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de cinq heures, le travail se réduisit au tassement du combustible en ignition autour du creuset. Les indices qui annoncèrent l'époque à laquelle dut s'opérer la coulée, furent, après le tems, les essais qui furent faits de la matière en en puisant une petite quantité avec un ringard.

Les lingotières dans lesquelles se fait la coulée, sont des prismes quadrangulaires composés de deux parties réunies entre elles par des cercles de fer, et garnies, dans leurs points de contact, de petites ouvertures faites pour donner issue à l'acide carbonique résultant de la combustion d'une partie du charbon. Elles ont 20 p°. de longueur sur 4 po. carrés de base, et 6 p. de longueur sur 1 po. carré de base.

La matière contenue dans chaque creuset fut coulée dans deux lingotières inégales, de même grandeur que celles dont je viens de donner les dimensions. Le poids de chaque couple de barreaux qui en résulte, était de 20 livres, c'està-dire, égal à celui de la matière employée, de sorte qu'il ne paraît pas que l'opération de la fonte fasse éprouver de perte sensible à l'acier de cémentation. Les lingots reçurent devant nous une marque particulière, afin de pouvoir être reconnus dans les essais auxquels ils devaient être soumis ensuite. Les creusets n'avaient éprouvé aucune altération; leur forme était aussi parfaite que lorsqu'ils sortaient de la main de l'ouvrier (1).

"

(1) Les fabricans, en envoyant au Conseil des Mines un lingot d'acier fondu du poids de 32 livres, ont annoncé pouvoir fondre depuis 100 livres de matière jusqu'à 200.

No. 2 du Cabinet.

Les lingots présentent quelquefois des boursoufflures à la surface et des cavités dans l'intérieur qui, sans altérer sa qualité, diminuent cependant son homogénéité. Ces petites imperfections, qui sont probablement dues au dégagement de l'acide carbonique, diminueraient vraisemblablement beaucoup, si l'acier était refroidi subitement après sa coulée, parce que la quantité de charbon consommé serait infiniment moins considérable. Cette opinion paraît d'autant mieux fondée, que le lingot coulé dans la plus petite lingotière, et qui, en raison de son faible volume, fut refroidi plutôt que l'autre, est beaucoup plus homogène que celui-ci ; et il faut espérer que MM. Poncelet essaieront par la suite de ne couler qu'en barreaux trèsminces. Les boursoufflures sont indiquées à la partie supérieure du barreau par un soulève. inent plus ou moins considérable de la matière, tandis que son homogénéité s'annonce, au contraire, par un retrait dans l'intérieur.

Le gros lingot que nous envoyons à Son Excellence, provient du fer de Gincla; il présentait peu de boursoufflures; sa cassure est blanche et à grandes lames. Une partie de ce lingot fut forgée et étirée sous nos yeux, et acquit, , par ces deux opérations, le grain fin et la couleur grise qui distinguent éminemment l'acier. La trempe lui communiqua une dureté considérable, et le rendit susceptible de recevoir un assez beau poli.

- On peut juger des différens états de l'acier avant et après le forgeage, par les deux fragmens du barreau principal, qui font partie de No. 3 du l'envoi. L'un, n'ayant été ni chauffé ni mortelé,

Cabinet.

Cabinet.

No. 5 du

Cabinet.
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No. 6 du

offre la cassure blanche et lamelleuse que l'acier présente en sortant de la lingotière; l'au- N. 4 du tre, après avoir été forgé, étiré, trempé et passé sur la meule, présente la cassure grise et grenue, et le poli éclatant des aciers les plus fins. La surface de rupture du dernier se rapporte à celle du gros barreau, afin de constater que l'un n'est qu'un fragment de l'autre. Nous joignons aussi à l'envoi deux autres petits lingots provenant, l'un du fer de Gincla, l'autre du fer de Düren ; ils sont tous deux polis d'un côté et taillés en lime de l'autre. Le premier, sous le n°. 1, n'a pas un poli aussi éclatant que celui sous le n°. 2, mais la lime qu'il présente est bien supérieure à celle du second. La dureté de cette lime est telle, qu'elle attaque profondément l'acier le mieux trempé : nous ne croyons pas que l'industrie anglaise ait jamais rien produit de plus parfait en ce genre. On voit donc que si MM. Poncelet continuent à se servir du fer de Gincla et du fer de Düren, le premier leur fournira un acier propre à la fabrication des limes et de tous les instrumens tranchans, tandis que le second pourra, en sortant de leurs fourneaux, être employé à la confection des boutons, des poignées d'épées, et généralement de tous les objets de quincaillerie auxquels on donne le nom de bijoux, à cause du vif éclat que présente leur surface après avoir été poli; en sorte qu'il n'est aucun article d'utilité ou d'agrément, dont l'acier forme la base, qui ne puisse sortir bientôt de l'atelier de ces fabricans.

Les limites dans lesquelles la nature de ce rapport nous forcent à nous renfermer, ne nous

permettent pas d'y faire entrer toutes les observations que nous avons faites sur l'intéressant établissement des frères Poncelet; mais nous croyons en avoir dit assez pour constater, aux yeux de tout homme impartial, que l'on doit à ces estimables artistes, un grand perfectionnement dans un art d'une importance majeure; et que s'ils sont secondés dans leur entreprise, ils affranchiront bientôt la France du tribut que la consommation des aciers l'a forcée jusqu'ici de payer aux manufactures anglaises.

NOTICE

POUR servir à la Description minéralogique du département du Rhône.

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La plus grande étendue du département du Rhône, du Nord au Sud, est d'Aiguepersec à Condrieu et de l'Est à l'Ouest, de Lyon à Hauterivoire; il est borné au Nord par le département de Saône-et-Loire; à l'Ouest, par celui de la Loire ; au Sud, par le département de l'Ardèche ; et il est presque entièrement limité à l'Est, par la Saône et le Rhône.

La partie Nord-Ouest du département du Rhône offre une chaîne de montagnes granitiques qui séparent les bassins de la Loire et de la Saône, dont les eaux se rendent aussi aux deux mers; elle se dirige du Nord-Est au Sud-Ouest.

Le Nord du département du Rhône qui compose l'arrondissement de Villefranche, présente une masse de montagnes granitiques qui se dirigent en général du Nord au Sud, et qui sont divisées en trois parties par les rivières d'Asergue et de Rhins, qui suivent la même direction; l'Asergue jusqu'au-dessous de Chamelet, et le Rhins jusqu'à Amplepuis.

Ces deux rivières changent ensuite de direction; l'Asergue s'écoule à l'Est en formant une grande portion de cercle, et va se jeter dans la Saône à Anse, tandis que le Rhins va à l'Ouest

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