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TABLEAU COMPARATIF

DES RÉSULTATS DE LA CRISTALLOGRAPHIE ET DE L'ANALYSE CHIMIQUE,

Relativement à la classification des Minéraux.

Par M. l'Abbé HAUY, Chanoine honoraire de l'Eglise Métropolitaine de Paris; Membre de la Légion d'Honneur et de l'Institut; Professeur de Minéralogie du Muséum d'Histoire naturelle, et de la Faculté des Sciences à l'Université impériale; des Académies des Sciences de Saint-Pétersbourg et de Berlin, et de plusieurs autres Sociétés savantes (1).

Extrait pa rM. TONNELLIER, Garde du Cabinet de Minéralogie du Conseil des Mines.

LORSQUE de nouvelles découvertes viennent agrandir le domaine des sciences naturelles les méthodes ou les systèmes, qui ne sont que les tableaux des connaissances dont ces sciences se composent, doivent naturellement éprouver des modifications; mais si les principes adoptés pour la base de la classification ont été pris dans la nature ils subsistent dans toute leur intégrité, et la facilité avec laquelle ils se prêtent à de nouvelles applications, en démontre à la fois la justesse et la fécondité. Tel est le sort honorable qui était réservé à la méthode dont M. Haüy a été le créateur et dont il s'est servi avec tant d'avantage

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(1) Un vol. in-8°. A Paris, chez COURCIER, quai des Augustins, no. 57.

pour distribuer d'une manière plus philosophique l'ensemble des êtres qui constituent le règne minéral. Depuis l'impression du Traité de Minéralogie de ce savant justement célèbre, époque à laquelle la minéralogie, envisagée sous une forme absolument nouvelle, se vit élevée au rang des sciences exactes, des substances qui avaient échappé aux recherches des voyageurs, ont été l'objet de plusieurs découvertes importantes; les droits qu'elles avaient à figurer, comme espèces, dans la méthode, ont été examinés et reconnus ; d'autres qui avaient été mises en réserve, à raison des doutes qu'elles laissaient à éclaircir, se sont présentées avec des caractères distinctifs mieux prononcés; elles occupent maintenant dans la série des espèces connues, les places qui les attendaient et dont plusieurs avaient été signalées d'avance. Un petit nombre qui avaient éte classées provisoirement, s'étant prêtées depuis à une étude plus approfondie, ont permis d'apercevoir le lien jusqu'alors caché qui les unissait aux espèces déjà connues, dont on les avait séparées. De nouvelles observations ont fourni à l'illustre auteur de la Théorie sur la Structure des Cristaux, les moyens de donner un nouveau degré de perfection à son beau travail sur les formes primitives des substances minérales cristallisées, et l'ont mis à portée de déterminer d'une manière plus rigoureuse les valeurs des angles primitifs.

Le Traité de Minéralogie de M. Hauy parut en 1801, comme un édifice établi sur des fondemens solides, mais qui laissait encore des pierres d'attente : les nombreuses découvertes

qui

qui se sont succédées depuis, ont fourni de nouveaux matériaux que l'auteur doit s'empresser de mettre en œuvre dans une seconde édition

devenue d'autant plus nécessaire que la première est presque épuisée. L'ardeur avec laquelle ce savant s'applique à reculer de plus en plus les limites d'une science qu'il a cultivée avec des succès si brillans, donne lieu d'espérer que dans peu le public pourra jouir du fruit de son travail. En attendant, il vient de publier un tableau de sa méthode : quoiqu'en le composant il ait eu principalement en vue les jeunes minéralogistes qui vont puiser les connaissances à la source même en assistant à ses leçons, il en a dit assez pour faire connaître à ceux qui le liront, les progrès que la minéralogie a faits depuis l'impression de son Traité. Nous allons tâcher de donner dans l'extrait suivant, une idée juste et exacte de cet ouvrage, dont le mérite a pour garantie le nom de l'auteur.

Le Tableau comparatif des résultats de la Cristallographie et de l'analyse chimique est livisé en deux parties. La première présente a série des espèces minérales déterminées principalement à l'aide de la théorie de l'auteur sur a théorie des cristaux; la seconde expose les livers résultats de l'analyse ohimique comparés entre eux et avec ceux de la cristallographie, et renferme un grand nombre de notes avantes qui servent de développement aux connaissances répandues dans les leçons que 'auteur donne chaque année au Muséum Volume 25. D d

d'histoire naturelle, et dont la première partie fournit le texte. L'une et l'autre sont précédées d'une introduction dans laquelle M. Haüy fait connaître le but qu'il s'est proposé lorsqu'il entreprit l'ouvrage qu'il publie aujourd'hui, et le plan qu'il a suivi dans l'exécution.

La série des espèces minérales de toutes les classes, parmi lesquelles ne sont pas comprises 26 substances douteuses, placées dans un appendice particulier, ne s'étend pas au-delà de 161. Ce nombre inférieur à celui des espèces admises par M. Werner, lequel est porté à 262 dans le tableau de la méthode de ce savant illustre, inséré par M. Léonhard dans le troisième volume de son Manuel de Minéralogie, l'est encore plus à celui des espèces classées dans les tableaux minéralogiques de M. Karsten, lequel s'élève jusqu'à 312. Une différence aussi notable dans le nombre des espèces établies par des savans d'un mérite aussi distingué, ne peut venir que de la diversité des principes de classification qu'ils ont cru devoir adopter.

Le savant académicien de Berlin s'est attaché particulièrement aux résultats de l'analyse chimique; le célèbre professeur de Freyberg fait usage pour le même objet de caractères extérieurs, apparens et sensibles; M. Haüy a emprunté de la chimie tous les secours que cette science pouvait lui prêter. Il lui doit ses classes et ses ordres, qu'il fait dépendre de propriétés qu'elle seule peut nous dévoiler. C'est encore la chimie qui lui a fourni des genres naturels, en lui indiquant les bases communes qui lient entre elles plusieurs substances et les principes particuliers qui les dis

tinguent. Mais avant de baser uniquement sur l'analyse chimique la détermination des espèces, il en a examiné les résultats pour s'assurer s'ils étaient toujours à l'abri de toute incertitude. Or en parcourant avec un oeil attentif les résultats des diverses analyses dues aux plus grands maîtres, et rapportés avec la plus grande exactitude dans la seconde partie de cet ouvrage, on voit, 1o. qu'il s'en faut de beaucoup que ceux qu'ont offerts, par exemple, les analyses des substances terreuses qui composent la seconde classe, correspondent à l'unité de molécules intégrantes qui a lieu dans tous les individus de chacune des espèces déterminées par la cristallographie: 2°. que les quantités relatives des principes communs dans les substances regardées comme de la même espèce, varient souvent d'une manière sensible d'un résultat à l'autre, et qu'un principe qui est nul dans une partie des résultats, est indiqué dans les autres suivant divers rapports: 3°. qu'en certains cas, si l'on s'en tenait aux résultats des analyses chimiques, on serait forcé de réunir des corps que la cristallisation et la différence des qualités physiques commandent impérieusement de séparer, tandis que dans l'autres, on serait conduit à séparer des substances dont les formes subordonnées aux mêmes lois de structure avec des propriétés physiques parfaitement semblables, montrent la liaison. Ce défaut d'harmonie entre les résultats de l'analyse chimique et la géométrie des cristaux, relativement à quelques substan ces minérales, paraît, suivant M. Haüy, tenir à la nature des moyens employés par la chimie,

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