la France, et, renvoyant son ministère libéral, il le remplaça par un ministère où dominaient MM. de Polignac, de Labourdonnaie et de Bourmont. Le ministère Polignac. Ces choix étaient une déclaration de guerre de la royauté au pays : une crise devenait inévitable. Pendant dix mois, la presse de l'opposition répéta au gouvernement qu'il aboutirait forcément à un coup d'État, et les députés déclarèrent dans leur réponse au discours du roi que le ministère n'avait pas la confiance du pays. La Chambre fut dissoute, mais les deux cent

[ocr errors]
[graphic][subsumed][ocr errors]

vingt et un signataires de l'adresse furent réélus, et la royauté vaincue dans les élections se décida à faire elle-même une révolution.

[ocr errors]

Prise d'Alger. La conquête d'Alger, entreprise pour venger un affront fait à notre consul, parut fournir une occasion favorable. Une armée de 37 000 hommes, commandée par le comte Bourmont, s'embarqua à Toulon et descendit le 14 juin sur la côte africaine. Les Algériens furent battus et dispersés dans les montagnes. Le 4 juillet nos troupes s'emparaient du fort appelé le Château de l'Empereur, qui domine Alger et dont la chute amena celle de la ville. Le trésor amassé par les deys paya les frais de cette expédition qui plantait notre drapeau civilisateur sur la terre d'Afrique, d'où il n'a plus été enlevé.

La révolution de 1830. — Le 26 du même mois parurent les fameuses ordonnances qui supprimaient la liberté de la presse et créaient un nouveau système d'élections. Paris répondit à cette provocation par les trois mémorables journées des 27, 28 et 29 juillet 1830. Malgré la bravoure de la garde royale Charles X fut vaincu et obligé de quitter le royaume (29 juillet-16 août). Après les premiers jours d'août, on éleva au trône le chef de la branche cadette des Bourbons, le duc d'Orléans, qui prit le nom de Louis-Philippe Ier. Six mille victimes étaient tombées mortes ou blessées. La France salua de ses unanimes acclamations cette séparation d'avec les hommes et l'affront de 1815. En reprenant le drapeau tricolore, elle semblait reprendre aussi possession d'elle-même, avec toutes ses gloires et toutes les libertés légitimes.

CHAPITRE II.

[ocr errors]
[blocks in formation]

Le roi Louis-Philippe. La Fayette avait dit en montrant le duc d'Orléans au peuple, à l'hôtel de ville : « Voilà la meilleure des républiques. Beaucoup avaient pensé comme la Fayette. Les vertus privées du prince, sa belle famille, ses antécédents libéraux, les souvenirs soigneusement ravivés de Jemmapes et de Valmy, ses habitudes bourgeoises, l'éducation populaire donnée à ses fils dans nos écoles publiques, tout encourageait les espérances.

Le duc d'Orléans, chef de la branche cadette de la maison de Bourbon, fut proclamé roi le 9 août, après qu'il eut juré l'observation de la Charte revisée. Les changements étaient peu importants: abolition de l'hérédité de la pairie, fixation du cens d'éligibilité à 500 francs et du cens électoral à 200. Les droits politiques restaient conférés à la fortune, plutôt qu'à l'intelligence, et la masse de la nation en était exclue. Mais en 1814, Louis XVIII avait donné une Charte octroyée par son bon plaisir; en 1830, Louis-Philippe en acceptait une qui lui était imposée par la Chambre des députés. Dans ce fait était toute la révolution.

- L'ébranlement causé

1830-1831. Ministère de M. Laffitte. par la chute de la Restauration avait donné une force inattendue au parti républicain. Il fallut d'abord compter avec lui. On le flatta

quelque temps dans la personne de deux hommes que les républicains respectaient, le général la Fayette que l'on nomma commandant de toutes les gardes nationales de France et M. Laffitte qui fut appelé au ministère. On exploita habilement la popularité du premier jusqu'après le procès des ministres de Charles X et celle du second jusqu'au moment où il fallut se prononcer nettement sur la politique extérieure. La France a l'insigne honneur de fixer sur elle l'attention du

[graphic][subsumed][ocr errors][merged small]

monde. Au bruit du trône qui s'écroulait à Paris, le 29 juillet 1830, tous les trônes avaient été ébranlés, tous les pouvoirs impopulaires compromis. En Suisse, les gouvernements aristocratiques tombèrent; en Allemagne, de libérales innovations s'introduisirent. L'Italie était frémissante; l'Espagne préparait une révolution; la Belgique se séparait de la Hollande; l'Angleterre elle-même, émue, agitée, arrachait aux tories le bill de réforme. La paix avait été plus profitable que la guerre à la liberté. Nos idées refaisaient les conquêtes que nos armes avaient perdues.

Mais la France devait-elle se faire le champion de toutes les insurrections européennes, au risque de soulever une guerre universelle et de verser des flots de sang? Le nouveau roi ne le pensa point. La Belgique s'était séparée de la Hollande et s'offrait à la France; on la repoussa pour ne point exciter la jalousie de l'Angleterre. Les réfugiés espagnols voulaient tenter une révolution dans leur pays; on les arrêta sur la frontière pour ne point violer le droit international, même en face d'un prince peu ami.

La Pologue, quelques instants délivrée par un héroïque effort, nous appelait. Il était possible de la sauver par les armes, mais comme elle le dit elle-même au moment des grandes douleurs : « Dieu est trop haut et la France est trop loin. » Quelques secours isolés, seulement, lui parvinrent. Varsovie succomba. Sa chute retentit douloureusement au cœur de la France.

L'Italie, enchaînée par l'Autriche, s'agitait pour briser ses fers. M. Laffitte voulait l'y aider. Le roi refusa de le suivre si loin, et appela Casimir Périer à la présidence du conseil.

1831-1832. Ministère de Casimir Périer. Casimir Périer jeta sur cette politique de juste milieu quelque grandeur, par l'énergie, par l'audace qu'il mit au service de cette modération. Il déclara nettement deux choses qu'il voulait l'ordre légal, et par conséquent qu'il combattrait à outrance les républicains et les légitimistes; qu'il ne jetterait peint la France dans une guerre universelle, et par conséquent qu'il ferait à la paix du monde tous les sacrifices compatibles avec l'honneur du pays. Ce langage semblait fier; des actes le soutinrent.

Occupation d'Ancôné. Don Miguel, en Portugal, avait outrageusement traité deux Français. Une flotte força les passes du Tage, réputées infranchissables, et mouilla à trois cents toises des quais de Lisbonne. Les ministres portugais s'humilièrent; une légitime réparation fut accordée. Les Hollandais avaient envahi la Belgique; cinquante mille Français y pénétrèrent aussitôt, et le pavillon néerlandais recula. Les Autrichiens, une première fois sortis des États pontificaux, y étaient rentrés; Casimir Périer, résolu de faire respecter le principe de non-intervention, envoya une flottille dans l'Adriatique, et les troupes de débarquement s'emparèrent d'Ancône. Cette apparition du drapeau tricolore au centre de l'Italie était presque une déclaration de guerre à l'Autriche. Elle ne la releva point et retira ses troupes.

Insurrection à Lyon, complot à Paris. · - A l'intérieur, le président du conseil suivait avec la même énergie la ligne qu'il s'était tracée. Les légitimistes agitaient les départements de l'ouest; des colonnes mobiles y étouffèrent la révolte. Les ouvriers de Lyon, excités par de trop cruelles misères, mais aussi par des meneurs légitimistes et républicains, s'étaient soulevés, en inscrivant sur leur bannière cette devise douloureuse et sinistre : « Vivre en travaillant, ou mourir en combattant. » Après une affreuse mêlée dans la ville

« PreviousContinue »