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vernement actuel, ni pour enregistrer des projets d'amélioration du fonctionnement du pouvoir central que la conférence des puissances s'est réunie à Constantinople. Sa tâche est d'établir une autonomie administrative et des garanties sérieuses contre la mauvaise administration dans les provinces révoltées. Dès qu'un refus d'accorder de telles garanties sera dûment constaté, sa mission est achevée et son existence ne peut plus se prolonger.

La conférence était dissoute. Les ambassadeurs quittaient Constantinople, où il ne resta que des chargés d'affaires. Tel fut le résultat final de l'intervention entreprise par l'Angleterre pour prévenir les conflits de l'Orient.

(Consulter le croquis indiquant les limites assignées à la Bulgarie par la conférence de Constantinople.)

LIVRE QUATRIÈME

L'INTERVENTION RUSSE

I

LES PRÉLIMINAIRES DE LA RUPTURE

L'intervention des trois empereurs d'Autriche, d'Allemagne et de Russie n'avait pas réussi à résoudre les questions soulevées par l'insurrection de l'Herzégovine. L'intervention anglaise, qui aboutit à la conférence européenne de Constantinople, avait également échoué.

Le temps qui s'écoula entre le retrait des ambassadeurs de toutes les puissances et la rupture définitive de la Russie avec la Porte, est marqué par trois négociations relatives : 1° à la paix avec la Serbie ; 2° à l'arrangement projeté avec le Monténégro; enfin 3° à la signature, par les grandes puissances, d'un protocole que la Russie avait proposé.

SERBIE. Le 29 décembre 1876, à la conférence de Constantinople, il avait été entendu que l'armistice avec la Serbie, comme avec le Monténégro, serait prolongé jusqu'au mois de mars suivant.

Le 25 janvier 1877, c'est-à-dire après la rupture de la conférence, le grand vizir proposa à Nicolas I et à Milan IV, de terminer leurs différends avec la Porte par des arrangements directs. Les deux princes y accédèrent.

Les délégués serbes arrivèrent avec la Porte à un accord

qui fut approuvé par la Skoupchtina. Cet accord est consigné dans un procès-verbal et sanctionné par un firman qui portent la date du 28 février 1877. Nous allons donner le texte du procès-verbal, sans croire utile de rappeler les prétentions qui avaient été émises de part et d'autre.

PROCÈS-VERBAL

Ce jourd'hui, 16 février 1877, les délégués de S. A. le prince de Serbie, MM. Christitch et Matitch, s'étant réunis en séance chez S. E. le ministre des affaires étrangères, ont déclaré qu'ils pensaient être arrivés aux termes de leurs travaux et que l'accord s'était établi avec son Excellence le ministre conformément à la note explicative émise par eux à la Sublime-Porte, à la date du 16 février 1877.

MM. les délégués ont, en conférence, déclaré qu'en vertu des pleins pouvoirs qui leur ont été conférés, ils confirment le désir de leur dit gouvernement de voir établir les relations avec la cour suzeraine, sur le pied du statu quo ante.

S. E. le ministre des affaires étrangères a, de son côté, déclaré, au nom de la Sublime-Porte, qu'il prenait acte de ladite note explicative sus-visée; que le gouvernement impérial avait résolu de rétablir ses relations avec la principauté de Serbie sur le pied du statu quo ante et que cette décision sera communiquée au prince dans les formes usitées jusqu'ici.

Dans cette situation, et à l'effet de déterminer aussi explicitement qu'il est nécessaire la portée du principe du statu quo ante et d'éviter tout malentendu qui pourrait se produire à cet égard, on constate qu'en vertu de cet accord, il est entendu :

1° Que le rétablissement du statu quo ante signifie, sans qu'il soit besoin d'autres et plus amples explications, le rétablissement complet et sans exception de toutes les clauses et stipulations inscrites dans les hatts impériaux et dans les autres actes concernant la Serbie; et notamment dans le hatt du 11 avril 1867 (5 zilhidji 1283), relatif au régime des forteresses;

2o Que la Sublime-Porte ayant déjà accordé une amnistie pleine et entière aux sujets ottomans qui auraient été compromis dans les derniers événements, le gouvernement princier de son côté, accorde également le pardon et l'oubli aux Serbes qui auraient été compromis dans ces mêmes et malheureux événements;

3° Que dans le délai de jours, à partir des présentes, Jers troupes impériales et les troupes serbes évacueront le territoire occupé par elles en dehors des anciennes lignes de démarcation, afin

1. Voir à ce sujet le Livre jaune de 1877, p. 327 a 341.

5° Les instructions pour une commission internationale en Bulgarie '.

La discussion a principalement roulé sur la question de savoir si les propositions des plénipotentiaires étaient conformes au programme anglais rapporté plus haut. Les Turcs prétendaient, et non sans raison, que ces propositions excédaient les bases anglaises acceptées par la Porte. Le marquis de Salisbury, le comte Ignatiev et leurs collègues des autres nations s'appliquaient, au contraire, à démontrer que tout ce qu'ils proposaient était contenu implicitement dans le programme de lord Derby. C'est en insistant sur ce point que l'ambassadeur russe ouvrit les pourparlers. Outre cette objection, Savfet-Pacha fit remarquer que le terme de Bulgarie ne saurait être admis par la Porte. Il déclara aussi qu'il ne donnait son assentiment à certaines propositions qu'autant qu'elles pourraient s'adapter à la nouvelle constitution de l'empire. Finalement, les plénipotentiaires de la Turquie prirent le parti de présenter un contre-projet. Ce contre-projet fut très mal accueilli, notamment par le marquis de Salisbury, lequel concluait ainsi dans la séance du 1er janvier 1877 :

C'est donc avec un profond regret que j'ai pris connaissance d'un contre-projet qui ne répond ni au respect dû aux puissances, ni à la dignité bien entendue de la Sublime Porte.

Les plénipotentiaires ottomans n'ont proposé aucune modification aux propositions faites par les puissances. Ils ont simplement repoussé, d'une manière absolue, les principes essentiels qui les avaient inspirées.

Je prie MM. les plénipotentiaires de la Sublime-Porte de prendre en considération la grave situation de l'empire et de songer que son sort est entre leurs mains. Leur responsabilité sera grande devant l'histoire.

Les puissances ont proposé les bases de pacification qu'elles ont

1. Ces pièces sont annexées au compte-rendu no 8, pages 44 et suivantes de l'appendice au Livre jaune de 1877. Je ne saurais trop recommander l'étude des diverses pièces annexées.

2. Voir notamment Livre jaune de 1877, page 2.

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