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sorte le législateur en France. AntagoTM niste secret de Necker, son compatriote, il n'osa s'attaquer directement à ce colosse de popularité; mais il seconda Mirabeau de ses conseils et de ses calculs dans la guerre de pamphlets et de tribune que ce député livra au ministre. Il s'attacha ensuite à Condorcet et surtout à Brissot, et fit cause commune avec eux, en littérature et en politique. Ils publièrent ensemble la Chronique du mois, et Clavière rédigea en grande partie l'ouvrage de Brissot, intitulé: De la France et des États-Unis. Lorsque, sous l'empire de la constitution de 1791, Louis XVI voulut faire l'essai d'un ministère républicain, Clavière fut, le 24 mars 1792, appelé au département des contributions

Les trois principaux ouvrages de Clavier sont ses traductions de la Bibliothèque d'Apollodore (Paris, 1805, 2 vol. in-8°) et de Pausanias (Paris, 1814-publiques, en même temps que Roland 1824, 6 vol. in-8°: les 4 derniers revus et publiés par Coray et Courier), et son Histoire des premiers temps de la Grèce (1809, 2 vol. in-8°, 2o éd. 1822, 3 vol. in-8°). Ce dernier ouvrage a été composé surtout d'après les données fournies par Apollodore et par Pausanias, et d'après ce principe: que la mythologie héroïque des Grecs n'est autre chose que leur histoire primitive altérée par des hyperboles et des métaphores. Nous indiquerons encore de Clavier son édition de Plutarque en français (Amyot retouché, avec notes de Brottier et de Vauvilliers), plus sa version de divers traités et fragmens inédits de Plutarque, 18011806, 21 vol. in-8°; 2o éd., 1818-21; et parmi ses Mémoires lus à l'Institut, ceux Sur les oracles des anciens, sur la législation des anciens relative à l'avortement, et sur l'Histoire de la famille des Callias. VAL. P.

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au département de l'intérieur, et Servan
à celui de la guerre. C'était peut-être
introduire l'ennemi dans l'intérieur de
la place. L'étude des partis n'offre rien
de plus curieux que le contraste des ju-
gemens émis Mme Roland et par
par
Dumouriez, dans leurs Mémoires res-
pectifs, sur cette administration dont
Dumouriez faisait aussi partie au mi-
nistère des affaires étrangères. Nous n'en
citerons que deux traits; ils suffiront
pour faire apprécier la situation. « Les
trois ministres, dit Dumouriez, ne gar-
« daient plus de mesure, non-seulement
« avec leurs collègues, mais avec le roi
« lui-même. A chaque séance ils abu-
« saient de la douceur de ce prince pour
« le mortifier et le tuer à coups d'épin-
gles, ce qui produisait des scènes con-
tinuelles, parce que les deux autres
« (Dumouriez et Lacoste), et même Du-
ranthon, malgré sa neutralité, prenaient
toujours le parti du malheureux Louis
« et traitaient fort durement leurs trois
« factieux et impudens collègues. *» (Du-
mouriez, Mémoires, tom. 2.) Il faut voir,
après cela, comment Mme Roland met
en opposition la candeur et la loyauté
des trois ministres avec la fausseté mo-
narchique de Louis XVI!! Voici au reste
le portrait qu'elle trace, en abrégé, de
Clavière et de son mari: «< Actif et tra-

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vailleur, irascible par tempérament, lors on demandait justice. Clavière ne

<< opiniâtre comme le sont ordinairement

α

<< les hommes qui vivent dans la solitude « du cabinet, pointilleux et difficile dans « la discussion, Clavière devait nécessai«<rement se heurter avec Roland, sec et << tranchant dans la dispute, et non moins << attaché à ses opinions. Ces deux homa mes sont faits pour s'estimer sans s'ai<«< mer jamais, et ils n'ont pas man<< qué leur destination. » Dumouriez se chargea de débarrasser le roi de ses conseillers importuns, qui n'étaient pas même d'accord entre eux. Leur renvoi eut lieu le 13 juin. Ils partirent la menace à la bouche, en appelèrent à l'assemblée de la décision du roi, et obtinrent un décret qui déclarait qu'ils emportaient les regrets de la nation. Leur retour au pouvoir fut un des résultats obligés de la chute du trône, au 10 août; mais ils ne tardèrent pas à se convaincre que les rôles étaient changés, et que, maîtres sous un roi, ils étaient tombés dans la dépendance la plus servile sous le régime populaire. Dès le 11 septembre, Clavière fut en butte aux attaques de Cambon, relativement à l'emploi de 2 millions de fonds secrets accordés par l'assemblée aux ministres, et dont l'insatiable Danton, qui tenait alors le portefeuille de la justice, s'était approprié la plus grosse part, sans que ses collègues osassent lui en demander compte. Enfin, jusqu'au 31 mai, l'exercice du pouvoir ne fut, pour ces trois hommes si fiers sous la monarchie, qu'une lutte continuelle contre les passions anarchiques de la multitude. Dénoncés avec les Girondins par la commune et par les sections révolutionnaires de Páris, ils furent compris, dans le décret d'arrestation rendu le 2 juin contre les 22. La section des Piques avait pris l'initiative contre Clavière, en l'arrêtant de son chef dès le 1er juin. Il languit oublié jusqu'au 5 septembre, où Billaud-Varennes dit à la Convention « Je demande que Clavière « soit, ainsi que Lebrun, traduit au tri« bunal révolutionnaire; que le tribu«nal s'occupe, toute affaire cessante, de les juger, et que leurs têtes tombent « avant huit jours. » C'était ainsi qu'a

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CLAY (HENRI), membre du sénat des États-Unis, l'un des hommes d'état les plus habiles de l'Amérique et l'un des membres les plus influens du congrès, est originaire de l'état de Kentucki. Il s'était d'abord voué au barreau; mais bientôt élu par sa province membre de la chambre des représentans, il déploya des talens oratoires qui le firent nommer orateur plusieurs années de suite. Il tira un grand avantage de ses relations avec John Quincy Adams, qu'il accompagna en 1814 à Gand, pour y négocier la paix avec la Grande-Bretagne. Sous le président Monroe, de 1817 à 1823, Clay chercha toujours à accroître son autorité dans la chambre des représentans. Ce fut lui qui, en 1824, engagea le congrès de déclarer que les États-Unis | prendraient parti en faveur des républiques de l'Amérique méridionale, dans le cas où les états européens interviendraient en faveur de l'Espagne. Un nouveau président devant être élu vers la fin de l'année 1824,Clay aurait pu se mettre au nom. bre des concurrens. Cependant les voix étaient divisées entre le général Jackson, Adams et Crawfurd: aucun des concurrens n'ayant obtenu la majorité absolue, l'élection, d'après la constitution, devait être faite par la chambre des représentans. Henry Clay sut alors faire réussir l'élection de son protecteur Adams (1815), qui lui conféra aussitôt la charge de secrétaire d'état aux affaires étrangères. Ami et favori du président, Clay vit bientôt se former contre lui une forte opposition dans la chambre des représentans. John Randolph, le représentant de la Virginie, l'appela en séance publique « un homme qui trichait au jeu, » voulant faire allusion à sa passion pour le jeu. Cette qualification amena (avril 1826) entre Clay et Randolph un duel qui se

de véhémence. »

S.

termina sans qu'il y eût une goutte de | facile,il sait à ce mérite joindre celui d'un sang versée. En sa qualité de secrétaire d'é- | esprit de convenances tout-à-fait distintat, Clay intercéda auprès de l'empereur gué. Sa voix est forte et sonore, et quand de Russie et du roi d'Espagne, en 1815, il se passionne,son expression est pleine en faveur des nouvelles républiques de l'Amérique du Sud, en alléguant surtout pour leur reconnaissance que, dans toute l'Amérique, il ne se trouverait pas une seule épée qui voulût jamais combattre pour l'Espagne. Le premier répondit d'une manière évasive, et le dernier déclara qu'il n'abandonnerait jamais les droits de l'Espagne sur les colonies rebelles. Lors de l'élection de 1829 pour le président, Clay partagea les voix avec Jackson et Adams; mais Jackson l'emporta, et Van Buren, ennemi déclaré de Clay, fut nommé secrétaire d'état et plus tard vice-président. Depuis lors Clay, en sa qualité de membre du sénat pour le Kentucky, s'est mis dans plusieurs Occasions à la tête de l'Opposition, surtout dans les négociations entamées avec l'Angleterre au sujet du commerce avec les colonies anglaises. Dans la dernière élection du président (1833), il eut encore des voix; mais une majorité considérable vota pour la réélection de Jack-❘ son. Aujourd'hui M. Clay paraît avoir perdu l'espoir d'arriver à la haute magistrature où le portent les nombreux suffrages de ses amis. Dans l'affaire de l'indemnité française, il exerça (1835) une grande et heureuse influence sur le sénat. S. et C. L.

Voici de quelle manière cet homme d'état a été jugé dans une lettre de Philadelphie insérée dernièrement dans l'un de nos journaux.

« M. Clay connait à fond toutes les affaires, tant intérieures qu'extérieures, de ce pays; nul n'apprécie mieux que lui ses ressources; nul n'a des notions plus parfaites de l'honneur national et individuel. M. Clay n'est point, à cet égard, un simple théoricien ni un visionnaire. La marche politique qu'indiquera M. Clay dans le congrès sera probablement celle que l'on suivra (dans l'affaire des 25 millions). C'est dans la discussion que brille cet orateur; comme orateur public il n'a point ici (aux ÉtatsUnis d'émule. Parfois plaisant, il est toujours bon logicien. Doué d'une élocution

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CLÉ ou CLEF (du grec zeis, en latin clavis), instrument destiné à ouvrir et à fermer les serrures. Selon Pline et Polydore Virgile, l'inventeur des clés aurait été un Théodore de Samos; mais il est déjà parlé des clés au chapitre X1x de la Genèse, et au chapitre 11 des Juges. Quelques auteurs croient que les clés n'ont servi d'abord qu'à défaire certains liens avec lesquels on fermait anciennement les portes; ils ont dit aussi que, chez les Lacédémoniens, les clés étaient assez semblables à celles dont nous nous servons aujourd'hui, avec trois simples dents disposées en forme d'E: on en a de cette forme dans les cabinets de quelques antiquaires. Il paraît qu'une sorte de clé nommée βαλάναγρα était faite en vis, a laquelle servait d'écrou une espèce de verrou qu'on mettait aux portes. Les clés des Romains étaient en airain; il dut en être de même chez les peuples qui connurent l'usage du cuivre avant celui du fer. En France, au temps de la renaissance, et surtout au commencement du XVIe siècle, on travaillait avec goût et richesse la tige et l'anneau des clés, comme la plupart des petits ustensiles. L'usage des clés appartient évidemment à une civilisation déjà un peu avancée: aussi ne le trouve-t-on pas chez les peuples sauvages; il est probable qu'il était également inconnu aux anciens Sarmates et aux anciens Germains. Laurentius Molineus, dans un Traité des clés imprimé à Upsal il y a environ deux siècles, affirme que de son temps il y avait encore en Suède des peuples qui n'avaient point de clés.

La fausse clé est celle que l'on a contrefaite dans une intention coupable, pour ouvrir clandestinement un appartement ou un coffre. Chez les Romains, c'était un crime capital à une femme d'avoir une fausse clé. Voy. EFFRACTION.

Comme le sceptre, comme le bâton pastoral, etc., les clés ont souvent une signification symbolique. Elles représentent surtout la puissance des papes, suc

On appelait gentilshommes de la clé d'or certains grands-officiers de la cour de l'Empereur ou du roi d'Espagne, qui avaient le droit d'entrer dans la chambre de ces princes, et qui portaient, comme signe de ce droit, une clé d'or à leur ceinture. Lorsqu'il y avait une cour en France, la clé d'or était aussi le signe distinctif des fonctions du chambellan (voy.), officier qui avait l'intendance de tout ce qui tenait à la chambre du roi. On dit encore aujourd'hui : Tel personnage a reçu la clé de chambellan; et en effet il la porte attachée à un ruban bleu sur la taille de son habit.

cesseurs de saint Pierre, auquel Jésus- | entrait par une brèche, comme dans une Christ avait dit: Je te donnerai le royau- | place prise d'assaut. me des cieux. En général, dans le style mystique des Pères de l'Église, le mot de clé est souvent employé au figuré. C'est ainsi qu'ils ont dit: Jésus-Christ a la clé de la maison de David, et JésusChrist a la clé de la mort et de l'enfer. Ainsi on dit encore que l'Église a la puissance des clés, pour ouvrir ou fermer le ciel aux humains. On lit dans Grégoire de Tours et dans saint Grégoire, que les papes envoyaient autrefois à des princes, comme un grand présent, une clé d'or, dans laquelle ils renfermaient un peu de limaille des chaînes de saint Pierre; que ces clés étaient portées au cou avec une grande vénération, et qu'on leur attribuait des vertus extraordinaires.

Chez les anciens Romains, le mari faisait présent d'un trousseau de clés à sa femme à l'instant où elle entrait dans la maison: c'était le signe de la confiance qu'il lui donnait, et de la surveillance qu'elle devait exercer dans l'intérieur du ménage. Il les lui reprenait au moment du divorce.

Au moyen-âge, lorsque les communes eurent acquis le droit de se garder ellesmêmes, par leurs propres milices, sous la surveillance de leurs magistrats,les clés de la ville, remises entre les mains de ceuxci, étaient le symbole de leur autonomie plus ou moins restreinte. De là vint qu'aux entrées solennelles des suzerains ou des rois, il était d'usage que les magistrats allassent leur présenter en grande cérémonie les clés de la ville, reconnaissant ainsi le droit du souverain et regardant la ville comme placée sous la sauvegarde et entière possession de celui-ci pendant la durée de son séjour. De là vient encore qu'après une capitulation le corps de ville allait remettre au général ennemi les clés de la ville: en les acceptant, celui-ci s'engageait tacitement à ne pas maltraiter une place qui s'était volontairement rendue à lui et à n'y exercer qu'avec modération les droits de la guerre. Si, au contraire, il voulait exercer à son gré tout l'arbitraire d'un conquérant, il n'acceptait pas les clés, faisait abattre un pan des murailles et

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Durant le moyen-âge, un autre sens symbolique était encore attaché aux clés. Voici ce qu'en dit Estienne Pasquier dans ses Recherches:

Nos ancestres avoient accoustumé de porter en leurs ceintures tous les principaux outils de leurs biens. L'homme de robbe longue, son escritoire, son cousteau, sa gibbecière, ses clefs : l'escritoire pour gaigner sa vie, le cousteau pour vivre, la gibbecière pour retirer ses deniers, les clefs qui ouvroient ou fermoient sa maison et ses coffres. Le semblable faisoit le marchand, et le gendarme son espée et son escarcelle. Tellement que si de nostre ceinture despendoient tous les instrumens qui servent à vivre, à conserver et entretenir nos familles, il ne faut point trouver estrange que l'on estimast l'abandonnement de la ceinture représenter aussi l'abandonnement de nos biens. Et de ce pouvezvous presque estre asseurez d'un passage d'Enguerrand de Monstrelet, au 18 chapitre du premier livre de son Histoire, où il dit que Philippes premier de ce nom, duc de Bourgongne, estant mort, sa vefve renonça à ses biens meubles, craignant les debtes, en mettant sur så représentation sa ceinture, avec sa bourse et ses clefs, comme il est de coustume, et de ce demanda acte à un notaire public, qui estoit là présent. Ce sont les propres mots du texte. Il n'est pas qu'en commun langage, quand nous voulons dire qu'une femme a renoncé à la communauté de son mary et elle, nous di

sons qu'elle a mis les clefs sur la fosse; qui me fait dire qu'avecque la renonciation judiciaire, il falloit encore la cérémonie extérieure des clefs (Les Recherches de la France, 1665, in-fo, p. 345). » CLÉ se dit encore des principes qui facilitent l'étude des sciences, de l'alphabet d'un chiffre, etc. Un homme a la clé d'une affaire quand il en a le secret; on a la clé d'un auteur, d'un roman, d'un livre où les noms sont déguisés, où se rencontrent de fréquentes allusions ou des allégories, lorsqu'on connaît les noms véritables et qu'on a l'explication des passages obscurs qui ont trait aux temps, aux lieux, etc. C'est ainsi qu'on a imprimé des clés de Rabelais, du Catholicon d'Espagne, de l'Euphormion de Barclay, des Caractères de La Bruyère, etc.

Une ville fortifiée sur la frontière, et qui peut donner entrée dans le pays, est la clé de celui-ci : c'est ainsi que Péluse était la clé de l'Égypte.

La clé d'or ouvre tout, signifie qu'avec de l'argent on surmonte tous les obstacles. Le mot de clé est encore employé dans une foule de locutions que l'usage fait suffisamment connaître. A. S-R.

Dans les arts industriels, on désigne par le nom de clé des instrumens ayant pour objet de faire tourner un arbre, et dont la forme varie ainsi que leur volume. Les pièces d'horlogerie, grandes et petites, se remontent au moyen de clés. Les clés dites à l'ivrogne, et que Bréguet a perfectionnées, sont disposées de telle sorte qu'on peut sans danger les tourner dans tous les sens. En général, la clé est pourvue d'un canon triangulaire ou quadrangulaire qui saisit un arbre de même forme; il faut avoir autant de clés que d'arbres. Cependant la clé anglaise a l'avantage de s'adapter au calibre de tous les arbres qui peuvent se rencontrer: elle consiste en une sorte de double marteau en fer, dont les deux becs, mobiles l'un au-dessus de l'autre, forment comme un étau qui pince le carré, et lui imprime le mouvement désiré.

A l'article VOUTE, on donnera l'explication du terme de clé de voûte. F. R. CLÉ (musique). On appelle ainsi cer

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tains caractères de musique qu'on place sur une des lignes de la portée pour déterminer le nom et l'elévation, dans l'échelle générale, de la note qui occupe cette ligne. Comme l'indication de cette note suffit pour faire connaître toutes les autres de la même portée, ces caractères ont reçu métaphoriquement le nom de clés. Il en sera parlé plus amplement à l'article NOTATION.

On appelle encore clé une espèce de petites soupapes adaptées à divers instrumens à vent pour ouvrir ou fermer les trous que les doigts ne peuvent atteindre.

Enfin on donne le nom de clé à une petite machine de fer en forme de croix, qui sert à faire tourner les chevilles pour tendre ou détendre les cordes de divers instrumens, G. E. A.

CLEANTHE, philosophe stoicien, fondateur du Portique, naquit dans la ville ionienne d'Assos en Asie, environ 300 ans av. J.-C., et mourut dans un âge fort avancé. Sa première profession fut celle d'athlète; mais dès qu'il fut arrivé à Athènes, dès qu'il eut entendu Cratès et Zénon, il déposa le ceste du pugilat et prit le manteau des philosophes. Auditeur assidu des leçons du chef de la philosophie stoïcienne et n'exerçant aucune profession apparente, lui qui à son arrivée dans Athènes n'avait plus que quatre drachmes pour tout bien, il éveilla les soupçons de la police athénienne et fut traduit devant l'aréopage pour y rendre compte de ses moyens d'existence. C'est alors qu'un jardinier, appelé en témoignage, apprit aux juges que Cléanthe s'était mis à ses gages pour toutes les nuits et qu'il puisait l'eau nécessaire à ses arrosemens. On dit que l'aréopage, dans son admiration, lui vota le paiement de dix mines; mais il refusa ce don par désintéressement. A la pratique des vertus qu'il enseignait ce sage joignit un long et utile professorat et la composition de nombreux ouvrages sur la théologie, sur la physique, la morale, la politique, etc. De tous ces ouvrages il ne reste qu'un hymne à Jupiter, que nous a conservé Stobée, les quatre vers du paragraphe 35 du Manuel d'Épictète et quatre autres vers cités par Galien. Cet hymne à Jupiter, ou plutôt cette prière

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