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INTRODUCTION HISTORIQUE

LES RÉFORMES EN TURQUIE

DEPUIS LE TRAITÉ DE KUTCHUKKAINARDGI

L'histoire contemporaine de l'empire ottoman offre le remarquable phénomène d'une série ininterrompue d'insurrections déclarées ou de conspirations latentes. Ce fait constant, auquel tout le monde finira par s'habituer (excepté les diplomates), ce fait est relativement nouveau; du moins, avec ce caractère de généralité et de permanence, ne remonte-t-il qu'à la fin du dernier siècle. Quelle en est l'origine? où en trouver les causes?

Il est bientôt fait de tout attribuer à des influences étrangères; mais, en allant au fond des choses, on aperçoit vite que cette explication n'explique rien. Assurément l'action du dehors est réelle; elle est alimentée par les conformités confessionnelles. Elle a un point d'appui encore plus solide aujourd'hui sur cette circonstance que les races, et même les nations auxquelles les populations de la Turquie appartiennent, ne sont pas toutes comprises dans les limites de l'empire. Mais le même fait a existé longtemps avant l'explosion de la situation qu'il s'agit d'expliquer; il existe aussi dans d'autres parties du monde sans y produire les mêmes effets..

Cet étal violent coïncide avec l'introduction en Turquie de ce qu'on est convenu d'appeler les réformes.

Il faut donc avant tout étudier, pour préparer son juge

ment, la nature des réformes, en les comparant à l'ordre gouvernemental institué primitivement, c'est-à-dire à cet ordre qui assura pendant près de quatre siècles, avec la sécurité de l'empire, la satisfaction aux musulmans indigènes et une liberté relative aux chrétiens.

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Le genre de domination installé au moment de la conquête par Mahomet II a été le respect des organisations et même des autonomies particulières qui existaient ou qui se sont produites spontanément parmi les populations échéant alors au Croissant. Le sultan gouvernait, mais il n'administrait guère en dehors de sa capitale.

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La souveraineté religieuse et politique passait entre les mains des sultans ; l'administration resta ou alla, en grande partie, à des chefs locaux indigènes. Les beys ou cheiks obéissaient dans chaque province à des pachas souvent héréditaires, mais toujours confirmés par le Grand Seigneur. On ne vit nulle part alors l'essai de centraliser à Constantinople ce qu'on appelle les services civils et même militaires. Les chefs de provinces, à la réquisition du sultan, arrivaient sur le théâtre des guerres avec leurs contingents, dont ils conservaient de droit le commandement. Quant aux impositions de toute nature, le produit en était d'abord appliqué aux besoins locaux ; l'excédent devait être envoyé au Trésor impérial.

Tant que l'empire agrégé par les Osmanlis fit trembler l'Europe et que par là il donna une large satisfaction à l'ardeur belliqueuse, au fanatisme, à la cupidité, à tous les instincts nobles ou pervers des musulmans indigènes, l'organisation féodale et provinciale de l'empire put subsister,

malgré les difficultés inhérentes à cet état de choses, sans que les musulmans indigènes voulussent se rendre indépendants du sultan et sans que le sultan cherchât à leur imposer une autre organisation.

On peut préciser les circonstances sous la pression desquelles une évolution se produisit dans la dernière moitié du XVIIe siècle.

En 1769, la Sublime Porte déclara la guerre à la Russie sous l'inspiration de l'ambassadeur français et des Polonais confédérés à Bar. Dans les opérations militaires qui suivirent cette rupture, l'organisation et la discipline donnèrent aux troupes de Catherine II une supériorité irrésistible sur celles de Mustapha III. Le Danube fut franchi plusieurs fois par les Russes; la flotte d'Alexis Orlov menaça la capitale même de l'empire ottoman.

Les puissances européennes avaient depuis le xv siècle, par des perfectionnements successifs, modifié complètement leur système militaire. Si l'armée de l'impératrice se fût trouvée en présence d'une armée comme furent celles de Bajazet et de Soliman, elle eût probablement fini par en triompher; mais la lutte n'eût pas fait éclater contre les Turcs une disproportion de force aussi écrasante. Leur infériorité ne fut aussi flagrante qu'à cause de la profonde dégénération du système ottoman lui-même. Les institutions de Soliman le Magnifique n'étaient plus qu'une lettre morte1.

L'ancienne discipline, la forte organisation des janissaires avaient fait place en 1769 et depuis longtemps à l'anarchie et à l'incurie. Ces Turcs, qui avaient dû à leur redoutable infanterie tant de triomphes éclatants sur la chevalerie chrétienne, non seulement s'étaient laissé

1. Les causes et les effets de cette décadence sont exposés d'une manière saisissante par le mémoire de Tchélebi-Efendi, qu'a publié Wilkinson dans Tableau de la Moldavie et de la Valachie, p. 265 de la traduction française, 2e édition. Paris, 1824.

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