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ne répand aucune odeur dans l'appartement, et pourra par conséquent devenir très-utile à l'économie domestique.

8o. Enfin à la carbonisation de 5ɔ quintaux de cette houille pour la réduire à l'état de coak. J'ai plusieurs fois été témoin des épreuves qui ont été faites avec ce coak aux feux des maréchaux, et j'ai observé qu'il chauffe avec plus d'activité que le charbon de bois ; qu'il en faut moins, et que le fer se soude et se corroye parfaitement bien, sans éprouver des déchets plus considérables.

Je dois maintenant indiquer plus particulièment la nature de cette houille, et les principaux usages auxquels elle pourra convenir.

Mise au feu, elle ne colle et ne se boursouffle point; elle y devient très-friable et s'enflamme avec une fumée épaisse, analogue à celle de la houille grasse de France, mais moins agréable et mêlée d'une odeur de soufre.

Elle n'offre point dans son gisement, qui est un grès fin micacé, d'empreinte végétale ou

animale.

Elle a la texture et le brillant de la résine ou de la poix noire. Elle se casse indifféremment en tout sens; on y observe quelques petites veines à cassure lamelleuse suivant la direction de la couche.

Sa pesanteur spécifique est de 1347 à 1360. Celle des houilles grasses du département de la Sarre (Ludwigstollen) est de 1259. Elle pèse conséquemment à égal volume de 7 à 8 pour 100 de plus.

Ces caractères la distinguent de la lignite de

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Applications de

l'anthracite et du jayet. La houille de Morbello a plus d'analogie avec le jayet.

La houille de Cadibona appartient par conséquent à la classe des houilles sèches, et en diffère par le gisement qui pour ces dernières est ordinairement dans le calcaire. Comme houille sèche, elle est moins propre aux feux dés maréchaux pour lesquels on préfère les houilles grasses, qui forment, en se collant au feu, une espèce de voûte où se concentre la chaleur qui échauffe le fer sans le mettre en contact immédiat avec le combustible.

La perte en poids que cette houille éprouve par la carbonisation est environ de moitié comme pour les houilles grasses; elle laisse pour résidu six pour cent de substance terreuse, ce qui répond à la moitié à peu près du résidu laissé par les houilles grasses du département de la Sarre.

Le coak résultant de la carbonisation de cette houille, conserve son volume primitif et en partie sa texture, à la réserve de son brillant qui est plus terne, et d'une multitude de petites fentes que l'on y remarque. Réduit à cet état, le coak est moins friable, et donne au feu excité par le vent d'un soufflet, une chaleur vive et soutenue sans se déliter. Il exhale une odeur de soufre sans fumée.

Ce coak paraît contenir plus de soufre que celui résultant des houilles de la Sarre. Le soufre n'y est cependant pas apparent comme dans celles-ci où il se manifeste à l'état de pyrite.

Il suit de ces derniers résultats d'expériences, cette houil- que la proportion de substance charbonneuse contenue dans le coak de Cadibona, est plus

le aux tra

vaux métal, Jurgiques.

forte dans les coaks des bonnes houilles
que
grasses, et conséquemment qu'il doit produire
par la combustion une intensité de chaleur
aussi vive. C'est ce que confirme les épreuves
faites aux feux des maréchaux.

Si cet effet a réellement lieu, ce coak pour rait servir à fondre au haut fourneau des minerais de fer, et à fabriquer du lest qui reviendrait au Gouvernement à beaucoup meilleur prix que la fonte actuellement employée par la marine.

Il est probable même qu'on parviendra à enlever à ce coak le soufre qu'il renferme, en l'arrosant avec de l'eau, et en l'exposant pendant quelque tems aux intempéries de l'air pour faire passer le soufre à l'état d'acide sulfurique, et qu'alors ce combustible pourra servir à former une fonte utile dans beaucoup d'autres travaux.

Il est probable aussi, qu'en modifiant la construction des fourneaux à réverbère, ou en faisant subir à la houille quelques préparations, on pourra en faire usage pour les fonderies. Je me propose de revenir sur ces objets importans dans un Mémoire particulier.

Mais le succès de ces travaux métallurgiques Débouchés est encore incertain, et dépend de construc- de la houiltions dispendieuses qui ne peuvent s'exécuter peut actnelqu'avec le tems.

Les mines de Cadibona ont besoin d'un débouché plus prochain, pour les mettre en valeur et donner de l'activité à leur exploitation.

Les fabrications de briques, de poteries, de chaux et de savon, dont il se fait un commerce

le que l'on

lement es

pérer.

France, produise le même effet. L'arsenal de l'artillerie de terre se propose d'en consommer pour la campagne quinze mille quintaux; l'arsenal de la marine, y comprise l'artillerie de mer, se propose d'en consommer trente mille. La consommation totale serait de quarantecinq mille quintaux ; mais en supposant qu'on n'en prenne que la moitié pour la mêler avec la houille de France, les approvisionnemens certains que ces deux arsenaux pourraient faire aux mines de Cadibona, seraient encore d'environ vingt milliers de quintaux.

On voit par les deux derniers articles, que le débit le plus considérable sera dû aux manufactures des environs de Savone.

En supposant que ces différens travaux soient en pleine activité, et que l'usage de la houille soit aussi général qu'il est susceptible de le devenir, la mine pourrait espérer un débouché annuel de deux cent mille quintaux métriques.

RÉSUMÉ.

Il suit de ce qui précède,

1°. Que l'exploitation des mines de houilles de Cadibona n'est point en activité effective, et ne peut être considérée que comme un travail de recherches, dont le seul résultat important a été d'avoir fait connaître la puissance et l'étendue de la couche.

2°. Que l'emploi de la houille est encore extrêmement borné, et peut être considéré comme

ayant

ayant servi à faire des essais qui méritent d'être encouragés, et qui offrent un grand intérêt pour l'avenir.

3o. Que ces mines suffiraient à une exploitation considérable, et au-delà des besoins du département pendant plus de cinquante

ans.

4°. Que les premières notions sur la manière d'employer la houille en grand, sont ignorées jusqu'à présent dans le pays, et que faute de ces connaissances, l'exploitation de ces mines n'a pu avoir le degré d'utilité dont elles sont susceptibles.

5o. Que cette houille peut servir, soit dans son état naturel, soit à l'état de coak, aux feux des maréchaux et aux arsenaux, mais moins avantageusement que les houilles grasses.

6o. Que mêlée en proportion égale avec de la houille grasse de France, elle pourrait remplir le même objet, et qu'il en résulterait déjà une épargne notable.

7°. Que cette houille, sans être de première qualité, est propre cependant à remplacer le bois dans les briqueries, poteries, fours à chaux et savonneries du département.

8°. Que la consommation que peuvent faire ces établissemens est la plus importante et la plus prochaine.

9°. Que le chauffage domestique, les feux des maréchaux, les fabrications d'ancres, les arsenaux, les verreries, les fournaux à reverbères, les hauts fourneaux, contribuerout Volume 25.

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