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qu'aussitôt le tronc ne soit frappé de mort. Si vous traitez de chimère l'émotion indéfinissable qui semble nous révéler un être infini, ame, créature, essence du monde (qu'importe les dénominations imparfaites qui nous servent à le désigner), votre dialectique ira plus loin, à votre insu et malgré vous-même.... Si le sentiment religieux est une folie, parce que la preuve n'est pas à côté, l'amour est une folie, l'enthousiasme un délire, la sympathie une faiblesse, le dévouement un acte insensé ! »

Nous aurions encore à examiner si l'ouvrage posthume de Benjamin Constant Du polythéisme romain, considéré dans ses rapports avec la philosophie grecque et la religion chrétienne (Paris 1833, 2 vol. in-8°, avec une Introduction de M. Matter) répond exactement à son titre et s'il était réellement des tiné à faire suite au premier : nous en doutons encore malgré quelques passages de l'introduction et nous regrettons que le grave et savant auteur de cette dernière n'ait pas cherché à rétablir le lien par lequel se rattache aux deux ouvrages l'excellent fragment sur le christianisme dont Benjamin Constant a enrichi l'Encyclopédie de M. Courtin et dont, ainsi que du Polythéisme romain, nous avons donné des extraits dans l'article CHRISTIANISME du présent ouvrage. Évidemment les trois compositions de B. Constant appartiennent au même ordre d'idées et se rattachaient à un même plan : à défaut des amis de l'auteur, les critiques et les philosophes nous diront sans doute quel en était le fil et l'unité, et quel eût été le couronnement de cet édifice majestueux mais inachevé. J. H. S.

CONSTANTIN (CAÏUS FLAVIUS ValeRIUS AURELIUS CLAUDIUS CONSTANTINUS) ne fut point décoré de cette pompeuse série de noms au commencement de sa vie. Son père acquit ceux de Valerius Aurelius, lorsqu'il eut été associé à l'empire sous le patronage de Dioclétien qui les portait; et les généalogies, qui ne viennent qu'après la fortune, firent connaître plus tard, que le même Constance descendait du frère de l'empereur Flavius Claudius, vainqueur des Goths. Constantin, né à Naïssus dans la Dacie (274), avait

une origine très obscure du côté de sa mère Hélène. Quoique l'abréviateur de Victor dise qu'il fut dévoré du désir de régner dès son enfance, il était loin de l'espérance du trône à cet âge, et il n'en devint que plus digne. Sa première édu→ cation fut l'exemple de son père, qui, dans tous les grades militaires et dans le gouvernement de Dalmatie, s'était montré ce qu'il fut depuis sous la pourpre: sage sans faire profession de science ni de philosophie, païen par les pratiques extérieures, tolérant par principe, sans aversion comme sans fanatisme pour aucune croyance, n'estimant la religion des hommes que par leurs mœurs. S'il ne réussit point à inspirer à Constantin sa douceur et sa bonté, il lui enseigna du moins l'utilité de la modération.

L'avénement de Constance au rang de César (292) fut pour sa famille une disgrâce: on l'obligea de répudier Hélène et de se séparer de son fils. Constantin, dans sa 18° année, alla répondre sur sa tête, à la cour de Dioclétien, de la fidélité de son père. A cette école, plus instructive que n'eût été même celle du malheur, car c'était celle du péril qui, avec toute la sévérité de la leçon présente, laisse l'encouragement de l'avenir, Constantin apprit surtout deux choses qui lui procurèrent ses plus grands succès, dissimuler et attendre.

Brave comme son père, peut-être avec plus d'éclat, il sut acquérir par sa soumission les bonnes grâces de Dioclétien, qui le promut au plus haut grade de la milice (tribun de 1er ordre), et il désola Galerius par ses prouesses de valeur, qui lui attiraient l'affection des soldats. Plein de mépris pour les idoles (c'est lui-même qui s'en vanta depuis, si Eusèbe n'en impose pas), il ne se rendit suspect ni aux auteurs des édits de persécution contre les chrétiens, ni aux courtisans, qui sans doute ne manquaient pas d'être plus animés que les princes eux-mêmes contre les proscrits. Dioclétien l'emmena dans son expédition d'Égypte (296); il combattit, sous Galerius, les Perses auxquels on enleva cinq provinces entre le Tigre et l'Euphrate (297). Galerius, jaloux de sa gloire, plus alarmé encore par son génie entreprenant et prudent,

chercha toutes les occasions de le faire périr, avant et surtout après l'abdication de Dioclétien (305); ce ne furent pour lui que des occasions de se signaler. Plusieurs fois il vainquit en combat singulier des barbares d'une stature effrayante. Un jour Galerius le força, dit-on, de terrasser un lion furieux dans l'arène. Il est probable que Galerius ne condamnait pas formellement à cette épreuve le fils de Constance : dans ce cas, la violence était une provocation publique, un défi qui ne laissait au jeune guerrier, en pré- | sence de ses compagnons d'armes et de ses ennemis, que le choix de se déshonorer par un refus, ou de s'exposer à une mort certaine pour tout autre moins vaillant et moins intrépide. Ces exploits à la manière des héros homériques, n'avaient rien de conforme à la discipline romaine; mais les légions alors se composaient de Pannoniens, de Thraces, de Goths, d'Africains: ces exploits excitaient l'enthousiasme des barbares. Ainsi, tan

dis que son père lui assurait l'héritage de l'Occident, il préparait de loin sa conquête des pays orientaux dans l'opinion des peuples et des armées. On enviait le bonheur des sujets de Constance; on comparait les manières affables et la chasteté de Constantin, déjà époux de Minervine et père de Crispus, aux cruautés, aux brutales débauches de Galerius et de son Maximin Daia.

Galerius, qui tenait par lui-même ou par les deux Césars, ses créatures, tout l'empire en sa puissance, excepté la Gaule avec la Bretagne et la péninsule espagnole, épiait la mort de Constance atteint d'une maladie de langueur, et il retenait Constantin captif auprès de lui. Au bout d'un an, ne pouvant plus résister aux instances de son collègue d'Occident, qui seraient devenues à la fin des réclamations à main armée, il lui renvoie son fils, ou plutôt le laisse échapper en tâchant de le retenir encore. Constantin sortit de Nicomédie en fugitif par une ruse, et, quand Galerius révoqua l'ordre du départ, il avait douze heures d'avance sur les soldats envoyés à sa poursuite (306). Il reçut les derniers soupirs de son père en Bretagne, pendant une expédition contre les Calédoniens, et l'ar

mée le proclama Auguste par respect pour les dernières volontés du prince mort et à la sollicitation d'un roi des Alemans qui servait comme auxiliaire. Il fallut faire violence à Constantin pour qu'il acceptât; mais il accepta pour garder. Lorsque Galerius reçut cette nouvelle qui confondait ses desseins, il fut tenté de jeter dans les flammes le messager avec l'image du nouveau prince couronnée de lauriers, qu'il avait apportée selon l'usage; la réflexion modéra sa haine. Il nomma Sévère Auguste, et rabaissa Constantin au quatrième rang, après Maximin, avec le seul titre de César. Constantin dut se souvenir alors qu'un an auparavant, le jour où l'on avait changé d'empereurs, Galerius l'avait poussé rudement pour qu'il fit place à Maximin promu tout-à-coup aux honneurs de la pourpre. Il ne témoigna encore cette fois aucun mécontentement; et, pendant les six années suivantes, il resta comme étranger à ce qui se passait dans les trois autres parties de l'empire, fortifiant la limite du Rhin, s'illustrant par des triomphes sur les Francs et les Chamaves, chéri comme son père pour la bienfaisance de son gouvernement, laissant, comme lui, sans exécution les édits contre les chrétiens, quoiqu'il sacrifiât aux dieux et qu'il instituât des jeux franciques, jeux païens, dans lesquels on livrait aux bêtes plusieurs rois captifs.

L'an 306, Maxence est élu empereur par les prétoriens, à Rome; le vieux Maximien, reprenant la pourpre, accourt se joindre à son fils contre Sévère envoyé par Galerius pour abattre et punir le tyran. Sévère vaincu et tué (307), Galerius s'apprête à le venger; mais la défection de ses troupes le contraint de fuir honteusement d'Italie. Cependant Maximien s'était rendu auprès de Constantin, lui avait donné sa fille en mariage, l'avait proclamé Auguste, mais sans pouvoir le déterminer à passer en Italie pour tomber avec lui sur le fugitif. A Rome, la discorde se met entre le père et le fils; Maximien, chassé par Maxence, empereur sans empire, conspirant partout pour ressaisir la puissance qui lui échappe sans cesse, banni de la cour de

Galerius, va finir ses jours chez son gendre par une mort ignominieuse, après deux tentatives d'usurpation et d'assassinat (310). En Orient, l'élévation de Licinius à la place de Sévère avait poussé Maximin à la rébellion; Galerius forcé de lui laisser prendre le titre d'Auguste, meurt deux ans après d'une effroyable maladie en demandant des prières aux chrétiens (311). A sa mort, la guerre commencée entre Licinius et Maximin ne fut que suspendue par un traité de partage. Maxence, qui avait inondé de sang l'Afrique en punition de la révolte d'Alexandre, et qui depuis cinq ans renouvelait toutes les horreurs des Caligula et des Héliogabale, osa s'attaquer à Constantin sous prétexte du meurtre de son père qu'il avait lui-même traité en ennemi. Constantin s'assure des dispositions favorables de Licinius par la promesse de la main de sa sœur Constantia, et, aussi impétueux dans la guerre que circonspect avant de l'entreprendre, il détruit par de savantes manœuvres et par des prodiges de valeur dans trois batailles toutes les forces ennemies, et il entre comme un libérateur dans Rome, faisant porter devant lui la tête du tyran (312). Selon Eusèbe, ou selon Constantin lui-même (Eusèbe assure le tenir de sa bouche), une croix lumineuse avec ces mots Sois vainqueur par ce signe! avait apparu dans le ciel à Constantin et à son armée; des visions célestes lui avaient annoncé pendant son sommeil le succès de la guerre. Mais aucun auteur païen ne fait mention de ces prodiges, non plus que du labarum et des croix mises dès ce temps-là sur les étendards des légions, ni de la statue qui aurait représenté Constantin une croix dans la main droite. Ces anachronismes renverseraient toutes les idées qu'on a de sa politique. Plus de persécution, liberté du culte, c'était beaucoup pour les chrétiens alors. On voit déjà dans plusieurs de ses édits l'influence du christianisme; Hélène donnait accès auprès de lui aux chrétiens. Il accorda même au clergé d'Afrique des immunités qu'il étendit successivement à d'autres provinces. Il restituait dans leurs libertés, dans leurs biens, les malheureux dépouillés ou réduits en esclavage par

Maxence, et dans ce nombre il y avait beaucoup de chrétiens. Mais il se déclarait leur protecteur, comme chef équitable de tout l'empire, et non leur prosélyte; il y avait trop de païens à ménager. Presque aussitôt après la chute du tyran, il s'allie à Licinius par le mariage de sa sœur, et ils signent un édit universel de tolérance en faveur des chrétiens (313). Ceux d'Orient savaient à qui attribuer ce bienfait. Tout-à-coup Maximin prend les armes contreLicinius: il est vaincu, et meurt d'un mal affreux pendant sa fuite. Licinius, maître de tout l'Orient, se fait détester par ses fureurs sanguinaires. Il tue les enfans en bas-âge de Maximin, il tue le fils de Sévère, il tue le fils de Galerius son bienfaiteur, et la femme et la belle-mère de ce même Galerius, l'une fille, l'autre veuve de Dioclétien. Une rupture éclata entre les deux empereurs (314). Le bruit courut qu'on avait surpris une correspondance de Licinius avec Bassianus, beau-frère de Constantin, qui conspirait contre lui. On rapporta aussi que Licinius avait fait abattre des statues de son rival dans la tite ville d'Émone. Quelques années plus tard, Constantin répondit à ses conseillers qui l'exhortaient à punir des séditieux pour avoir jeté des pierres contre ses statues: « Je ne suis pas blessé. » Mais de la part d'un beau-frère qui partageait avec lui l'empire du monde, l'injure devenait plus sensible. Les batailles de Cibalis et de Mardie forcèrent Licinius à demander la paix et à céder la Dalmatie, la Pannonie, la Dacie, la Macédoine et la Grèce; Constantin posséda la frontière du Danube jusqu'à la Thrace et presque toutes les nations belliqueuses. Licinius, resserré en Asie, pouvait à peine mettre le pied en Europe. On nomma trois Césars; deux en Occident, Crispus et Constantin le jeune, Licinianus en Orient. Les inimitiés restèrent contenues plutôt qu'assoupies par ce traité jusqu'à l'an 323. L'empereur d'Occident laissait voir le progrès des inspirations du christianisme dans son esprit par des lois quelquefois sévères jusqu'à l'excès en matière de morale publique, mais bienfaisantes en général pour les peuples, et adoucissant la loi romaine dans quelques-unes de ses

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Arius et de condamner Anastase; mais, Constantinople. Sous son 4o consulat, au en se trompant sur le dogme, il ne commencement de l'année 315, on troudévia jamais de sa politique : toute dis- ve encore la légende solis invicto comiti, sidence qui troublait l'ordre, était ré- qui le proclame le compagnon invincible primée. Sa croyance fut toujours utile à du soleil. Sur ces pièces, Constantin a la son pouvoir, jamais son pouvoir ne fut tête radiée : il est ainsi divinisé et représacrifié à sa croyance. Sans afficher de senté comme le soleil ou Apollon. On pratiques extérieures du culte des chré- voit aussi Néron avec la couronne radiée, tiens, surtout dans les premiers temps, il qui est portée plus tard par tous les emaimait à paraître inspiré. Il fit porter dans pereurs, depuis Balbin jusqu'à Consson camp, lors de la guerre contre Li- tance Chlore inclusivement. Constantin cinius, un tabernacle où il s'enfermait est le premier que l'on voie, sur les mépour prier avant la bataille, d'où il sor- dailles, la tête ceinte d'un diadème orné tait tout-à-coup rayonnant de joie, af- de pierreries: jusqu'à lui, les empereurs fermissant la confiance des soldats chré- | portent une couronne de laurier. tiens, exaltant les païens par une opinion Les titres les plus fastueux que les méde puissance surnaturelle. Lorsqu'il traça, dailles donnent à Constantin sont ceux suivant les rites anciens, le sillon d'en- de libérateur de l'univers, restaurateur ceinte de la future Constantinople, on de la liberté, vainqueur de toutes les s'étonnait de le voir étendre énormément nations, toujours victorieux, gloire du la circonférence : « Je m'arrêterai, dit-il, siècle. Sur quelques pièces, il est nomquand celui qui marche devant moi me mé exsuperator, s'élevant au-dessus de l'ordonnera. >> Cependant il ne se fit bap-tous; sur d'autres, conservateur de son tiser qu'à son lit de mort (337). Ce fut Afrique, conservateur de sa Carthage à l'âge de 64 ans qu'il termina sa car- (suæ Africa, Carthaginis suæ). Plurière, lorsqu'il allait à la tête d'une ar- sieurs revers sont consacrés au génie, au mée formidable porter sa réponse au roi courage, à la sagesse du prince. Quelques des Perses, qui lui avait redemandé les médailles portent la légende DAFNE CONS. cinq provinces conquises par Galerius. TANTINIANA, que l'on explique par un Constantin commit la faute de partager château-fort ainsi nommé que Consl'empire entre ses fils et ses neveux; par tantin fit construire en Mosie, sur la malheur, ses fils étaient ambitieux comme rive du Danube (voir Procop. De ædific., lui, sans que pas un fût capable de do- | I. IV, c. 7, p. 83). miner sur les autres, comme il avait luimême régné sur sa famille. On l'accuse d'avoir aimé le faste, les jeux, le luxe des vêtemens et des édifices, d'avoir eu trop de faiblesse pour des favoris et trop d'indulgence pour des magistrats coupables; mais la postérité lui a justement décerné le surnom de Grand : elle considérait en lui le guerrier toujours vainqueur par son courage et par son génie, le monarque toujours obéi pendant trente-un ans de règne, après un demi-siècle d'anarchie et de guerres civiles, l'auteur de l'une des révolutions politiques et morales qui ont eu l'influence la plus étendue et la plus durable sur les destinées du genre humain.

N-T.

Note sur la numismatique de Constantin-le-Grand. Sous le règne de Constantin, les monnaies des empereurs d'Orient commencèrent à être frappées à

Les médailles de Constantin sont nombreuses; mais surtout en petit bronze. Le cabinet de France en possède 20 en or, 50 en argent, autant en moyenbronze, 5 en grand bronze, près de 1,000 en petit bronze, toutes avec quelques différences. Sous ce règne, l'art numismatique commence à décliner sensiblement. D. M.

CONSTANTIN II-XIII. Cinq princes de ce nom régnèrent depuis Constantin-le-Grand jusqu'à Constantin Porphyrogénète : CONSTANTIN II, l'aîné des fils du premier, fut tué à la bataille d'Aquilée en 340; CONSTANTIN III, fils d'Héraclius auquel il succéda l'an 641, annonçait de grandes qualités, mais périt assassiné par les ordres d'une marâtre; SOUS CONSTANTIN IV Pogonat fut tenu, en 681, un concile œcuménique à Constantinople (voy. ce mot); CONSTANTIN V,

surnommé Copronyme ou aussi Icono- | marque de Gibbon, « si réellement il ac

claste et Caballin, fut cruel et dissolu; il se vit arracher Ravenne par les Lombards, avant de mourir, en 775.

reur,

crut son mince revenu par la vente de ses tableaux, sans que le nom de l'artiste en ait augmenté la valeur, il eut des talens dont peu de princes pourraient, comme lui, se faire une ressource dans l'adversité. Enfin Romain Lécapène fut détrôné par ses propres fils, le 20 décembre 944, et le mois suivant ceux

L'article suivant traitera de CONSTANTIN Porphyrogénète, VII du nom, si l'on suit la série ci-dessus, et le IX, si l'on y ajoute le soldat romain élu empesous le nom de Constantin III, en 407, par les Bretons, et Constantin Hé-ci, après avoir relégué leur père dans racléonas (V) qui ne régna que 6 mois sur le trône dont le crime de sa mère avait précipité le fils aîné d'Héraclius. CONSTANTIN XI, mort en 1054, est connu sous le nom de Monomaque; les deux suivans appartiennent à la famille de Ducas (voy.); et CONSTANTIN XIII, surnommé Drakosès et Paléologue, a cela de remarquable qu'il fut le dernier empereur d'Orient et qu'il périt par le sabre des Turcs, sur la brèche des remparts de Constantinople, le 28 mai 1453.

S.

CONSTANTIN VII, dit PORPHYROGÉNÈTE et second de ce surnom, empereur de Constantinople, né en 905, succéda, le 11 mai 911, à son père Léonle-Sage ou le - Philosophe. Il eut pour tuteurs, d'abord son oncle Alexandre, ensuite sa mère Zoé, et enfin Romain Lécapène, général habile, mais d'une extraction obscure. Lécapène s'étant fait proclamer empereur, le 17 décembre 919, prit sur lui tous les soins comme toute l'autorité du gouvernement, éleva à la dignité impériale ses trois fils Christophe, Étienne et Constantin, fit épouser sa fille Hélène à Constantin Porphyrogénète, et laissa son jeune collègue, d'un caractère doux et timide, passer obscurément ses jours dans des études pour lesquelles il avait toujours montré, sinon une aptitude remarquable, du moins un goût très prononcé. Dessinateur habile, autant qu'on pouvait l'être de son temps, Constantin composait des ouvrages historiques et des chants d'église; il était connaisseur en architecture, en sculpture, dans la fonte et la fabrique des métaux. Quelques historiens vont jusqu'à affirmer que, pendant sa longue minorité, Constantin Porphyrogénète, pour subvenir à ses besoins, était quelquefois réduit à vendre des peintures qu'il avait exécutées lui-même; et, suivant la re

Encyclop, d. G. d. M. Tome VI.

l'île de Proté, furent à leur tour arrêtés et enfermés dans un monastère par le parti qui défendait les droits du souverain légitime. Maitre alors de l'empire, à l'âge de 40 ans, mais sans expérience et sans vigueur, Constantin continua à s'occuper de ses études. Tandis que, par sa protection et son exemple, il s'efforçait à faire refleurir les sciences, l'impératrice Hélène et quelques favoris eurent tout le pouvoir. Il mourut le 15 novembre 959, regretté de ses sujets malgré sa faiblesse, et empoisonné, à ce qu'on prétend, par son fils Romain-le-Jeune qui lui succéda.

Parmi les nombreux ouvrages qu'il a laissés, nous ne citerons que les suivans: 1° deux livres des Thèmes ou provinces de l'empire d'Orient tel qu'il était au Xe siècle de notre ère. « On aurait pu se flatter, dit Gibbon, que cette espèce de géographie raisonnée, composée par le souverain lui-même, nous offrirait les détails authentiques que le gouvernement seul peut obtenir, tels que la population de la capitale et des provinces, la quotité des impôts et des revenus, le nombre des sujets et des étrangers qui servaient sous le drapeau impérial; mais on n'y trouve que trop souvent une érudition fausse ou hors de propos, quelques traditions fabuleuses sur l'origine des villes, et de malignes épigrammes, empruntées à la poésie antique, sur les vices de leurs habitans. » Le premier livre des Thèmes a été publié, avec la version latine de Vulcanius, à Leyde, 1588, in-8°; le second, avec la version de Fréd. Morel, à Paris, 1609, in-8°; l'ouvrage complet a été reproduit par Meursius dans un recueil intitulé: Constantini Porphyrogenneti Opera, Leyde, 1617, in-8°, et par Banduri dans son Imperium Orientale, Paris, 1711, in-fol., avec

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