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prétend que le chagrin qu'il en conçut accéléra sa mort, arrivée en 1669.

CLEMENT X (Emile Laurent Altieri), Romain, monta sur le Saint-Siége en 1670, et régna jusqu'en 1676, époque de sa mort. Voy. ALTIERI.

nial du pontifical romain, qui le prescrit | ainsi, pour marquer que l'Église rend la liberté chrétienne à ceux qui étaient liés par des censures, à l'imitation des anciens Romains, qui affranchissaient les esclaves de cette manière. Les deux envoyés eurent été bien plus répréhensibles s'ils avaient permis au pape d'insérer dans sa bulle, comme il le voulait, cette clause odieuse et ridicule: Nous le réhabilitons dans la royauté. Le 2 janvier 1598 commencèrent ces fameuses congrégations de Auxiliis, au sujet de l'ouvrage de Molina: De Concordiá gratiæ et liberi arbitrii, dans lesquelles les dominicains et les jésuites s'attaquèrent et se défendirent tour à tour sur les matières ardues de la grace et du libre arbitre. Il s'en tint un très grand nombre sous la présidence du pape et en présence des cardinaux et des plus savans théologiens; mais ce pontife eut la sagesse de ne point prononcer. Le 8 mai 1598, le pape fit son entrée solennelle à Ferrare, dont il s'empara après la mort d'Alphonse d'Este, au préjudice de César d'Este, fils illégitime. Clément VIII mourut à Rome en 1605. V. ALDOBRANDINI.

CLÉMENT IX (Jules Rospigliosi), Toscan, auditeur de la légation de France, nonce en Espagne, cardinal, fut élu pape en 1667. Il se rendit médiateur entre Louis XIV et l'Espagne au traité d'Aix-❘ la-Chapelle. En considération de l'esprit conciliateur du pape, le roi de France consentit à laisser abattre la pyramide élevée à Rome en réparation de l'insulte faite à l'ambassadeur marquis de Lavardin, sous le dernier pontificat. Par un bref du 28 septembre 1668, Clément IX, de son côté, félicita les évêques d'Alais, de Pamiers, de Beauvais et d'Angers de la parfaite obéissance avec laquelle ils avaient souscrit et fait souscrire sincèrement le formulaire, dans les discussions au sujet de la doctrine de Jansénius. Tout le monde était content, tout le monde chantait victoire : c'est ce qu'on appela sur des médailles et dans des livres la paix de l'Église ou la paix de Clément IX. On sait qu'elle ne fut pas de longue durée. Le pape cherchait alors à secourir Candie, assiégée par les Turcs; mais la place fut prise malgré ses efforts. On

CLÉMENT XI (Jean-François Albano), Italien, élu pape en 1700, est connu par la bulle Vineam Domini, du 15 juillet 1705, lancée contre ceux qui prétendent satisfaire par le silence respectueux aux constitutions apostoliques; par la bulle Unigenitus, du 8 septembre 1713, portaut condamnation de 101 propositions extraites du livre des Réflexions morales du père Quesnel, parmi lesquelles on remarque celle-ci : La crainte d'une excommunication injuste ne doit pas nous empêcher de faire notre devoir; par la bulle Ex illá die, du 19 mars 1715, contre les pratiques superstitieuses et idolâtriques que certains missionnaires permettaient aux nouveaux chrétiens de la Chine; par ses vives contestations avec le roi de Sicile, à l'occasion du tribunal appelé de la monarchie de Sicile. Il mourut en 1721. On a de lui un Bullaire, 1718, in-fol., et des Homélies, Rome, 1729, 2 vol. in-fol. Voy. ALBANI.

CLÉMENT XII (Laurent Corsini), Florentin, après avoir passé par différentes charges et dignités, monta sur le siége de Rome en 1730 et mourut en 1740. Les Romains lui érigèrent une statue de bronze au Capitole. Voy. CORSINI.

CLÉMENT XIII (Charles Rezzonico), Vénitien, évêque de Padoue et cardinal, devint pape en 1758. On lui dut la continuation des travaux entrepris par Benoit XIV pour la réparation et l'embellissement du Panthéon, ceux relatifs au dessèchement des Marais-Pontins et à la reconstruction du port de Civitta-Vecchia, la répression de quelques abus et des secours abondans durant la disette de 1764. Il condamna l'Histoire du peuple de Dieu par le jésuite Berruyer, le livre de l'Esprit par le philosophe Helvétius, et l'Émile de Jean-Jacques. Il s'éleva avec force contre la corruption du clergé et les mauvaises doctrines de plusieurs de ses membres. En 1768 il publia un bref en forme de monitoire contre des réglemens de l'Infant duc de Parme, et les

déclara attentatoires à la liberté de l'Église, à la cause de Dieu et aux droits du Saint-Siége. Le bref fut supprimé par le duc de Parme, par les rois d'Espagne, de France, de Portugal et de Naples, dans le courant de la même année ou de la suivante. La France s'empara d'Avignon et Naples de Bénévent. Les esprits s'aigrirent encore par la bulle Apostolicam, qui confirmait les jésuites dans leurs priviléges, les justifiait contre toutes les accusations si souvent renouvelées contre eux, et faisait le plus pompeux éloge de leur zèle, de leurs talens et de leurs services. Dans cette extrémité, il indiqua, pour le 3 février 1769, un consistoire où il se proposait de remédier au mal; mais il mourut dans la nuit même. CLÉMENT XIV (Laurent Ganganelli), Italien, cordelier et cardinal, fut élu pape à l'unanimité des suffrages, en 1769. On a prétendu qu'il avait pris des engagemens avec les princes de la maison de Bourbon pour obtenir la tiare : ce qui est plus certain, c'est qu'on lui a entendu dire au doyen du sacré collége « que « le temps était venu où il fallait bien << obéir aux souverains, si l'on voulait << sauver Rome; que leurs bras s'éten<< daient beaucoup au-delà de leurs fron« tières, et que leur puissance s'élevait << au-dessus des Alpes et des Pyrénées. Après son exaltation, il publia une encyclique qui donna les plus belles espérances d'un gouvernement sage et modéré. En effet, la publication annuelle de la fameuse bulle In cœnd Domini n'eut pas lieu en 1770. Clément XIV renonça aux prétentions pontificales sur le duché de Parme et se rapprocha du Portugal, qui menaçait de nommer un patriarche et de faire schisme. Cette conduite pleine de sagesse lui concilia tous les cœurs et lui valut la restitution d'Avignon et de Bénévent. L'acte le plus important de son pontificat est la destruction de la compagnie de Jésus. Elle était sollicitée avec ardeur par la plupart des puissances catholiques; mais il voulut y procéder avec maturité et peser cette résolution au poids du sanctuaire, ce sont ses expressions. Il établit donc une commission de cinq cardinaux, auxquels il joignit les plus habiles avocats, pour ba

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lancer les avantages et les inconvéniens de la demande qu'on lui faisait; il s'associa lui-même à ces travaux. Enfin, le 21 juillet 1773, parut le bref d'extinction, monument de sagesse et de bonne logique. La suppression s'exécuta partout sans violence et sans peine. Le roi de Prusse et l'impératrice de Russie donnèrent asile à quelques jésuites dans leurs états, et Clément XIV comptait bien saisir l'occasion favorable pour punir et flétrir ces ex-jésuites désobéissans; mais il fut surpris par la mort en 1774. On a soupçonné ses ennemis de l'avoir empoisonné; mais il paraît que le pape ne mourut que d'un excès de travail et des suites d'un mauvais régime. C'était un homme de mérite, et qui aurait paru en avoir davantage, s'il ne fût venu, dit Grimm, après Benoît XIV. Il était, dit le cardinal de Bernis, studieux, instruit, d'un esprit vif et pénétrant, et savant théologien. Rome lui doit son musée Clémentin, que Pie VI a beaucoup enrichi. On lui a attribué des lettres, dont Caraccioli a publié une traduction française; mais elles ne sont certainement pas de lui, au moins en très grande partie. Les jansénistes l'ont loué à l'excès, les jésuites l'ont horriblement calomnié. Qu'il nous soit permis de renvoyer à notre Notice sur Clément XIV, dans le supplément à la 3o partie de l'Art de vérifier les dates.

L'anti-pape CLÉMENT VII (Robert de Genève) fut opposé à Urbain VI, et mourut à Avignon où il siégeait, l'an 1394. J. L.

CLÉMENT D'ALEXANDRIE (SAINT-). Il y avait à Alexandrie une école fameuse dès le temps de l'évangéliste saint Marc; on y expliquait les saintes Écritures, on y enseignait même les belles-lettres. Pantænus, qui l'avait présidée avec éclat, l'ayant quittée pour aller porter l'évangile dans les Indes, se choisit pour successeur le plus laborieux de ses disciples, saint Clément, qui avait, à ce qu'on croit, étudié à Athènes, mais qui fit d'Alexandrie sa patrie adoptive : c'est de là que lui vient le surnom d'alexandrin. Il s'appelait TITUS FLAVIUS CLEMENS. Était-il de la famille consulaire qui avait porté ces noms et qui se trouvait alliée à l'em

ment d'Alexandrie dans l'érudition. Cette exhortation aux Gentils, le plus parfait de ses ouvrages, est un riche dépôt de toutes les connaissances, tant sacrées que profanes. Toujours curieux, quelquefois aussi l'écrivain s'y montre éloquent. Il y retrace avec chaleur le tableau des sacrifices humains qui, dans toutes les contrées de l'univers, ensanglantaient les autels du paganisme. « Vos dieux cruels, << vos dieux ennemis des hommes, non « contens de les corrompre par l'exemple « de leurs obscènes voluptés, se plaisent « à voir couler leur sang. Je ne parle << pas seulement de ces combats féroces auxquels ils président dans le cirque et << dans l'arène, ni de ces victoires meur<< trières pour qui on les invoque dans << les combats; je parle des sacrifices hu<<mains offerts en leur honneur. Il leur fallait, à ces dieux, pour hécatombes, << des cités et des peuples entiers à dé<< vorer, comme à des fléaux extermina<< teurs, etc. >>

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pereur Vespasien? Ce qui est plus certain, c'est qu'il fut de bonne heure converti au christianisme, et ce fut à Pantænus que l'Église dut cette brillante conquête. Son amour pour la science l'avait porté à voyager dans la Grèce, dans l'Italie, dans l'Orient. Fixé à Alexandrie et placé à la tête de son école, il compta lui-même un grand nombre d'illustres disciples, entre autres saint Alexandre de Jérusalem et Origène, et y composa ses plus célèbres ouvrages, à la faveur de la tranquillité dont les chrétiens jouirent pendant les premières années du règne de Sévère. Celui qui le recommande comme apologiste, c'est premièrement son Exhortation aux Gentils. L'objet de ce savant écrit est de démasquer la théologie paienne. L'auteur creuse dans ses antiquités, interroge ses monumens, dégrade à la fois ses dieux, ses livres et ses sages, ses temples et ses écoles, et fait descendre du ciel la vérité qui vient, éclatante de lumière, dissiper les ténèbres du genre humain. Cette vérité, c'est la religion chrétienne, dont il raconte l'histoire depuis l'origine des âges jusqu'à lui. Il voit s'imprimer à chaque siècle la foi de l'unité d'un Dieu, bien que travestie et multipliée dans la foule des noms qui la défiguraient. Il cite à l'appui de cette opinion les poètes et les philosophes, mais pour faire honneur de cette doctrine au peuple hébreu, par qui elle leur avait été transmise et s'était propagée dans l'univers ; ce qu'il prouve par les témoignages des patriarches et des prophètes, la plupart antérieurs aux philosophes. Cette opinion, que saint Clément établit encore et développe avec une force nouvelle au 5o livre de ses Stromates, a servi de fondement aux savans ouvrages d'Eusèbe, d'Arnobe, de Lactance, de saint Augustin, parmi les anciens; de Vossius, de Fourmont, de Huet, de Thomassin, de Guérin du Rocher, etc., parmi les modernes. Après quoi il répond à l'objection de la coutume qui retenait les paiens dans leurs erreurs, et finit en les pressant de revenir à la vérité chrétienne, tant pour s'associer aux bienfaits qu'elle répand que pour échapper au châtiment que Dieu réserve à l'infidélité.

Cet ouvrage, étonnant pour l'érudition, le cède encore à celui du même auteur sous le nom de Stromates, c'est-à-dire tapisseries, partagé en huit livres. Il ne nous est point parvenu en entier et le commencement nous manque; peut-être l'auteur lui-même ne l'avait-il pas achevé. Tel qu'il est, il n'en présente pas moins un trésor inappréciable de matériaux et de recherches savantes et philosophiques sur l'ancienne mythologie, les systèmes des philosophes et les hérésies contemporaines. Saint Clément y donne lui-même une idée juste de son ouvrage, en le comparant à une prairie où se rencontrent toutes sortes d'herbes et de fleurs que l'on veut cueillir à son choix; et mieux encore à une forêt plantée par la nature où croissent pêle-mêle des arbres divers: le cultivateur, qui en connaît les secrètes avenues, peut faire son profit des plantes qu'elle recèle. En rendant hommage à la sagesse des philosophes, le docte écrivain se trouvait amené naturellement aux allégories dont on l'enveloppait dans les temples et dans les écoles. De là les plus graves éclaircissemens sur les hiéroglyphes et les symboles des anciens peuples, tant grecs que barbares. Ce qu'il a Peu d'hommes ont égalé saint Clé- commencé en faveur de la science pro

naquit à Dijon en 1742. Sa famille le destinait au barreau; mais il ne dissimula point sa répugnance pour cette carrière et obtint la liberté de se livrer tout entier à l'étude des lettres. Il devint, encore fort jeune, professeur au collège de sa ville natale. Ne voulant pas se soumettre à quelques réglemens nouvellement introduits, il quitta brusquement sa chaire, en 1768, pour se rendre à Paris.

fane, il l'achève sur la science sacrée, et il | entre dans une explication approfondie des cérémonies mystiques du peuple de Dieu, du tabernacle et de ses ornemens; mais il est le premier à donner l'avis de ne point prodiguer ces sortes d'interprétations, soit en les étendant trop loin, soit en les communiquant à toutes sortes de personnes: << Tous les mystères veulent « des initiés, et tous les hommes ne sau<raient l'être. » La manière dont il parle de l'ancienne philosophie est remarquable. <«< Dieu, dit-il, avait donné la philosophie « aux Grecs, comme la loi aux Hébreux, << pour qu'elle leur servit d'introduction « à l'évangile... Nécessaire aux Grecs « avant la venue de Jésus-Christ, la phi«<losophie est utile présentement pour « la direction de la piété et du culte public, pour établir les principes de la << foi et pour en éclairer la démonstra<< tion. >>

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Tous les livres du saint docteur respirent le même caractère de sagesse.

Nous n'avons rien de bien constant sur l'époque précise de la mort du savant et vertueux prêtre d'Alexandrie; on croit communément qu'il vécut jusqu'à l'an 220 de l'ère chrétienne. Il n'eut point l'honneur d'être martyr; mais c'est pour lui un assez beau titre de gloire d'avoir mérité que saint Jérôme l'ait qualifié l'un des plus savans hommes qui aient illustré l'église chrétienne. La meilleure édition de ses œuvres était celle de Paris, de l'an 1629, avant que Jean Potter, évêque d'Oxford, ne publiàt la sienne en 1715, 1 vol. in-folio. M. N. S. G. †

CLEMENT (JACQUES), dominicain, que l'assassinat du roi Henri III a rendu si fameux, n'avait que 22 ans lorsqu'il commit ce forfait à St-Cloud le 31 juillet 1589 (voy. HENRI III). Il fut tué sur la place par les gardes. S.

CLÉMENT (dom FRANÇOIS), savant bénédictin de la congrégation de SaintMaur, l'un des auteurs de l'Histoire littéraire de la France, du Recueil des historiens de France, et à qui l'on doit la 3e édition de l'Art de vérifier les dates, ainsi que quelques ouvrages moins importans, naquit près de Dijon en 1714, et mourut à Paris en 1793. S. CLÉMENT (JEAN-MARIE-BERNARD),

Fortement attaché aux principes du goût qu'il avait puisés à l'étude des chefsd'œuvre anciens et modernes, il ne pouvait tolérer l'esprit d'innovation d'un grand nombre de littérateurs. Les éloges sans doute exagérés qu'on donnait à la traduction des Géorgiques de Virgile, par l'abbé Delille, échauffèrent sa bile. Il s'indigna de la comparaison qu'on faisait entre le poète latin et son traducteur. Sa sévérité fut taxée d'injustice. On le blâma surtout de signaler les taches sans indiquer les beautés, et cette critique passionnée le fit mettre à la Bastille.

Mais ce fut contre Voltaire que Clément déploya davantage le talent qu'il avait pour la critique. Saint-Lambert, dans son poème des Saisons, avait élevé l'auteur de Zaïre au-dessus de Racine et de Corneille, notamment dans ce vers:

Vainqueur des deux rivaux qui règnent sur la scène.

Voltaire enchanté n'hésita point de mettre Saint-Lambert au-dessus de Thompson. Clément, choqué de cette adulation, publia contre Voltaire neuf lettres formant 3 vol. in-8° (1773-1774). Dans les quatre premières, il examine ses jugemens sur tous nos écrivains; dans la cinquième et dans la sixième, il réfute les commentaires de l'auteur d'OEdipe sur les tragédies de Corneille; et dans les septième, huitième et neuvième, il critique la Henriade. Clément l'inclément! s'écria pour toute réponse le géant de la littérature.

En 1784, Clément donna un fort volume in-8°, sous le titre: De la tragédie, pour faire suite aux lettres à Voltaire. Cet ouvrage lui assigne un rang parmi nos critiques, sinon les plus impartiaux, du moins les plus habiles. On a de lui un grand nombre d'autres ouvrages,

dont les principaux sont: 1o Essai sur la manière de traduire les poètes en vers, 1 vol. in-8°; 2o Essai de critique sur la littérature ancienne et moderne, 1785, 2 vol. in-8°; 3° Tableau annuel de la littérature française, 1801, cinq parties in-8°; 4° Satires, 1 vol. in-8°. Clément avait fait à 20 ans une tragédie en 3 actes dont le sujet est Médée : elle n'eut point de succès, et l'auteur n'entreprit point de la corriger, s'appliquant à lui-même ce conseil qui termine sa troisième satire :

Sansonnet, mon ami, quittez ce ton dolent,
Sifflez plutôt, sifflez!...

Il fit paraître en 1800 la Jérusalem délivrée, poème assez médiocre imité du Tasse, et que le public accueillit froidement.

Clément avait le talent de bien analyser. Sa prose est à la fois claire et précise, aussi éloignée de la bassesse que de l'enflure. Fort en raisonnemens, il s'occupe des choses et rencontre sans effort les mots propres à les exprimer. Ses vers, toujours nobles et corrects, sont souvent fort heureux.

Clément vécut ignoré pendant les tourmentes de la révolution, à laquelle il ne prit aucune part. Il s'était, en quelque sorte, séquestré de la société, occupant un logement plus que modeste dans la rue de Bussy. Lorsque l'ordre fut rétabli par Bonaparte, il alla habiter une jolie maison qui lui appartenait, rue de Vaugirard, et il y mourut le 3 février 1812. L-N.

CLEMENTI (Muzio ), célèbre compositeur et le premier pianiste du XVIIIe siècle, naquit à Rome en 1752. Son père le mit très jeune sous la direction de Buroni, son parent et maître de chapelle. A six ans, Clementi commençait à solfier; à sept, l'organiste Cordicelli lui enseigna le clavecin et les principes de l'accompagnement; à neuf ans, il obtint dans un concours une place d'organiste. Alors il passa sous la direction de Santarelli, et deux ans après, il entra dans l'école de Carpini, le meilleur contrapuntiste romain. Peu après, un Anglais, qui voyageait en Italie, fut si émerveillé de son talent sur le clavecin, Encyclop. d. G. d. M. Tome VI.

qu'il pressa son père de le lui confier pour l'emmener en Angleterre. La proposition fut acceptée: Clementi, arrivé avec son protecteur dans le Dorsetshire, fit une étude approfondie des ouvrages de Hændel, de Séb. Bach et de Scarlatti. A 18 ans, il publia son œuvre II, qui devint le type des sonates de piano. Il composa à Paris ses œuvres V et VI et donna une nouvelle édition de son œuvre I, auquel il ajouta une fugue. En 1781 il partit pour Vienne, où il se lia avec Haydn, Mozart, etc. L'empereur Joseph II prit souvent plaisir à écouter Mozart et Clementi qui se succédaient au piano. En 1783, J. B. Cramer, alors âgé de 15 ans, devint l'élève de Clementi, après avoir reçu des leçons de Schroter et de F. Abel. En 1784, Clementi revint en France, et retourna à Londres en 1785. Depuis lors, jusqu'en 1802, il resta en Angleterre et se livra à l'enseignement. Vers 1800, il forma une association pour la fabrication des pianos et le commerce de la musique. Sa maison devint une des premières de Londres en ce genre. Parmi les élèves de Clementi, on distingue surtout J. Field (voy.): c'est avec lui qu'en 1802, Clementi vint à Paris pour la troisième fois. Field y joua les fugues de Bach d'une manière supérieure ; tous deux partirent pour Vienne en 1803. Clementi voulait confier Field aux soins d'Albrechtsberger (voy.), pendant qu'il irait en Russie; mais Field le supplia de lui permettre de l'accompagner, et ils partirent ensemble pour Pétersbourg. Ce fut là que M. Kal'kbrenner se lia avec Clementi et en reçut des conseils. Après une absence de huit ans et divers autres voyages, Clementi revint en Angleterre (1810). La société philharmonique de Londres ayant été instituée, Clementi y fit entendre deux symphonies qu'il dirigea lui-même. Il en a donné de nouvelles en 1824, arrivé déjà à l'âge de 75 ans. Clementi est mort dans sa maison de campagne du Worcestershire, le 10 mars 1832, après une courte maladie.

Les œuvres de Clementi consistent en 606 sonates divisées en 34 œuvres, et en plusieurs symphonies et ouvertures à grand orchestre. On lui doit la belle co 1

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